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Duffy Jackson

3 mars 2021
3 juillet 1953, Freeport, NY - 3 mars 2021, Nashville, TN
© Jazz Hot 2021

Duffy Jackson avec le big band d'Illinois Jacquet, Jazz à Vienne, 1993 © Pascal Kober
Duffy Jackson avec le big band d'Illinois Jacquet, Jazz à Vienne, 1993 © Pascal Kober

Duffy JACKSON

Swing! Swing! Swing!
 

«Put the grin on the groove and aim the beat at your feet!*» Duffy Jackson
(son mantra selon l'information donnée par sa sœur Jaijai Jackson)
*Mets un sourire sur le groove et le rythme à tes pieds!



Batteur, mais aussi contrebassiste, pianiste et chanteur, Duffy Jackson était un enfant de la balle, tombé tout petit dans la marmite du swing, où l’a poussé son père, le contrebassiste Chubby Jackson (25/10/1918, New York, NY - 1/10/2003, Rancho Bernardo, CA), ancien membre des orchestres de Woody Herman, J.J. Johnson et Gerry Mulligan. L’extrême précocité de la carrière professionnelle de Duffy Jackson lui a permis de partager la scène avec les derniers géants du jazz –Count Basie, Duke Ellington, Ella Fitzgerald, Lionel Hampton, Illinois Jacquet, Dizzy Gillespie, entre autres–, dès le début des années 1960. Telle a été la formation de ce batteur au groove explosif: les côtoyer au quotidien, depuis sa naissance. Son abord du jazz, tout au long de sa vie, n’a été que le prolongement d’une grande tradition musicale qu’il ne tentait pas de reproduire car il la vivait directement et intensément, indépendamment de l’époque qu’il a traversée et de tout phénomène de mode. Doté d’un extraordinaire sens du spectacle qu'il aimait agrémenter de clowneries facétieuses, Duffy Jackson était pour autant un maître dans son art, une force d’expressivité avec laquelle il a surmonté toute sa vie de récurrentes difficultés de santé.  
Jérôme Partage
Photos Pascal Kober, Lisiane Laplace et Maï-Maï, YouTube
Remerciements à tous, particulièrement à Jaijai Jackson,
Harry Allen,
Dany Doriz,
Michel Pastre et Alvin Queen




Duffy Jackson, Jazz Ascona, Suisse, 27 juin 2005 © Lisiane Laplace


Duffy Jackson, Jazz Ascona, Suisse, 27 juin 2005
© Lisiane Laplace



Duffy (Duff Clark) Jackson est né le 3 juillet 1953 à Freeport, Long Island, NY. Fils du contrebassiste, chef d’orchestre et vedette de télévision Greig Stewart Jackson, dit «Chubby» Jackson, il a grandi à New York. Duffy a été immergé dans le jazz dès sa naissance. Sa mère chante dans un contexte non professionnel et ses deux sœurs suivront son exemple. Le petit Duffy vit au milieu des disques, des instruments et des musiciens qui passent au domicile familial, notamment Count Basie. Et quand son père organise une grande jam-session à la maison, avec des jazzmen de Chicago, où la famille réside alors, pas question de dormir, même s’il n’a que 3 ans! De plus, Chubby emmène son fils jouer des balais à l’église.

De fait, Chubby restera le premier mentor et la référence absolue de Duffy: «J’ai bénéficié d’un enseignement peu ordinaire puisque j’ai appris à partir du point de vue de bassiste de mon père. Tout ce qui est du rythme, des accents, de la pulsation et de l’interaction  au sein de la rythmique, je l’ai appris par l’un des bassistes les plus swinguants de tous les temps.»
(1) Chubby instille ainsi dans l’expression de son fils la prédominance du rythme et l’énergie nécessaire à l’inspiration des danseurs: la danse restera ainsi une dimension essentielle du jazz pour Duffy(2). Chubby l’initie également à la contrebasse mais Duffy optera pour la batterie afin de pouvoir jouer à ses côtés. Par ailleurs, il reçoit ponctuellement des leçons par des batteurs de l’entourage paternel: «En 1957, mon père enregistrait un album en big band à Chicago(3). Et il y avait là un célèbre batteur avec lequel il avait joué au sein du Woody Herman Orchestra: Don Lamond. Il est alors devenu mon premier professeur, j’avais 4 ans. (…) Don est resté avec nous à Chicago pendant deux semaines, le temps de l’enregistrement, et il a vu que je m’étais approprié un set de bongos que ma mère avait offert à mon père pour son anniversaire, alors qu’il détestait les bongos car il trouvait qu’ils couvraient la contrebasse. A la maison, je tapais sur ces bongos pour suivre le rythme des disques que j’entendais. Alors, Don est allé me chercher une grosse caisse, une caisse claire, une cymbale et une charleston et m’a appris comment faire "chh chu chu chh". Aujourd’hui, je dis que je suis un gars 2 et 4 dans un monde 1 et 3.»(4) Les prestations télévisées de Chubby Jackson, dans les années 1959 et 1960, sont l’occasion pour Duffy d’entrer très jeune dans le «métier»: «(Mon père) était l’invité permanent, à Chicago et à New York, des films Les Petites Canailles (Little Rascals). Et à New York, il travaillait dans une émission enfantine matinale avec les musiciens locaux d’ABC: ainsi, à 8h du matin, vous entendiez un groupe de 18 musiciens swinguer d’enfer. Les gars étaient tous ivres ou défoncés ou étaient restés éveillés toute la nuit, mais le fait est que mon père avait des petits enfants qui dansaient et chantaient devant l’orchestre. (…) J’ai participé à cette émission au moins cent cinquante fois. Je suis passé à la télévision environ trois cents fois entre 5 et 12 ans.»(4) Enfant prodige et célébrité précoce, Duffy, à peine âgé de 5 ans, pose dans DownBeat où, sous le surnom de «Jazz Jackson», il déclare déjà qu’il veut intégrer le Count Basie Orchestra! Ce sera effectivement la grande ambition de la première partie de sa vie. En attendant, les clubs de jazz où son père se produit sont le lieu privilégié de son initiation, dès 10-11 ans.

