Raul de Souza
|
13 juin 2021
|
23 août 1934, Rio de Janeiro - 13 juin 2021, Montirat (Tarn)
|
© Jazz Hot 2021
Raul de Souza, Teatro Pedro Ivo, Jurerê Jazz, Florianópolis, Brésil, 13 mai 2015 © Luiza Filippo, by courtesy
Raul DE SOUZA
«Vous transmettez ce que vous ressentez, vous racontez une histoire, en commençant par une phrase,
qui se développe au fur et à mesure: c'est ce que faisaient Charlie Parker, Coltrane, Miles Davis, Chet Baker...
et ce sont ces musiciens virtuoses américains qui connaissent cette histoire mieux que personne...
Ce qui compte c'est l'étude, l'apprentissage et le respect! Prenez par exemple Herbie Hancock,
McCoy Tyner, Bill Evans, ils ont chacun un style qui leur est propre et ça ne les empêche pas de swinguer
chacun à leur manière.» Jazz Hot n°621, 2005
Compositeur, tromboniste (bass trombone, trompettiste, saxophoniste ténor),
inventeur du souzabone(1), véritable
légende brésilienne adoptée en France, Raul de Souza nous a quittés le 13 juin 2021 à Montirat dans le Tarn. Il fait partie des musiciens
que nous voyions lors des fêtes de Jazz Hot, à Paris ou à la campagne, chez la
productrice Fusun Levet qui le programmait aux Festivals d’Antalya, Kusadasi, 7
Bilgeler Jazz Egea, et aussi l’amie du couple qu'il avait formé avec Yolaine
Vallet, organisatrice de concerts, sœur de Jean-Michel Vallet (p) et belle-sœur
de la coltranienne Claire Michael (s, fl, voc,
comp). La voix de Raul entre soleil et caverne, identifiable entre mille, était
comme un autre instrument de musique qui nous embarquait dans ses récits colorés,
de musique et de vie mêlées, à la manière des romans de Jorge Amado où les esprits
cohabitent avec les vivants, dans un entrelacs communiquant entre saveurs,
sons, parfums épicés, et gastronomies arrosées de cachaça ou de vins, dans une
narration à rebondissements. Son rire entier, son sourire à l’écoute, l’étincelle
de ses yeux et son extrême gentillesse reflétaient tout de sa disponibilité, de
son humanité et des rêves incroyables qu'il avait conscience d'avoir pu réaliser
et partager, parfois même avec ses héros.
Parler avec Raul, et maintenant
parler de lui, c'est retracer un siècle de l'histoire internationale des musiques qui
se sont entrecroisées à Paris dès la fin de la Première Guerre: Paris, la
pépinière de la fête non ségréguée, pas même ralentie lors de la fameuse grippe
de 1918-1920, Paris où, à la folie des nuits du Bal Bullier et de la Closerie des
Lilas, vient s’ajouter en 1922 le Bœuf sur le Toit, un nom insolite emprunté à la musique de Darius Milhaud, compositeur
marseillais piqué de rythmes latino-américains. L’imaginaire artistique
collectif de la planète se concentre et se cuisine dans le sillage de la
Conférence de la Paix (1919-1920) dans la «ville lumière et des Lumières», dans
un irrépressible besoin vital de converser en musiques, en danses, en arts, de faire
la bombe sans limite ni fin, de vivre dans un espace bouillonnant —pas
seulement de virus et de jeunes mutilés sans guerre—, très productif, parce que totalement
libre d’idées, de religions, de mœurs, de couleurs, l’héritage inestimable de
1789 revisité par Dada.
Raul avait relaté son épopée de globe trotter pour Jazz
Hot (n°621, 2005) faisant apparaître qu’il était né seulement 12 ans après cette explosion d’émulation
spontanée, relancée de plus belle par la Libération de 1944-45. Raul
racontait sa rencontre, à l’occasion d’un cortège insolite, avec le mythique
Pixinguinha(2) –autre icône du Brésil– venu à Paris lui aussi dès 1922: «Un jour, après une messe, je suivais, avec la
fanfare, une procession. J'étais déguisé avec mon uniforme, on aurait dit un
général!... Ils étaient tous beaucoup plus âgés, dans les 70 ans, et moi,
j'avais à peine 14-15 ans...» «Sors de Bangu, viens me voir à la ville
(ndlr: Rio centre à 20km!)», lui avait dit le célèbre musicien; on ne
vous dit pas le dénouement, tant c'est drôle par Raul qui savait ménager ses
effets pour l'auditoire, ce serait gâcher son talent de griot. Comme dans sa
musique, faite de rythmes et de teintes contrastées, Raul plantait le décor,
l'atmosphère de ses récits, et partait à l’aventure de nouveaux horizons.
Yves et Hélène Sportis
Photos by courtesy of: Christian Colnel, Swing à Xirocourt,
Lorenzo de Simone, Luiza Filippo, Fusun Levet
Remerciements à Yolaine Pereira de Souza, Jean-Michel Vallet, Fusun Levet, Christian Colnel, Alain Delhotal, Evy Mach, Lorenzo de Simone, Luiza Filippo, Michel Laplace
Raul de Souza, Maxine Studio de Rinaldo Donati, Milan, novembre 2017
© Lorenzo de Simone by courtesy
João Jose Pereira de Souza, naît le 23 août 1934 à Campo
Grande, un faubourg de Rio de Janeiro, à 40 km à l’ouest du centre, puis grandit à Bangu plus proche du
centre de la Capitale (du Brésil jusqu’en 1960 où Brasilia sort de terre dans
une rigidité prémonitoire), un territoire dense en population du fait de la
fabrique industrielle historique des tissus Bangu (3), une ruche ouvrière anglo-brésilienne, avec plusieurs clubs de
football et des orchestres, dont le sien, nommé Fábrica, qui savait «tout» jouer!: choro, chorinho, samba (mais pas
encore la bossa nova)…, ses premières expressions musicales dans l’immédiat après-deuxième
Guerre, qui ont bien germé depuis les années 1920 (4). Raul apprend d'abord les percussions, mais dès son premier
cachet pour Radio Nacionale à Rio, il est au trombone, il a 16 ans. Déjà papa,
il fait son service militaire à 18 ans en 1952, jouant dans l'orchestre de l'armée
avec Edson Machado (dm, perc); démobilisé dix mois plus tard, il continue à
jouer avec le batteur-percussionniste dans les gafieira (lieux de danses), tout
en allant assidument Place Tiradentes où les musiciens s’échangent des boulots
rares, des idées, des moyens de survie. A 21 ans, Raul, sur l'idée de son ami Altamiro
Carrilho (fl,comp) qui souhaite davantage improviser et composer, enregistre
avec lui deux albums sous l’appellation Turma
Da Gafieira (Gravações Musidisc Ltda, Rio 1955, sortis en 1957), dont le
premier est Samba Em Hi-Fi avec Baden Powell (1937-2000)
future étoile de la guitare —qui lui aussi a débuté à Radio Nacionale—, avec
toujours Edson Machado, Maestro Cipo/Zé Bodega (ts), Maurilio Santos (tp),
Sivuca (acc,voc), Altamiro Carrilho (fl), João Leal Brito/Paulinho (p), Luiz
Marinho (b), et le second opus, Musicas
De Altamiro Carrilho, avec Zequinha Marinho (p), Maurilio Santos (g), le
reste de la formation restant identique. Pour pouvoir vivre de sa musique, Raul
s'engage finalement comme musicien dans l'armée de l’air à Curitiba (Etat du Paraná,
au sud de Rio) pendant cinq ans, se produisant dans les clubs le week-end
jusqu’à São Paulo à 400 kms au nord, le tout en bus, mais il faut faire
bouillir la marmite de la petite famille qui s’agrandit! De retour à la vie
civile et à Rio en 1963, il joue avec Sérgio Mendes (p,comp,lead, né en 1941), et
enregistre pour lui l'album Sérgio Mendes & Bossa Rio-Você Ainda Não
Ouviu Nada! (Philips 1964) avec Aurino Ferreira (ts), Hector Costita (ts), Edson
Maciel (tb), Sebastião Neto (b), Edson Machado (dm), Antônio Carlos Jobim (arr):
une étape vers le jazz est franchie.
