Gérard Terronès
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16 mars 2017
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9 juin 1940, Rabat, Maroc - 16 mars 2017, Paris
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© Jazz Hot n°680, été 2017
Le chapeau pour la silhouette, le free jazz pour le style et l’anarchie pour drapeau, ce sont les traits qu’on retient de Gérard Terronès. Le créateur des labels Futura et Marge était pourtant davantage. Son activisme militant pour les artistes du free jazz et les musiques improvisées ont souvent occulté son véritable rapport au jazz, celui d’un amateur de tous les âges du jazz. Un coup d’œil à son catalogue (http://futuramarge.free.fr) suffit à s’en convaincre : François Tusques, Raymond Boni y côtoient Siegfried Kessler, Archie Shepp, Mal Waldron, Ben Webster, Irakli, Dexter Gordon, Abbey Lincoln, Dany Doriz, etc., avec des fidélités comme celle pour Georges Arvanitas et Archie Shepp. Et Gérard Terronès produisit quelques enregistrements de rock alternatif: un catalogue construit en près de cinquante ans. Bataillant toute sa vie contre des problèmes d’argent, puis de santé ces dernières années, Gérard Terronès a vécu du jazz, sa grande fierté, au sens le plus profond. Il venait de sortir une dernière production avec Sylvia Howard : Time Expired (Blue Marge)…
Ses engagements politiques, assortis d’un penchant pour la polémique, lui faisaient cultiver amitiés et inimitiés, avec un goût certain de la contradiction et de la provocation, jusqu’à sa passion réelle, bien que secrète, pour le Paris St-Germain, le club de foot.
Il s’est éteint le 16 mars 2017, à l’Hôpital Tenon (Paris 20e). Il avait 76 ans. Jazz Hot perd un Ancien et partage la peine d’Odile, sa compagne d'une vie et d’une aventure peu ordinaire qui n’a pu exister sans elle, et de son fils Eric.
Gérard Terronès est né le 9 juin 1940 à Rabat, au Maroc, d’un père inspecteur de police et d’une mère fonctionnaire dans l’administration fiscale. La famille, d’origine espagnole, n’est pas particulièrement mélomane, pourtant Gérard, comme ses deux frères, apprendra à jouer de la guitare. Les cadets deviendront même des professionnels, tout comme, plus tard, son fils Eric. C’est à l’âge de 12 ans qu’il découvre le jazz. Les parents Terronès sont alors en poste à Agadir, et un camarade de classe lui fait écouter un 45 tours de Sidney Bechet. Gérard demande à ses parents de le lui acheter. D’autres suivront. Il est à noter que le Maroc, par la présence des bases américaines, connaît un engouement pour le jazz qui touche particulièrement les adolescents. Gérard Terronès s’abonne à Jazz Hot, puis, vers 14-15 ans, adhère au Hot Club de France qui parfait sa formation d’amateur. A l’indépendance du Maroc, en 1956, la famille débarque dans la petite ville d’Annemasse, en Savoie. C’est là que Gérard franchit un nouveau cap, dans son écoute d’amateur, avec le bebop. Son père est ensuite muté à Melun; Paris se rapproche.
L’adolescent se fait des copains dans la famille Reinhardt, à Samois, et fréquente les surprises-parties (il est un excellent danseur de be-bop) et les clubs de Saint-Germain-des-Prés. Il est également batteur dans l’orchestre new orleans du lycée.
