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Wayne Shorter

2 mars 2023
25 août 1933, Newark, NJ - 2 mars 2023, Los Angeles, CA
© Jazz Hot 2023

Wayne Shorter, Bruxelles, 5 novembre 1991 © Jacky Lepage
Wayne Shorter, Bruxelles, 5 novembre 1991 © Jacky Lepage
 
Wayne SHORTER

Mysterious Traveller

«Si jamais nous parvenions à parler de la vie, voilà ce qui ferait un sacré interview!»
(Jazz Hot n°355, novembre 1978)

Avec Wayne Shorter disparaît un acteur historique du jazz, car il a contribué aux époques et aux esthétiques du jazz, et parfois au-delà, qui ont marqué la seconde moitié du XXe siècle. Il a légué un important travail de composition dans lequel puisent régulièrement d'autres artistes d'horizons variés, un patrimoine avec des titres aussi célèbres et fréquemment interprétés que «Adam's Apple», «Footprints», «Speak No Evil», et beaucoup d'autres compositions qui accrochent l'oreille des amateurs de jazz. Il laisse de plus une œuvre polymorphe, jazz mais aussi autre car elle a suivi les recherches et le voyage d'un musicien, finalement secret, qui a eu plusieurs carrières dans une seule vie. Cette œuvre a notamment fait l'objet d'un hommage enregistré par Wynton Marsalis et son Jazz at Lincoln Center Orchestra (The Music of Wayne Shorter, Blue Engine, 2015), une entrée officielle de son vivant à l'Olympe des maîtres du jazz.
Wayne Shorter n'a pas un parcours aussi linéaire et déterminé dans la grande aventure du jazz que peut le laisser penser sa notoriété. Insaisissable, comme peut l'être parfois sa musique, Wayne Shorter fut d'abord un musicien «tardif», puis très rapide dans son apprentissage au contact, il est vrai, des talents les plus prometteurs de son temps (Paul Chambers, Bobby Timmons, Wynton Kelly, Cedar Walton, Lee Morgan, Jimmy Cobb, Louis Hayes…) avec lesquels il fait ses premiers pas de leader pour le label Vee-Jay (Introducing Wayne Shorter) avec ses propres thèmes et un style bien à lui.
Puis il devint tout aussi rapidement le pourvoyeur de compositions au ton original dans une époque de renouveau du répertoire (Charles Mingus, Horace Silver, Tadd Dameron, Benny Golson et beaucoup d'autres), auprès des deux grands leaders qui ont marqué le début de sa carrière: Art Blakey, qui en fait le directeur musical de ses Jazz Messengers, puis Miles Davis, au sein de son quintet post John Coltrane, un all stars de jeunes lions du jazz des années 1960 avec Herbie Hancock, Ron Carter et Tony Williams, accompagnant le trompettiste dans sa dernière période strictement jazz, très classique malgré son originalité avec le recul du temps, avant la période des expérimentations électriques et fusion de Miles Davis. Wayne Shorter a poursuivi avec Miles Davis jusqu'à 1970, pour Live-Evil et A Tribute to Jack Johnson (Columbia-Sony).
En parallèle, pendant les grandes années Blue Note, Wayne Shorter grave sous son nom, à un rythme soutenu, des albums majeurs, de Night Dreamer (1964) déjà empreint de spiritualité, à Schizophrénia (1967) toujours marqué par le blues qui participe à l'épopée Blue Note, jusqu'à l'onirique Odyssey of Iska (1970), un voyage aux confins d'un jazz éthéré, parfois free, sans plus tout à fait appartenir à ce monde parfois, le début d'autres recherches, d'autres musiques et d'autres rythmes, d'autres atmosphères, et d’un autre public à l'instar de son maître Miles Davis et de ses amis les plus proches comme Herbie Hancock.
Dans une carrière à peine commencée en 1959 et jusqu'à 1970, Wayne Shorter a enregistré une vingtaine de disques en leader et près d'une centaine en sideman (!) dont une trentaine avec Art Blakey puis une autre trentaine avec Miles Davis, sans oublier une participation aux enregistrements de Lee Morgan, Herbie Hancock, McCoy Tyner, Freddie Hubbard, un parcours d'enregistrements d'une densité rare, d'autant que sa plume de compositeur est souvent mise à contribution et que les concerts ne sont pas rares. La discographie détaillée (cf. Jazz Hot n°532) traduit l'intensité de ce parcours des années 1960.