En avril 1964, un coup d'Etat pas seulement militaire, mais
aussi de la classe civile dominante qui veut encore plus dominer, avec l'aide
des Etats-Unis toujours en guerre froide active, met fin au gouvernement
«Jango» (João Goulart) pourtant démocratiquement élu. Raul veut croire que cela
ne changera rien pour les musiciens tant qu'ils ne s'opposeront pas à la
nouvelle junte. En janvier 1965, Raul enregistre donc son premier album en
leader, Raulzinho: A Vontade Mesmo(RCA) avec Airto Moreira (dm), Cesar Carmargo Mariano (p), Humberto Claybe
(b,hca), mais il part quand même en France avec Sérgio Mendes, histoire de
changer d’air. En novembre 1966, il joue de la musique brésilienne pour
l'anniversaire de Grace Kelly à Monte Carlo, enchaînant une tournée des casinos
pendant quatre mois. Au soleil de la Côte d’Azur, il monte un improbable club
de free jazz informel qui s'arrête au bout d'un mois, tout le bénéfice
s’évaporant dans la bonne humeur, mais où il se rappelle avoir fait jouer André
Ceccarelli (de Nice): une vraie fiesta qui lui fait goûter une France qui veut
oublier la guerre d’Algérie grâce au boom économique et aux festivals d’été. Le
moral rechargé, Raul monte divers groupes à Rio, mais à son retour, le texte «Tamandaré» de Chico Buarque est interdit comme
sa pièce musicale Roda Viva en 1967:
l’ambiance se replombe, l’espace libre rétrécit, Raul joue et enregistre avec
ce qui sera son dernier groupe, Impacto 8, une musique trop commerciale selon
lui, comme cet album International Hot.
Fin 1968, l’insoumis Chico Buarque est emprisonné, puis il s’exile en Italie en
1969. Cette année-là, Raul apparaît dans Saravah devenu aujourd'hui un véritable document(aire) historique ( cf. vidéographie) réalisé par Pierre Barouh, l’amoureux français de
la musique brésilienne dont la bossa nova, née depuis une décennie (4). L’hémorragie
intermittente des fabuleux musiciens brésiliens prend de l’ampleur, dont Sérgio
Mendes, Irio de
Paula,
Maurício Einhorn, Gilberto Gil, Caetano Veloso, Joāo Gilberto, Milton Nascimento, pour n’en
citer que quelques-uns.
Raul de Souza, Teatro Pedro Ivo, Jurerê Jazz,Florianópolis,
Brésil, 13 mai 2015 © Luiza Filippo, by courtesy
En 1970, la dictature, se sentant renforcée par la victoire
du Brésil lors de la coupe du monde de football à Mexico contre l’Italie,
multiplie les exactions, la torture, et détruit au siège de Philips les exemplaires
du disque en double-talk (langage à double sens) contre la dictature, de Chico Buarque, enregistré lors
d’une éphémère tentative de retour d’Italie, «Apesar de Você».
Raul qui ne supporte plus du tout l’atmosphère coercitive du Brésil (cf. Jazz Hot n°621) part au Mexique, dont l’atmosphère lui paraît agréable, et
trois ans plus tard en 1973, il rejoint Airto Moreira et Flora Purim réinstallés
à Los Angeles dès 1965 et qui travaillent en 1972-1973 avec Stanley Clarke (b)
et Chick Corea (p) dans la formation Return
to Forever. Quand Raul arrive, le trio amical monte une formation qui
tourne aux Etats-Unis, jusque sur la Côte Est, à New York, avec des visas
étudiants, ce qui amuse beaucoup l’autodidacte de Bangu: Raul s'installe un
temps à Boston où il travaille avec Claudio Roditi (tp), né à Rio en 1946, et déjà arrivé à Berklee-Boston depuis 1970. Puis Raul
repart à San Francisco où il tombe dans la marmite du Keystone Korner que Todd Barkan vient d’ouvrir en
1972, où il rencontre George Duke (arr,comp,p) à
l’occasion de l'enregistrement du disque de Flora Purim Stories to Tell (Milestone, 1974), avec
Ron Carter, encore un jazzman épris de Brésil, un futur ami qu'il invitera quarante
ans après, en 2014, pour la tournée brésilienne de ses 80 ans. Orrin Keepnews lui aussi rentré à San Francisco depuis 1972 pour travailler avec Fantasy, fait
enregistrer à Raul son premier disque en leader sur le sol américain sur son
label Milestone, Colors, en octobre
1974 à Berkeley, CA, arrangé et dirigé par J. J. Johnson, avec entre autres,
Cannonball Adderley (as,ss), Sahib Shihab (reeds), Oscar Brashear (tp,flh),
Jack DeJohnette (dm) et Richard Davis (b). Pour Fantasy, Raul participe en juin
1975 au disque Amazonas de Cal Tjader
(vib, marimba), avec notamment Robertinho Silva (dm, perc), Egberto Gismonti
(p), Hermeto Pascoal (fl), George Duke (arr), Airto Moreira (prod); chez
Milestone, trois mois plus tard, il enregistre pour Sonny Rollins le disque Nucleus avec Bennie Maupin et, en avril
1976, l'album bien nommé Encounter de
Flora Purim qui réunit de nouveau Raul et Hermeto Pascoal ( Jazz Hot n°517, 1995) à New York. George
Duke (prod, arr) avec Raul en leader font deux albums en 1977-1978 pour Capitol: le
très funky Sweet Lucy et Don't Ask My Neighbors, avec le complice
Airto Moreira (perc), Leon Ndugu Chancler (dm,voc), Freddie Hubbard (tp), Azar
Lawrence (ss,ts), puis les deux compères se retrouvent en 1978 pour le premier
Montreux Jazz Festival de São Paulo où Raul noue une amitié conviviale avec
Dizzy Gillespie, sans pour autant n'avoir jamais joué avec lui. Il travaille
sur sa première musique de film aux Etats-Unis pour The Hitter (Christopher Leitch, 1978), fait un disque pour le
guitariste Toninho Horta (Emi, 1980) et retrouve Airto Moreira et Flora Purim à
Puerto Rico pour le disque Latino-Aqui Se Puede (Sobocode Records, 1984) .
Avec la fin de la dictature au Brésil (1985), Raul
regagne ses pénates pour une décennie, accompagne son amie Maria Bethânia pour le
titre de Chico Buarque «A mais bonita» de l’album Memória Da Pele (Philips
1989) , et participe en 1993-1994, au disque de Tom Jobim (1927-1994), Antônio Brasileiro, récompensé en 1996
d’un Grammy après le décès prématuré du musicien. En 1995, il joue avec Guilherme Vergueiro (p), Wayne Shorter (s) , Wallace Roney (tp),
Mads Vinding (b), Robertinho Silva (dm, perc), Laudir de Oliveira (perc) aux
Heineken Concerts de Rio, et il rencontre Glauco Sölter, son ami bassiste.
Pierre Michelot (b), Raul de Souza (tb), Tuna Ötenel (p), Franc-Pinot, Paris, vers 2000 © Fusun Levet, by courtesy
Raul s'installe en France en 1996 et travaille avec Francis Lockwood (p)
qui le présente à Jean-Michel Vallet et Claire Michael à leur studio de
Gif-sur-Yvette, à l’époque du Laeta Group. Il repart graver Rio en
1997 à São Paulo avec le tromboniste Conrad Herwig ; en 2000, il est invité par Alain Delhotal (hca) au festival Swing
à Xirocourt en Lorraine avec le pianiste-compositeur-saxophoniste Tuna Ötenel, et participe
à son album Voyageur (Jazzenvil/Jazz
for Ever) avec Pierre
Michelot (b)
et Philippe
Combelle (dm):
Tuna choisit une de ses compositions en l’honneur de Raul, «Souzabone» ( cf. vidéographie). En 2001, il travaille
au Brésil sur la musique d'un second film, Lost
Zweig (Sylvio Back) et se marie avec Yolaine en octobre, l’occasion d’une très
chaleureuse fête de campagne en France chez Fusun Levet. Raul passe au Chivas Jazz
Festival en 2004 et enregistre à Rio en juillet, l’album Jazzmim (Discmedi Blau,
2004/Biscoito Fino 2006), dédiant le titre «Yolaine» à sa douce compagne qui devient aussi son agent; puis il
enchaîne Elixir (2005) avec Claire
Michael, Jean-Michel Vallet, Thierry Le Gall (dm) et Mishko M’Ba (b). Il est l’un
des principaux musiciens du documentaire Viva
Volta d'Heloísa Passos en 2005, joue à l'Amazonas Jazz Festival en 2008,
participe aux Virada Cultural de São Paulo à partir de cette même année, continue
à composer, et grave le titre-album Bossa
Eterna (Biscoito Fino, 2008) avec João Donato (p), Luiz Alves (b) et
Robertinho Silva (dm,perc): Raul sillonne l’Atlantique en diagonale par
boulimie de musique, de rencontres, de transmission, de compositions, de
projets, débordant d’énergie entre ses deux mondes.