Il interrompt ses études à 17 ans et son père –qui le voyait diplomate!– lui trouve un emploi de coursier à la Société Générale. Il acquiert de fait son indépendance économique et rencontre sa future épouse, Odile, dans un bar à jukebox de Melun. Rien n’intéresse plus le jeune homme que la vie des clubs de la Rive Gauche, et il se met déjà en tête d’en diriger un, un jour. Mais à 20 ans, il doit mettre ses ambitions entre parenthèses, effectuant un service militaire de vingt-huit mois en Algérie. L’expérience de la guerre le mûrit brutalement. C’est durant cette période qu’il apprend la guitare qu’il abandonnera, découragé, devant la virtuosité de Tal Farlow. Il est démobilisé trois mois après les accords d’Evian et épouse Odile qui, entre-temps, a mis au monde leur fils unique, Eric. Revenu à la vie civile, Gérard Terronès, déjà contaminé par le virus du free jazz, enchaîne, avec Odile, les «petits boulots», ce qui le conduit à devenir barman Au Chat qui Pêche, rue de La Huchette. C’est là qu’il noue ses premières amitiés avec les musiciens, notamment avec le trompettiste Ted Curson (1935-2012) qui se produit à deux pas.
En 1965, Gérard Terronès crée son premier club, en compagnie d’Odile, le Blues Jazz Museum (dont le nom évoque ses premières amours musicales), dans une cave le l’Ile Saint-Louis trouvée dans les petites annonces. La programmation est à l’image de la façon qu’a Gérard Terronès d’embrasser le jazz dans toute son histoire (alors que pour beaucoup, son nom est attaché uniquement au free jazz): en semaine, il présente les musiciens de «l’avant-garde», le vendredi ceux de la tradition Django, tandis que le samedi et le dimanche sont consacrés au jazz new orleans et au swing. De fait, c’est une très large palette de jazzmen qui se succèdent sur la scène du Blues Jazz Museum: François Tusques et Don Cherry –pour ce qui est des premières manifestations du free jazz à Paris–, mais également Hal Singer, Willie the Lion Smith, Buck Clayton, Joseph Reinhardt, Irakli, les Jazz O’Maniacs, Patrice Galas… Mais le lieu est exigu et, en 1967, Gérard Terronès reprend le Gill’s Club, plus vaste, dans le Marais, avec la même politique de programmation.
A l’automne 1968, il intègre la rédaction de Jazz Hot, à la demande de Michel Le Bris qui vient d’en être nommé rédacteur en chef par Charles Delaunay1, lequel a tout récemment repris en mains la direction de la revue2. Michel Le Bris propose au patron du Gill’s Club de parler d’un sujet qu’il connaît bien: la vie des clubs! L’écrivain fréquente évidemment le «cabaret» (comme on dit à l’époque dans Jazz Hot) de Terronès et les deux hommes ont des affinités à la fois musicales (le free jazz) et politiques: selon Gérard Terronès, ils ont monté ensemble des barricades pendant les événements de mai, avec également Patrick Vian, le fils de Boris. Gérard Terronès signe ainsi des chroniques régulières, à compter du numéro d’octobre 1968 (n°243), dans lequel il dresse un portrait d’Hank Mobley, dont il relate la performance, dans le numéro suivant, au Gill’s Club. Il y est aussi question d’Art Farmer au Caméléon ou encore de Slide Hampton et Joachim Kühn au Chat qui Pêche. Durant ces années à Jazz Hot, Gérard Terronès noue une profonde amitié avec Charles Delaunay qui devient, selon ses propres mots, son mentor. Au point qu’il restera à ses côtés malgré le départ de Michel Le Bris –et d’une partie de l’équipe (nouvelle tourmente!)–, à la fin de l’année 1969. Gérard Terronès cessant sa collaboration après le n°293 de décembre 1972.3