Ces lettres de noblesse avec Art Blakey et Miles Davis auraient pu être le sillon définitif dans lequel creuse un Wayne Shorter, déjà auréolé dès cette époque d'un talent de compositeur, pouvant s'appuyer sur ce répertoire repris par beaucoup de musiciens de jazz pour faire une carrière sur cette base, comme par exemple Benny Golson le fera. Mais l'impulsion donnée par Miles Davis à la fin des années 1960 vers la fusion, l'électricité et le rock, a durablement influé sur les besoins de sa descendance, en particulier les membres de son dernier quintet classique. Herbie Hancock, Wayne Shorter, Tony Williams et Ron Carter ont soif comme leur leader d'une reconnaissance plus large que l'habituel public du jazz, d'horizons différents du jazz aussi sur le plan artistique. C'est une autre voix que celle choisie par d'autres artistes du jazz qui restent finalement plus enracinés dans le blues, dans le free jazz et d'une certaine façon dans la marge, avec souvent un substrat alternatif sur le plan politique (Stanley Cowell, l'Art Ensemble of Chicago et l'AACM…), sur le plan esthétique (Cecil Taylor, Ornette Coleman…) ou sur le plan culturel en général (Albert Ayler et la descendance coltranienne)… 
Plus que ce grand compositeur promis à devenir un classique, à peine dix ans après ses débuts, Wayne Shorter a ainsi choisi d'aller à la rencontre du grand public et d'être, encore aujourd'hui, le cofondateur (avec Joe Zawinul et Miroslav Vitouš) d'un des groupes les plus célèbres de l'histoire du jazz, une référence incontournable de la fusion des années 1970: Weather Report (1970-1985). L'aventure connaît un succès planétaire auprès d'un public qui déborde largement des amateurs de jazz, faisant de ses membres de véritables stars, voire, comme Jaco Pastorius, mort prématurément, une icône de sa génération et d’un public de jeunes plus que d'amateurs de jazz (un public transgénérationnel), et une bonne affaire de l'industrie musicale, à l'image, dans une moindre mesure, des pop stars.
Dans ce temps, à la fin des années 1970, il hésite encore sur diverses alternatives, autant par goût que par circonstance, et poursuit les fantômes du Quintet de Miles au sein du All Stars V.S.O.P. avec entre autres les compagnons de toujours, Herbie Hancock, Ron Carter, Tony Williams et Freddie Hubbard pour remplacer le grand absent, un groupe qui jouit d'une grande notoriété au Japon où sont produits une partie des albums (V.S.O.P., Tempest in the ColosseumFive Stars, Live Under the Sky pour Sony-Columbia).
Philosophe et concepteur musical dans l'âme, Wayne Shorter a gardé dans les méandres de ses recherches l'attitude et la présentation d'un jazzman avant tout, quels que soient les chemins de traverse qu'il a empruntés vers la musique brésilienne, le funk, le rock ou les musiques du monde. Plutôt que de s'accrocher à sa première aura de compositeur ou aux hit parades et de s'installer en rentier du jazz-rock et de la musique de variété internationale, il a poursuivi ses explorations portant sa musique vers une complexité et un ésotérisme que le public a suivi avec fidélité en dépit du caractère très introverti de la dernière période de sa création, qui ne présente pas la même luxuriance que sa première œuvre de compositeur.
Sur le plan artistique, les amateurs de jazz plébiscitent sa première carrière, aussi riche avec Art Blakey qu'avec Miles Davis, plus hot avec Art et plus classique avec Miles du fait même de la personnalité des leaders. Le grand public préfère la période Weather Report, et le nouveau public du jazz des années 1990 à nos jours s'est satisfait d’un Wayne Shorter centré sur lui-même, méditatif, marqué il est vrai par de douloureuses épreuves personnelles. Wayne Shorter a semblé chercher à se mettre en retrait de son statut de pop star née de la période Weather Report. Si son retour chez Verve au milieu des années 1990 a donné lieu
au très élaboré High Life (1995) pour lequel il recevra un Grammy Award, c'est avec le Wayne Shorter Quartet (Danilo Perez, John Patitucci, Brian Blade), au tournant du millénaire, qu'il retrouve une stabilité autour d'un
jazz post-bop aux harmonies ciselées, intense, privilégiant des atmosphères plus proches de l'univers des musiques tout public, plutôt que ce qui a fait sa première notoriété, l'art d'un compositeur doué sur le plan harmonique, ancré dans le jazz et le blues, dont les mélodies avaient renouvelé le répertoire et l'inspiration des artistes du jazz.
L'influence et la descendance de Wayne Shorter ne se sont donc pas limitées au jazz car ses différentes recherches ont irradié d'autres mondes. 
Wayne Shorter, artiste et peintre inspiré par la science-fiction, chercheur de voies parfois et apparemment les plus incompatibles entre elles, s'éteint en répandant sa lumière comme une Super Nova sur des publics très différents les uns des autres, et qui pourtant l'aiment également.
lène Sportis et Jérôme Partage
Photos Ellen Bertet, Umberto Germinale-Phocus, Pascal Kober et Jacky Lepage
Image extraite de YouTube
Avec nos remerciements