En France en 2006, il retrouve des connaissances: Jean-Loup Longnon (tp) , Richard Galliano (acc), Toots Thielemans (hca), André Ceccarelli (dm), Didier Lockwood (vln)
pour l'album Nougaro, le jazz et moi (Universal) de Nicole Croisille, la «Madame Chabadabada» baptisée ainsi par Pierre Barouh en 1966. En
2009-2010, Raul grave en leader Soul &
Creation (PAO Records-Autriche) ajoutant le bugle à son arc instrumental,
en compagnie d'Alegre Corrêa (g, voc), Cameron Brown (b), Idris Muhammad (dm),
Maria Pentschev (voc), Christian Radovan (tb), Harry Sikal (ts). Il travaille
dans les festivals ( Castries 2015, Hambourg 2017), parraine le Lille
Choro Festival dès sa création en
2018, joue en clubs notamment au Portugal, en Suisse, Allemagne,
Autriche (Jazzit, Salzbourg, 2017, Porgy & Bess, Vienne, 2019) et voyage
partout, en Roumanie, Turquie, Afrique, Chine…
Raul de Souza (tb) en invité surprise du groupe de musique cubaine Y su piquete latino, avec Diego Peláez (perc, debout)
et Fred El Pupo (perc, assis), Festival Swing à Xirocourt, 9 septembre 2000 © Christian Colnel, by courtesy of Swing à Xirocourt
A Paris, il passe au Duc des Lombards en 2005 avec le Claire Michael Quartet, au Sunset-Sunside en juin et juillet 2011 avec son groupe, et il présente au New Morning en février 2016, pour ses 60 ans de carrière, Brazilian Samba Jazz avec ses seules
compositions (label Encore Merci), enregistré en décembre 2015 avec Mario Conde
(g), Gabriel Grossi (hca), Julien Lallier/Leo Montana (p), Glauco Sölter (b),
Mauro Martins (dm) et Zaza Desiderio (dm). Il grave Blue
Voyage (label Selo Sesc) en mars 2017 à Chamonix, au trombone basse et sax
ténor, avec Leo Montana/Alex Corrêa (p), Glauco Sölter (b), Mauro Martins (dm),
un Indispensable dans Jazz Hot ( cf. infra). En 2018, il est filmé dans
le documentaire A Cor Azul de Clovis
Gicquel, programmé au Festival de Fareins dans le Rhône, passe au Blue Note de
Rio: depuis ses 80 printemps, Raul, comme les esprits du candomblé se
démultiplie, de concerts en studios, de festivals en émissions TV( cf. vidéographie). Fin août 2019, Raul réalise l'album Curitiba 58 (Gramofone 2020) dans lequel il joue de nouveau au
saxophone avec son équipe rapprochée, Mário Conde (g), Fabio Torres (p),
Glauco Sölter (b), Sérgio Machado (dm), Airto Moreira (perc), après avoir fait
un triomphe au Festival de Langourla en Bretagne avec Claire Michael, le 3 août
2019 ( cf. vidéographie et compte rendu
dans Jazz Hot, infra): à 85 ans, Raul a bu la potion des druides, il est
dans une forme olympique dès qu'il est en scène.
Quinze mois après le chaos sanitaire organisé, le 21 mai 2021, sort le
dernier album de Raul en leader, Plenitude (PAO Records), entouré des musiciens de
son passage au Jazz
Open Festival d'Hambourg en 2017, avec lesquels il était parti en
tournée mondiale; puis après quelques semaines de travail convivial en 2019,
ils avaient gravé le disque en octobre de cette même année, aux Clouds Hill Studios
de Hambourg, produit par Christophe Schweizer (tb) et Alex Corrêa (p), avec
Glauco Sölter (b) et Matheus Jardim (dm), comprenant ses titres fétiches («Sweet
Lucy», «Daisy Mae»), de nouvelles compositions dédiées à George (Duke), Wayne
(Shorter), le thème
interdit au Brésil en 1970 du
réfractaire Chico Buarque auquel il dédie «To Chico»: cinquante ans ont passé
depuis la dictature, mais la destruction culturelle recommence avec Jair
Bolsonaro, et Raul participe au lancement, à l’initiative de Sandro Haick
(dm,g), d’un programme de master classes en
ligne, O Segredo da Música ( cf. vidéographie): toutes les solutions
sont bonnes pour transmettre et passer le relai malgré l’adversité.
Raul de Souza, Maxine Studio de Rinaldo Donati, Milan, novembre 2017 © Lorenzo de Simone by courtesy
Raul de Souza qui a aussi croisé la route de Sarah Vaughan
(voc), Kenny Clarke (dm), Jimmy Smith (org), est resté en scène durant sept
décennies, contre vents et marées, jusqu’à mars 2020.
Cet arrêt brutal de ses activités l’avait profondément affecté, malgré un bonheur bien organisé dans son sud-ouest d’adoption avec Yolaine et sa famille musicale d'adoption (Claire Michael, Jean-Michel Vallet…), entre deux
escapades brésiliennes ou en Europe, avec les familles de ses groupes, car sur scène il était très visible que Raul bénéficiait d'un entourage exceptionnellement chaleureux. Cet épisode au
soir de sa vie, et six décennies après l’épisode de la
junte au Brésil, aura sans doute été de trop pour un homme aussi libre. Raul avait eu six enfants,
le premier à 17 ans, et se retrouvait de ce fait arrière grand-père d’une belle
descendance, encore agrandie par sa nouvelle famille française, nombreuse aussi.
Malgré ce cocon familial-musical, malgré le retour du Brésil en France tant attendu
jusqu’à juin 2020 après le confinement français, malgré l’éphémère bonheur de pouvoir
rejouer enfin tout l’été à La Chataigneraie (St André de Najac) où Yolaine
faisait la programmation depuis 17 étés, celui de participer en septembre de nouveau à un
album, Mystical Way, à paraître en mars 2022 et qui sera donc son dernier avec le Claire Michael Quartet, tout cela n’aura pas suffi à compenser la brutalité qu’il ressent « de ce nouveau monde dont il disait qu’il n’était plus le sien…» ( propos rapportés par Yolaine). Déjà inquiet pour
le Brésil depuis 2019, Raul est parti le 13 juin dernier, entouré
par Yolaine et par ses proches rejoindre les esprits d’ Orfeu e Euridizia dans un paradis de sons, de rythmes et de couleurs du Rio pauvre mais libre de
sa jeunesse.
Jazz Hot partage la peine de Yolaine et de tous leurs proches,
familles, amis et musiciens. Une partie des cendres de Raul sera ramenée à
Curitiba où un hommage en musique lui sera rendu en janvier 2022 lors de la
prochaine Oficina de Música.

