Ahmad Jamal
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16 avril 2023
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2 juillet 1930, Pittsburgh, PA - 16 avril 2023, Ashley Falls, MA
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© Jazz Hot 2023
Ahmad Jamal, Nice 2011 © Umberto Germinale-Phocus
Ahmad JAMAL
«Tout reste à apprendre tous les jours. Je m’efforce juste d’être capable de percevoir. Le meilleur que nous pourrions atteindre serait de refléter ce qui nous entoure avec le plus de sensibilité possible…» (Jazz Hot n°502, juillet-août 1993)
Au fil du temps, des
lectures d’interviews d’Ahmad Jamal, s’il est une certitude, au-delà d'une œuvre artistique de grande valeur dont témoigne une discographie, c’est qu’il a
réussi à atteindre une forme de sérénité, qu'il a cherchée en tant qu'homme, comprenant l’importance d’être lui-même, jusqu’à l'invention de son nom, d'être en
paix et de transmettre son message de jazz et d'art sur la planète sans sacrifier à la normalisation de la consommation de masse, aux sirènes de la gloire et aux mirages de l'argent, écueils qui ont traversé son chemin. Il
a fait partie des jazzmen bousculés dans leurs racines, leur vie alternative, leur
être, leur cohésion, quand la consommation de masse est devenue plus importante
que la spiritualité, quand l’argent, la concurrence sont devenus des passages obligés: après des débuts brillants et le premier tsunami de la fin des années 1960, le retour aux fondements du jazz est devenu la planche de salut pour l'art et ses acteurs, particulièrement pour Ahmad Jamal. Pour traverser ces tempêtes, Ahmad Jamal a eu la chance de naître d’une mère exceptionnelle («le plus rare des bijoux», selon son expression), à Pittsburgh, une ville d’acier et d’artistes solides, travailleurs exigeants, perfectionnistes, œuvrant sans
relâche dans le sens du collectif et de l’expression individuelle (la dialectique démocratique) contre la dureté et la normalisation du monde. Sa mère était l’amie intime de la mère d’Errol Garner (cf. Jazz Hot n°455, 1988). La disparition d’Ahmad Jamal, après la seconde tornade sur le jazz provoquée par l'épisode covid, une étape supplémentaire de la normalisation, comme celle de nombreux musiciens qui ont fait l'histoire du jazz, partis dans l'anonymat (aux mieux de courtes nécrologies dupliquées les unes sur les autres), symbolise une époque d'effacement dont le jazz, dans ce qu'il est essentiellement –une alternative spirituelle démocratique au modèle normalisé du mode de vie planétaire– n'est pas près de se relever. Revenons avec Ahmad Jamal sur le parcours d'un de ces génies du jazz, un art trop généreux pour être apprécié à sa juste valeur dans une société de consommation, superficielle et de l'éphémère, pour constater une nouvelle fois «ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson, ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson, ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare…» comme disait Louis Aragon, un constat philosophique qui n'est pas une incitation au renoncement mais bien à l'expérience de la vie réelle avec ses reliefs, ses épreuves, car l'authenticité du vécu, l'indépendance et l'imagination sont indispensables à la création.
Hélène et Yves Sportis, Jérôme Partage
Photos Ellen Bertet, Umberto Germinale-Phocus, Pascal Kober, Jacky Lepage
Image extraite de YouTube
Avec nos remerciements
Le jeune Ahmad Jamal © livret de Pittsburgh, Atlantic Jazz Frederick Russel «Fritz» Jones, son nom de baptême qu'Ahmad Jamal n'aimait pas entendre prononcé devant lui, est né à Pittsburgh, PA, un des terreaux
du jazz(1), dans une famille modeste, dure au travail, au début de la Grande Dépression touchant particulièrement les Afro-Américains à «Steel City», dont la fumée historique des hauts fourneaux
et aciéries où son père travaille, est même citée dans That’s No Joke.
Malgré ce contexte où rien n’est donné, sa mère, femme de ménage, met un piano
dans son foyer sur lequel l’enfant joue, imitant son oncle de 3 à 7 ans. Cette
ville produit de l’industrie lourde et de fortes personnalités en jazz(1).
Sa mère va travailler à pied pour
lui payer des leçons particulières, et lui-même raconte qu’il a vendu des
journaux à la famille de Billy Strayhorn, de 15 ans son aîné, pour aider la
famille. Ahmad Jamal(2) étudie quatre
ans avec Mary Cardwell
Dawson (1894-1962), une chanteuse lyrique, diplômée de Boston et Chicago, qui ouvre son
école de musique (1927-1941) à Homewood, le quartier ouvrier/classe moyenne, devenu afro-américain
au fil des mutations urbaines, un professeur chez qui Ahmad Jamal rencontre
un jeune maître du violon, Joe Kennedy, Jr.(1), futur compagnon de scène; puis Mary Cardwell Dawson part créer
en 1941 la National
Negro Opera Company qui monte des opéras à Washington, Chicago et New York, et crée des guildes permettant
de former des jeunes à l’art lyrique dans ces villes et d'autres comme Baltimore,
Cleveland, Detroit, Newark.
L’adolescent de 11 ans prend donc un nouveau professeur à l’école publique, le pianiste James Miller, spécialiste de Franz Liszt. Après avoir passé son
enfance à écouter Jimmy Lunceford et Duke Ellington, le jeune prodige passe son
adolescence à écouter Dizzy Gillespie et Charlie Parker, tout en
travaillant la musique classique européenne et les musiques populaires américaines. Le pire et le meilleur, à l’instar
d’Erroll Garner, son aîné de neuf ans qui écoutait tout à longueur de journée et ré-agençait toutes formes de musiques dans son propre univers «en cinémascope». Ahmad Jamal écoute tout pour enrichir son cerveau, pour la composition, mais «seulement, si c’est de qualité». Du fait de la discipline classique exigeante, inculquée par Mary Cardwell Dawson et James Miller, la structure mentale d’Ahmad Jamal est très contrôlée et réfléchie.
Il revendique d’ailleurs davantage l’expression «musique classique
américaine» que le mot «jazz» pour sa propre expression, tant par posture
politique qu’esthétique. D’emblée, il est conscient que si beaucoup peuvent
techniquement apprendre et produire, il garde à l’esprit que très peu resteront
dans l’histoire de la musique, comme Mozart ou le tandem Billy Strayhorn-Duke
Ellington: il cherche à essentialiser en créant de l’espace, d’où sa réputation, paradoxale pour un virtuose, de musicien minimaliste, elliptique, lançant des notes laissées en suspens,
comme des apostrophes adressée à ses rythmiques et au public pour continuer l’histoire, une vraie discipline, surtout
pour un prodige qui aurait pu se contenter de jouer naturellement, sans
obligation, sans se poser de question sur l’architecture musicale, sur
l’organisation du swing, comme ses maîtres qu’il admirait, Mary Lou Williams,
Art Tatum, Erroll Garner, Earl Hines, Teddy Wilson, Billy Strayhorn, Duke Ellington et Count Basie. Mais son questionnement
intérieur depuis toujours est l’agencement de la musique au sein de toutes
sortes de formations, du solo au duo, même piano-saxophone, ou trio, quartet, big
band plus rarement, en passant par les voix, les violons ou la musique électronique
orchestrale voire nappées des keyboards,
ce qui l’amène à jouer un rôle moteur d’incitation dynamique, de distribution du
jeu par l’espace laissé aux autres. Ses ruptures et citations légendaires, comme «La
Marseillaise» au début de «Stompin’ at the Savoy» en 1958, une évocation de la version d’Erroll Garner de 1949 avec la même référence à la France, va devenir une de ses estampilles, représentant la part de risque,
d’inconnu, de surprise, «d’incontrôlé» ou de messages politiques qu’il s’autorise d’autant que la structure a été très réfléchie
et travaillée en amont.