Wayne Shorter, Grenoble Jazz Festival, 1987 © Pascal Kober


Wayne Shorter, Grenoble Jazz Festival, 1987
© Pascal Kober



Après sept décennies d’activisme dans le jazz mais aussi dans d’autres voies, musicales, picturales ou spirituelles, le saxophoniste ténor et soprano, compositeur et leader Wayne Shorter est décédé le 2 mars 2023 à Los Angeles, trente-cinq ans après son frère ainé d’un an seulement, Alan (tp, flh, 1932–1988), qui résidait également dans la ville de toutes les fictions. La jeunesse des deux frères se construit en osmose, comme hors du jazz pendant 15 ans, dans une ville, Newark(1), aussi industrieuse et politisée que Detroit si l’on se réfère aux deux émeutes les plus violentes du pays en 1967, enracinée dans les droits civiques directement liés à l’expression jazz: «La musique ne m’intéressait pas du tout quand j’avais 10, 11 ans. Mais je me demandais pourquoi mon père écoutait cette musique de cow-boy. Le dimanche, il mettait d’abord de la musique religieuse – il commençait toujours le dimanche avec quelque chose qui le reliait à Dieu. Et puis, quand la séance d’église était terminée, on avait droit à la musique western. On écoutait une station qui avait des programmes variés.» (Jazz Hot n°532, juillet-août 1996). A 12 ans, primé pour un concours d’arts graphiques et fêté dans le Newark Star-Ledger, il s’inscrit à la Newark Arts High School spécialisée dans les arts visuels et le spectacle, la ville regorge de fabriques en cuir, chapeaux, vêtements et d’industries lourdes. Son école buissonnière qui passe par l’Adams Theater (films, théâtre, concerts Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Jimmy Lunceford, Duke Ellington, Count Basie, Stan Kenton) sera une double chance pour l’adolescent fantasque, car sa punition est d’apprendre le solfège, la théorie musicale; devant sa facilité d’apprentissage, ses professeurs de musique le motivent car ils repèrent son talent et l’orientent correctement. Entre un père soudeur chez Singer (machines à coudre) et une mère couturière en fourrure qui travaillent dur, en leur absence, Wayne et Alan dopent leur imaginaire, échappant à la réalité du quartier ouvrier d’Ironbound où ils explorent un terrain vague muté en Lune, échafaudant des mondes mystérieux, voyant des êtres chimériques, nourris par des films, récits radiophoniques ou bandes dessinées de science fiction «toujours trop courtes», dont ils continuent l’histoire pour eux seuls: Wayne appuie leurs élucubrations sur les arts graphiques avec des bandes dessinées; en parallèle, les deux frères partagent un goût pour des réflexions philosophiques abyssales sur l’humain et le monde: on dirait aujourd’hui qu’ils étaient perchés ou habités, et l’interview d’Alan Shorter dans Jazz Hot (n°232, juin 1967) en donne un aperçu! Ils expriment aussi volontiers leur étrange décalage dans la provocation, notamment vestimentaire, affichant des attitudes si insolites qu’Alan est surnommé Doc Strange et Wayne, Mr. Weird (bizarre). Il faut dire que l’ambiance à Newark à cette époque est assez free style, comme en voie de libération tous azimuts: plusieurs familles afro-américaines y développent leurs propres entreprises, prospères, souvent autour de la musique (labels, radios, concerts) et du spectacle, les enfants sont encouragés à développer leur créativité, leur initiative. Les perspectives de Wayne bougent vraiment en 1948: «Quand j'avais 15 ans et que je ne connaissais rien à la musique, j'ai entendu Bud Powell dans un club un soir(2). Immédiatement, sa sincérité m'a touché. Il ne mentait pas» (Jazz Hot n°412, juillet-août 1984). A la même époque, John Coltrane commence à émerger; quant à Charlie Parker, il a fait ses premiers enregistrements sur Savoy, le label mythique de Newark dès 1944. Dans cette ville effervescente, à 16 ans, Wayne commence la clarinette, puis il opte finalement pour le saxophone ténor et donc, grâce à ses professeurs, pour des études musicales à New York University à 19 ans en 1952. A Newark, dans la formation de Nat et Billy Phipps, Wayne rencontre un cadet, Grachan Moncur III; quant à Billy Phipps, il a joué chez Dizzy Gillespie, un des participants avec Monk, Roach, Powell, Bird, décidés à «créer une musique que personne ne pourrait leur voler»! Alan ayant embouché la trompette, les deux frères jouent dans un groupe local au départ inspiré des musiciens bebop, appelé The Group. Wayne se souvient: «… Quand j'avais 18 ou 19 ans, je jouais des polkas dans le New-Jersey. Je ne suis pas le genre de personne confinée dans une spécialité. J'essaie d'être à l'aise partout... Il ne faut jamais trop se conformer aux choses acquises» (Jazz Hot n°455, juin 1988). Les deux frères jouent aussi des délires «indansables» pour voir comment les jeunes des YMCA y réagissent. 1951 est l’année où il entend Bird en live, trois ans après sa révélation Bud Powell.



Wayne Shorter avec Marilyn Mazur (à gauche) et Terri Lyne Carrington (à droite), Grenoble Jazz Festival, 1987 © Pascal Kober
Wayne Shorter avec Marilyn Mazur (à gauche) et Terri Lyne Carrington (à droite), Grenoble Jazz Festival, 1987 © Pascal Kober


Diplômé en 1956, Mr. Weird est devenu The Newark Flash (l’éclair) car il a appris très vite, aussi le soir en clubs, pendant ces quatre ans. Il joue peu de temps avec Horace Silver (un Jazz Messengers) avant de faire ses deux ans de période militaire comme tireur d’élite dans le New Jersey. A sa démobilisation en 1958, Wayne fait un bref passage par l’orchestre de Maynard Ferguson (tp, tb, 1928-2006) où il rencontre Joe Zawinul, grave un premier disque en leader avec cinq compositions, Introducing Wayne Shorter (cf. vidéographie) et rejoint, aussi en cette même année 1959, les Jazz Messengers d’Art Blakey avec lesquels il reste jusqu’à l’été 1964, dans plusieurs combinaisons: Lee Morgan, Freddie Hubbard (tp), Walter Davis Jr., Cedar Walton et même Bud Powell (p), Curtis Fuller (tb), Jymie Merritt, Reggie Workman (b), notamment; c’est une période très féconde pour lui: «La première chose qui me vient à l’esprit, c’est que ma formation en matière de jeu à l’énergie, c’est à Art Blakey que je la dois. A l’époque, des acteurs comme Peter Falk, James Coburn ou Charlton Heston venaient nous voir chaque fois que nous passions en Californie au Continental Club par exemple.» (Jazz Hot n°Spécial 2005). C’est d’ailleurs en 1959 que Wayne Shorter fait ses premiers pas dans Jazz Hot (n°148, novembre 1959), sous la plume du désormais célèbre poète activiste de Newark Leroi Jones, connu aussi sous son nom d’adoption Amiri Baraka.


