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Pauly Cohen

8 fév. 2021
3 octobre 1922, New York, NY - 8 février 2021, Pompano-Tamarac, FL
© Jazz Hot 2021

Pauly Cohen, image extraite de YouTube

Pauly Cohen, image extraite de YouTube
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Le trompettiste et chef d’orchestre Pauly (Paul) Cohen né à Brooklyn, New York, en 1922 est décédé le 8 février 2021 en Floride.

Pauly Cohen a été un lead trumpet très apprécié des grands big bands de l'histoire du jazz depuis 1940, soit pendant plus de sept décennies. Il avait commencé la trompette en autodidacte grâce à son père qui lui avait offert l’instrument et dit de «jouer»; puis il prit des leçons avec William Vacchiano (1912-2005), premier trompette du New York Philharmonic, dirigé par Arturo Toscanini à son arrivée comme deuxième trompette en 1935. Ce qui porte ses fruits combinés à ceux acquis sur le terrain, puisqu’à
18 ans, Pauly fait ses premières apparitions professionnelles au Forrest Hotel de Manhattan et rapidement il joue et enregistre toute l’année 1941 avec Bob Chester (ts, 1908-1977, Detroit, MI), puis  passe aussi dans le big band d'Earl Hines en 1943 où il rencontre Dizzy Gillespie. Dizzy Gillespie, Charlie Parker et Billy Eckstyne ont un temps fait partie de ce big band qui a donc été une des matrices de ceux de Billy et de Dizzy d'après-guerre.

A partir de 1945, il joue chez Roy Eldridge, Artie Shaw, Charlie Barnett, Benny Carter avec lequel il reste de 1946 à 1947 la plupart du temps en Californie, Buddy Rich, Claude Thornhill, Boyd Raeburn et Buddy DeFranco. Dans les années 1950, il travaille, entre autres, avec Pupi Campo (1948-1951), le big band de Woody Herman (1950-1958), Neal Heafti, Nat King Cole avec Tommy Dorsey, Sammy Davis Jr. avec Sy Oliver en alternance en1955, et, de 1953 à 1956, avec Tommy Dorsey et son frère Jimmy derrière lesquels il apparaît également dans les premières émissions de télévision(1).


Pauly Cohen, image extraite de YouTube

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Novembre 1956, Tommy Dorsey décède et Pauly Cohen part travailler dans les orchestres de Johnny Richards et Machito(2), (cf. Kenya Afro Cuban Jazz, il y est aussi percussionniste!). Très tôt, il fréquente Harlem et se choisit un frère, Howard McGhee. En 1961, il fait une tournée en Europe avec le big band de Quincy Jones. Sa période préférée restera celle au sein du Count Basie Orchestra entre 1970 et 1979 en raison-même de la hauteur des exigences de Basie, avec l’intermède, en 1976, du Clark Terry's Big B-A-D Band et de l’album Live at Buddy's Place, chez Vanguard. En 1979, Pauly fait une dernière apparition avec le Basie Band et Ella Fitzgerald au Montreux Jazz Festival. Count Basie (1904-1984) fête cette année-là ses 75 ans.

En parallèle du jazz, ce New-Yorkais jusqu’à la caricature –Pauly a même fait une psychanalyse pour sortir du regard des autres, de leur supposée meilleure culture que la sienne, des virus des courses de chiens ou hippiques…– a toujours assuré son indépendance grâce à Broadway: Shirley Booth, Tony Bennett, Sammy Davis Jr., Frank Sinatra, Judy Garland… Il jouait tout le temps, avec tous ceux qui respectaient son travail et ses capacités réactives rendues possibles par sa maîtrise parfaite de la lecture musicale. Il partait en tournées à l’étranger avec l’insatiable plaisir de découvrir, que ce soit l’Europe, l’Amérique Latine, les Caraïbes. Il avait aussi ses quartets dans des restaurants chics nocturnes. Par dessus cet emploi du temps déjà trop plein, il avait des élèves… et il semblait être un prof’ aussi exigeant et généreux que William Vacchiano! (cf. vidéographie, le documentaire de 2013).