1. Souzabone:
invention brevetée (1975 à Los Angeles, facteur Dominic Calicchio), d'un
nouveau trombone électronique en do, à quatre pistons chromatiques (au lieu de
trois) et deux barillets (correcteurs de tonalités et changement de tessiture
pour les notes graves) muni d'un micro piézoélectrique et de pédales pour des
effets wahwah/delay/chorus/octave
Solo de souzabone:https://www.youtube.com/watch?v=QR9VTLBmeYY
2. Pixinguinha
(fl,s,comp, 1897 - 1973), article historique de Rafael José Menezes Bastos
Les Batutas, 1922. Une anthropologie de la nuit parisienne,
in VIBRANT, Vibrant Virtual Brazilian Anthropology, vol. 4, n°1, Juin
2007, pages 28-55, Associação Brasileira
de Antropologia, Brasília, Brasil, vibrant.aba@gmail.com
https://www.redalyc.org/pdf/4069/406941903002.pdf
https://www.redalyc.org/articulo.oa?id=406941903002
https://www.youtube.com/watch?v=as_FuBpq6Cg
3. Le quartier
populaire des tissus Bangu (1889-2005)
https://diariodorio.com/historia-da-fabrica-de-tecidos-de-bangu
4. L'histoire de
la musique brésilienne au fil de Jazz Hot:
Jazz Hot n°517, 1995, numéro Brasil, Hermeto Pascoal, Tiāo
Neto
-Un siècle en musique (Brésil)
-Jazz et musique brésilienne
-L’Invitation au voyage
-17 chroniques d’albums de musique brésilienne
Jazz Hot n°518, mars 1995, numéro des 60 ans de Jazz Hot:
-Un petit brin de Fantasy, interview de Ralph Kaffel, Bill
Belmont, Terry Hinte et Ed Michel
-Inside Fantasy, interview de Joël Leibovitz (Iris Music
Productions) alors représentant de Fantasy au Brésil
Jazz Hot n°181, novembre 1962, Qu’est-ce que la bossa nova?
Chronique d’album Dizzy on the French Riviera (Philips),
juillet 1962, Juan-les-Pins
Jazz Hot n°182, décembre 1962, La Bossa nova, Le jazz et
Sacha Distel
Chronique d’album Stan Getz-Charlie Byrd, Jazz Samba (Barclay
Verve)
Jazz Hot n°183, janvier 1963
Charlie Byrd, sans la bossa nova, j’aurais continué mon
petit bonhomme de chemin
Jazz Hot n°184, février 1963, chroniques d’albums
-Charlie Byrd and his Bossa Nova Music et Blues Sonata (Riverside)
-Zoot Sims New Beat Bossa Nova (Colpix)
Jazz Hot n°189, juillet-août 1963, chronique d’album
Stan Getz Bossa Nova (Verve)
Jazz Hot n°190, septembre 1963, chronique d’album
Curtis Fuller South America Cookin’ the Bossa Nova
(Columbia)
Jazz Hot n°193, décembre 1963, chronique d’album
Stan Getz et Luiz Bonfa Jazz Samba Encore (Verve)
Jazz Hot n°304, avril 1974, 1974, année Brésil ?
Jazz Hot n°309, octobre 1974, Brésil 75
Jazz Hot n°403, 1983, La musique yoruba
SOURCES
SITE
https://rauldesouza.net
https://rauldesouza.net/biographie-rauldesouza
RAUL DE SOUZA & JAZZ HOT
Jazz Hot n°621, juin 2005: interview et sélection discographique 1964-2005
Jazz Hot 2019, Jazz in Langourla, 2-4 août 2019, …La légende brésilienne, le tromboniste Raul de Souza…
Jazz Hot n°622, juillet-août 2005, CD Elixir (Blue Touch, 2004, Studio des Charmettes)
Jazz Hot, juillet 2010, CD Soul & Creation (PAO Records-Autriche)
Jazz Hot n°653, Automne 2010, CD Bossa Eterna (Biscoito Fino, mars 2008, Rio)
Jazz Hot n°677, automne 2016, CD Brazilian Samba Jazz (Encore Merci, décembre 2015, France)
Jazz Hot 2019, CD Blue Voyage (Selo Sesc São Paulo), 20-23 mars 2017, Chamonix
*
|
SELECTION DISCOGRAPHIQUE
par Hélène Sportis et Jérôme Partage
 2017. Raul de Souza, Blue Voyage, Selo Sesc
Leader/coleader LP 1965. Raul de Souza, Raulzinho a Vontade Mesmo, RCA Victor BBL-1307 (=CD 7432188368-2) LP 1968. Raulzinho/Impact 8, International Hot, Equipe 859 (=CD What Music 0039) LP 1974. Raul de Souza, Colors, Milestone 9061 (=CD Original Jazz Classics 1025-2) LP 1977. Raul de Souza, Sweet Lucy, Capitol ST 11648
LP 1978. Raul de Souza, Don't Ask My Neighbors, Capitol SW 11774 (=CD 538-7 93174 2) LP 1979. Raul de Souza, 'Til Tomorrow Comes, Capitol ST 11918 CD 1986. Raul de Souza, Viva Volta/No Palco!, RGE 342.6126 CD 1993. Raul de Souza, The Other Side of the Moon, RGE 342.6169
CD 1998. Raul de Souza, Rio, Mix House 0004 CD 2003. Raul de Souza, Splendid Night, Next Music 20031 CD 2004. Raul de Souza & Claire Michael Group, Elixir, Tratore 001-2 CD 2004. Raul de Souza, Jazzmim, Discmedi Blau 4297-02
CD 2007. Raul de Souza, Soul & Creation, PAO Records 10840
CD 2008. Raul de Souza, Bossa Eterna, Biscoito Fino 847 CD 2015. Raul de Souza, Brazilian Samba Jazz, Encore Merci 001483
CD 2017. Raul de Souza, Blue Voyage, Selo Sesc 0119/18 CD 2018. Raul de Souza, Jobim's Tribute Vol. 1, Blue Touch (sortie uniquement en numérique)
CD 2019. Raul de Souza, Curitiba 58, Gramofone 05 CD 2019. Raul de Souza Generations Band, Plenitude, PAO Records 07380
CD/DVD 2012. Raul de Souza, O Universo Musical De Raul De Souza, Selo Sesc SP 034/12 Sideman LP 1964. Flora Purim, Flora é M.P.M., RCA Victor 1304 (=CD BMG Brasil 74321228722) LP 1964. Sérgio Mendes & Bossa Rio, Você Ainda Não Ouviu Nada!, Philips 632.701L LP 1964. Edison Machado, E Samba Novo, CBS 37337 (=CD Sony Music 88697320242) 45t 1974. Flora Purim, Casa Forte, Milestone 301 LP 1974. Flora Purim, Stories to Tell, Milestone 9058 (=CD Original Jazz Classics 619-2) LP 1975. Cal Tjader, Amazonas, Fantasy 9502 (=CD Original Jazz Classics 840-2)
LP 1975. Airto Moreira, Identity, Arista 4068 (=CD BVCJ-2067)
LP 1975. Sonny Rollins, Nucleus, Milestone 9064 (=CD Original Jazz Classics 620-2)
LP 1975. Azar Lawrence, Summer Solstice, Prestige 10097 (=CD UCCO-9895) LP 1976. Milton Nascimento, Milton, A&M SP-4611 (=CD Verve 543 485-2) LP 1976. Caldera, Caldera, Capitol 11571 (=CD 072435787672) LP 1976. Flora Purim, Encounter, Milestone 9077 (=CD Original Jazz Classics 798-2)
LP 1976. Sergio Mendes, Homecooking, Elektra 7E-1055 (=CD RCA 74321949862) LP 1976. Airto Moreira, Promises of the Sun, Arista 4116 (=CD BVCJ-37360) LP 1977. Airto Moreira, I'm Fine. How Are You?, Warner Bros. 36.041 (=CD 8122 73619-2) LP 1977. George Duke, Reach for It, Epic JE 34883 (=CD 467966 2)
LP 1977. Hermeto Pascoal, Slaves Mass, Warner Bros. BS2980 (=CD 812273752-2) LP 1978. Flora Purim, Everyday Everynight, Warner Bros. BSK 3168 (=CD Milestone VDJ-28062) LP 1978. Original Soundtrack, Hitler, Capitol ST 11920 LP 1978. Michael White, The X Factor, Elektra 6E-138 (=CD Wounded Bird Records 613) LP/CD 1979. George Duke, Brazilian Love Affair, Epic 6483 LP 1979. Flora Purim, Carry On, Warner Bros. BSK 3344 (=CD 81227 3620-2) LP/CD 1980. Airto Moreira/Flora Purim, The Colors of Life, In+Out 001 LP 1982. Djavan, Luz, CBS 138.251 (=CD Columbia 850.012)