 

Le jeune Duffy reçoit les encouragements de plusieurs grands batteurs: Louie Bellson, Gene Krupa, Buddy Rich (qui l’invitera même à le rejoindre sur scène en concert à trois reprises, entre 14 et 19 ans). Mais c’est sans doute Sonny Payne, le batteur du Count Basie Orchestra, qui le marque le plus. Duffy a seulement 10 ans quand, après l’avoir emmené dans une pizzeria pour parler batterie, Sonny Payne le fait ensuite asseoir sur scène, à côté de lui, pendant le concert, à la grande stupéfaction du Count! Deux ans plus tard, Duffy se retrouve cette fois à tenir les baguettes pour le prestigieux big band. Effectuant un remplacement, Don Lamond lui cède la place durant le dernier set d’une soirée au Riverboat Restaurant, au pied de l’Empire State Building: «On s’est mis à jouer "Shiny Stockings", le grand classique de Frank Foster. Harry Sweets Edison, Marshall Royal et tous les membres historiques du groupe étaient encore là. Ça swinguait, les gens dansaient et l’orchestre s’est mis à jouer de façon très douce, prélude à un final déchaîné. Tout le monde s’est arrêté de jouer et, ne connaissant pas les arrangements, je me suis donc dit que je devais m’arrêter aussi. Basie s’est alors tourné vers moi et a crié: "Joue petit!".»(5) Quelques années plus tard, alors que les Jackson sont établis à Miami, FL, depuis la fin des années 1960, et que père et fils travaillent régulièrement ensemble, Duffy a de nouveau l’occasion de partager la scène avec Count Basie. Alors qu’il accompagne avec Chubby la chanteuse Edie Adams, il se précipite à la fin du concert pour assister au dernier set du big band, qui passe non loin de là. «Sonny Payne était à la batterie et apparemment il avait fait quelques excès d’alcool. Basie m’a alors demandé si je voulais jouer. J'ai bien sûr accepté, et j’ai couru vers la batterie. Le premier titre que nous avons joué était "Shiny Stockings". Donc, quand on est arrivé au passage où la batterie doit jouer seule, Basie m’a regardé fixement, et je lui ai dit: "Ne t’inquiète pas, je crois que je sais ce que j’ai à faire cette fois!" Je suis arrivé au bout du morceau, et Basie m’a gardé pour dix titres supplémentaires.»(5) Quatre jours plus tard, Count Basie appelle Duffy en urgence pour remplacer Sonny Payne qui vient de perdre son épouse. Après une première soirée de passage de relais, durant laquelle Duffy a l’occasion d’apprendre longuement de Sonny, il effectue son remplacement pour deux soirs. Duffy est bien entendu comblé par cette expérience extraordinaire et même un peu incrédule!

 