A l’écriture et la gestion d’un club, s’ajoute en 1969 l’édition phonographique: constatant que les musiciens dans l’esthétique free qu’il programme régulièrement n’ont pas accès aux maisons de disques, Gérard Terronès décide de créer la sienne, Futura, dont le catalogue est inauguré par Siegfried Kessler (Futura Ger 10). Il y propose des enregistrements studio ou live au Gill’s Club. Mais ce dernier est fermé en 1971 par la Préfecture de Police pour défaut de sortie de secours. Gérard Terronès exposera d’ailleurs dans Jazz Hot les difficultés financières et administratives auxquelles sont confrontés les clubs parisiens.4
Côté disques, la situation n’est guère brillante: attaché à sa logique d’indépendant (qui restera son principe toute sa vie, sauf pour la distribution qu’il déléguera à certaines périodes), Gérard Terronès vend ses disques pendant les concerts qu’il organise avant de reprendre, en 1972, un magasin de disques de la rue Clotaire, près du Panthéon, le Jazz and Pop Center, qu’il rachète à Laurent Goddet (qui est alors le secrétaire de rédaction à Jazz Hot). Il en profite pour assurer la distribution d’autres petits labels, dont ECM. Mais le magasin est mis en faillite en 1975 alors que le label Futura est en sommeil depuis 1973, faute d’argent. Anecdote significative de l’entêtement de Gérard Terronès, il reçoit rue Clotaire deux jeunes amateurs de jazz –Daniel Michard et Alain Tomas– à la lumière des bougies, l’électricité ayant été coupée! Il mettra à leur disposition son carnet d’adresses pour les aider à monter le premier Festival Indépendant de Jazz de Massy. Le mot «Indépendant» étant sur l’idée de Terronès. Cette première édition, en octobre 1975, qui réunit des têtes d’affiches européennes et américaines (Michel Portal, Martial Solal, Joachim Kühn, Clark Terry, Archie Shepp, Ornette Coleman…), acceptant d’être rémunérés au nombre d’entrées, est un succès retentissant. Après la seconde édition de 1976, la mairie souhaitant prendre le contrôle de la manifestation, Gérard Terronès se retire de l’aventure qui tourne court faute d’accord financier.
Infatigable, il fonde le label Marge, en 1975, qui s’inscrit dans son activité de producteur de tournées, continuant de vendre les disques à l’occasion des concerts. Le premier enregistrement, Cattin’ Curson, avec Ted Curson et Georges Arvanitas, date en fait de 1973 et devait sortir sous l’étiquette Futura mais était en sommeil depuis deux ans. Une vingtaine de références suivront jusqu’en 1983. Et, en 1977, Gérard Terronès prend la tête d’un nouveau club, Le Totem. Le public est au rendez-vous mais cesse son activité après un incendie en 1979. S’ouvre alors l’aventure du Jazz Unité, un véritable centre culturel de 1000 m2 qui s’ouvre à La Défense (il devait initialement s’ouvrir au Forum des Halles) qui cumule toutes les formes de diffusion du jazz avec deux salles de concert, un magasin de disques et librairie, un bar-discothèque, un restaurant, un studio d’enregistrement… Gérard Terronès conçoit tout le projet avec un architecte et le soutien du Crédit Lyonnais. L’ambitieux complexe fonctionne jour et nuit, emploie trente-trois personnes et reçoit plus de mille clients chaque semaines. Mais les charges sont trop lourdes et le Jazz Unité ferme ses portes au bout de deux ans, en 1982. Gérard Terronès perd beaucoup dans l’opération. Il prolonge cependant quelques temps son activité de programmateur à l’Auditorium des Halles.
En adhérant en 1982 à la Fédération anarchiste, il rajoute une nouvelle corde à son arc: la radio. Sur Radio Libertaire, il anime –pendant vingt-six ans– plusieurs émissions: d’abord et surtout «Jazz en Liberté», mais aussi «Swing en Liberté» et «Blues en Liberté» (continuant d’embrasser tout le spectre du jazz); il présente également «Soleil et Sombrero», une émission consacrée au flamenco, son autre passion, plus secrète.