LP 1983. Alex Merck & Painted Birds with Special Guest Raoul de Souza, Minds and Bodies, Demon 3003 CD 1986. Airto Moreira, Aqui Se Puede, Montuno 1 CD 1989. Airto Moreira, Samba de Flora, Montuno 528
CD 1993-94. Antônio Carlos Jobim, Antônio Brasileiro, Sony 81514 CD 1994. Taiguara, Brasil Afri, Movieplay 246 CD 1995. Airto Moreira, Jump, Westwind 2217 CD 1995. Helio Celso, Sonho Carioca, BMG
CD 1997. João Donato-Eloir De Moraes, Café Com Pão, Lumiar 0897 CD 1998. Laeta, Blue Days, Autoproduit CD 1999. Bocato, Tribute to Pixinguinha, Mix House 0001 CD 1999. Confluent Big Band, Cristal Record CD 2000. Lisa Ono, Esperança, BMG 37060 CD 2000. Orchestre d'Harmonie of Tonneins, Sampana CD 2000. Tuna Ötenel, Voyageur, Jazzenvil CD 2000. Carlos Marquès, Joboatao, Futuroscope de Poitiers CD 2001. Trio 3-D, O Trio 3-D Convida, RCA Brazil 74321 88374-2 CD 2001. Spirit of Life Ensemble, Live au Duc, Cristal Records 45633-2 CD 2002-05. Ithamara Koorax, Brazilian Butterfly, Irma 830
CD 2003. Ziskakan, Live, Warner Bros CD 2003. Durval Ferreira, Batida diferente, Guanabara 1
CD 2003. After in Paris, Emotional, Night Bird Music 1014-2
CD 2020. Claire Michael Quartet, Mystical Way, Autoproduit
|
VIDEOGRAPHIE
 Un café à la maison avec Raul de Souza et Nelson Faria, 2017, image extraite de YouTube
1/ Samba Em Hi-Fi, Raul de Souza, Baden Powell (g), Maestro Cipo/Ze Bodega (ts), Maurilio Santos (tp), Sivuca (acc,voc), Altamiro Carrilho (fl), João Leal Brito/Paulinho (p), Luiz Marinho (b), Edson Machado (dm) 2/ Musicas De Altamiro Carrilho (fl,comp), Raul de Souza, Zequinha Marinho (p), Nestor (g), Maestro Cipo/Zé Bodega, Maurilio Santos, Sivuca, Luiz Marinho, Edson Machado, les deux chez Gravações Musidisc Ltda, Rio 1955, sortis en 1957 https://www.youtube.com/watch?v=OaZIsnQRmJ0 https://www.youtube.com/watch?v=BcXC5jCZhvE https://www.youtube.com/watch?v=va5RwI7wFmo https://www.youtube.com/watch?v=K0wCQN95FWc1963. Raul de Souza, album Sérgio Mendes (p,comp,lead) & Bossa Rio-Você Ainda Não Ouviu Nada!, Rio, Philips, Aurino Ferreira/Hector Costita (ts), Edson Maciel (tb), Sebastião Neto (b), Edson Machado (dm), Antônio Carlos Jobim (arr) https://www.youtube.com/watch?v=HFJrGc42Ykw1969. Documentaire Saravah de Pierre Barouh sur la musique au Brésil avec entre autres Baden Powell, Paulinho da Viola, Maria Bethânia, João da Bahiana, Pixinguinha et un timide Raul de Souza (minute 37) https://www.youtube.com/watch?v=ZXJEMg5vT40https://www.imdb.com/title/tt0210963/fullcredits?ref_=tt_ov_st_sm1977. Raul de Souza, Leon Ndugu Chancler (dm), Al McKay (g), Patrice Rushen (p), Victoria Miles/Sybil Thomas/Lynn Davis/Deborah Thomas (voc), George Duke (comp,prod), album-titre Sweet Lucy, Capitol, Hollywood, CA https://www.youtube.com/watch?v=rNRq2QKPfIE1977. Raul de Souza, Freddie Hubbard (tp), Airto (perc), «Bottom Heat», album Sweet Lucy, Capitol https://www.youtube.com/watch?v=lPdDlfZ0C2o1978. Raul de Souza/Frank Rosolino (tb), Zé Bicão ou José Alves (p), Mathias Matos (b), Zinho ou Chico Batera (dm), «Corcovado», «Stella by Starlight», Festival de jazz de Montreux-São Paulo, Brésil https://www.youtube.com/watch?v=gx1p2no8mgE https://www.youtube.com/watch?v=wb_SGLDNY-QDNC. début années 1980. Raul de Souza et Zimbo Trio, Amilton Godoy (p), Luís Chaves (b), Rubens Barsotti (dm), «All the Things You Are», show TV Café Concerto, RTC São Paulo https://www.youtube.com/watch?v=MsWmgRVO44s https://www.youtube.com/watch?v=fB0lH30TA4I1987. Raul de Souza, Budi Garcia (g), Carla Arnoni (p), Nenê Silva (b), Pepa D'Elia ou Beto Gonçalves (dm), «Sweet Lucy» (Raul de Souza comp), «Se eu quiser falar com Deus» (Gilberto Gil comp), Cave Jazz, Centro de Convivência Cultural de Campinas (São Paulo) https://www.youtube.com/watch?v=ufVorcujCRY https://www.youtube.com/watch?v=AHJjW8B5XWw1995. Raul de Souza, Guilherme Vergueiro (p), Wayne Shorter (s), Wallace Roney (tp), Mads Vinding (b), Robertinho Silva (dm, perc), Laudir de Oliveira (perc), Heineken Concerts de Rio, Hotel Nacional https://www.youtube.com/watch?v=Qpnmjpj5OaI https://www.youtube.com/watch?v=8ECul-eXcKI https://www.youtube.com/watch?v=MT3v8VAQqRY https://www.youtube.com/watch?v=uO0jcJlozOE https://www.youtube.com/watch?v=yL2CrgB7RzU https://www.youtube.com/watch?v=2-f6P_HX4RQ2000. «Souzabone», composition de Tuna Ötenel (p,s) pour son album Voyageur (Jazzenvil/Jazz for ever, 2000), avec Raul de Souza, Pierre Michelot (b), Philippe Combelle (dm) https://www.youtube.com/watch?v=GjHGiZMoGFc2004. Raul de Souza, Mario Conde (g), Jeff Sabbag (p), Glauco Sölter (b), Endrigo Bettega (dm), «Yolaine», «Viva o Rio» (comp. Hermeto Pascoal), «Nos conformes» (comp. Glauco Sölter), «Sete Maluco» (comp. Mario Conde), Chivas Jazz Festival, Directv Music Hall, TV Cultura de São Paulo, LPC Projetos Culturais Prod. https://www.youtube.com/watch?v=reAvf6TdDBk https://www.youtube.com/watch?v=ICNVM2wUpM8 https://www.youtube.com/watch?v=cPvR6D6SXgA https://www.youtube.com/watch?v=xUUfO5zq208 https://www.youtube.com/watch?v=pa9yz3UR9FA https://www.youtube.com/watch?v=CnDx_JzVO0Y2005. Documentaire Viva Volta d'Heloísa Passos, Production Tina Hardy/Maquina Filmes https://www.imdb.com/title/tt0930095/?ref_=nm_knf_i22012. Raul de Souza et Zimbo Trio/Amilton Godoy (p), Mario Andreotti (b), Percio Sapia (dm), «30 ans après», Virada Cultural de São Paulo, Brésil, True School/TS https://www.youtube.com/watch?v=tv_cIqULvPU2012. O Universo Musical de Raul de Souza, 1er DVD, avec 1 CD titré Voilà, avec Altamiro Carrilho (fl,comp), Hector Costita (s), João Donato (p), enregistré en direct au SESC Vila Mariana, São Paulo, Brésil https://www.youtube.com/watch?v=nEJOUip1cXQ2012. Raul de Souza (tb,souzabone), Glauco Sölter (b), Serginho Machado (dm), Mario Conde (g), Fábio Torres (p), Hector Costita (s), Teatro Anchieta do Sesc (centre culturel et sportif) de Consolação, São Paulo, Brésil, 22 octobre https://www.youtube.com/watch?v=JZ2JdAG9hAo https://www.youtube.com/watch?v=CV5J4sEl1rA https://www.youtube.com/watch?v=bfriXXQtEHk https://www.youtube.com/watch?v=g4L8L-xPeGA https://www.youtube.com/watch?v=Ripz8ou6rUM2014. Raul