Wayne Shorter avec Gene Jackson (debout) et Herbie Hancock (au piano), Palais des Beaux-Arts, Bruxelles, 5 novembre 1991 © Jacky Lepage
Wayne Shorter avec Gene Jackson (debout) et Herbie Hancock (au piano),
Palais des Beaux-Arts, Bruxelles, 5 novembre 1991 © Jacky Lepage


En 1963, Wayne arrange pour un big band de luxe avec violons (cf. vidéographie) qu’il dirige, l’album de Freddie Hubbard, The Body and the Soul, produit par Bob Thiele (Impulse!). Il poursuit sa jazz fiction, ses jazz visions dans ses compositions, anti-familières comme l’air de ce temps inquiétant, tendu, inconfortables et attirantes comme l’inconnu, bien construites, déjà affirmées chez les Messengers, mais aussi teintées par le spirit de John Coltrane. En septembre 1964, il part chez Miles Davis dont les groupes se composent au fil des années d’Herbie Hancock, Chick Corea (p), Ron Carter, Dave Holland (b), Tony Williams, Jack DeJohnette (dm). Pour Miles, il composera aussi des thèmes qui resteront comme «Nefertiti», «Paraphernalia», «Footprints», «Sanctuary», et sa collaboration prend fin en 1970 avec le «Prince of Darkness» (album Sorcerer, Columbia 1967), Miles, dans la mythologie mentale de Wayne.

Ses participations prenantes à ces formations qui tournent partout, en particulier en Europe et au Japon, ne l’empêchent pas de sortir ses disques en leader chez Blue Note: en 1964, Night Dreamer, Juju (ces deux avec McCoy Tyner et Elvin Jones), Speak No Evil (avec Freddie Hubbard, Herbie Hancock, Ron Carter) et en 1965 The All Seeing Eye, avec Grachan Moncur III, Freddie Hubbard, Alan Shorter, James Spaulding, Herbie Hancock, Ron Carter, Joe Chambers.

Wayne Shorter Quartet: Danilo Perez, Wayne Shorter John Patitucci, Brian Blade, Jazz à Toulon 2001 © Ellen Bertet
Wayne Shorter Quartet: Danilo Perez, Wayne Shorter John Patitucci, Brian Blade, Jazz à Toulon juillet 2001 © Ellen Bertet

Après Miles, au début des années 1970, Wayne s’initie au bouddhisme, Lee Morgan, un de ses proches décède en 1972. Les besoins d’ailleurs, d’autres voies, de trouver de plus grands publics (après Woodstock 1969), même en lisière ou au-delà du jazz se font sentir: ce climat suit le décès de John Coltrane (1967), la fin de Blue Note (1965-66) dans sa version indépendante originelle, et la violente réaction raciste aux Etats-Unis, après les avancées juridiques de droits égaux que Martin Luther King Jr. a payé de sa vie en avril 1968: ces mythes d’émancipation étaient comme des phares parmi les musiciens, et les remous de tous ordres viennent percuter les parcours. In et out, chacun cherche «sa» nouvelle voie, en changeant de (mi)lieu par des installations en Europe, dans la Bay Area en Californie, en Asie, disloquant ainsi le tissu solidaire qui a fait la réussite de la Lutte pour les Droits civiques et la fertilité du jazz, testant des croyances étranges/étrangères perçues comme plus apaisantes, d’autres essayant l’activisme social et politique(1), et certains disparaissant comme Jymie Merritt (cf. vidéographie); la drogue est devenu le refuge artificiel pour beaucoup.


Wayne Shorter, John Patitucci au second plan, Jazz à Toulon, juillet 2001 © Ellen Bertet
Wayne Shorter, John Patitucci au second plan, Jazz à Toulon, juillet 2001 © Ellen Bertet


A partir de 1969, Wayne Shorter travaille à long terme sur la naissante fusion jazz latin avec les musiciens brésiliens exilés(3), dont Airto Moreira, Flora Purim, Milton Nacsimento, Roberto/Robertinho (Da) Silva, Egberto Gismonti, David Amaro, Raul de Souza, Toninho Horta.

Toujours à cette articulation de l’année 1970, Wayne Shorter partage avec McCoy Tyner un huitième puis un neuvième Blue Note en commun: le premier en février dans les Studios Rudy Van Gelder, avec Gary Bartz, Alice Coltrane, Ron Carter et Elvin Jones. Le second, enregistré en octobre chez A&R Studios, NY, avec Miroslav Vitous, Alphonse Mouzon, Barbara Burton, ne sortira pas. Wayne arrive encore à graver deux Blue Note enregistrés chez A&R Studios, NY, Moto Grosso Feio en septet en avril, et en octet fin août, Odyssey of Iska du nom de sa fille qui venait de naître, avec Gene Bertoncini (g), Ron Carter/Cecil McBee (b), Alphonse Mouzon/Billy Hart (dm), David Friedman (vib, perc), Frank Cuomo (dm,perc).


  Wayne Shorter, Grenoble Jazz Festival, 2005 © Pascal Kober

Wayne Shorter, Grenoble Jazz Festival, 2005
© Pascal Kober


Il quitte le label en raison du naufrage-revente de Blue Note, pour aller chez Columbia alors qu’il démarre une aventure expérimentale comme il les aime, imprévisible comme le temps, en quête d’un climat instable né de l’instant, de la rencontre des onirismes intérieurs des participants, en fondant avec Joe Zawinul Weather Report(4), un groupe à composition variable qui va produire un peu moins de vingt albums, une production soutenue par l’excitation-même de ne pas savoir ce qu’il va se passer avant de jouer, une recherche d’étrangeté par la création de nouveaux sons. On peut citer entre autres les albums Weather Report (1971) dont le thème-titre devient un tube, I Sing the Body Electric (1971-1972), Sweetnighter (1973), Tale Spinnin (1975), jusqu’à This is This! (1986). En 1976, Weather Report se produit avec Shakti, le groupe de John McLaughlin en pleine période fusion jazz-rock matinée de musiques traditionnelles, souvent indienne, mais aussi en ouverture du groupe rock de Carlos Santana, car les deux musiciens sont chez Columbia, et font une tournée commune en 1988 (cf. infra) qui passe par Montreux dont le concert sort en CD et DVD. Au printemps 1988, Wayne dit «Le public en Europe est exigeant. Aux USA, les gens veulent du prêt-à-consommer, de la «hamburger-music» (Jazz Hot n°453).