Duffy Jackson, Caveau de La Huchette, Paris, 24 juillet 2003 © Maï-Maï





Duffy Jackson, Caveau de La Huchette,

Paris, 24 juillet 2003 © Maï-Maï





Encore lycéen, Duffy Jackson fait la rencontre de Monty Alexander: «A Miami, en février 1971, dans le club Place for Steaks, Monty jouait avec son trio: Eugene Wright, le bassiste du Dave Brubeck Quartet, et Dave Nuby, un batteur local très swingant. J'étais là à manger mon steak et tout d'un coup, j'ai entendu ce groove! (...A la fin de son set) un pianiste a pris la place de Monty. Je suis allé le voir et je lui ai demandé: "Est-ce que je peux jouer un morceau avec vous pour que Monty m'entende?" (...) C'est comme ça que j'ai connu Monty et qu'il m'a invité à se joindre à lui pour le set suivant.»(6) Quelques mois plus tard, Duffy achève sa scolarité au Miami Beach High School. «J’ai été convoqué dans le bureau du directeur. Je me demandais ce que j’avais bien pu faire. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait. Je suis entré dans son bureau, mon père était là. Le directeur s’est avancé vers moi, m’a embrassé sur la joue, m’a donné une accolade et m’a annoncé: "Tu as obtenu ton bac. Ray Brown et Milt Jackson ont besoin de toi demain soir en Californie pour un gig au Shelly Manne’s Hole." J’avais joué avec Monty Alexander en trio et c’est lui qui m’avait recommandé auprès de Ray Brown.»(5)

Dans les heures qui suivent, Duffy s’envole pour Los Angeles où Ray Brown l’accueille à l’aéroport pour un engagement de trois semaines à Hollywood en compagnie de Milt Jackson, Teddy Edwards et Monty Alexander.
«C'était ça mon cadeau de fin d'études (...)»(6) Duffy passe le reste de l'été 1971 à New York, dans le groupe de Monty Alexander, à animer les soirées dansantes du Riverboat. C'est au cours de ce même été qu'il grave à ses côtés son premier disque en sideman: Here Comes the Sun (MPS). Dans la foulée, il s’installe à Los Angeles. «Je suis allé en Californie, j'ai joué avec tous ces grands musiciens, et j'ai été la coqueluche d'Hollywood pendant trois semaines. J'avais beaucoup d'acteurs et d'actrices célèbres assis juste à côté de moi pendant que je jouais, c'était vraiment surréaliste.

Puis, je suis devenu le batteur de Lena Horne.»
(4) Sur la seule recommandation de Louie Bellson, Duffy est engagé à 18 ans, pour une tournée d'un an, par la chanteuse et comédienne. «Mon père et Lena avaient été associés dans l'orchestre de Charlie Barnet, au début des années 1940, avant que mon père ne rejoigne Woody Herman. Alors Lena a pris un soin particulier du petit Duffy(5) Puis, de 1974 à 1976, Duffy Jackson, de nouveau par l’entremise de Louie Bellson, travaille avec Sammy Davis Jr., une expérience intense. «D’une certaine façon, j’ai été un de ses protégés: j’aime jouer de la musique, j’aime jouer un peu la comédie, et Sam et moi nous jouions de la batterie et tap-dansions ensemble sur la scène. Il chantait et tap-dansait, puis je prenais un solo de batterie, et parfois nous échangions les rôles. (…) Il me faisait travailler très dur, je méritais mon salaire mais j’ai beaucoup appris. (…) D’avoir été le batteur de Sammy Davis Jr. m’a aussi permis d’accompagner nombre de grandes stars, Billy Eckstine, les Nicholas Brothers à Broadway avec Sammy, un tas de chanteurs célèbres qui travaillaient avec lui. Puis je me suis dit que je préférais rester dans le jazz plutôt que d’entrer dans le show biz.»(2) Car c’est bien l’éclat du swing des big bands qui émerveille Duffy et non les paillettes d’Hollywood. Ainsi, il s’embarque pour plusieurs mois de tournée avec Monty Alexander.


Malgré un premier passage dans l'orchestre de Lionel Hampton, sa quête du Graal reste le poste de batteur du Count Basie Orchestra, occupé par Butch Miles depuis 1975. «Count Basie prenait de l’âge et j’espérais que mon tour vienne avant qu’il ne soit trop tard. Mais Butch avait à cœur de donner l’occasion à d’autres batteurs de jouer dans l’orchestre. Un soir, je reçois un appel de Count Basie: "Comment va, Duffy, que fais-tu en ce moment? —J’attends juste que Butch quitte l’orchestre pour prendre la place!" Il s’est alors passé quelque chose d’unique: Count Basie et Butch Miles m’ont donné sept mois pour me préparer. Ainsi, j’ai rassemblé une cinquantaine d’enregistrements de l’orchestre, depuis les années 1950 jusqu’à la période présente, et je les ai étudiés jour et nuit; parfois je m’endormais avec le casque sur la tête. Et quand j’ai intégré l’orchestre, je n’avais pas besoin de lire une note. (…) Je gardais les yeux sur le Count en permanence. Au moindre de ses gestes, je savais ce qu’il voulait. Il m’a tellement appris. Il n’avait rien besoin de dire, il suffisait qu’il me regarde. Je pense que Dieu m’a mis sur la Terre pour être le batteur de Count Basie.»(5) Sa préparation de sept mois inclut sa participation aux 75 ans du Count en avril 1979, puis il devient batteur en titre en août, pour un an. La période est d'une grande richesse pour le batteur qui se produit auprès de son idole dans différents contextes.