de Souza invite Ron Carter au Brésil, paroles et musique, avec Fábio Torres (p), Glauco Sölter (b), Sérgio Machado (dm), Mário Conde (g). Prod/réal. Juliana Cortes/Gramofone Cultural, Caixa Cultural, Fortaleza, Curitiba, février-mai https://www.youtube.com/watch?v=gSPxE9Wd4QM https://www.gazetadopovo.com.br/videos/um-papo-com-raul-de-souza-e-ron-carter2014. Les 80 ans de Raul de Souza (tb,s), Richard Bona (voc,b), Maurício Einhorn (hca), Fábio Torres (p), Mario Conde (g), Glauco Sölter (b), Edu Ribeiro (dm), Robertinho Silva (perc), avec la complicité de Yolaine de Souza, réal. AB Musical/Sesc (centre culturel et sportif) de Vila Mariana, prod. Ana Buono, São Paulo, Brésil, août https://www.youtube.com/watch?v=dt0hYwJrROg https://www.youtube.com/watch?v=eskHQCt_JHw https://www.youtube.com/watch?v=cxVmDVS2xt8 https://www.youtube.com/watch?v=f2_s9XeldNo https://www.youtube.com/watch?v=z7RPJRFk5ok https://www.youtube.com/watch?v=uTJD5acIdE8 https://www.youtube.com/watch?v=id6xW7cX44A https://www.youtube.com/watch?v=Q4F9sWJjg18 https://www.youtube.com/watch?v=9D7D56b57fM https://www.youtube.com/watch?v=1EaH8anRjt8 https://www.youtube.com/watch?v=fRXBgSVTTU42016. Raul de Souza présente l’album Brazilian Samba Jazz (label Encore Merci) avec Mario Conde (g), Gabriel Grossi (hca), Julien Lallier/Leo Montana (p), Glauco Sölter (b), Mauro Martins/Zaza Desiderio (dm), New Morning, 60 ans de carrière, 4 février https://www.youtube.com/watch?v=36fg6S5FJ542016. Raul de Souza, Sandro Haick (g), Glauco Sölter (b): paroles et musique Raul parle du délicieux sud-ouest médiéval de la France où il vit une partie de l'année et du bon vin de sa belle-mère... Yolaine est présente dans la salle, émission de TV, Fundação Padre Anchieta (TV Cultura) https://www.youtube.com/watch?v=ueT1FDZ2rcc https://www.youtube.com/watch?v=nsDVA56r1hc https://www.youtube.com/watch?v=8F1ureuQHTw2017. Raul de Souza (tb), Fábio Torres (p), Studio AB Musical, São Paulo, Brésil, juin https://www.youtube.com/watch?v=wr5XCPQ2qPs2017. Un café à la maison avec Raul de Souza et Nelson Faria (g), paroles et musique, août https://www.youtube.com/watch?v=shgKGEaUgIc https://www.dailymotion.com/video/x6npejl2017. Raul de Souza (tb), Fábio Torres (p), Mario Condé (g), Glauco Sölter (b), Sérgio Machado (dm), Teatro Anchieta do Sesc (centre culturel et sportif) de Consolação, São Paulo, Brésil, 7 août https://www.youtube.com/watch?v=bvQlDp6mby8 https://www.youtube.com/watch?v=vpjfwI6_UM02018. Documentaire A Cor Azul de Clovis Gicquel, des paroles, des couleurs, la musique de Raul de Souza, avec Leo Montana/Fábio Torres (p), Glauco Sölter (b), Zaza Desiderio/Sérgio Machado (dm) https://vimeo.com/2764432612019. Raul de Souza, Sandro Haick (dm,g), Glauco Sölter (b),... la masterclass en ligne «O Segredo da Música» https://www.masterclassosm.com.br/raul https://www.youtube.com/watch?v=NoNA0j2SI9E https://www.youtube.com/watch?v=bxUkz8BwBYo https://www.youtube.com/watch?v=nn-d4kZJn_82019. Raul de Souza (tb), Leonardo Montana (p), Glauco Sölter (b), Mauro Martins/Zaza Desiderio (dm), Jazz in Langourla (Bretagne), 3 août https://www.youtube.com/watch?v=-fQEUU9EERU https://www.youtube.com/watch?v=NthqHMdxCEY2019. Le making off, paroles et musique, de l’album de Raul de Souza, Plenitude (PAO Records), avec Christophe Schweizer (tb,prod), Alex Corrêa (p,prod), Glauco Sölter (b), Matheus Jardim (dm), enregistré aux Clouds Hill Studios de Hambourg, du 14 au 17 octobre https://www.youtube.com/watch?v=GaqGyUspj2c2021. Hommage à Raul de Souza filmé par le Lille Choro Festival auprès de ses amis musiciens, festival dont il était le parrain depuis sa création en 2018 https://www.youtube.com/watch?v=Izm-tCzccdU2021. Hommage à Raul de Souza, par le groupe Na Tocaia, Glauco Sölter (b), Endrigo Bettega (dm), Jeff Sabbag (p), Mario Conde (g) et 5 trombonistes, Christophe Schweizer, Conrad Herwig, Sergio Coelho, Renigio Pereira, Ivan Simanovsky, «Voilà», Institut d'art et de culture de Curitiba, Gramofone, 23 août, date de son anniversaire https://www.youtube.com/watch?v=pAM2ad97AHE * |
Raul DE SOUZA
Raulzinho do trombone

Raul de Souza, Jazz in Langourla, 2019 © Yves Sportis
Raul de Souza, comme on l’a vu dans le texte biographique que nous lui consacrons, est un globe trotter, il a partagé sa musique dans le monde entier. Mais sans jamais perdre ses repères et son objectif artistique, tout en rencontrant les musiciens du jazz les plus réputés (Sonny Rollins, Ron Carter…), un jazz vers lequel il tendait avec son splendide son de bass trombone, sa virtuosité et sa souplesse sur ce gros instrument, parfois le saxophone ténor, il conservait autour de lui un groupe de musiciens brésiliens, une grande famille, comme lui en voyage selon les réalités du moments, ou encore au Brésil où il retournait régulièrement. Certains témoignent ici. Raul tissait partout des fils d’amitié artistique féconde, aux Etats-Unis et jusqu’en France où il était partie intégrante d’un phalanstère musical, avec Yolaine Pereira de Souza, son épouse, Claire Michaël (s, fl, voc) et Jean-Michel Vallet (p, clav), une famille dévouée à l’art musical dans de nombreuses dimensions esthétiques, possédant un studio, avec toujours ce point de rencontre, le jazz, John Coltrane et un certain esprit de la musique, très spirituel; un jazz auquel il a apporté sa sensibilité naturelle et la suavité de sa langue et de sa culture brésilienne d’origine. Car Raul de Souza connaissait très largement les musiques de son pays, les avait pratiquées, ce qui lui a donné cette capacité d’adaptation et cette rapidité de compréhension de tous les langages musicaux dont parle longuement ici son ami Egberto Gismonti, et qui étonnaient ses amis les plus savants, pas aussi libres parfois que lui sur le plan artistique.
Grâce à eux et à Jean-Michel Vallet qui a réuni ces témoignages, grâce à Yolaine et Claire Michael aussi, nous pouvons nous faire une idée plus exacte de ce «carrefour d’énergie et de création» qu’était devenu pour beaucoup d’artistes Raul de Souza, «Raulzinho do trombone» comme il avait été baptisé, au cœur d’une intense activité artistique, avec son sourire éclatant, sa gentillesse, son ouverture d’esprit mais aussi son exigence et son imagination.