La Westhinghouse School de Pittsburgh, carte postale des années 1920
Il va à la Westinghouse
High School, école publique ouverte en 1917, où sont passés avant lui, entre
autres, Mary Lou Williams, Billy Strayhorn, Erroll Garner et George Hudson (tp, 1910-1966), son futur premier leader très inspiré par la rythmique Basie avec guitare,
école où il a comme condisciple Dakota Staton(1). En 1941, il joue avec des jazzmen
réputés de Pittsburgh tels Carl Arter, James Minor(1), certains
musiciens pouvant être largement ses
grands-pères, lui-même gagnant dès lors plus d’argent que son père. En 1944, ayant
pris sa carte syndicale en junior, il joue dans un club au petit matin quand
Art Tatum s’installe au piano… plus personne n’ose jouer après lui! Trois ans
plus tard, Ahmad prend la route avec le George Hudson Orchestra à la ronronnante
rythmique «à la Basie» avec guitare, reprise par Nat King Cole, Oscar Peterson ou Ray Charles: il
doit jouer avec cet orchestre un été à Atlantic City, NJ: il a 17 ans, la tête pleine de musiques plantées par sa mère, ses deux profs
adulés, sa tante de Wilson, NC, pourvoyeuse sans fin de partitions pour lui
permettre de renouveler son répertoire chaque soir en clubs, sa sœur, son père,
son oncle pianiste, sa ville enfumée, «Laura» par Erroll Garner, «Flying Home» par Art Tatum. Puis l’orchestre passe
à l’Apollo Theatre de New York où le jeune pianiste rencontre le trompettiste Idrees
Sulieman lié à Earl Hines(1), Dizzy
Gillespie et Charlie Parker, Mary Lou Williams(1),
Thelonious Monk… Idrees est déjà converti à l’islam, aussi pour des raisons
pratiques dans «le rêve ou le cauchemar américain» selon le point de vue(2).
le Jacks Back Door Cocktail Lounge Carte postale
Ahmad
Jamal passe à Chicago en 1948, année où il compose «Ahmad’s Blues»,
un prénom qu’il adoptera définitivement
lors de sa conversion à l’islam en 1950 (cf. Jazz Hot n°136, 1958, page 28). Mais en attendant son transfert de
carte syndicale de Pittsburgh à Chicago où il s’est marié début 1949 avec Virginia
Wilkins aka Maryam Mezzan, il fait des
meubles de cuisine, devient homme d’entretien, fait des gigs grâce à Israel Crosby (b), notamment au Jacks Back Door Cocktail
Lounge, avec les saxophonistes ténors Claude McLin, Von Freeman ou Johnny Thompson. Il
joue aussi parfois en solo au Palm Tavern de Bronzeville (Chicago) et fréquente le pianiste Chris Anderson (1926,
Chicago-2008). La ville étant le point focal des différentes tendances de Black
Muslims(2), il baigne dans la réflexion sur l'identité afro-américaine et, en parallèle, il est en pleine maturation de son projet de trio
piano-guitare-basse qui passe par les Four Strings dont le leader est son ami de
jeunesse violoniste, Joe Kennedy, Jr., la petite équipe enregistrant, sous l’œil
attentif de Mary Lou Williams, l’album Trends (Disc Asch Recordings).
Lorsque le violoniste quitte le groupe pour retourner à
Pittsburgh, la formation devient en mai 1951 Ahmad
Jamal's Three Strings comprenant
Ray Crawford (g)(1) et Tommy Sewell (b)(1) remplacé par Eddie Calhoun (b,
1921-1994)(3), avec lesquels il joue assez régulièrement jusqu’en 1952 au
Blue Note, un club ouvert depuis 1947 par Frank Holzfeind, un distingué
Viennois de culture, ami de Nat King Cole, mais aussi du jeune bassiste natif
de Windy City, Israel Crosby (1919-1962)(3); Frank Holzfeind programme un mélange de pousses
du jazz comme Israel Crosby ou Ahmad
Jamal –qui ne l’oubliera pas– et du folk (Burl Ives, Pete Seeger), à l’instar des
premiers pas du Vanguard de Max Gordon, lui-même en relation avec Joe Glaser en
1949, notamment pour Dinah Washington. Joe Glaser, chicagoan (cf. Ramsey Lewis), a une solide réputation dans la boxe de manager à poigne depuis les années 1920-1930,
mais il est surtout devenu l’associé de Louis Armstrong dans l’agence ABC,
chargée aussi de Duke Ellington, Benny Goodman, Lionel Hampton, Billie Holiday,
Dinah Washington… C’est un homme d’affaires avec un réseau considérable, jazz
mais pas seulement, qui sait mobiliser pour potentialiser les énergies dans sa
ville natale aussi bien qu’à New York ou à l’international. Aussi Joe Glaser va-t-il
s’employer à recadrer le club Blue Note de Chicago, comme «the jazz place to be», y faisant
défiler ses grands artistes, en éliminant le folk.
Quand Ahmad Jamal arrive à
Chicago en 1948, il est déjà identifié depuis quatre ans comme un phénomène,
repéré encore enfant par Billy Strayhorn à Pittsburgh où ce dernier a rencontré
Duke Ellington en 1938: le pianiste précoce est donc naturellement de la party en 1952 au Carnegie Hall pour les
25 ans de carrière de Duke Ellington avec Charlie Parker, Billie Holiday, Dizzy
Gillespie, Stan Getz…; Ahmad entend de nouveaux thèmes, de nouveaux sons, de
nouveaux rythmes, «Salt Peanuts», «Groovin’ High», autant de matériaux qui font aussi partie de sa
synthèse, une chasse aux trésors d’inspirations qui s’intensifie encore avec les
disques qui, entre 1948 et 1958, mutent avec le vinyle 33 tours puis la stéréo et
parcourent désormais de longues distances par la poste. Alors qu’Ahmad Jamal élabore son trio sans batterie, en 1951-52, Norman Simmons est
devenu le pianiste-maison du BeeHive de Chicago, en trio avec Israel Crosby depuis 1947 et Vernel
Fournier arrivé de New Orleans en 1948. A New
York, sur la proposition du producteur John Hammond, Ahmad Jamal passe dans le
club The Embers fin 1952, mais l’ambiance irrespectueuse de la clientèle pour la musique l’en fait repartir
immédiatement pour Chicago, dans son univers choisi, où il travaille au
Pershing, un lieu prisé des artistes afro-américains, de Billie Holiday à Sammy
Davis, Jr. ou Lena Horne.
En octobre 1955, Ahmad Jamal
(p), Ray Crawford (g), Israel Crosby (b) enregistrent l’album The Ahmad Jamal Trio à New York
pour Columbia/Epic, avec une première version à cordes sans batterie de «Poinciana-The Song of the Tree», un thème-tube des années de guerre, composé par Nat Simon et Buddy Bernier en 1936. Mais ce
sera la version avec le batteur Vernel Fournier –le premier de ses batteurs nés
à New Orleans, LA– gravé en janvier 1958 sur l’album But Not for Me: Ahmad Jamal
Trio at the Pershing Lounge,
Chicago pour Argo (Leonard Chess) qui fera un nouveau tube à un million
d’exemplaires, restant dans le top 10 des ventes pendant deux ans. Cette
rentrée d’argent permet à Ahmad Jamal d’essayer de renflouer le
Blue Note de Frank Holzfeind, car le déclin des clubs de jazz a commencé en
1956 dans le nouvel american way of life des banlieues dortoirs-TV et devient inéluctable.
Ahmad Jamal profite de sa réussite économique et des
mutations américaines pour réaliser d’autres rêves, en allant en 1959 à
l'Université Al-Azhar du Caire, la plus ancienne institution d'enseignement sunnite,
et au Soudan.
Ahmad essaie aussi, comme d'autres artistes soucieux d'indépendance, d’ouvrir un club à Chicago, l'Alhambra –en hommage au palais à l’architecture islamique de
Grenade. Mais l’autre activité de restauration le perturbe trop pour
composer: le pianiste décide alors de le fermer après quelques mois en 1961,
pour pouvoir partir habiter New York et s’éloigner en même temps d’un problème
de divorce et d’un manoir beaucoup trop grand. Il recherche alors le calme après l’agitation autour de sa nouvelle notoriété et des moyens importants dont il a disposé très soudainement.
Après un passage au Blackhawk de San Francisco, Ahmad arrive
à Big Apple en 1962 et retravaille au club The Embers avec Papa Jo Jones né à
Chicago (dm, 1911-1985, un homme clé de la rythmique de Count Basie) et Wyatt Ruther (b)(1). Il réussit enfin à avoir un contrat en résidence au Village Gate
de Greenwich Village en 1964, et se produit régulièrement au Penthouse de Seattle, WA, entre 1963 et 1966 (Ahmad Jamal-Emerald
City Nights: Live at the Penthouse, Jazz
Detective/Zev Feldman) avec Jamil Nasser ou Richard Evans (b) et Chuck Lampkin, Frank Gant ou Vernel Fournier
(dm). Plus que tout autre compositeur, Ahmad Jamal a besoin du temps long en
club pour mûrir, raffiner sa musique avec ses partenaires. Il restera
23 ans au Blues Alley de Washington, DC avec le bassiste Keter Betts(3) de 1982 à 2005, avant de s’installer
au Regatta Bar de Cambridge, MA, au Blue Note de New York, ou à
Pernes-les-Fontaines en France où il enregistre de 1997 à 2013: pour trouver
l’essence, l’espace intérieur; il doit être libre de son temps, sans contrainte.