Cependant, le rythme effréné des tournées est difficile à tenir physiquement pour Duffy, qui aura à subir plusieurs opérations de la hanche au cours de son existence. Il est ainsi contraint par intermittence de se tenir à l’écart du groupe.
«En fait, j’aimais encore plus jouer avec Basie dans les engagements privés pour les danseurs que dans les concerts. Le feeling était entièrement différent, de même que les arrangements. Les gens pouvaient danser au pied de la scène, ils étaient à quelques centimètres seulement de Basie. C’était plus relax.»(5) Au sein du big band, il a également l’opportunité d’accompagner les plus grands, notamment lors d’une cérémonie au Kennedy Center de Washington, DC, le 2 décembre 1979, en l'honneur d'Ella Fitzgerald, à laquelle participent également Joe Williams, Jon Hendricks et Peggy Lee. Il a enfin l’occasion de côtoyer, au sein de l’orchestre, Freddie Green, une autre de ses influences principales: «J’étais avec le Count Basie Band à Cincinnati où nous devions nous produire avec le Cincinnati Symphony Orchestra. Nous étions en répétition, en train de jouer un passage très doux et précis. A la fin du morceau, Freddie Green s’est tourné vers moi et m’a dit: "Donne à chaque temps (beat) sa valeur entière". (…) Freddie était vraiment un maître pour moi. Quand j’ai quitté l’orchestre, j’ai reçu de sa part, après le dernier concert, la plus grande accolade qu’il m’ait jamais donnée. C’est la dernière fois que je l’ai vu.»(5)

On revoit Duffy ensuite auprès de
Lionel Hampton et dans deux disques enregistrés au Japon en 1982 pour le label Paddle Wheel: Lionel Hampton Swings With George Kawaguchi et Lionel Hampton All Stars, Air Mail Special: Live in Japan '82. La rencontre de ces deux tempéraments de showmen crée évidemment des étincelles en concert, notamment lors de leurs fameuses drums battles! Après la disparition de Count Basie, il retrouve le big band en 1985, passé sous la direction de Thad Jones. Mais ses problèmes de santé l’obligent à se mettre en retrait durant plusieurs mois. Il retourne alors vivre en Floride auprès de son père, avec lequel il se contente de jouer deux soirs par semaine durant sa convalescence, avant de retrouver l’effervescence de la scène new-yorkaise et des engagements plus importants. Il effectue d’ailleurs un ultime retour dans le Count Basie Orchestra en 1989 (direction Frank Foster), qu’il doit une nouvelle fois quitter, au bout de dix-huit mois, en raison de sa santé, après avoir participé à trois albums dont l’un avec Jon Hendricks et l’autre avec George Benson.


Philippe Duchemin (p), Patricia Lebeugle (b), Duffy Jackson (dm), Caveau de La Huchette, Paris, 24 juillet 2003 © Maï-Maï

Philippe Duchemin (p), Patricia Lebeugle (b), Duffy Jackson (dm), Caveau de La Huchette, Paris, 24 juillet 2003 © Maï-Maï


La décennie suivante voit encore de belles collaborations: notamment avec Turk Mauro et Harry Allen qu'il accompagne sur trois disques en 1994 et 1996. «Duffy était un ami proche, un batteur et un showman incroyables. Il pouvait également jouer très bien du piano, de la contrebasse, scattait mieux que la plupart des chanteurs, tout en faisant rire le public.», se souvient Harry Allen. «Un soir, nous jouions à Chicago, au Jazz Showcase de Joe Segal, l’un des meilleurs clubs du monde, qui cette fois-là était situé dans le magnifique et historique Blackstone Hotel. A un moment, Duffy prend un solo avec les balais et, au point culminant de son chorus, il les lance en l’air pour les rattraper ensuite. Mais le plafond était très haut et les balais ne sont jamais retombés, ils sont restés coincés sur un petit rebord. Cela a bien sûr stoppé net le morceau car aucun d’entre nous ne pouvait s’arrêter de rire!»