Propos traduits du brésilien avec la complicité de Lia Antonelli Cerqueira
Photos Yves Sportis, Jazz in Langourla, 2019
Remerciements à tous
Ron CARTER (b, comp)
Our last meeting was at a Brazilian jazz festival in Rio. He was an amazing trombone player influenced by JJ Johnson. He was a sensitive musician, and I am proud to be associated with him musically and personally.
Notre dernière rencontre a eu lieu lors d'un festival de jazz brésilien à Rio. C'était un tromboniste incroyable, influencé par JJ Johnson. C'était un musicien sensible, et je suis fier d'être associé à lui musicalement et personnellement.
Patrick CHARTOL (peintre, arr, comp, b)
J’ai eu le plaisir et le privilège de jouer avec Raul de Souza pendant plus de 7 ans. Les meilleurs souvenirs que j’ai avec lui sont notre tournée au Brésil et les concerts que nous faisions régulièrement à Paris au Duc des Lombards et au Sunset. Raul était un immense musicien, généreux, passionné avec une personnalité très forte sans compromis. C’était un géant, une légende du trombone! Il a côtoyé les plus grands musiciens tels que Georges Duke, Wayne Shorter, Hermeto Pascoal, Toninho Horta, Ron Carter, Sonny Rollins, Jaco Pastorius, Dizzy Gillepsie, Charlie Mingus et tant d’autres! J’ai réalisé un jour qu’il était le tromboniste de l’album culte «A Brazilian Love Affair» de Georges Duke. Il fait partie de ces très rares musiciens que l’on reconnaît dès la première note. Le plus important pour lui était de «jouer avec son cœur» et il y parvenait continuellement. A 86 ans, il continuait de nous étonner; lors de l’un de ses derniers concerts au festival Jazz in Langourla, il nous avait surpris en jouant du saxophone ténor comme un dieu! Il aimait la vie, il aimait rire, la bonne cuisine, être simplement avec ses amis, écouter de la musique sans cesse. C’était une force de la nature, quelqu’un de très chaleureux avec souvent un sourire dans les yeux. Raul faisait partie de cette dernière génération de monstres sacrés du Jazz. Il a su rester éternellement jeune et la musique qu’il nous a léguée restera intemporelle. Son énorme rire franc et rocailleux doit continuer de résonner dans le Paradis des Jazzmen!
Raul de Souza au saxophone ténor, Jazz in Langourla 2019 © Yves Sportis
Arismar DO ESPIRÍTO SANTO (b, g, p, dm, comp, arr) Falar do Raul é uma honra pra mim. Ele é a música pura, uma estrela linda, um cometa que passou pela Terra pra deixar muitas melodias, muita alegria e, com sua linguagem própria, nos ensinar a viver. Nos conhecemos em São Paulo nos anos 1970 e desde então sempre tocávamos juntos em ocasiões muito especiais. Ele emanava positividade seja tocando, falando, cozinhando ou mesmo se vestindo. Que felicidade para o Brasil ter gerado um filho que se tornou este magnífico músico e ser humano. Salve Raul!
Parler de Raul est un honneur pour moi. C’est de la musique pure, une belle étoile, une comète qui a traversé la Terre pour laisser de nombreuses mélodies, beaucoup de joie et, avec sa propre langue, nous apprendre à vivre. Nous nous sommes rencontrés à São Paulo dans les années 1970 et depuis lors, nous avons toujours joué ensemble lors d’occasions très spéciales. Il dégageait de la positivité en jouant, en parlant, en cuisinant ou même en s’habillant. Quel bonheur pour le Brésil d’avoir engendré un fils qui est devenu ce magnifique musicien et être humain. Respect Raoul!
Egberto GISMONTI (g, p, comp)
Áudio 1
Para responder a terceira pergunta sobre histórias e significativas e tal, eu preciso lembrar que na pergunta anterior eu respondi sempre com histórias e na primeira também, tanto que eu venho de uma cidade do interior e a gente aprende que contar casos é a melhor coisa que existe. Neste caso do Raul, eu vou contar histórias que eu não estava presente, mas que o legado dele já estava plantado e florindo há muito tempo. A música , aquela uma que eu defini lá no início dizendo que o primeiro disco eu fui fazer, felizmente tinha um grupo de maluco dentro do estúdio cada um tocando melhor que outro e o Raulzinho lá estava, aquilo me deu uma proximidade muito grande dos músicos, que pouco a pouco eu fui conhecendo músico a cá, não sei onde , daqui pra lá, de lá pra cá, num sei o que…
Áudio 2 Bom… acabei de ser interrompido por uma chamada, de um outro telefone e tive que interromper.. Continuando, eu dizia que aquela primeira gravação que eu fiz na vida, que tive apoio de todos os músicos, aquela história do Wilson das Neves e amizade dos músicos e quanto eles melhoraram a minha música. Foi o início da minha vida. Felizmente tive muito apoio de muitos outros músicos, todos da geração do Raul, já falei do Radamés Gnatalli, Robertinho Silva etc etc ...O que quero dizer é que as histórias que eu não participei, mas que são muito representativas são as histórias que rodando o mundo, fazendo turnês no Brasil inclusive, América do Sul e Europa e USA, sempre aparecem músicos novos que a gente vai conversar e a grande maioria deles quando cita instrumentistas brasileiros, não deixam de incluir três ou quatro nomes, que são definitivamente as estacas né ?...que o Brasil tem para que a música tenha,...que a nossa música tenha entrado dentro de um departamento que era só um departamento de bandas que faziam bailes dentro dos cassinos na década de 50/60 e que depois se transformaram e passaram a tocar músicas brasileiras , desde as mais movimentadas, né ...sejam as gafieras, sejam os frevos de rua etc ou depois as músicas com improvisações, com fraseologia brasileira e não norte-americana e o nome do Raul sempre apareceu em cada lugar que eu tive na vida que cada grupo de músicos que eu ia conversar, fazer palestras e tal. É impressionante como Raulzinho e dessa forma dele muito pessoal, muito singular de falar, de raciocinar e de tocar, marcou os quatro cantos do mundo e isso eu não tenho a menor dúvida porque presenciei e continuo presenciando, países nórdicos né...como Suécia, Noruega, Dinamarca, são países que as pessoas se concentram muito no que vão fazer, são muito organizados né,...e é curiosíssimo... se entra numa escola de música, vai dar uma palestra e lá pelas tantas tem pessoas que pedem naquele momento que você conversa, o chamado palestrante, conversa com a sala, sempre aparecem perguntas sobre metais, instrumentos de sopro né, chamado metais, e pronto e aí invariavelmente aparecem nomes , e os nomes realmente são muito significativos dos mais recentes, da geração do Raul, aparece o Raul , de uma geração que veio depois aparece o Radegundis, e é muito bonito, como brasileiro eu roda o mundo e ouvir nomes brasileiros que sempre marcaram o instrumento que toca, a expressão que toca e a singularidade que toca....Enfim, ‘tô’ me alongando muito nessas histórias mas você resuma o que parecer mais significativa, se for uma declaração que vai ser escrita, se for para uma coisa pra ficar no áudio, você deixa exatamente como está porque o meu elogio, por mais horas que eu fale sobre o Raul, nunca seria suficiente. Que ele apesar de termos tido uma relação pouco presencial, porque ambos nascemos para viajar, para rodar o mundo, para espalhar música para todos os cantos, mas a amizade que a gente tem é bastante sólida e acho que merece da minha parte, que ele continue estar presente em todas as falas que eu fale sobre a música brasileira. Um grande amigo e um músico excepcional.