Dans les années 1980, Pauly Cohen poursuit sa vie en big bands avec Dick Meldonian, Loren Schoenberg, Herb Pomeroy, et le
7 octobre1985, il participe avec Benny Goodman à l'émission télévisée Let's Dance, a Musical Tribute
(3) au Marriott Marquis Hotel de New York. Son dernier album est gravé en 1988 au sein du Buck Clayton Swing Band pour A Swingin’ Dream(4)

Dans le seul domaine du jazz (car il a aussi œuvré pour des musiques de films et sans doute dans d'autres contextes, variétés, classique, musique latine), Pauly a participé à plus de 100 sessions d'enregistrement de 1941 à 1988. Retiré en Floride, il dirige son propre big band à partir de 1991, un travail très impliqué, en dehors de tout rapport d’argent, utile aux musiciens âgés, pour se maintenir en forme, et aux jeunes en formation dans le groupe: un vrai rôle de jazz messenger et d’animateur social très attentif à l’importance pour chacun d’arriver à faire de son mieux. Son caractère entier apprend dans cette dernière expérience la maturité, la patience pour gérer un groupe, à sa façon, dans son langage toujours fleuri, voire un peu plus parfois.

Le 5 octobre 2012, il fête ses 90 ans au Soyka, un restaurant de Miami, avec le groupe de Don Wilner(5en présence d’un autre ancien du Count Basie Orchestra, également résident en Floride, amateur de swing et de danse, Duffy Jackson.

En 2013, un bon documentaire retrace la vie de Pauly, Taking Charge-The Pauly Cohen Story, réalisé par Bret Primack, des images reflétant sa convivialité et son énergie passant aussi bien dans les rapports humains que la musique: Pauly avait le sens du collectif, une qualité primordiale dans le jazz!


1. The Dorsey Brothers Stage Show, TV series, 1954-1956, le samedi soir
2. Livre Mambo Diablo, My Journey with Tito Puente, Joe Conzo et David A. Perez, 2011, AuthorHouse, Bloomington, IN, page 229
Album Kenya Afro-Cuban Jazz: Doc Cheatham, Paul Cohen, Joe Newman, Francis Williams, Mario Bauza, Frank Paquito Davilla (tp); Bart Varsalona, Santo Russo, Eddie Bert, Rex Peer (tb); Cannonball Adderley, Joe Livramento (as); Ray Santos Jr.,Joe Madera (ts); Leslie Johnakins (bar); Rene Hernandez (p,cga), Candido Camero, Jose Manguel, Ubaldo Nieto, Pedro Boulong, Robert McAucliffe, Jose Silva, Carlos Valdez, Nilo Sierra, Paul Cohen (perc), A.K. Salim (arr), New York, 17, 19 & 24 décembre, 1957, Roulette R52006

3. Benny Goodman, Let's Dance, a Musical Tribute, réal. William Cosel
Benny Goodman and his Band: Pauly Cohen (tp), Eddie Bert (tb), Dick Hyman (p),  Bob Haggart (b), Louis Bellson (dm), invités: Teddy Wilson (p),  Red Norvo (vib), Slam Stewart (b), Carrie Smith,/Rosemary Clooney (voc), commentaires: Andre Previn, Morton Gould, Bobby Short, Frank Sinatra
4. A Swingin' Dream: Buck Clayton and his Swing Band, Spanky Davis, Paul Cohen, Johnny Letman (tp), Dan Barrett, Bobby Pring (tb), Chuck Wilson (as,cl), Kenny Hing, Doug Lawrence (ts), Joe Temperley (bar), Mark Shane (p), Chris Flory (g), Ed Jones (b), Mel Lewis (dm), Buck Clayton (arr), Lincoln Park, NJ, 23 octobre 1988, Stash 281/16

5. 
Les 90 ans de Pauly Cohen au Soyka, Miami, le 5 octobre 2012, avec Jack Siegel, Pauly Cohen (tp), Joe Donato (as), Don Wilner (b), Mike Gerber, Mike Orta (p), Goetz Kuack, Duffy Jackson, Orlando Marchado (dm, perc)


SOURCES

• Playing Lead trumpet with Count Basie - Pauly Cohen (documentaire)

• Taking Charge, The Pauly Cohen Story (documentaire)
https://www.youtube.com/watch?v=SMjjxkRZtc4


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