The Cookers
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22 août 2013
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Believe
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© Jazz Hot n°664, été 2013
Nouveauté-Sélection
Believe For It Is True, Temptation(s), Ebony Moonbeams, Free For All, Quest, But He Knows, Tight Squeeze, Naaj
Billy Harper (ts), Eddie Henderson (tp), David Weiss (tp), Craig Handy (as), George Cables (p), Cecil McBee (b), Billy Hart (dm)
Enregistré les 27 et 28 mars 2012, New York (USA)
Durée : 1h 04' 05''
Motéma Music 92 (www.motema.com)
Il est rare aujourd’hui qu’un véritable groupe de jazz connaisse succès et reconnaissance sans qu’on édicte les prudentes réserves ringardisantes qui semblent devenues la nouvelle norme critique. Réjouissons-nous donc que The Cookers enregistrent et tournent sans être harcelés d’invectives idéologiques… Le nom du groupe se veut un renvoi direct à Night of the Cookers, album Blue Note de 1965 où Freddie Hubbard, Lee Morgan et James Spaulding rivalisaient de fureur lyrique. Plus largement, to cook signifie en jazz la démesure calorique, l’excitation, le déchaînement définitoire de cette musique. « The Cookers » serait donc une profession de foi métaphorique plaçant l’exultation au cœur du projet artistique. Pourtant la nature de la musique est assez différente car les compositions comme les arrangements jouent davantage sur des ambiances plus tendues et volcaniques que véritablement jubilatoires. Plus que l’esprit Blue Note 60’s, c’est un jazz qui provient des années soixante-dix, post-coltranien si l’on veut, même si une bonne description convoquerait aussi la musique de Miles, Dolphy, Blakey, Woody Shaw, McCoy Tyner, Albert Ayler, Max Roach, ainsi que l’ensemble d’une nébuleuse qui pourra inclure la Loud Minority de Frank Foster, le big band de Shepp, le New York Jazz Quartet de Roland Hanna et autres collectifs et enfin des individualités instrumentales comme Gary Bartz, Jackie McLean, Sonny Fortune, Roland Kirk, Stanley Cowell… Cette description doit prendre en compte les solistes présents qui sont des figures historiques de cette période (à l’exception de David Weiss) et ont contribué à la définition même de ce jazz rugueux et poétique, à la luminosité mystérieuse, assis sur un héritage formel be-bop mais augmenté des atmosphères cataclysmiques du free jazz et attentif à l’individualité sonore originelle du jazz (de Hawkins, Armstrong, Tatum…). L’élan collectif est nourri par la personnalité très affirmée de chaque musicien, reconnaissable immédiatement, par sa sonorité (Harper, Henderson), sa pulsation (McBee, Hart), son toucher (Cables). Hormis le « But He Knows » de Cables, plus attendri, c’est un jazz mordant, doté d’une certaine gravité et traversé par une violence sous-jacente - l’incarnation d’un type de jazz électrisant dont la ferveur générale provient d’un fond gospel trop souvent inaperçu.
Jean Szlamowicz
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