L’ultime aventure de club se fait d’ailleurs dans l’environnement anarchiste, avec Le Trou Noir (1984-1985), un squat géré par l’équipe de la radio. Suit un dernier festival, le Festival des Musiques Mutantes, au Théâtre Libertaire de Paris Déjazet, en octobre 1986 (avec Mal Waldron, Steve Lacy, Sam Rivers, Roy Haynes, Steve Coleman…). Une nouvelle débâcle financière contraint Gérard et Odile à quitter Paris pour Draveil (Essonne) jusqu’en 1993. Odile -qui a travaillé un temps au Chat qui Pêche- prend un travail dans la restauration pour «faire bouillir la marmite»... Ayant déjà abandonné l’organisation de concerts, Gérard Terronès monte des tournées, travail auquel il met définitivement fin en 1993, après avoir été poursuivi par le fisc, et s’occupe de rééditer son catalogue sur support CD.
En 1996, il crée l’entité commerciale «Disques Futura et Marge», après vingt-cinq ans de production phonographique. Avec le temps, Gérard Terronès décline ses labels: Blue Marge, Impro, Jazz Unité et Hôtel Marge qui accueille les autoproductions de musiciens, surtout à partir de 2013. Dans les années 2000 et jusqu’à sa disparition, il se concentre sur la production de disques live, généralement au Sunset-Sunside (ce qui permet des sorties à moindre coût), et à la réédition des grands titres de son catalogue.
Il connaît encore quelques difficultés juridiques à propos de droits photos pour ses rééditions. Il revient à l’organisation de concerts en 2011, en programment des soirées jazz un lundi par mois à La Java, entre Belleville et République. Le dernier «Jazz à La Java», en février 2017, réunissait le duo François Lemonnier (tb) et Raphaël Lemonnier (p), par ailleurs présent dans le catalogue Blue Marge.
Jamais découragé ni par les ennuis d’argent, ni par la maladie, Gérard Terronès avait fait de la survie un art de vivre. Son éternel chapeau cordobès vissé sur un visage émacié et ses longs cheveux gris étaient sa coquetterie. S’il nourrissait quelque amertume du manque de mémoire chez les professionnels du jazz ayant perdu la dimension «sacrée» du métier de producteur, de patron de club, de directeur de festival ou de journaliste –le tout de jazz–, il n’en conservait pas moins une curiosité intacte à l’égard des jeunes musiciens. Ce milieu du jazz contre lequel il tempêtait avec véhémence est cependant venu lui rendre hommage, avec une unanimité étonnante, par une grise après-midi au Père-Lachaise, dont évidemment les musiciens qu’il aimait tant…
Le lecteur me permettra, une fois n’est pas coutume, de conclure par quelques souvenirs personnels avec Gérard Terronès. Ses passages à la rédaction de Jazz Hot, à évoquer Charles Delaunay autour d’un café, des invitations à Radio Libertaire, où il laissait libre antenne à Jazz Hot, ou encore une balade du souvenir, au printemps 2008, à Saint-Germain-des-Prés, où Gérard me montrait des devantures de bars branchés qui étaient autant d’anciens club de jazz qu’il avait fréquentés. Salut Gérard…
Jérôme Partage
1. Dans «l’ours» de Jazz Hot, Michel Le Bris n’a formellement le titre de rédacteur en chef qu’à partir du n°249 d’avril 1969 et jusqu’au n°255 de novembre. 2. Au cours du printemps 1968, Philippe Koechlin (rédacteur en chef) quitte le navire pour se consacrer à son magazine Rock & Folk (dont le premier numéro était un hors-série estival de Jazz Hot). Il entraîne avec lui une partie des troupes. Le numéro de juillet (n°241) annonce l’arrivée d’une nouvelle équipe. Suit un nouveau chamboulement: dans le numéro d’octobre (n°243), Charles Delaunay –en retrait depuis dix ans, mais veillant toujours à pallier les difficultés financières– prend la plume pour signifier sa «reprise en mains» qui passe un profond remaniement de la rédaction –autour de Michel Le Bris– et un retour aux fondamentaux (traiter tout le spectre du jazz, du New Orleans au free). 3. De mai 1969 (n°250) à décembre 1972 (n°293), Gérard Terronès est signalé comme membre du comité de rédaction de Jazz Hot. Dans un entretien à la BNF, enregistré en 2012, il livre une chronologie un peu différente des événements. 4. Christian Fauchard, «Vie et survie d’un club», Jazz Hot n°270 (mars 1971), p. 12-14.