Ahmad
Jamal a travaillé les chemins de sa composition à travers ses rencontres, entre
musique «classique» et fusion californienne des années 1970, oscillant dans les années 1970, à
l’instar de Ramsey Lewis et de beaucoup d'autres, entre l’essence et les trompettes de la renommée électrique des studios d’Hollywood tournant à plein régime, s’appuyant au long cours sur Joe
Kennedy Jr., Richard Evans, sur ses rythmiques (guitare, basse, batterie,
percussions), ses autres musiciens étant des invités de marque comme George
Coleman, Donald Byrd, Yusef Lateef, des chœurs, des violons, des grands orchestres(3). Mais il
privilégie encore et toujours les musiciens de terroirs épicés comme New Orleans, Memphis,
Chicago, New York, Pittsburg, restant toute sa vie, une vraie force intérieure, un leader.
Au début des années
1970, alors sous contrat avec Impulse!, avant de s’essayer à la fusion électrique et à la musique de commande pour le cinéma sur la Côte Ouest, il tourne en Europe, d’abord à Paris, puis à Montreux
en 1971 (cf. vidéographie) avec Jamil Nasser (b) et Frank Gant (dm): un album, Live
in Paris, Lost ORTF Recordings, Recorded live on June, 25th 1971, Grand
Auditorium Studio 104, Maison de la Radio, pour Transversales (cf. vidéographie), récemment édité, retrace ce passage à Paris, et deux albums seront tirés pour Impulse! d'un passage au jeune Festival de Montreux, Free Flight et OuterTimeInnerSpace-Ahmad
Jamal Trio, Live Montreux Jazz Festival. Comme ce fut le cas pour beaucoup de musiciens afro-américains, à ce moment de destruction du jazz outre-Atlantique, le respect trouvé encore en Europe pour leur expression et leur personne est un bol d'air frais, soit qu'ils s’y installent (toutes générations du jazz confondues), soit qu'ils y reviennent plus tard régulièrement comme c'est le cas d'Ahmad Jamal, après avoir épuisé l’idée de vivre de la musique de commande sur la Côte Ouest dans les années 1970. Pour Ahmad Jamal, qui préfère au mot «jazz» la locution de «musique classique afro-américaine», l’Europe et son public deviennent une base alternative de sa re-construction artistique sur le socle de son œuvre commencée dans les années 1950, même s'il a toujours besoin, pour créer, de ses racines, du sol natal, des clubs, de ses fidèles compagnons américains, de ce monde parfois difficile, son monde, comme en témoigne sa discographie avec Pittsburgh dédié à sa mère en 1989, Live! At Blues Alley de 1991, Live at the Joe Segal’s Jazz Showcase de Chicago en 1992 ou Picture Perfect en 2000…
Il se produit souvent dans les années 1990-2000 en Europe, en festival et en concert, et enregistre de nombreux disques, dont le Live in Paris 92, Big Byrd: The Essence Part 2 (salle Pleyel) en 1994-95, Ahmad Jamal à Paris en 1996. Les derniers
enregistrements d’Ahmad Jamal se font en France en 2016, pour les
albums Marseille et Ballades, puis il réduit le nombre de
concerts au tournant de l’épisode covid en 2020, atteint d’un cancer qui mettra
fin à une longue et dense carrière qui l’a amené à voyager partout sur la
planète.
Ahmad Jamal, au second plan Idris Muhammad, Marseille, 2006 © Ellen Bertet
«Il faut à la fois se préserver et rester productif. Cela implique de s’isoler parfois. Un boxeur avant un combat se retire du monde. Nous savons tous ce qui nous amène ou nous permet de donner le meilleur de nous-même. Il vaut mieux ne pas s’éloigner de cette vérité. On peut prendre le risque de faire autrement et réussir.
Mais on s’expose aux coups, par sa propre insuffisance.» (Jazz Hot n°527, février 1996) Sur le plan stylistique et de l’invention, Ahmad Jamal est encore une histoire extraordinaire du piano jazz de l’après-guerre qui a fourni tant de richesses. Pour démêler toutes les racines des composantes de son style, il faut non seulement prendre en compte les éléments de sa biographie –on a réuni ci-dessus les éléments à notre disposition, en particulier ses interviews accordés à Jazz Hot–, de sa longue maturation artistique car il a commencé très tôt et a tout de suite donné à son style, dès les années 1950, une architecture rigoureuse (il faut réécouter ses œuvres des années 2000 à la lumière de celles des années 1950-60) et des moyens (répertoire, arrangements, rythmes) qui n’ont pas beaucoup changé dans l'esprit avec le temps, réexplorant, comme Thelonious Monk, son œuvre, approfondissant son expression, une démarche idéale pour approcher l’artiste mais aussi apprécier la perfection de son art qui repose sur une psychologie complexe, une personnalité sûre de ses choix dans un monde parfois hostile et sans les nuances les plus subtiles dont lui s'est fait un spécialiste.
D’une vie parfois difficile, entourée par une mère attentive qu’il n’a cessé d’honorer, dans une ville de l’industrie lourde, Pittsburgh qu’il adore, un creuset exceptionnel d’artistes (il a dédié le disque Pittsburgh à sa mère), ressort l’évidence de la virtuosité pianistique, car ses modèles, ceux de tout son environnement d’enfant, de ses professeurs, parents, amis, ont eu à leur disposition des artistes hors normes, des perfections nées de l’exigence de la vie dans cette ville et sur cet instrument: Earl Hines, Mary Lou Williams, Erroll Garner, pour ne parler que d’eux, sont tous présents dans le jeu d’Ahmad Jamal. L’abondance du discours, la puissance du swing, la mise en scène musicale, la dimension du concertiste, «classique» avec un souci conscient de perfection dès le début, l’effervescence rythmique, le blues comme fondement culturel essentiel, un certain côté cinématographique, aérien, se retrouvent autant chez Ahmad Jamal que chez ses inspirations.Ahmad Jamal, Salon-de-Provence, 2001 © Ellen Bertet
«Il m’arrive d’écouter certains des disques que j’ai enregistrés dans ma jeunesse avec Israel Crosby, ou avec Ray Crawford. J’espère pouvoir toujours retrouver la pureté de cette époque, ne serait-ce que par instants. Cette musique n’était ni trop compliquée, ni trop simple. Je passais des heures à soigner les arrangements. Cette pureté était le résultat de grands efforts.» (Jazz Hot n°527, février 1996)
Devant ce qui pourrait être une montagne d’inhibitions car les modèles semblent si inaccessibles, Ahmad Jamal a très tôt élaboré, avec l’insouciance de la jeunesse et sans aucun doute l’appui d’une mère inconditionnelle, un style aussi personnel et particulier, même dans le jazz, que chacun de ses illustres devanciers, une savante synthèse, car Ahmad Jamal réfléchit sa musique comme un architecte, et a choisi sa place dans le jazz comme art et sa place d’homme dans la société. C’est sa personnalité, selon un code très fréquent dans le monde afro-américain, et il possède, sur le plan musical, une aisance précoce et hors norme.
