Une encyclopédie vivante du jazz
Fondée en 1935 par Charles Delaunay – le fils des célèbres peintres Sonia et Robert Delaunay – et par une équipe comprenant entre autres Hugues Panassié, Pierre Nourry, Jacques Bureau, Jazz Hot est la doyenne des revues de jazz du monde encore en activité. Orchester Journalen (Suède) et Down Beat (USA), créées en 1934, et qui existent encore, ne sont, à l’origine, pas des revues exclusivement dédiées au jazz comme le fut Jazz Hot.
Charles Delaunay est aussi le fondateur du premier label exclusivement jazz (Swing) et l’auteur dès 1936 d’une discographie du jazz. Cette authentification précoce du jazz comme culture originale n’est donc pas un fruit du hasard.
Au même titre que son ancienneté, le caractère international voulu dès l'origine en fait l’originalité : la revue a été bilingue français-anglais de 1935 à 1939 et son équipe a été recrutée aussi bien en France qu’aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, Roumanie, Belgique, Suisse, Italie, Espagne… Cette volonté donne à son contenu un aspect universel et encyclopédique.
L'histoire du jazz en France et dans le monde se parcourt en live au long des 40 000 pages de la revue. La curiosité toujours en éveil, on la doit à l'ouverture d'esprit exceptionnelle de son fondateur, Charles Delaunay, qui fut également le soutien moral et financier de la revue jusqu'à 1980. Il a insufflé un enthousiasme étonnant à ses différentes équipes dont le renouvellement régulier a évité la sclérose. Jazz Hot est ainsi devenu le berceau de la critique de jazz en France, et on peut dire sans exagérer que tout ce qui touche au jazz en France est né de cette matrice. Charles Delaunay, Hugues Panassié, Boris Vian sont bien sûr les fleurons de cette revue, mais on pourrait en citer de nombreux autres qui aujourd’hui constituent, quelle que soit leur sensibilité, la mémoire de la critique de jazz en France : Frank Ténot, Lucien Malson, André Hodeir, Laurent Goddet, sans oublier un nombre incalculable de musiciens plus ou moins célèbres et d’éminents critiques étrangers comme Stanley Dance, Helen Oaklay, John Hammond, Marshall Stearns, Walter E. Schaap, Leonard Feather et Ira Gitler toujours parmi nous…
Aujourd'hui, Jazz Hot prolonge le sillon entamé par ses illustres devanciers. Les qualités d’une équipe rédactionnelle et d’une mise en valeur du jazz prolonge l’aventure depuis 20 ans. Précision, information, travail de fond, mémoire, clarté de rédaction, lisibilité, souci esthétique, ouverture sur tous les courants du jazz, indépendance sont les motivations de cette équipe.
Cette longue aventure n'existerait pas sans la passion communicative des lecteurs (trices) qui, depuis l'origine, apportent leur concours indispensable à la vie et à l'indépendance de notre revue. Ils ont pour les premiers découverts le jazz dans Jazz Hot et ont transmis à leurs enfants, à leurs amis, l'amour de cette musique. La vocation pédagogique de Jazz Hot est une réalité quotidienne comme elle l'était à l'origine.
Enfin, ces 80 ans d'histoire ont été animés par tout ce qui participe de cette sphère particulière qu'est le jazz : les musiciens, les annonceurs, les clubs, les festivals, les salles de concerts ; ils peuvent pour beaucoup relire leur parcours dans les pages de Jazz Hot.
Mais tout cela n'aurait pas de sens sans la musique, sans le jazz, sans la capacité particulière de cette musique à se renouveler, en respectant une culture, expliquant ainsi la longévité de Jazz Hot. Il est donc essentiel, pour la compréhension et la poursuite de la belle histoire du jazz, de prendre en compte que sa richesse est celle des musiciens, des lecteurs-amateurs, des producteurs, des lieux de concerts, de Jazz Hot. La bonne santé de l'économie du jazz réside dans la faculté de l'ensemble de ses acteurs à jouer de cette synergie, à respecter et à encourager l'indépendance : celle des lecteurs, celle de Jazz Hot (comme de tout autre média), des musiciens, des lieux, des producteurs de grandes ou petites compagnies.
Les revues de jazz sont rares, une revue comme Jazz Hot est exceptionnelle, à nous, amateurs de jazz, d'en profiter !
Yves Sportis
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