En parallèle de Weather Report, Wayne Shorter grave, aussi chez Columbia, des albums en grande formation sous le nom Wayne Shorter Band: Native Dancer en 1974, Atlantis en 1985, Phantom Navigator en 1986, Joy Ryder en 1988. Wayne Shorter a enregistré une dizaine de fois au Japon dont le Live in Japan des Messengers (1961), et trois des quatre albums V.S.O.P., le groupe monté avec Herbie Hancock, Freddie Hubbard, Ron Carter et Tony Williams qui se produit entre 1975 et 1980.

En 1985-1986, il fait partie de l’aventure du film Autour de Minuit (Round Midnight) de Bertrand Tavernier(5), et reprend le chemin des Studios Rudy Van Gelder fin 1988, avec Renee Rosnes & Super Friends, Buster Williams Quintet (1989), TS Monk en 1997 pour Monk on Monk. Il retrouve aussi Art Blakey Jazz Messengers & Special Guests au Leverkusen Jazz Festival, le 9 octobre 1989 (In + Out Records), en Allemagne, «de l’Ouest» encore jusqu’au 3 octobre 1990! Art Blakey décède le 16 octobre 1990 et Miles, un an après, en septembre 1991. Internet est devenu un outil public, les smartphones prennent les cerveaux, et les guerres de prédations reprennent.


Danilo Perez (p), Wayne Shorter (ts), Brian Blade (dm), Jazz à Juan, 2006 © Umberto Germinale-Phocus
Danilo Perez (p), Wayne Shorter (ts), Brian Blade (dm), Jazz à Juan, 2006 © Umberto Germinale-Phocus


Le visionnaire Wayne n’a cependant pas tout vu… Car la réalité va largement dépasser sa capacité de fiction: mi-août 1988, Miles donne trois concerts à Moscou (cachet 100 000 dollars, cf. Jazz Hot n°453) et quatre mois plus tard début janvier 1990, le hamburger way of life gagne la Guerre froide en ouvrant un McDo sur la Place Pouchkine de Moscou: une antinomie et pas dans le sens que l'histoire officielle veut nous le faire penser.

Le monde a déjà profondément muté dix ans avant le nouveau millénaire, la discographie de Wayne Shorter ralentit.

En 1995, il passe chez Verve pour son dernier Wayne Shorter Band, High Life, le duo 1 + 1 avec son compagnon depuis 1964, Herbie Hancock, gravé en 1997. Après le choc du décès de sa seconde épouse en 1996, il se remarie en 1999 (cf.infra).


Wayne Shorter, Jazz à Juan, 2011 © Umberto Germinale-Phocus
Wayne Shorter, Jazz à Juan, 2011 © Umberto Germinale-Phocus

Puis il démarre une nouvelle formation, le Wayne Shorter Quartet, à partir de 2000 avec Danilo Perez (p), John Patitucci (b), Brian Blade (dm), enregistrant avec eux le premier album à l’été 2001 pour un live en Europe, Footprints Live!, une formation qu’il gardera jusqu’en 2019. Il retourne chez Blue Note à partir de 2011, où il fera aussi Emanon, avec l’Orpheus Chamber Orchestra en 2018, illustré dans sa version coffret/Cds par un roman graphique de science fiction. Quant au nom de l’album, Emanon, il est le titre-anagramme de no name, composé par Dizzy Gillespie pour l’album Groovin’ High enregistré chez Savoy à Newark le 11 décembre 1947, et comme à l’époque, il lui invente une histoire de philosophe prônant la résistance à l’oppression dans le multivers.

Wayne Shorter, honoré à de multiples reprises, NEA Jazz Master en 1998, Docteur honoris causa de Berklee College of Music (1998), du New England Conservatory (2007), de l'Université de New York (2010), de Juilliard School (2016), de l'Université Rutgers (beaux-arts, 2019), a reçu douze grammy awards; il a été récompensé pour l'ensemble de sa carrière par la Recording Academy en 2015, a eu les bourses Guggenheim et Doris Duke Foundations en 2016. Il a siégé plusieurs années avec Herbie Hancock au Thelonious Monk Institute(6) dont il a reçu un Lifetime Achievement Award en 2013, a été célébré deux fois au Lincoln Center (2015 et 2020), deux fois au Kennedy Center, en 2018 et la dernière fois en 2021 à l’occasion de son opéra Iphigenia: A New Opera (cf. vidéographie). Il a également écrit Gaia(7), une pièce de jazz symphonique avec concerto (livret Esperanza Spalding), commandée par le Los Angeles Philharmonic en 2013 et joué avec différents orchestres aux Etats-Unis et en Europe. En 2020, Wayne Shorter avait participé à l’hommage rendu par les musiciens à McCoy Tyner dans Jazz Hot (cf. infra): l’exploration et l’éternité étaient sans doute deux de ses puissants moteurs créatifs, partout présents dans sa réflexion.

Newark a rebaptisé de son nom en avril 2022 la rue où se trouve la radio jazz WBGO-npr sans doute pour que son spirit reste enraciné dans sa terre natale, bien qu’habitant la Californie.


Danilo Perez, Wayne Shorter, John Patitucci, Brian Blade, Jazz à Juan, 2013 © Umberto Germinale-Phocus
Danilo Perez, Wayne Shorter, John Patitucci, Brian Blade, Jazz à Juan, 2013 © Umberto Germinale-Phocus


Wayne Shorter avait été marié trois fois, avec Teruko Irene Nakagami, asio-américaine née à Chicago, de 1961 à 1964 avec qui il a eu un enfant en 1961, Miyako; avec Ana Maria Patricio Peres, une actrice portugaise, de 1970 au 17 juillet 1996, —décédée avec leur nièce dans l’accident à New York du vol TWA 800 en partance pour rejoindre Wayne en tournée italienne—, avec qui il a eu un second enfant en 1970, Iska, décédée à 14 ans d’épilepsie en 1985; et il était marié depuis 1999 avec Carolina Dos Santos, une amie brésilienne d’Ana Maria. Jazz Hot partage la peine de sa famille et de ses amis.