On retrouve bien entendu des traits de ses maîtres (les brisures rythmiques et le relief d’Earl Hines, l’inventivité de Mary Lou Williams, le côté rhapsodique, mise en scène et swing d’Erroll Garner, par exemple). Ahmad Jamal, une fois défini son univers, n’a finalement pas changé sa manière comme tous les grands artistes du jazz, ce qui a fait son excellence au cours de sa longue carrière, malaxant son répertoire de toute origine (originaux, standards, compositions du jazz, arrangements…) pour en faire du Ahmad Jamal, identifiable à première écoute.Ahmad Jamal, Liège, 1996 © Jacky Lepage
La critique de jazz s’est souvent abritée derrière des mots de Miles Davis –des commentaires élogieux– pour évoquer superficiellement un pianiste dont la carrière, brillamment commencée, a subi les hauts et les bas imposés à tous les artistes de jazz de sa génération de l’après-guerre, et notamment la grande cassure de la fin des années soixante sous la vague de la musique commerciale de masse, avant d’être redécouvert par les amateurs à partir des années 1980-90. Ahmad Jamal n’a pourtant besoin que d’être écouté, avec attention et sensibilité, y compris dans ce qu'il exprime avec des mots (cf. les interviews accordées à Jazz Hot), pour en percevoir toute la richesse, l’originalité et le poids. La confirmation aussi qu’Ahmad Jamal fait partie de la grande tradition du piano jazz au plus haut niveau.«Il n’y aurait pas de Wynton Marsalis s’il n’y avait eu un Ellis Marsalis. Combien de jeunes talents doivent leur savoir à Ellis Marsalis? La transmission de la connaissance et le renouvellement des hommes me semblent de très beaux processus. Oscar Peterson existe parce qu’il y a eu un Art Tatum ou un Fats Waller. Je trouve aussi très saine l’attitude de celui qui essaie de dépasser son maître.» (Jazz Hot n°527, février 1996) L’inspiration d’Ahmad Jamal ne se limite pas à sa ville, et comme tous les pianistes de jazz d’après-guerre, il est aussi un enfant du jazz dans son entier, d’Art Tatum qui a ouvert un horizon sans limites. Ahmad Jamal est un artiste de l’ère du bebop où la virtuosité est un élément de base qui ne doit pas masquer l’essentialité et l’authenticité du message. On peut écouter chez lui tout ce qu’il doit à la recherche rythmique de Count Basie dont il a saisi le sens de l’ellipse pour en donner une autre apparence, une inspiration qu’on retrouve aussi chez Nat King Cole, Oscar Peterson, et c’est dans le format trio, avec parfois un percussionniste comme chez Erroll Garner, qu’Ahmad Jamal élabore son style. La souplesse rythmique d’Ahmad Jamal, le relief de son swing doivent ainsi beaucoup à la rythmique à cordes (basse-guitare-batterie) de Count Basie qui servait de ressorts au big band, et que Nat King Cole, Erroll Garner, Oscar Peterson et Ahmad Jamal ont isolés, chacun à leur manière, pour en faire les ressorts de leur création. Count Basie aussi d’ailleurs, sur les enregistrements Pablo en formations plus réduites, a mis en relief cette alchimie rythmique si bien huilée, si précise. Herlin Riley (dm), James Cammack (b), Ahmad Jamal (p), Vienne 2011 © Pascal Kober
«Où aurais-je pu trouver un autre Israel Crosby, un autre Vernel Fournier, un autre Herlin Riley? Il arrive qu’on s’arrête sur un choix par confort. Parce qu’on n’est jamais sûr de ce qu’on peut trouver ailleurs, sauf à toujours essayer. Rencontrer le bon partenaire est une affaire toujours très délicate.» (Jazz Hot n°527, 1996)
Le format, le trio, à corde ou avec batterie, a apporté un succès rapide à Ahmad Jamal et particulièrement en club, un univers qui favorise le côté intimiste en petite formation, l’échange direct et nuancé avec le public, l’attention. Ahmad Jamal va souffrir après les années 1970, plus qu’un autre, de la disparition progressive de l’univers des clubs –des séjours prolongés dans le même lieu étaient sa préférence–, une dimension indispensable à sa musique, et cela va nuire en partie à son expression et à sa reconnaissance déjà bien établies en 1965. On l’entend dans sa production moins profonde sur le plan artistique des années 1970, même s’il va réussir à trouver quelques clubs survivants pour entretenir sa fibre en live (le Blues Alley de Washington, DC en particulier). Comme d’autres, il a cherché à s’adapter, à continuer à créer, avec plus ou moins de réussite, dans un monde devenu soudainement moins vaste en raison du laminage de la culture par la musique commerciale de masse. Il faut attendre l'Europe, la création des festivals et les salles de concert pour offrir à nouveau au pianiste le cadre plus favorable à son expression (le trio avec ou sans percussionniste), avec parfois quelques invités chanteurs, violonistes, saxophonistes…
Ahmad Jamal, Jazz à Liège, mai 1996 © Jacky Lepage
En tant que pianiste, on note chez Ahmad Jamal une capacité exceptionnelle à accentuer le relief, la dynamique de sa musique avec des accents en blocks chords de sa main gauche très percussive, associée à ses déboulés de notes qui sortent sous pression, retenus puis lâchés de manière torrentielle. Sa musique peut s’étirer, se tendre et se relâcher avec violence ou douceur. Car il est aussi l’auteur de beaux moments de sérénité, rhapsodiques, rêveurs, favorisés par un toucher précis et nuancé, établissant des contrastes, parfois vertigineux, qui percutent l’auditeur. Sa mise en scène (même visuelle, car il se lève de son piano pour encourager la musique et ses compagnons) consiste à intégrer ses sidemen dans une expression globale, utilisant entre autres procédés ses fameux ostinatos qui installent la tension de sa musique, et il laisse à ses compagnons beaucoup de place, dans ces mouvements incessants de la musique: ralentissements ou accélérations brutales du tempo, amplitude ou contraction de l’expression, variation de l’intensité sonore ou de l’expressivité jusqu’à l’ellipse et au silence, invitant le public comme ses musiciens, avec leur imagination, à partager son monde, avant de revenir en douceur ou avec brutalité, donnant une attention toute particulière à fondre l’expression des trois ou quatre musiciens dans un ensemble compact, intense. Il a développé pour obtenir une telle communion d’expression et de sentiments un réseau de fidélités avec des publics et avec des musiciens comme Vernel Fournier, Israel Crosby, Idris Muhammad, etc.(3), avec des sonorités et des rythmes du jazz possédant des accents marqués (les batteurs de New Orleans Vernel Fournier, Herlin Riley, Idris Muhammad). Tous ces éléments ne doivent rien au hasard, Ahmad Jamal est un architecte.
La première impression à cette écoute est en général aussi impressionnante que celle délivrée par un big band, et comme ça reste profondément jazz, blues et swing, malgré l’originalité de l’expression d’Ahmad Jamal, l’auditeur est abasourdi, comme emporté par un torrent de montagne.
C’est le constat qu’on peut en faire dès que les conditions d’écoute d’Ahmad Jamal sont idéales, c’est-à-dire une certaine proximité, complicité avec le public. Ahmad Jamal a en effet besoin d’être aimé sans complaisance ou suivisme par son auditoire, par chacun des individus qui le compose, de le sentir attentif et donc réceptif pour délivrer son art avec toute la perfection et la profondeur qu’il a consacrées à sa création, et ce trait de caractère, le perfectionnisme, a accompagné toute sa vie artistique: il ne fait pas un métier, il transmet un message dont il est lui-même le dépositaire. Le besoin de reconnaissance humaine et artistique, un moteur dans l’histoire afro-américaine, mais aussi ce besoin d’accomplissement inculqué par sa mère, sa «volonté politique» de complicité avec le genre humain, un trait fort de l'art afro-américain, sont à l'origine de la puissance de la conviction de son expression. Il a tant réfléchi et travaillé pour mûrir son art, en donner le meilleur à son public, qu'il attend avec raison et exigence la réciprocité.
«Je suis exigeant mais j’écoute Ravel, Debussy, Sting, Prince… Après je fais mon choix… Les jeunes sont exposés à toutes les musiques. Ce qu’ils entendent forme ou déforme leur esprit. Il peuvent perdre la lumière à force d’être soumis à la médiocrité. On me répondra: "Oui, mais ces disques se vendent". Le crack aussi se vend.» (Jazz Hot n°502, 1993)
Ahmad Jamal a rejoint
ses amis, et parmi eux, Randy Weston et McCoy Tyner auxquels il avait rendu
hommage dans Jazz Hot(4) lors de
leurs disparitions car ils avaient des liens quasi familiaux et un lien culturel en acier de Pittsburgh.
La musique d’Ahmad
Jamal, comprenant une centaine d’albums (cf. discographie) en dehors des nombreuses tournées en clubs, concerts et festivals, a été honorée, et il est devenu NEA Jazz Master
en 1994. Fresh Sound Records de Jordi Pujol a fait un travail soigné sur la période 1951-1955, l'époque des Three Strings; Mosaic Records de Michael Cuscuna a publié un splendide coffret (9 CDs), avec de nombreux inédits, sur la période
1956-1962 dont les fameuses sessions At the Pershing Lounge de Chicago, au Spotlite Club de Washington, DC, à l'Alhambra de Chicago, au Black Hawk de San Francisco; Jazz Detective de Zev Feldman vient de reconstituer dans les deux coffrets Emerald City Nights les enregistrements Live at the Penthouse, un club de Seattle, WA, des années 1963-64 et 1965-66. Ces excellents travaux de discophiles émérites réunissent la période fondatrice du grand artiste de 1951 à 1966, l’amour d'Ahmad Jamal pour les clubs, l’âge d'or d'un styliste déjà abouti, qu'il a si brillamment illustré par la suite sur les scènes du monde, des années 1970 à sa disparition. Sur ces grandes et petites scènes, du moment qu'il recevait l'attention et la sympathie, au sens étymologique, de son auditoire, Ahmad Jamal a toujours déclenché l'enthousiasme avec son style tout en reliefs, en contrastes, qui doit tant à Pittsburgh. Ahmad Jamal a reçu de nombreux prix, en particulier en France où il a enregistré ses dernières œuvres, une reconnaissance à laquelle il tenait pour lui comme pour les artistes du jazz, délivrant dans un dernier hommage à Marseille un écho de sa Marseillaise de «Stompin’ at the Savoy» ou de ses «Autumn Leaves» si souvent interprétées, quelque chose de sa recherche de paix, de dignité qu'illustre le «sacré bout de chemin» de son œuvre à travers le monde et les cœurs.