Liste des clubs et lieux dirigés par Gérard Terronès:
Blues Jazz Museum (1965-1966): 7, rue des Deux-Ponts - Paris 4e Gill's Club (1967-1971): 7, rue Sainte-Croix de La Bretonnerie - Paris 4e
Jazz and Pop Center (1972-1975): 3, rue Clotaire- Paris 5e Totem Jazz Club (1977-1979): Le Stadium - 66, avenue d'Ivry - Paris 13e Jazz Unité (1981-1982): Parvis de La Défense - 92800 Puteaux
SOURCES
Gérard Terronès et Jazz Hot: Christian Fauchard, Jazz Hot n°270 (mars 1971), p. 12-14 Félix W. Sportis, Jazz Hot n°536 (décembre 1996-janvier 1997), p. 27 Lorraine Soliman, Jazz Hot Supplément internet n°606 (décembre 2003-janvier 2004), p. 15 Jérôme Partage, Jazz Hot n°638 (avril 2007), p. 19
Articles de Gérard Terronès parus dans Jazz Hot:
«Deux ténors à Paris» (partie sur Hank Mobley), Jazz Hot n°243 (octobre 1968), p. 27
«Octobre à Paris», Jazz Hot n°244 (novembre 1968), p. 15
«Actualités France», Jazz Hot n°245 (décembre 1968), p. 13-14
«Actualités France», Jazz Hot n°246 (janvier 1969), p. 13-14
«Actualités France», Jazz Hot n°247 (février 1969), p. 9-10
«Actualités France», Jazz Hot n°248 (mars 1969), p. 8-10
«Actualités France», Jazz Hot n°249 (avril 1969), p. 10-11
«Actualités France», Jazz Hot n°250 (mai 1969), p. 7-8
«Montreux. La réussite», Jazz Hot n°253 (septembre1969), p. 10
«Actualités France», Jazz Hot n°254 (octobre 1969), p. 7-8
«Actualités France», Jazz Hot n°255 (novembre 1969), p. 9-11
«Informations concerts», Jazz Hot n°256 (décembre 1969), p. 17
«D’un club à l’autre», Jazz Hot n°256 (octobre 1970), p. 36
«Pierre Favre parle à… Gérard Terronès», Jazz Hot n°270 (mars 1971), p. 20-21
«Concerts», Jazz Hot n°271 (avril 1971), p. 27
«Concerts», Jazz Hot n°272 (mai 1971), p. 22
«Cabarets», Jazz Hot n°277 (novembre 1971), p. 31
«Gand», Jazz Hot n°278 (décembre 1971), p. 12-13
«Cabarets», Jazz Hot n°279 (janvier 1972), p. 26
«Blindfold test: Pierre Fabre», Jazz Hot n°280 (février 1972), p. 18-19
«Stan Kenton», Jazz Hot n°280 (février 1972), p. 20-21
«Cabarets», Jazz Hot n°281 (mars 1972), p. 24
«Cabarets», Jazz Hot n°282 (avril 1972), p. 19
«Concerts», Jazz Hot n°285 (juillet-août 1972), p. 27
«Concerts», Jazz Hot n°287 (octobre 1972), p. 22
Entretien donné par Gérard Terronès à Bibliothèque Nationale de France (juin 2012):
Partie 1:
http://gallica.bnf.fr/html/und/enregistrements-sonores/entretiens-avec-gerard-terrones
Partie 2:
http://www.djamlarevue.com/entretiens/gerard-terrones-les-dessous-du-doulos
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