Durant les années 1990 et 2000, Duffy est régulièrement invité par Dany Doriz au Caveau de La Huchette où il fait évidemment le régal des danseurs: «
La première fois que j'ai rencontré Duffy et joué avec lui, c'était dans le big band d'Illinois Jacquet, à la Grande Parade de Nice (1988). Quelques temps plus tard, il est revenu avec le big band d'Illinois Jacquet au Méridien, et là on a eu d'avantage l'occasion de sympathiser. Puis, j'ai commencé à le faire venir au Caveau en 1993 et à organiser des tournées avec lui qui ont très bien marché. Il est venu environ deux mois et demi, presque chaque été, jusqu'en 2003. Le premier quartet, avec lequel on a enregistré My Favorite Vibes (1993), comprenait rien de moins qu'Eddie Jones et Georges Arvanitas. Mais Eddie et Duffy se sont fâchés: Duffy avait l'habitude, au cours des concerts, de laisser sa batterie et de se mettre au vibraphone avec moi. Un soir au Caveau, en s'avançant vers le vibraphone, il a poussé Eddie Jones qui l'a très mal pris. S'en est suivi une terrible dispute après le show. Et Eddie n'a plus jamais voulu jouer avec Duffy. Duffy n'était pas toujours très diplomate, mais pour moi, c'est un des plus grands. Il avait une immense maîtrise de son instrument, scattait à la perfection. Il était très doué.» A La Huchette et en tournée, plusieurs musiciens se succèderont auprès de Duffy: Nicolas Montier, Michel Pastre (ts), Philippe Duchemin, Philippe Milanta (p), Bruno Rousselet ou encore Patricia Lebeugle (b) que Duffy annonçait sur scène avec son accent: «Patricia Lebeugeuleu». Avec eux, Duffy assure le spectacle, électrisant le public conquis par l’énergie, la vie et l’âme. Duffy se produit aussi en invité du big band de Michel Pastre en mai 2004 au Jazz-Club Lionel Hampton (Hôtel Le Méridien): «Il était magnifique tant sur le plan humain que musical. C’était quelqu’un de touchant, de facétieux qui amenait toujours une joie de vivre, un swing dans la vie. On avait une profonde amitié, il me parlait comme un grand-frère.» Les dernières tournées françaises de Duffy Jackson passent par le Sunset-Sunside en août 2011 et mai 2012, avec notamment Nicolas Dary (ts), et par le Méridien en mars 2013 avec Michel Pastre.

 

Duffy Jackson avec François Biensan (tp), Jazz Ascona, Suisse, 28 juin 2011 © Lisiane Laplace

Duffy Jackson avec François Biensan (tp), Jazz Ascona, Suisse, 28 juin 2011 © Lisiane Laplace


Installés depuis plusieurs années en Floride, Duffy Jackson et son épouse Marina, fatigués d’affronter les tempêtes et les ouragans –en particulier le terrible ouragan Katrina en 2005– s’établissent, à la fin des années 2000, à Nashville, TN, ville musicale –mais pas de tradition jazz– au climat plus clément. Duffy y poursuit son activité, devient rapidement une figure de la scène jazz locale, en résidence au Rudy’s Jazz Room, tenant volontiers le piano, et à l’Acme Feed and Seed. Invité régulier du Nashville Jazz Workshop, il y transmet son héritage artistique, celui de son père, de Count Basie, de Lionel Hampton, sa conception du rythme, sa relation avec les danseurs. Il s'y produit aussi avec son big band, dans la filiation Basie évidemment.

 

Après plus de cinquante ans de carrière dévouée au swing, Duffy Jackson s’en est allé à 67 ans, à la suite de complications survenues après une énième opération de la hanche dans une période sans doute peu propice car obnubilée par le covid. Sa sœur Jaijai Jackson nous a offert ce joli témoignage: «Je me souviens de ces nombreuses nuits à regarder mon grand-frère jouer de tout son cœur pour les gens. Je chéris ces souvenirs. Combien j’ai été fière d’être sa sœur et de le soutenir dans son excellence accompagnée de tant de sueur et de larmes. Mon frère a eu des défis physiques à relever toute sa vie, mais c’était aussi quelqu’un de très profond avec un cœur extrêmement sensible qui pouvait fondre totalement. Il a toujours su saisir l'occasion de "mettre un sourire sur le groove et le rythme à ses pieds", c'était son mantra. Depuis son décès, j’ai choisi de continuer avec le souvenir du sourire de Duffy en moi, de ses réparties comiques, de ses pitreries stupides (avec la langue) sur la batterie et des nuits émouvantes où il jouait du piano. J'ai admiré mon frère toute ma vie, et je le garderai dans mon cœur pour toujours.»

 

Nos pensées vont aux amis et à la famille de Duffy, son épouse Marina, ses deux sœurs Myno Tayloe et Jaijai Jackson. Jazz Hot partage leur peine.

 

 

1. Interview de Duffy Jackson dans Jazz Hot n°572, juillet-août 2000.

2. Interview de Duffy Jackson dans Jazz Hot n°607, février 2004 (dossier Le Jazz et la Danse).

3. Il s’agit probablement de l’album du Chubby Jackson’s Big Band, I’m Entitled to You (Argo 625), enregistré à Chicago le 4 novembre 1957.

4. Interview de Duffy Jackson par Paul Howard, MusicMecca.org, 28 octobre 2019: https://musicmecca.org/an-interview-with-nashvilles-jazz-big-band-drum-legend-duffy-jackson

5. Interview de Duffy Jackson par Monk Rowe, Hamilton College, Clinton, NY, 17 octobre 1995: https://www.youtube.com/watch?v=ZSdhy6fMevY

6. Interview de Duffy Jackson par Zev Feldman (5 août 2020), livret de l'album Monty Alexander, Love You Madly: Live at Bubba’s, Resonance 2047.