Wayne Shorter, Jazz à Juan, 2013 © Umberto Germinale-Phocus



Wayne Shorter, Jazz à Juan, 2013
© Umberto Germinale-Phocus

1. Concernant l’atmosphère de Newark entre 1930 et 1960, lire Grachan Moncur III, Jazz & Revolution: «Now's Time», Jazz Hot 2022.

2. Sans doute fin 1948, au Royal Roost à Broadway où Bud Powell avait décroché un engagement hebdomadaire, après 11 mois d’hôpital psychiatrique avec électrochocs, et chaperonné par Jackie McLean à la demande de la mère de Bud. En mars 1956, Bud Powell aura un engagement dans un club à Newark.

3. Sur les musiciens brésiliens, lire Raul De Souza, De Bangu à Hollywood, Jazz Hot 2021.

4. Les musiciens de Weather Report (1970-1986 et 1988): Joe Zawinul (1970-1988), Wayne Shorter (1970-1986 et 1988), Miroslav Vitous (b, 1970-1974), Alphonse Mouzon (dm, voc, 1970-1972), Don Alias (perc, 1970-1976) , Barbara Burton (vib,bells,perc, 1970-1971) Airto Moreira (dm, 1971-1972), Andrew White (b, p, s, prod, comp, 1971-1973), Eric Gravatt (dm, 1972-1973), Dom Um Romáo (perc, 1972-1974), Muruga Booker (dm,comp, 1973-1974), Greg Errico (dm,perc,prod, 1973-1974), Alphonso Johnson (b, 1973-1975), Alex Acuña (dm, perc, 1975-1977), Chester Thompson (dm, 1975-1976), Jaco Pastorius (b,comp, 1976-1981), Narada Michael Walden (dm,kb,b,voc, 1976), Manolo Badrena (perc, 1976-1978), Robert Thomas Jr. (perc, dm, g, 1976-1986), Steve Gadd (dm,perc, 1978), Tony Williams (dm, 1978), Peter Erskine (dm, 1978-1982), Victor Bailey (b, 1982-1986), Omar Hakim (dm,comp,prod, 1982-1986), Chick Corea (p,kb, comp, 1984), Mino Cinélu (dm,perc,fl, comp, prod, 1985-1986) principalement.

5. Sur l’aventure du film Autour de Minuit, lire Bertrand Tavernier, ‘Round Jazz, Jazz Hot 2021.

6. Le Thelonious Monk Institute a été renommé Herbie Hancock Institute le 1
er janvier 2019.

7. Gaïa est dans la mythologie grecque, la déesse mère créatrice du monde, la mère des Titans, des Cyclopes, de Typhon et autres créatures effrayantes.




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Jazz Hot n°317-1975Jazz Hot n°330-1976Jazz Hot n°355-1978

















WAYNE SHORTER & JAZZ HOT

NB: Nous n'avons pas référencé ici toutes les chroniques de disques, de DVD, les comptes rendus de concerts et festivals depuis 1959.

n°148-1959
: Wayne Shorter par Leroi Jones-trad. Claude Léon, Wayne Shorter parle de son admiration pour Thelonious Monk, John Coltrane et Sonny Rollins
n°174-1962: Six Messagers à Pleyel (18 février 1962)
n°296-1973: Weather Report, Châteauvallon, 26 août par Jean-Christophe Levinson (p,comp, 4 février 1953, Paris - 21 décembre 2021, Antony (Hauts-de-Seine))
n°317-1975: Weather Report, une philosophie de la paresse, Wayne Shorter et Joe Zawinul par Laurent Goddet et Bruno Régnier à l'Olympia (couverture: Weather Report-Wayne Shorter-Joe Zawinul)
n°330-1976: Wayne Shorter et Jaco Pastorius à Antibes-Juan-les-Pins par Laurent Goddet (couverture: Weather Report-Wayne Shorter-Joe Zawinul)
n°355-1978: Wayne Shorter, un homme libre par Laurent Goddet (couverture: Wayne Shorter)
n°412-1984: Weather Report, l'épreuve du temps/l'évolution du groupe par Joe Zawinul, Olivier Brémond, Philippe Adler et Jérôme Reese (couverture: Weather Report-Wayne Shorter-Joe Zawinul)
n°434-1986: Wayne Shorter, "Créer, c'est frôler l'éternité" par Jean-Marc Bramy (après le tournage d'Autour de Minuit de Bertrand Tavernier)
n°453-1988: Wayne Shorter, Il a choisi la voie du lyrisme par Marc Daum/Pierre de Chocqueuse
n°455-1988: Santana-Shorter, Idylles d'idoles par Thierry Pérémarti (couverture: Wayne Shorter et Carlos Santana)
n°532-1996: Wayne Shorter, High Life par Josef Woodard-trad. Catherine Henry, Discographie détaillée complète (couverture: Wayne Shorter)
n°Spécial 2005: Art Blakey vu par Wayne Shorter
n°641-Compacts on Line: DVD Carlos Santana & Wayne Shorter, Montreux 1988
n°651-2010: DVD Art Blakey's Jazz Messengers, Tokyo 1961 + London 1965 et Live in San Remo 1963
n°651-2010: DVD Miles Davis Quintet, Milan 1964
n°663-2013: Journée internationale du jazz, Unesco, 20 avril 2013
Jazz Hot 2020: Wayne Shorter rend hommage à McCoy Tyner
Jazz Hot 2020: CD Jazz at Lincoln Center Orchestra/Wynton Marsalis, The Music of Wayne Shorter, Blue Engine Records 0023