«Marseille, mon cœur si seul cherche ta caresse Car ma vie est trop remplie de tristesse» «Marseille, my lonely heart needs your caress My life is full of deep regret»**
Ahmad Jamal a eu deux filles: l’une avec sa première épouse, Virginia Wilkins aka Maryam Mezzan, Mumeenah Jamal Counts, assassinée en 1979, et Sumayah qu’il a eue avec sa seconde épouse Sharifah Frazier. Sa troisième épouse restera sa manager jusqu’à son décès (Ellora Management, Inc. créé en 1982). Il a eu aussi des petits-enfants.
Jazz Hot partage la peine de sa famille et de ses amis.
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* «Search for Peace» est le titre d’une composition de McCoy Tyner.
** Extrait du poème «Marseille», écrit par Ahmad Jamal et chanté dans le cadre de l'enregistrement Marseille réalisé en 2016, la dernière session à notre connaissance d'Ahmad Jamal. La traduction est de Mina Agossi qui intervenait comme chanteuse sur cet enregistrement (cf. discographie).
Jazz Hot 2021 Norman Simmons (a joué avec Israel Crosby et Vernel Fournier et accompagné Dakota Staton)
Quelques chroniques de disques
n°665-2013: Ahmad Jamal, Saturday Morning, Jazz Village n°667-2014: Ahmad Jamal, The Quintessence, Frémeaux & Associés n°676-2016: Ahmad Jamal, Live in Marciac, Jazz Village Jazz Hot 2023: Ahmad Jamal, Emerald City Nights: Live at the Penthouse 1963-1964 & 1965-1966, Jazz Detective
Jazz on DVD: n°615-2004: Ahmad Jamal Trio, Allemagne 1993
Quelques comptes rendus de concerts
n°544-1997: Benny Carter/Ahmad Jamal/Russell Malone, 33e Donostia San Sebastian
n°584-2001: Ahmad Jamal, Orquesta Chaworo de Orlando Poleo au festival Jazz et Salsa-Salon-de-Provence
n°614-2004: Ahmad Jamal, Marty Sammon/Jason Moyniham/Rick Hall au 44e Jazz à Juan-les-Pins
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NOTES
(1) Artistes formés à Pittsburgh, PA, dans la première moitié du XXe siècle
vous pouvez retrouver ces artistes dans de nombreux numéros de Jazz Hot, au fil de leurs carrières
Basse
Tommy Sewell (b), a travaillé avec Ahmad Jamal
Wyatt Bull Ruther (b, 1923-1999), a travaillé avec Ahmad Jamal, Count Basie, Ray Bryant, George Shearing, Sammy Price, Jay McShann…
Ray Brown (b, 1926-2002)
David Izenzon (b, 1932-1979)
Paul Chambers (b, 1935-1969)
John Heard (b, 1938-2021), a travaillé avec Ahmad Jamal de 1975 à 1992 par intermittence, également artiste en arts plastiques
Batterie
James Honey Boy Minor (dm), a travaillé avec Ahmad Jamal enfant/adolescent
Kenny Clarke (dm, Klook, 1914-1985)
Art Blakey (dm, Abdullah Ibn Buhaina, 1919-1990)
Beaver Harris Jr. (dm, William Godvin, 1936-1991)
Allen Blairman (dm, 1940-2022)
Ephriam Wolfolk (dm), né en 1943, a travaillé avec Ahmad Jamal
Roger Humphries (dm, 1944)
Composition
Billy Strayhorn (p, comp, arr, né à Dayton, OH, a grandi à Pittsburgh, 1915-1967)
Sammy Nestico (tb, comp,arr, 1924-2021)
Guitare
Ray Crawford (g, ts, cl, 1924-1997), a travaillé avec Ahmad Jamal
Joe Pass (g, Joseph Anthony Jacobi Passalaqua, 1929, New Brunswick, NJ, a grandi à Johnstown, PA, en périphérie de Pittsburgh-1994)
George Benson (g, 1943)
Jimmy Ponder (g, 1946-2013)
Bandleader
Joe Westray (cond, 1913-1980), a travaillé avec Ahmad Jamal enfant/adolescent
Piano
Earl Fatha Hines (p, Duquesne-Pittsburgh, PA, 1903-1983)
Mary Lou Williams (p, née à Atlanta, GA, mais a grandi à Pittsburgh,1910-1981)
Carl Arter (p, vib, ts, 1918-2006)
Linton Garner (p, tp, voc, frère aîné d’Erroll Garner, né à Greensboro, NC, a grandi à Pittsburgh, 1915-2003)
Erroll Garner (p, 1921-1977)
Horace Parlan (p, 1931–2017)
Sonny Clark (p, 1931, Herminie, PA, en périphérie de Pittsburgh–1963)
Saxophone
Nathan Davis (ss, as, cl, fl, 1937, Kansas City, KS-2018) a été recruté en 1969 depuis Paris par Kenny Clarke pour créer le département Jazz de l’université de Pittsburgh, The Pitt Jazz Ensemble
Stanley Turrentine (ts, 1934-2000), a travaillé avec Ahmad Jamal
Trombone
Slide Hampton (tb, tu, flh, comp, arr, né à Jeannette, PA, en périphérie de Pittsburgh, 1932-2021)
Trompette
Roy Eldridge (tp, 1911-1989)
Violon
Vocal
Maxine Sullivan (voc,flh,tb Homestead, PA, en périphérie de Pittsburgh, 1911-1987)
Billy Eckstine (voc,tb,tp,g, 1914-1993)
Eddie Jefferson (voc, danseur, comp, 1918-1979), a travaillé (comme tap dancer) avec Ahmad Jamal adolescent
Dakota Staton (voc, 1930-2007)
(2) Avoir un nom musulman permettait d’entrer dans les lieux discriminants, et même d’être «blanc» sur la carte d’identité, cf. Dizzy Gillespie & Al Fraser, To Be or Not to Bop, Presses de la Renaissance, 1979, p 271
Jamal est le nom retenu lors de sa conversion à l’islam en 1950, son prénom ayant été choisi dès 1948, cf. «Ahmad’s Blues». Ahmad Jamal venait d’une famille baptiste, une identité trop résignée face au pouvoir ségrégationniste, sa conversion choisie lui a donné une discipline, une force intérieure, la confiance en lui. La revendication du choix des racines hors du territoire américain permettait aux Afro-Américains de ne plus se sentir des citoyens de deuxième rang à la merci raciale pour trouver un travail vital, dans ce pays sans contrat social et en insécurité physique. Le Moorish Holy Temple of Science (Newark, NJ, 1913, puis installé à Chicago, IL), L’UNIA de Marcus Mosiah Garvey (à New York en 1917 à la suite de la première grande migration Sud-Nord pour trouver du travail), Nation of Islam (Detroit, MI, 1930, puis Chicago, IL) dont Elijah Muhammad: celui-ci s'est trouvé à la croisée des effets de paupérisation suite à la migration sud-nord de 1917 combinée à la Dépression de 1929, au vide éducatif des Usa rempli par l’enseignement religieux, et des conscriptions forcées après Pearl Harbour (7 décembre 1941), il est devenu un symbole de l’injustice, après son incarcération pour sédition/insoumission (1942-1946); cet enchainement de circonstances dues aux décisions politiques obtuses du pouvoir a fait augmenter les conversions à l’islam notamment chez les artistes et intellectuels, Nation of Islam se ramifiant en courants (jusqu’à aujourd’hui), dont Malcolm X (à partir de 1950, converti en 1952, également intéressé par le communisme) au parcours plus complexe qui rejoint le Mouvement des Droits Civiques du Dr. Martin Luther King Jr. en 1964, ce qui a causé son assassinat en 1965 par infiltration du FBI. En effet, le pouvoir dominant américain voyait d’un mauvais œil cette «convergence des luttes» (couleurs, classes, religions, politique) dirait-on aujourd’hui. La décolonisation amènera d’autres types d’actions combinant le féminisme, le partage du pouvoir, l’action violente avec notamment les Black Panthers.