Jazz Hot n°572, juillet-août 2000




DUFFY JACKSON et JAZZ HOT









*

DISCOGRAPHiE

1994. Duffy Jackson, Swing! Swing! Swing!, Milestone
1994. Duffy Jackson, Swing! Swing! Swing!, Milestone



Leader/coleader

LP  1981. Chubby Jackson/Duffy Jackson/Summer Festival All Star Jazz Band, Live From Erny’s, Spinnster 0001 

CD 1994. Duffy Jackson, Swing! Swing! Swing!, Milestone 9233-2

CD 1997. Duffy Jackson's French Connection, Mastermix 00119

1981. Chubby Jackson/Duffy Jackson/Summer Festival All Star Jazz Band, Live From Erny’s, Spinnster1994. Duffy Jackson, Swing! Swing! Swing!, Milestone1997. Duffy Jackson's French Connection, Mastermix














Sideman

LP  1971. Monty Alexander, Here Comes the Sun, MPS 21.20913 (=CD 0212406)

LP  1978. The Monty Alexander 7, Jamento, Pablo 2310.826 (=CD 15025)

LP  1978-79. Groover Mitchell, Meet Groover Mitchell, Jazz Chronicles 104

LP  1978. Chubby Jackson Featuring Nat Adderley and Arnett Cobb, Lucky 7, Time Is 9807

1971. Monty Alexander, Here Comes the Sun, MPS1978. The Monty Alexander 7, Jamento, Pablo1978-79. Groover Mitchell, Meet Groover Mitchell, Jazz Chronicles1978. Chubby Jackson Featuring Nat Adderley and Arnett Cobb, Lucky 7, Time Is












CD 1978. Chubby Jackson All Star Band, Live at The Swiss Chalet, Miami, Florida 16 October 1978, Jazz Band 2141-2 

LP  1979. Eddie Miller’s New Yorkers, It’s Miller Time, Famous Door HL131

LP  1980. Count Basie, Kansas City Shout, Pablo 2310.859 (=CD 98846)

LP  1980. Ira Sullivan, The Incredible Ira Sullivan, Stash 208 (=CD The Incredible Hank Jones Meets Louie Bellson & Ira Sullivan, Stash 533) 

1978. Chubby Jackson All Star Band, Live at The Swiss Chalet, Miami, Florida 16 October 1978, Jazz Band1979. Eddie Miller’s New Yorkers, It’s Miller Time, Famous Door1980. Count Basie, Kansas City Shout, Pablo1980. Ira Sullivan, The Incredible Ira Sullivan, Stash












LP  1980. Cleveland Eaton and His Orchestra, Strolling With the Count, Ovation 146222 

LP  1981. Harry Sweets Edison/Sonny Stitt, Sonny, Sweets & Jaws, Who’s Who 21022 (=CD Point Productions 2621552)

LP  1981. Sonny Stitt, Sonny, Who’s Who 21025 (=CD Cleo 5026)

LP  1982. Lionel Hampton Swings With George Kawaguchi, Paddle Wheel 6170

1980. Cleveland Eaton and His Orchestra, Strolling With the Count, Ovation1981. Harry Sweets Edison/Sonny Stitt, Sonny, Sweets & Jaws, Who’s Who1981. Sonny Stitt, Sonny, Who’s Who1982. Lionel Hampton Swings With George Kawaguchi, Paddle Wheel












LP  1982. Lionel Hampton All Stars, Air Mail Special: Live in Japan '82, Paddle Wheel 6211 

CD 1982. Monty Alexander, Love You Madly: Live at Bubba’s, Resonance 2047 

LP  1982. Monty Alexander Trio, Look Up, Atlas 27-1021 (=CD Dan 70986)

CD 1987. Illinois Jacquet & His Big Band, Jacquet’s Got It!, Atlantic 81816-1 

1982. Lionel Hampton All Stars, Air Mail Special: Live in Japan '82, Paddle Wheel1982. Monty Alexander, Love You Madly: Live at Bubba’s, Resonance1982. Monty Alexander Trio, Look Up, Atlas1987. Illinois Jacquet & His Big Band, Jacquet’s Got It!, Atlantic











CD 1987. The Fabulous Jimmy Dorsey Orchestra, Dorsey, Then and Now, Atlantic 81801-1

CD 1989. Count Basie Orchestra Directed by Frank Foster, The Legend, The Legacy, Denon 73790 

CD 1990. Jon Hendricks and Friends, Freddie Freeloader, Denon 76302

CD 1990. George Benson, Big Boss Band, Warner Bros. 7599-26295-2

1987. The Fabulous Jimmy Dorsey Orchestra, Dorsey, Then and Now, Atlantic1989. Count Basie Orchestra Directed by Frank Foster, The Legend, The Legacy, Denon1990. Jon Hendricks and Friends, Freddie Freeloader, Denon1990. George Benson, Big Boss Band, Warner Bros.