à compléter par:
n°232-1967: Alan Shorter (Allan) et le monstre magnétique par Daniel Berger et Alain Corneau
n°482-1991: Miles Davis
n°488-1992: Joe Zawinul
n°491-1992, 492-1992, Spécial 1998: John Coltrane
n°516-1994/1995: Herbie Hancock
Jazz Hot 2020: Andrew White
Jazz Hot 2022: Grachan Moncur III, Jazz & Revolution: «Now's Time»

Discographie complète détaillée 1959-1995, en leader et sideman, dans Jazz Hot: n°532-1996

Jazz Hot n°412-1984Jazz Hot n°455-1988Jazz Hot 532-1996









VIDEOGRAPHIE

Reggie Workman (b), Wayne Shorter (ts), Art Blakey (dm), Festival International de Jazz de San Remo, Italie, 23 mars 1962, image extraite de YouTube
Reggie Workman (b), Wayne Shorter (ts), Art Blakey (dm),  Festival International de Jazz de San Remo, Italie, 23 mars 1962
image extraite de YouTube 

 


Chaînes YouTube de Wayne Shorter, Weather Report et V.S.O.P.
https://www.youtube.com/channel/UC3X4afoYfFCLWw1LTfeLCqA/playlists
https://www.youtube.com/channel/UCIarlYUBEI7vNYAyrt4vRlQ/playlists
https://www.youtube.com/channel/UCwxT5ulFLGpKCvxnmG4UY5g


1959. Wayne Shorter (as,ts)) & Maynard Ferguson (tp, lead) Orchestra, Don Sebesky/Slide Hampton/Charles Greenlee (tb), Jerry Tyree/Don Ellis/Chet Ferretti (tp), Jimmy Ford (as), Willie Maiden (ts), Frank Hittner (bar), Joe Zawinul (p), Jimmy Rowser (b) Frankie Dunlop (dm), Live at Newport Jazz Festival, RI, 3 juillet
https://www.youtube.com/watch?v=6mgfVMK8Vx4

1959. Wayne Shorter (ts, comp), Lee Morgan (tp), Wynton Kelly (p), Paul Chambers (b), Jimmy Cobb (dm) album, Vee Jay Records, Bell Sound Studios, New York City, 10 novembre
https://www.youtube.com/watch?v=iSJTyUsv_bQ

1959. Wayne Shorter (ts), Art Blakey (dm) Jazz Messengers, Lee Morgan (tp), Walter Davis Jr. (p), Jymie Merritt (b), Théâtre des Champs-Élysées, Paris 15 novembre
https://www.youtube.com/watch?v=OAH95Rw85Q4
https://www.youtube.com/watch?v=m6r0DlVvBms
https://www.youtube.com/watch?v=DqfsOH71Fwc


1959. Wayne Shorter (ts), Art Blakey (dm) Jazz Messengers, Lee Morgan (tp), Walter Davis Jr. (p), Jymie Merritt (b), Deutsches Museum, Munich, République Fédérale Allemande, 28 novembre, audio
https://www.youtube.com/watch?v=MrT2Vq-yd2Q

1959. Wayne Shorter (ts), Art Blakey (dm) Jazz Messengers, Lee Morgan (tp), Barney Wilen (as), Bud Powell (p), Jymie Merritt (b), album Fontana/Verve, Théâtre des Champs-Élysées, Paris 18 décembre
https://www.youtube.com/watch?v=7FIOMobB1uo

1962. Wayne Shorter (ts), Art Blakey (dm) Jazz Messengers, Freddie Hubbard (tp), Curtis Fuller (tb), Cedar Walton (p), Reggie Workman (b), Festival International de Jazz de San Remo, Italie, 23 mars
https://www.youtube.com/watch?v=CtT4tKEQgaY
https://www.youtube.com/watch?v=-C3Kn6bW5wc
https://www.youtube.com/watch?v=6ojcSLK6AVo
https://www.youtube.com/watch?v=pyYf_sbn-ns


1963. Wayne Shorter (arr, cond Big Band/String Orchestra, ts), Freddie Hubbard-The Body & the Soul, Al DeRisi/Clark Terry/Ed Armour/Ernie Royal/Richard Williams (tp), Eric Dolphy (fl,as), Jerome Richardson/Seldon Powell (ts), Charles Davis/Jerome Richardson (bar), Curtis Fuller/Melba Liston (tb), Julius Watkins/Bob Northern (frh), Cedar Walton (p), Reggie Workman (b), Philly Joe Jones/Louis Hayes (dm), Bob Thiele (prod), Impulse!, enregistré chez Rudy Van Gelder Studio, Englewood Cliffs (11 mars et 2 mai), NJ, et Capitol, NYC (8 mars)
https://www.youtube.com/watch?v=Yp52HHBeAPc&list=OLAK5uy_lHor1XBgE5YUqGqFcJaB6VTyawByB-A_E&index=1

1964. Wayne Shorter (ts), Miles Davis (tp), Herbie Hancock (p), Ron Carter (b), Tony Williams (dm), Salle Pleyel, Paris, 1er octobre
https://www.youtube.com/watch?v=1yueV5_R2rQ

1964. Wayne Shorter (ts), Miles Davis (tp), Herbie Hancock (p), Ron Carter (b), Tony Williams (dm), Teatro dell'Arte, Milan, Italie, 11 octobre
https://www.youtube.com/watch?v=fBoHkB92SU0
https://www.youtube.com/watch?v=WIQL_LKvUKI


1967. Wayne Shorter (ts), Miles Davis (tp), Herbie Hancock (p), Ron Carter (b), Tony Williams (dm), Karlsruhe, République Fédérale Allemande, 7 novembre
https://www.youtube.com/watch?v=oCMDf5MXd2s