Entre 1940 et 1960, les mouvements (panafricanistes, du nationalisme noir, d’émancipation, de retour à des «racines») sous-tendus par l’islam se combinent à Chicago, entre quête de justice, de dignité, et de régulation d’un pouvoir dans la toute puissance. L’adolescence d’Ahmad Jamal (1941-1946) pendant cette période, sa rencontre avec Idrees Sulieman à New York (1948), l’impossible reconnaissance artistique «classique» (cf. Charles Mingus et beaucoup d’autres), et son implantation à Chicago, une ville d’insoumissions regroupant toutes les voies alternatives (y compris la mafia), ont certainement concouru à sa conversion définitive en 1950 pour trouver une solution digne dans l’Amérique des années 1950.
(3) Chronologie des rythmiques d'Ahmad Jamal
- 1951-1952. Ray Crawford (g) Eddie Calhoun (b)
- 1953-1954. Ray Crawford (g) Richard Davis (b)
- 1955. Ray Crawford (g), Israel Crosby (b),
- 1956. Israel Crosby (b), Walter Perkins (dm)
- 1957-61. Israel Crosby (b), Vernel Fournier (dm)
- 1960. Israel Crosby (b), Vernel Fournier (dm), Joe Kennedy (vln), Ray Crawford (g)
- 1962-63. Richard Evans (b), Chuck Lampkin
- 1964-65. Jamil Nasser (b), Chuck Lampkin (dm)
- 1965. Jamil Nasser (b), Vernel Fournier (dm)
- 1966-73. Jamil Nasser (b), Frank Gant (dm)
- 1975. Jamil Nasser (b), Frank Gant (dm), Azzedin Weston (cga)
- 1975. Roger Harris (b), Morris Jennings (dm)
- 1975. John Heard (b), Eddie Marshall (dm)
- 1975. Richard Evans (b), Kwame Steve Cobb (dm)
- 1975. John Heard (b), Harvey Mason (dm,perc), Calvin Keys (g)
- 1975. John Heard (b), Frank Gant (dm), Calvin Keys (g)
- 1975. Richard Evans (b), Morris Jennings (dm), Danny Leake (g)
- 1976-77. John Heard (b), Frank Gant (dm), Calvin Keys (g), Seldon Newton (cga)
- 1977. John Heard (b), Frank Gant (dm), Calvin Keys (g), Seldon Newton (cga)
- 1978. Scotty Edwards (b), Roger Bethelmy (dm), John Rowin (g), Bill Summers (cga), Hal Blaine (perc)
- 1978-1980. John Heard, Scotty Edwards, Chuck Rainey, Kenneth M. Burke (b), Eddie Marshall, Roger Bethelmy, Andre Fischer, Harvey Mason (dm), John Rowin, Calvin Keys, Marlo Henderson (g), Kenneth Nash, Shonduu Rondo Akeim, Hal Blaine, Paulinho Da Costa, Geoff Howe, Bill Summers (perc)
- 1980. John Heard, Kenneth Burke (b), Chester Cortez Thompson (dm), Calvin Keys, Greg Poree (g)
- 1980-1982. David Dawoud Sabu Adeyola (b) Payton Crossley (dm) Selden Newton (perc)
- 1982-2005. Ahmad Jamal joue avec Keter Betts au Blues Alley, Washington, DC
- 1985-86. James Cammack, Larry Ball (b), Herlin Riley (dm), Selden Newton/Manolo Badrena/Iraj Lashkary (perc)
- 1987-92. James Cammack/Todd Coolman (b), David Bowler/Gordon Lane (dm), Willie White (perc)
- 1992. John Heard (b), Yoron Israel (dm)
- 1994. Ephriam Wolfolk (b), Arti Dixson (dm)
- 1994-95. James Cammack/Jamil Nasser (b), Idris Muhammad (dm), Manolo Badrena (perc)
- 1996. Jeff Chambers (b), Yoron Israel (d), Calvin Keys (g), Manolo Badrena (perc)
- 1997. James Cammack (b), Idris Muhammad (dm), Othello Molineaux (perc), Stanley Turrentine (ts)
- 2000. James Cammack, Jamil Nasser (b), Idris Muhammad (dm)
- 2000. James Cammack (b), Idris Muhammad (dm)
- 2001. Ephriam Wolfolk (b), Arti Dixson (dm)
- 2002-2005. James Cammack (b), Idris Muhammad (dm)
- 2007. James Cammack (b), Idris Muhammad (dm), Manolo Badrena (perc)
- 2009. James Cammack (b), Kenny Washington (dm), Manolo Badrena (perc)
- 2011-2014. Reginald Veal (b), Herlin Riley (dm), Manolo Badrena (perc)
- 2016. James Cammack (b), Herlin Riley (dm), Manolo Badrena (perc)
Idris Muhammad et Ahmad Jamal © Umberto Germinale-Phocus
Ils ont joué avec Ahmad Jamal:
- Ray Crawford (g, ts, cl,) né en 1924 à Pittsburg, PA, travaille avec Ahmad Jamal de 1951 à 1960
- Eddie Calhoun (b), né en 1921 à Clarksdale, MS, travaille avec Ahmad Jamal de 1951 à 1952, reste au club The Embers à New York
- Richard Davis (b), né en 1930 à Chicago, IL, travaille avec Ahmad Jamal de 1953 à 1954
- Israel Crosby (b), né en 1919 à Chicago, IL, travaille avec Ahmad Jamal de 1949 à 1962
- Walter Perkins (dm), né en 1932 à Chicago, IL, travaille avec Ahmad Jamal en 1956
- Vernel Fournier (dm), né en 1928 à New Orleans, LA, aka Amir Rushdan à partir de 1975, (date du décès d'Elijah Muhammad de Nation of Islam), après avoir travaillé en trio dans un de ses restaurants à partir de 1966, après Ahmad Jamal. Professeur de batterie au Jazz Cultural Theatre de Barry Harris et à la New School for Social Research, NYC, travaille avec Ahmad Jamal de 1957 à 1966
- Joe Kennedy Jr. (vln), né en 1923 à Pittsburg, PA,, travaille avec Ahmad Jamal de 1949 à 1995
- Papa Jo Jones (dm) né à Chicago, IL, en 1911, compagnon de Basie, travaille avec Ahmad Jamal de 1962 à 1963 au club The Embers, NY, avec Wyatt Ruther (b)
- Richard Evans (b,comp,arr,prod,1932-2014), né en 1932 à Birmingham, AL, prod/arr chez Cadet de 1960 à 1975, aussi pour Ramsey Lewis et The Soulful Strings, travaille avec Ahmad Jamal de 1962 à 2005
- Chuck Lampkin (dm, ex-Dizzy Gillespie), né en 1934 à Cleveland, OH, travaille avec Ahmad Jamal de 1963 à 1965 et part travailler pour la TV
- Jamil Nasser (b,tu) né George Joyner en 1932 à Memphis, TN, aka Djamil Nasser, Jamil Sulieman, ou Suleiman à partir de 1958, travaille avec Ahmad Jamal de 1963 à 2000
- Frank Gant (dm), né en 1931 à Detroit, MI, travaille avec Ahmad Jamal de 1966 à 1977
- Azzedin Weston (cga), est le fils de Randy Weston, travaille avec Ahmad Jamal en 1974
- Morris Jennings (dm) est né en 1939 à East-Saint-Louis, IL, travaille avec Ahmad Jamal en 1975
- Roger Harris (b): prof de musique réputé (aussi en classique) à Chicago, IL, travaille avec Ahmad Jamal en 1975
- John Heard (b), né en 1938 à Pittsburg, PA, travaille avec Ahmad Jamal de 1975 à 1992
- Edwin Eddie Marshall (dm), né en 1938 à Springfield, MA, travaille avec Ahmad Jamal de 1975 à 1978
- Calvin Keys (g), né en 1943 à Omaha, NE, a travaillé avec Ray Charles, John Handy, Bobby Hutcherson, Eddie Marshall, Sonny Stitt, Pharoah Sanders, Joe Henderson, Leon Williams; travaille avec Ahmad Jamal de 1975 à 1996
- Kwame Steve Cobb (dm, djembé, voix et percussions), travaille avec Ahmad Jamal en 1975
- Harvey Mason (dm, perc), né en 1947 à Atlantic City, NJ, travaille avec Ahmad Jamal de 1975 à 1980
- Danny Leake (g), né en 1951 à Sardis, MS, travaille avec Ahmad Jamal en 1975