CD 1991. Roy Gerson, That Gerson Person, The Jazz Alliance 10012-2 

CD 1993. Othello Molineaux, It’s About Time, Big World 2010

CD 1993. Dany Doriz, My Favorite Vibes, Big Blue Records 9414

CD 1994. Harry Allen Quartet, Blue Skies, John Marks Records 9 

1991. Roy Gerson, That Gerson Person, The Jazz Alliance1993. Othello Molineaux, It’s About Time, Big World1993. Dany Doriz, My Favorite Vibes, Big Blue Records1994. Harry Allen Quartet, Blue Skies, John Marks Records











CD 1994. Harry Allen, The King, Nagel-Heyer 011

CD 1994. Billy Ross, The Sound: Tribute to Stan Getz, Milestone 9227 

CD 1994. Phil Flanigan, New York Toast, Philophile 7701 

CD 1995. Turk Mauro, Hittin’ the Jug, Milestone 9246-2

CD 1995. The Manhattan Transfer, Swing, Atlantic 83012

CD 1995. Terry Myers, Soul Mates, Contemporary 14078-2 

CD 1996. Harry Allen Quartet, Live at Renouf’s, Master Mix 00117

1994. Harry Allen, The King, Nagel-Heyer1994. Billy Ross, The Sound: Tribute to Stan Getz, Milestone1995. Turk Mauro, Hittin’ the Jug, Milestone1995. The Manhattan Transfer, Swing, Atlantic












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VIDEOGRAPHIE
par Hélène Sportis

Duffy Jackson Big Band avec le pasteur Johnny Minick (p), Smyrna, TN, 2012, image extraite de YouTube
Duffy Jackson Big Band avec le pasteur Johnny Minick (p), Smyrna, TN, 2012, image extraite de YouTube


 


Chaîne YouTube de Duffy Jackson

https://www.youtube.com/user/DuffJackson/featured

 

Chaînes YouTube de Chubby Jackson, (b,lead)

https://www.youtube.com/channel/UCSX5M5bMhdn1J2-A3qC36Qw/playlists

https://www.youtube.com/channel/UCCK7KEPIhntzrtRpMrVXrVg

2000. Chubby Jackson, interview, histoire du jazz, NAMM Foundation, 1er août

https://www.namm.org/library/oral-history/chubby-jackson

 

1978. Live at The Swiss Chalet, Miami, FL, 16 October, album Chubby Jackson's All Star Band Featuring Arnett Cobb, Frank Rosolino, Nat Adderley, Pete Minger, Jay Corre, Danny Turner, Duffy Jackson, 16 octobre, Jazz Band Records

https://www.youtube.com/watch?v=rq-NX_IeAzw&list=OLAK5uy_nwBQkliftCe_kaA1Qq9-8gxhmR_v0W4OY

 

1979. Duffy Jackson, Count Basie (p), Roy Eldridge (tp), Zoot Sims (ts), Cleve Eaton (b), PBS Social, Special Midnight, «Booty's Blues»

https://www.youtube.com/watch?v=bCx5_-P4EH4

https://www.youtube.com/watch?v=5YHEWFdhEMc

 

1979. Duffy Jackson, Count Basie 75' Birthday, Kansas City, MO

https://www.youtube.com/watch?v=c1pORNDBkYs

 

1980. Duffy Jackson, Count Basie Big Band, «Wind Machine», The Big Show

https://www.youtube.com/watch?v=XmrfTvmhqG4

 

1984. Duffy Jackson, Lionel Hampton Big Band, DisneyLand, CA

https://www.youtube.com/watch?v=-vx8xHVTSRU

https://www.youtube.com/watch?v=dotT4vK3rEE

https://www.youtube.com/watch?v=iQAezj4Hmb4

 

1990. Duffy Jackson, Count Basie Orchestra, «Wurlibird», Newport Jazz Festival, RI, 19 août

https://www.youtube.com/watch?v=ZAOBqJ3s_VM

 

1995. Duffy Jackson, interview par Monk Rowe, Hamilton College, Clinton, NY, 17 octobre

https://www.youtube.com/watch?v=ZSdhy6fMevY

 

1995. Duffy Jackson, Illinois Jacquet Big Band, « Flying Home », Jazz à Vienne

https://www.dailymotion.com/video/x2zd5y

 

1996. Duffy Jackson, Dany Doriz (vib), Georges Arvanitas (p), Nicolas Montier (ts), Marc Richard (as), Bruno Rousselet (b), «Cherokee», Caveau de la Huchette, Paris, video Robby Ménière

https://www.youtube.com/watch?v=Vn6rc3zfvQY

 

