En 1959, après le Brooklyn Conservatory of Music, Ronnie démarre le baryton et se forme rapidement en écoutant Pepper Adams auquel il ajoute son écoute antérieure de ses maîtres au ténor, à l’alto, afin d’intégrer le Newport Youth Band de Marshall Brown (tb, cf. vidéographie). En 1961, il rencontre sa future épouse Roberta Arnold, à cette époque danseuse (il joue dans les derniers orchestres de danse), tout en fréquentant le chaudron avant-gardiste du Jazz Loft de New York(*) et travaille à partir de 1962 (cf. sources) avec Slide Hampton; puis il intègre les formations de Maynard Ferguson, Lionel Hampton (1963-1965), George Benson (1966-1967), puis Woody Hermann à partir de 1967.

Dans les années 1965-1970, il partage la scène et enregistre (cf. discographie) notamment avec Dr. Lonnie Smith (lui aussi passé chez George Benson), Idris Muhammad, Eddie Palmieri, Willie Bobo, King Curtis, Aretha Franklin, Frank Zappa, Hank Crawford, Jimmy McGriff, les Brecker Brothers, David Sanborn, Barry Rogers, Chaka Khan, Earl Klugh, Jim Hall, Yoko Ono, Eric Clapton, David Byrne, Paul Simon, B. B. King, Dr. John, Frank Sinatra, Dianne Reeves, Manhattan Transfer, Lee Konitz, Sadao Watanabe, Sam Jones, Esther Phillips. Son premier disque en leader en 1976, Cuber Libre (Xanadu) est un concentré d’excellence avec Barry Harris, Sam Jones, Albert Tootie Heath, et dans la foulée, il rencontre et perd Charlie Mingus (1978-1979).

Les années 1980 le mènent davantage vers la musique de studio, la pop, le rock, la soul, la musique latine et il continue la TV pour NBC, de 1976 à 1983 avec le Saturday Night Live Band; en 1992 il participe à la bande-son du film Night and the City (Irwin Winkler).

Dans les années 1990 à 2020, il joue avec Brian Lynch, Luis Bonilla, Ernie Wilkins, McCoy Tyner, Horace Silver, Lalo Schiffrin, Barry Harris, Steve Gadd, Joey DeFrancesco, le WDR Big Band de Cologne où il retrouve son ami, Michael Abene (p) son cadet d’un an qu’il a connu au Newport Youth Band et accompagné chez Maynard Ferguson et, Rein de Graaf, Toninho Horta; il fait aussi partie de la tournée des Soul Survivors avec Cornell Dupree (g), Les McCann, (kb,voc), Chuck Rainey (b), Buddy Williams (dm) (cf. vidéographie).

Son compagnonnage le plus long aura été celui avec, et pour l’œuvre de Charles Mingus, démarrant avec le compositeur lui-même en 1978, se poursuivant avec le Mingus Dynasty et le Mingus Big Band jusqu’en 2020. Il avait sans aucun doute deux traits de caractère en commun avec Mingus, une soif d’énergie et la démesure de son amour dévorant pour la musique.

Tout en parcourant la planète en clubs et en festivals, Ronnie Cuber a gravé 25 albums en leader et coleader, dont le premier en 1976, Cuber Libre, l’année-même où il enregistre aux côtés du guitariste Grant Green, l’album The Main Attraction, sur Kudu, un des labels du producteur inventif récemment disparu, Creed Taylor, et enregistré par Rudy Van Gelder, un autre chercheur de sons (cf. sources). Quant à sa discographie en sideman, elle est à la mesure de sa boulimie musicale et de rencontres, Ronnie Cuber ayant rempli chaque instant de notes bleues et parfois d’autres couleurs.

Son dernier album, Center Stage est un double LP, avec Steve Gadd, Eddie Gomez, Ronnie Cuber et le WDR Big Band dirigé par son plus vieil ami, Mike Abene chez Leopard.

Ronnie Cuber laisse dans le deuil Roberta Arnold, son manager et ex-épouse, et deux fils, Baird et Shain.

*  Jazz Loft de New York, voir l’article sur Freddie Redd, Jazz Hot 2021