1969. Wayne Shorter (ts,ss), Miles Davis (tp), Chick Corea (p), Dave Holland (b), Jack DeJohnette (dm), Festival d'Antibes-Juan-les-Pins, 26 juillet, Ortf
https://www.youtube.com/watch?v=gez7ncU-mbk
https://www.youtube.com/watch?v=uEhMWFgQWR8
https://www.youtube.com/watch?v=KN05-Fg3cGk


1969. Wayne Shorter (ts, ss), Miles Davis (tp), Chick Corea (p), Dave Holland (b), Jack DeJohnette (dm), Tivolis Koncertsal, Copenhague, Danemark, 4 novembre
https://www.youtube.com/watch?v=eE_D6Kve1SM

1974. Album Native Dancer, Wayne Shorter (ts,ss,p) Featuring Milton Nascimento (g,voc), Herbie Hancock (p), Wagner Tiso (clav,org), Jay Graydon/Dave Amaro (g), Dave McDaniel (b), Roberto Silva (dm, perc), Airto Moreira (perc)Columbia, Los Angeles, CA, 12 septembre
https://www.youtube.com/watch?v=VFPIB4rFPIA&list=OLAK5uy_licjz8by3C3urysrE1ztuPtBIqVG0nhdA&index=1

1990. Wayne Shorter, Milton Nascimento (g,voc), Túlio Mourão (kb), João Batista (b), Robertinho Silva (dm), Ronaldo Silva/Vanderlei Silva (perc), Multi Show/TV Globo, Rio, Brésil, juin
https://www.youtube.com/watch?v=vzsjPyPH3vc
https://www.youtube.com/watch?v=L5tOq80IaMA
https://www.youtube.com/watch?v=Bs_iRnx56O0


1993. The Fugitive d'Andrew Davis
https://www.imdb.com/title/tt0106977/fullcredits?ref_=tt_ov_st_sm
https://www.youtube.com/watch?app=desktop&v=ZMfhKp3m_Uk


2000. Finding Forrester (A la recherche de Forrester) de Gus Van Sant
https://www.discogs.com/fr/release/1111850-Various-Finding-Forrester-Music-From-The-Motion-Picture, entre autres, «Vonetta»
https://www.youtube.com/watch?v=segWAK3-LOQ

2002. Wayne Shorter, Danilo Pérez (p), John Patitucci (b), Brian Blade (dm), avec le NDR Big Band, Jazz Baltica Salzau, Allemagne, 7 juillet
https://www.youtube.com/watch?v=Yw6UqqWneW4

2012. Wayne Shorter, Danilo Pérez (p), John Patitucci (b), Brian Blade (dm), Salle Pleyel, Paris, 3 novembre
https://www.youtube.com/watch?v=V-WmcANcpMU

2013. Jazz Conversations: Wayne Shorter & Joe Lovano, Blue Note Records à l’occasion de la sortie de leurs sorties de disques (au sujet de John Coltrane, Elvin Jones, Lester Young, Tadd Dameron, Woody Herman, Horace Silver, Charlie Parker, Miles Davis, Tony Williams), 5 mars
https://www.youtube.com/watch?v=eNiqXEHEJfo&list=PLLuf97eUOJoMjA4i_bwGeK_fE0LAclJHY
https://www.youtube.com/watch?v=ZFgAAxwLp1w

2015. Wayne Shorter avec le Jazz at Lincoln Center Orchestra, Wynton Marsalis/Ryan Kisor/Marcus Printup/Kenny Rampton (tp), Walter Blanding/Victor Goines/Sherman Irby/Ted Nash (s), Chris Crenshaw/Vincent Gardner/Elliot Mason (tb), Paul Nedzela (bar), Dan Nimmer (p), Carlos Henriquez (b), Ali Jackson (dm), Jazz Night in America, Rose Hall, JALC, New York, 16 mai
https://www.youtube.com/watch?v=yMFgqHuvF6U

2015. Miles Ahead, Biopic Miles Davis de Don Cheadle
https://www.imdb.com/title/tt0790770/fullcredits?ref_=tt_ov_st_sm
https://www.youtube.com/watch?v=ssfTNCTVT5U


2015. Jaco, documentaire sur Jaco Pastorius, de Stephen Kijak et Paul Marchand
https://www.imdb.com/title/tt2385115/fullcredits?ref_=tt_ov_st_sm
https://www.dailymotion.com/video/x84p2fk


2015. Marcus, documentaire sur Marcus Miller, de Patrick Savey
https://www.imdb.com/title/tt4400358/fullcredits?ref_=tt_ov_st_sm
https://www.dailymotion.com/playlist/x1c6tx


2016. Zero Gravity de Dorsay Alavi, documentaire sur Wayne Shorter
https://www.imdb.com/title/tt2903346/fullcredits?ref_=tt_ov_st_sm
aucun lien disponible

2020. Jazz at Lincoln Center Orchestra/Wynton Marsalis, The Music of Wayne Shorter, Blue Engine Records 0023, 31 janvier
https://www.youtube.com/watch?v=B1sWfVM3RJQ
https://www.youtube.com/watch?v=Bjk8ihyXLao
https://www.youtube.com/watch?v=2Hg2OezueQ0
https://www.youtube.com/watch?v=IOQvPRL81NA
Jazz Hot 2020: chronique CD


2021. Iphigenia: A New Opera, composé par Wayne Shorter, livret Esperanza Spalding, Danilo Pérez (p), John Patitucci (b), Brian Blade (dm), Tournée  5 novembre 2021-19 février 2022 aux Etats-Unis
https://www.iphigenia.live/team
https://www.youtube.com/watch?v=6FQsnpkIxKE


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