2005 & 2011. Duffy Jackson, à Jazz Ascona, avec Serge Rahoerson (p,ts), Manu Marches (b), Michel Pastre (ts), Luigi Grasso (s), Pasquale Grasso (g), Nicolas Dary (s), John Allred (tb), juin

https://www.youtube.com/watch?v=h-MZPUp1PwU

https://www.youtube.com/watch?v=dqZ7X1HfGUo

https://www.youtube.com/watch?v=AULgpUVEdzY

https://www.youtube.com/watch?v=nQ-IfmNGqsA

 

2010 & 2012. Duffy Jackson, Lori Mechem (p), Denis Solee (ts), George Tidwell (tp), Roger Spencer (b), et en Big Band, Nashville Jazz Workshop at Jazz Cave, TN, 25 juillet 2012

https://www.youtube.com/watch?v=qFXCmdYt1p4

https://www.youtube.com/watch?v=gOkJcLK65DM

https://www.youtube.com/watch?v=lcnELG_kAoI

 

2011. Duffy Jackson Big Band, «Topsy», «When Will We Meet Again», Nashville Jazz Workshop, TN, 23 février

https://www.youtube.com/watch?v=PAmevTGzWJ8

https://www.youtube.com/watch?v=dtASpGfnMew

 

2012. Duffy Jackson Big Band & le pasteur Johnny Minick, «Campbell's Gamble», Smyrna, TN

https://www.youtube.com/watch?v=omE6TYqtt_U

 

2012. Duffy Jackson & The Time Jumpers, Jammin' to the Beat the Blues at for the Mental Health Association of Tennessee, 17 avril

https://www.youtube.com/watch?v=WvM5qkK6JFA

 

2012. Duffy Jackson scatte, Nicolas Dary, Michel Pastre, Jazz aux Sources, Châtel-Guyon, 27 mai

https://www.youtube.com/watch?v=fvkluRXvCj8

 

2012. Duffy Jackson and his Swingin' Big Band, Greg Diaz (as), John Michalak/Tom Mitchell (ts), Mike Brignola (bar), Tom Stancampiano/Dave Gibble/Nick Patsis (tp), Mike Egan/Drew Gardner (tb), Peter Freudenberger (btb), Neil Bacher (g), Dolph Castellano (p), Dave Tomasello (b), Lisanne Lyons (voc) «Splanky», «Count Spacey», «Critic's Choice», «I Just Found Out About Love», Palm Beach Jazz Camp, FL, 14 juin

https://www.youtube.com/watch?v=a4Bl5BITPyw

https://www.youtube.com/watch?v=HrgMCJR_7X8

https://www.youtube.com/watch?v=wSLo8Ku-mK4

https://www.youtube.com/watch?v=exs9MveCnxI

 

2012. Duffy Jackson raconte Count Basie, sa vie... lors de sa venue pour les 90 ans de Pauly Cohen (tp, 1922-2021), Fort Lauderdale, FL, octobre, Jazz Video Guy

https://www.youtube.com/watch?v=XoCHTqQrp9c

 

2013. Duffy Jackson & the Georgia State Jazz Band, «Shiny Stockings», Jazz Education Network, Atlanta, GA, 3 janvier, Jazz Video Guy

https://www.youtube.com/watch?v=wSO4KLy6KGM

 

2013. Duffy Jackson Quintet, Nicolas Dary/Nicolas Montier (s), Pierre Christophe (p), Raphael Dever (b), «Broadway», Hot Club du Gâtinais, Montargis, 10 mars

https://www.youtube.com/watch?v=BMM2kycTJ-c

 

2014. Duffy Jackson Big Band & Jeff Steinberg, «Danny Boy», Nashville Jazz Workshop, TN,  23 juillet

https://www.youtube.com/watch?v=mGHYDXBQYho

 

2018. Duffy Jackson with The King's Academy's Jazz Ensemble, «Switch in Time», Palm Beach, FL, 6 avril

https://www.youtube.com/watch?v=Ca5c3aW-FP0

 

2018. Duffy Jackson, Ted Wilson (kb), Jerry Lackey (b), Drum Lesson, Christ Lutheran Saturday Afternoon Jazz Jam, Nashville, TN

https://www.youtube.com/watch?v=BL5BzSjjaxg

 

2019. Duffy Jackson Quintet, «I Can't Give You Anything but Love», Live at Acme Feed & Seed, Nashville, TN, 30 octobre

https://www.youtube.com/watch?v=rnEUc7ulSI0

 

2021. Duffy Jackson Memorial Tribute, rétrospective, musique (aussi à la basse, au scat) et paroles, Duffy, Nashville Jazz Workshop, TN

https://www.youtube.com/watch?v=btFV2Ugv1po




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