- Roger Bethelmy (dm): travaille avec Ahmad Jamal en 1978-1979
- Kenneth M. Burke (b, kb, comp, prod) né en 1953 à Chicago, IL, travaille avec Ahmad Jamal en 1980
- Chester Cortez Thompson (dm), né en 1948 à Baltimore, MD, travaille avec Ahmad Jamal en 1980
- Sabu David Dawoud Adeyola (b), travaille avec Ahmad Jamal de 1980 à 1982
- Payton Crossley (dm), travaille avec Ahmad Jamal de 1980 à 1982
- Selden Newton (perc), travaille avec Ahmad Jamal de 1976 à 1985
- Keter Betts (b), né en 1928 à Port Chester, NY, travaille au Blues Alley avec Ahmad Jamal de 1982 à 2005
- Herlin Riley (dm), né en 1957 à New Orleans, LA, travaille avec Ahmad Jamal de 1985 à 2016
- James Cammack (b), né en 1956 à Cornwall, NY, travaille avec Ahmad Jamal de 1985 à 2016
- Larry Ball (b), travaille avec Ahmad Jamal en 1986
- Iraj Lashkary (perc), travaille avec Ahmad Jamal en 1985
- Manolo Badrena (perc), né en 1952 à San Juan, Porto Rico, travaille avec Ahmad Jamal de 1985 à 2016
- David Bowler (dm,voc), né en 1957 à Portland, ME, travaille avec Ahmad Jamal de 1987 à 1992
- Willie White (perc), travaille avec Ahmad Jamal en 1987
- Yoron Israel (dm), né en 1963 à Chicago, IL, travaille avec Ahmad Jamal de 1992 à 1996
- Arti Dixson (b), né à Catskill, NY, travaille avec Ahmad Jamal de 1994 à 2001
- Ephriam Wolfolk (dm), né en 1943? à Pittsburgh, PA, travaille avec Ahmad Jamal de 1994 à 2001
- Idris Muhammad (dm), né en 1939 à New Orleans, LA, son père était pakistanais et sa mère française, travaille avec Ahmad Jamal de 1994 à 2007
- Jeff Chambers (b), né en 1955 à Milwaukee, WI, travaille avec Ahmad Jamal en 1996
- Othello Molineaux (perc), né en 1939 à Longdenville, Trinidad-et-Tobago, steel drum, travaille avec Ahmad Jamal en 1997
- Kenny Washington (dm), né en 1958, Staten Island, NY, travaille avec Ahmad Jamal en 2009
- Reginald Veal (b), né en 1963 à Chicago, IL, travaille avec Ahmad Jamal de 2011 à 2014
(4) • Jazz Hot n°685, 2018, Hommage d’Ahmad Jamal à Randy Weston:
«Je suis reconnaissant d’avoir connu cet homme remarquable et d’avoir apprécié ses dons de composition, notamment «Hi-Fly» composition que j’ai eu le plaisir de jouer et d’enregistrer.
J’ai eu le plaisir non seulement de connaître Randy, mais aussi de lui rendre visite lors de vacances en famille au Maroc où il résidait à l’époque! De plus, son fils Azzedin était membre de mon ensemble.
Randy a fait l’histoire avec Basheer Qusim (Gigi Gryce) en créant sa propre maison d’édition, ce qui était impensable à l’époque. Benny Golson est également membre de ce groupe de musiciens distingués qui ont osé défier l’establishment. Une fois de plus, j’ai eu le privilège de connaître ce Gentle Giant qui a contribué à façonner le monde musical tel que nous le connaissons aujourd’hui !!! Randy a quitté ce monde mais il vit toujours!»
• Jazz Hot 2020, Hommage d’Ahmad Jamal à McCoy Tyner: «Je connais McCoy depuis de nombreuses années!!! Nous avons partagé des moments mémorables avec nos familles. Il a reçu un don rare qui durera éternellement.»
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DISCOGRAPHIE
Leader/coleader 78t 1951. Ahmad Jamal's Three Strings, Okeh 6855, 6945, 6889 =CD Ahmad Jamal: Ahmad Jamal's Three Strings-The Complete Okeh, Parrot & Epic Sessions 1951-1955, Fresh Sound 1118 78t 1952. The Piano Scene of Ahmad Jamal, Okeh 6921, 6889, 6945 =CD Ahmad Jamal: Ahmad Jamal's Three Strings-The Complete Okeh, Parrot & Epic Sessions 1951-1955, Fresh Sound 1118 78t 1954. Ahmad Jamal Trio, Parrot 810, 818 =CD Ahmad Jamal: Ahmad Jamal's Three Strings-The Complete Okeh, Parrot & Epic Sessions 1951-1955, Fresh Sound 1118 LP 1955. Ahmad Jamal, Chamber Music of the New Jazz, Argo 602 =CD Ahmad Jamal: Ahmad Jamal's Three Strings-The Complete Okeh, Parrot & Epic Sessions 1951-1955, Fresh Sound 1118 LP 1955. Ahmad Jamal Trio, Epic 3212 =CD Ahmad Jamal: Ahmad Jamal's Three Strings-The Complete Okeh, Parrot & Epic Sessions 1951-1955, Fresh Sound 1118
LP 1956. Ahmad Jamal, Count 'Em 88, Argo 610=CD Ahmad Jamal Trio, The Complete Ahmad Jamal Trio Argo Sessions 1956-62, Mosaic Records MD9-246 LP 1958. Ahmad Jamal at the Pershing, But Not for Me, Argo 628 =CD Ahmad Jamal Trio, The Complete Ahmad Jamal Trio Argo Sessions 1956-62, Mosaic Records MD9-246 LP 1958 Ahmad Jamal at the Pershing Vol 2- Argo 667 =CD Ahmad Jamal Trio, The Complete Ahmad Jamal Trio Argo Sessions 1956-62, Mosaic Records MD9-246 45t 1958. Ahmad Jamal Trio, Argo 5317, 5306 =CD Ahmad Jamal Trio, The Complete Ahmad Jamal Trio Argo Sessions 1956-62, Mosaic Records MD9-246
LP 1958. Portfolio of Ahmad Jamal, Argo 2638 (At Spotlite Club) =CD Ahmad Jamal Trio, The Complete Ahmad Jamal Trio Argo Sessions 1956-62, Mosaic Records MD9-246
LP 1959. Ahmad Jamal at the Penthouse, Argo 646 =CD Ahmad Jamal Trio, The Complete Ahmad Jamal Trio Argo Sessions 1956-62, Mosaic Records MD9-246 LP 1960. Ahmad Jamal Trio: Happy Moods, Argo 662 =CD Ahmad Jamal Trio, The Complete Ahmad Jamal Trio Argo Sessions 1956-62, Mosaic Records MD9-246 LP 1960. Listen to the Ahmad Jamal Quintet, Argo 673 =CD Ahmad Jamal Trio, The Complete Ahmad Jamal Trio Argo Sessions 1956-62, Mosaic Records MD9-246 LP 1961. Ahmad Jamal's Alhambra, Argo 685 =CD Ahmad Jamal Trio, The Complete Ahmad Jamal Trio Argo Sessions 1956-62, Mosaic Records MD9-246
LP 1961-62. Ahmad Jamal at the Blackhawk, Argo 703=CD Ahmad Jamal Trio, The Complete Ahmad Jamal Trio Argo Sessions 1956-62, Mosaic Records MD9-246 LP 1962. Macanudo, Ahmad Jamal With Orchestra: Music arranged et conducted by Richard Evans, Argo 712 CD 1963-64. Ahmad Jamal, Emerald City Nights, Live at the Penthouse 1963-64, Jazz Detective 004 LP 1963. Naked City Theme, Ahmad Jamal's Trio, Argo 733
LP 1965. The Roar of the Greasepaint-The Smell of the Crowd, Argo 751 CD 1965-66. Ahmad Jamal, Emerald City Nights, Live at the Penthouse 1965-66, Jazz Detective 005
LP 1965. Ahmad Jamal, Extensions, Cadet 758 LP 1965. Ahmad Jamal, Rhapsody, Cadet 764
LP 1966. Ahmad Jamal: Heat Wave, Cadet 777
LP 1967. Ahmad Jamal With Voices, Cry Young, Cadet 792 LP 1968. Ahmad Jamal With Voices, The Bright, the Blue and the Beautiful, Cadet 807 LP 1968. Ahmad Jamal, Tranquility, Impulse! AS9238
LP 1969. Ahmad Jamal at the Top-Poinciana Revisited, Impulse! AS9176
LP 1970. Ahmad Jamal Trio : The Awakening, Impulse! AS9194 LP 1971. Ahmad Jamal, Live in Paris, Lost ORTF Recordings, Transversales Disques 25 LP 1971. Ahmad Jamal, Free Flight Vol 1, Impulse! AS9217
LP 1971. Ahmad Jamal, Outertimeinnerspace, Impulse! AS9226
LP 1973. Ahmad Jamal '73, 20th Century Records 4l7 LP 1973-74. Ahmad Jamal, Jamalca, 20th Century Records 432 LP 1974. Jamal Plays Jamal, 20th Century Records 459
LP 1974-76-78. Ahmad Jamal, Prelude to a Kiss, 20th Century Records 612
LP 1975. Ahmad Jamal, Genetic Walk, 20th Century Records 600 LP 1976. Ahmad Jamal, Live at Oil Can Harry's, Catalyst 7606 LP 1977. Ahmad Jamal, Steppin Out With a Dream, 20th Century Records 515
LP 1978. Ahmad Jamal, One, 20th Century Records 555
LP 1979. Ahmad Jamal, Intervals, 20th Century Records 622 LP 1980. Ahmad Jamal, Night Song, Motown M7-945RI=CD Ahmad Jamal, Night Song, MoJazz 31453-0303-2/530.302-2. LP 1980. Ahmad Jamal, Live at Bubba's, Who's Who 21021=CD Ahmad Jamal, Waltz for Debby, HDJ 4233 LP 1981. Ahmad Jamal/Gary Burton in Concert, Chiaroscuro 2034=CD Ahmad Jamal, Featuring Gary Burton, Morning of the Carnival, HDJ 4047
LP 1981. Ahmad Jamal, Live in Concert, Chiaroscuro 2036 LP 1982. Ahmad Jamal, American Classical Music, Shubra 101 DVD 1984. Ahmad Jamal, Live in Cannes, Quantum/MVD #DJ-856
LP/CD 1985. Ahmad Jamal, Live at the Montreal Jazz Festival 1985 Atlantic 81699-1/81699-2
LP/CD 1985. Ahmad Jamal, Digital Works Atlantic 81258-1/7-81258-2 LP/CD 1986. Ahmad Jamal, Rossiter Road, Atlantic 81645-1/781645-2 LP/CD 1987. Ahmad Jamal, Crystal, Atlantic 81793/781793-2
CD 1989. Ahmad Jamal, Pittsburgh, Atlantic 782029-2/7567-82029-2CD 1991. Ahmad Jamal, Live! At Blues Alley, Blues Alley 10005 CD 1992. Ahmad Jamal, Live in Paris 92, Verve/Birdology 849408-2 CD 1992. Ahmad Jamal, Chicago Revisited/Live at Joe Segal's Jazz Showcase, Telarc 83327
DVD 1993. Ahmad Jamal Trio, Recorded Live at the Munich Philharmonie, TDK 5450270008339 CD 1994. Ahmad Jamal, I Remember Duke, Hoagy & Strayhorn, Telarc 83339 CD 1994. Ahmad Jamal, The Essence Part 1, Birdology 529327-2 CD 1994-95. Ahmad Jamal, Big Byrd: The Essence Part.2, Verve/Birdology 533477-2
CD 1996. Ahmad Jamal à Paris, Atlantic 3964 27204-2 (=CD Live in Paris 1996, Birdology/Dreyfus Jazz 37020) CD 1997. Ahmad Jamal, Nature-The Essence Part Three, Birdology 23105 CD 1998. Ahmad Jamal, The Assai Quartet, Roesch 42 CD 2000. Ahmad Jamal, Picture Perfect, Birdology 85266-2 (=CD Ahmad Jamal, Picture Perfect Warner 8573-85268-2)
CD 2000. Ahmad Jamal/Gary Burton, Live at the Midem, Starbust 1011CD 2000. Ahmad Jamal, Olympia 2000, Dreyfus 36629-2 CD 2002. Ahmad Jamal Trio, In Search of Momentum (1-10), Dreyfus 36644-2 DVD 2003. Ahmad Jamal Live in Baalbeck, Soulfood Music Distribution 3460503666795
CD 2004. Ahmad Jamal, After Fajr, Dreyfus 36676-2
CD 2007. Ahmad Jamal It's Magic, Dreyfus 36918-2 CD 2009. Ahmad Jamal, A Quiet Time, Dreyfus 36945-2 CD 2011. Ahmad Jamal, Blue Moon: The New York Session, Jazz Village 570001
CD/DVD 2012. Ahmad Jamal Feat. Yusef Lateef, Live at the Olympia, Jazz Village 570053-55 (2CD+1DVD)
CD 2013. Ahmad Jamal, Saturday Morning, La Buissonne Studio Sessions, Jazz Village 570027 CD/DVD 2014. Ahmad Jamal, Live in Marciac, Jazz Village 570078.79 (CD+DVD) CD 2016. Ahmad Jamal, Marseille, Jazz Village 570136 |
VIDEOGRAPHIE
Ahmad Jamal, interview pour Jazz at Lincoln Center, septembre 2013, image extraite de YouTube
Chaînes YouTube d’Ahmad Jamal https://www.youtube.com/channel/UCpcKheNnsy7ojAqJMKDlfUQ https://www.youtube.com/@ahmadjamal-officialchannel3918/videos https://www.youtube.com/@ahmadjamal-officialchannel3918/featured https://www.youtube.com/@ahmadjamal-officialchannel3918/releases
1959. Ahmad Jamal, Israel Crosby (b), Vernel Fournier (dm), à l’arrière Ben Webster, Jo Jones, regarde https://www.youtube.com/watch?v=oA9GhIyP_zI
1960. Ahmad Jamal, Israel Crosby (b), Vernel Fournier (dm), CBS Studio-Jazz From Studio 61, New York, NY, 15 septembre (avec un autre concert: Ben Webster (ts), Hank Jones (p), Buck Clayton (tp), Vic Dickenson (tb), George Duvivier (b),
Jo Jones (dm) https://www.youtube.com/watch?v=7KFMLNop0_g
1971. Ahmad Jamal, Jamil Nasser (b), Frank Gant (dm), Piano Parade 4, Studio 104, ORTF/Maison de la Radio, Paris, réal. Marc Pavaux, prod. André Francis/Henri Renaud/Bernard Lion, 25 juin https://www.youtube.com/watch?v=RAena9F9oSE
1989. Ahmad Jamal, James Cammack (b), David Bowler (dm), North Sea Jazz Festival, La Haye, Hollande, 16 juillet https://www.youtube.com/watch?v=4yqc-wdhHpQ
1999. Ahmad Jamal, James Cammack (b), James Johnson (dm), Bayerischer Rundfunk, B’ Jazz, Allemagne https://www.youtube.com/watch?v=I6ZKJfV4hTw
2000. Ahmad Jamal, paroles et musique, George Coleman (ts), James Cammack (b), James Johnson (dm), Jazz in Marciac,
5 août https://www.youtube.com/watch?v=4oUR0TO-7Uk
2001. Ahmad Jamal, James Cammack (b), Idris Muhammad (dm), JazzBaltica, Salzau, Allemagne https://www.youtube.com/watch?v=3Rik_kplZlQ https://www.youtube.com/watch?v=FVi0LCs96no
2003. Ahmad Jamal, James Cammack (b), Idris Muhammad (dm), ruines du temple de Bacchus, Baalbeck International Festival, Liban, 18-19 juillet https://www.youtube.com/watch?v=yTG3z9gJiPY
2013. Ahmad Jamal, paroles et musiques Wynton Marsalis (tp), Reginald Veal (b), Herlin Riley (dm), Manolo Badrena (perc), Chris Crenshaw (voc), live Jazz at Lincoln Center, 20 septembre https://www.youtube.com/watch?v=YlAZaaI_KWc https://www.youtube.com/watch?v=ZaFphr9CqIA https://www.youtube.com/watch?v=E6H1C-sI1so https://www.youtube.com/watch?v=vk6NDl35wKs https://www.youtube.com/watch?v=g6zsAjmUIm0 https://www.youtube.com/watch?v=FjgmeP9U7MA https://www.youtube.com/watch?v=XiZ4YaMq0dM https://www.youtube.com/watch?v=-pHNJt1mL4I https://www.youtube.com/watch?v=z5klkMeYybA https://www.youtube.com/watch?v=PsmRy0BYjms https://www.youtube.com/watch?v=k_VCz8-AHpc https://www.youtube.com/watch?v=NBLIhUOWm9Q
2013. Ahmad Jamal, paroles (en français!) et musiques Reginald Veal (b), Herlin Riley (dm), Manolo Badrena (perc), à l’occasion de l’enregistrement de Saturday Morning, au Studios de la Buissonne, Pernes-Les-Fontaines, Jazzbook/Jazz Village/Harmonia Mundi, février https://www.youtube.com/watch?v=YWTYtUH3tV0
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