Áudio 3 Se considerarmos a diferença de 10 a 15 anos entre pessoas, a gente pode considerar que estamos falando de gerações diferentes, né.. O Raul eu não tenho certeza da idade dele, mas ele devia ser mais velho que eu, 10 ou 15 anos. O conheci porque no primeiro disco que fiz, no Brasil...foi em 69 ... 68 pra 69, quando eu cheguei da cidade Nova Friburgo, eu ‘tava’ com 20 anos, e fiz um disco que tinha, ...tinha muitos arranjos pra grupos de sopros, sobretudo sopros, em duas ou três faixas, quatro faixas, e um dos músicos que lá estava, era o Raulzinho, que eu já sabia quem era o Raulzinho do trombone, apesar de eu morar no interior do estado, eu sabia quem era, porque o que ele fez, sempre foi uma coisa muito significativa. Bom....e ali o conheci, junto com outros músicos, craques também, Juarez, etc....Enfim, mas o Raulzinho tinha aquela maneira, né...de tocar porque por mais que a gente tivesse tido trombonistas muito bons no Brasil, né...a gente não tinha hábito de ouvir um trombonista que tocasse com tanta malemolência né...e que trafegasse dentro de harmonias dentro de uma maneira sempre muito singular . Bom, e essa gravação tem um fato que é muito engraçado, que o Raul faz parte indiretamente, mas que é bom pra lembrar que da primeira vez que nos conhecemos , na primeira semana, lá pelas tantas, eu muito novo no meio só de gente pra lá de bem preparada, inclusive não só a nível de conhecimento, mas de prática de música né...uma coisa é você estudar música, e outra coisa é você estudar o que fazer com que você sabe da música ,...e uma outra coisa de certa forma define Raulzinho, é você descobrir como você sabe tanto sem ter passado longos anos dentro de escolas acadêmicas estudando né .....É uma coisa maravilhosa...tem essas pessoas que ...fazer uma comparação curiosa aqui...pra música acadêmica clássica né...tem o compositor Hydn, que escreveu um grande livro sobre como se deve orquestrar, o equilíbrio das orquestras, só se consegue da forma tá tá tá , é um livro maravilhoso, o que não é citado no livro é que ele se baseou em compositores, que evidentemente vieram antes dele, Vivaldi, Mozart, etc...Que não se baseavam em regras nenhuma e criaram as regras. Então tem pessoas que criam as regras e tem outras pessoas que descobrem que existe regras e vivem com elas. E o Raulzinho era daquele tipo que inventava, criava e reinventava regras a cada dez minutos e isso tornava ele um absoluto libertário de qualquer formalidade, não é......e a historinha que eu ia contar é a seguinte...é que eu com falta de prática comecei a conversar com eles, pra...e eles sentados assim, meio....não dando assim...muito atenção porque era um jovem que ‘tava’ ali, muito jovenzinho...e eu não sabia me expressar direito, tinha chegado do interior e a música não ‘tava’ andando muito bem, ...não ‘tava’ andando muito bem...e de repente levantou o baterista Wilson das Neves, que tornou-se outro grande amigo da vida inteira , levantou-se e disse pra mim: - Ohh menino, porque você não vai pra cabine de som e fica lá um bocado , conversa com quem tiver lá , e quem estava lá era João Melo, Carlinhos Monteiro de Souza e tal...que eram os produtores e fica lá e tal...Aí eu fui pra tal cabine sem saber bem o que eu ia fazer lá e só que os microfones estavam ligados no estúdio e na cabine ouvia-se. E o Wilson das Neves que é aquele anjo da guarda de gente como o diabo, uma maravilha, uma coisa maravilhosa,... o Wilson vai pra frente do grupo de ...nem me lembro direito, talvez dez instrumentistas de sopro, nove e tal e fala de uma maneira muito engraçada,... ele diz assim: - Ohh, seus merda..(rsrs exatamente isso) – porque ‘ocês’ não tão querendo ajudar o menino, a música dele é boa, rapa....o menino num sabe ainda se expressar, mas a música é boa; aí ele diz assim: - Por exemplo, aquela música ali, que ele tá tocando, aquela segunda ali...é só ‘ocês’ pensarem que ele tá querendo tudo que está escrito alí, se ‘ocê’ olhar com boa vontade é um frevo de rua , "tarara tati dig digum tatata tata ts tata"... e ‘ocês’ tão aí lambendo os beiços aí, ‘seis’ podiam cooperar , tenha a paciência... e falou meia dúzia de coisa, todos riram muito, que eram amigos ali né e aí ele, o Wilson, vira-se pra cabine faz um sinal e e depois fala: - Oh Oh "Gisberto”, ele nem sabia meu nome direito, pode vir. Aí, quando eu entrei ele disse assim: - Já tivemos uma conversa aqui, eu com meus colegas. Sentaram e quando começamos a tocar eu não acreditava que a música tivesse tão boa , e evidente que o máximo que eu consegui demonstrar de alegria por aquilo ali , foi ter escrito de forma manuscrita , na contra capa do disco, já ‘tava’ quase que pronto e coube escrever um bocadinho, onde eu agradeci ao Wilson das Neves e a todos os músicos que tornaram a minha música possível. Então isso foi a primeira experiência que eu tive, que me deu um porto seguro para me tornar músico profissional no Rio de Janeiro, eu que vinha do interior do Estado. E o Raulzinho, estava presente e foi participante importante desse fato. Áudio 4
Tá aí uma pergunta extremamente difícil , eu não sei localizar o momento importante, ou significativo, emblemático na trajetória do Raulzinho. Eu acho que o Raulzinho, do momento que vira Raulzinho, e eu conheço a história do nome dele. Ele já começou a ser uma pessoa singular, e aqui singular é uma coisa qualificativa, adjetivo qualificativo ...singular não é que seja teimoso de graça não , é que ele pode até concordar com você, que você faça diferente dele, mas ele não deixa de dizer que o dele não é igual ao seu, é diferente. E falando ou não, a grande característica do Raulzinho, é aquela de que ele sempre soube de todas as músicas que ele iria tocar na vida. E não tinha ouvido ainda, ele nunca teve, nenhum...eu não conheço nenhuma história de Raulzinho de não ter tocado, por não ter entendido, aliás o que eu tenho dele, que singulariza de forma absoluta é o fato de por exemplo , vou contar duas passagens , uma delas acontece na gravação de um disco de um amigo comum Robertinho Silva , meu querido amigo, que por sua vez é um segundo anjo , que eu conheço , o primeiro é o Wilson das Neves , lá que eu tinha falado, anjo da guarda, o segundo é Robertinho. E aí, vamos gravar, o Robertinho, grande amigo que sempre foi, me ajudou demais pra fazer meus discos..ihh, aquele ali tem história pra dá, contar, vender e emprestar . Ele diz assim, mas o "Monsieur”, assim que ele me chamava, o Robertinho: - Vamos bota uma música sua lá no disco, que eu quero gravar aquela música lá, a música que chama em família e tal, pô eu queria gravar ( num sei o quê) ...Eu digo, ué tudo bem... bora! Então você faz um arranjo aí mais ou menos (num sei o que), digo , faço...você já conhece a música , o Luis já conhece a música e a gente toca lá e depois vê o que falta e bota em cima ,... ahh genial. Aí fomos pro estúdio e gravamos a música, e quando acabou eu já ri muito com Robertinho , e ele disse assim: Poxa essa sua música em sete é complicadíssimo, mas isso não é sete não, isso é um samba bêbado e aí rimos muito...é uma música que tem características que parece um compasso composto, mas não é. Mas aí, tudo bem porque Robertinho, aquele ali então, dormindo ele tocava bem , acordando ele tocava melhor e quando ele ‘tava’ muito acordado ele chorava que era uma beleza, nunca vi uma pessoa chorar tanto, por ser muito feliz ou muito triste, ou com um maior número de amigos do mundo ou com o menor número de amigos , uma beleza...É alguém que a gente tem que carregar no peito o tempo todo, não é....e contar e torcer pra encontrá-lo sempre em qualquer canto do mundo . Eu tenho dado muita sorte , encontro o Robertinho, volta e meia, andando pra lá, pra cá ...é uma beleza. Mas enfim, pra essa mesma música concluímos que a gente tinha que chamar o Raulzinho, pra ele tocar um trecho da melodia e depois improvisar pra lá , pra cá ...pra não sei pra onde e tal ...Nisso chega o Raulzinho, no estúdio. Eu não me lembro que estúdio foi, mas foi na Barra. Nós ‘tamos’ lá gravando...num sei quê. Aí o Raulzinho chega: - Oh meu camarada, como é que é. Aquele jeitão dele e tal. Aí conversou, conversou muito com o Robertinho, com todo mundo...de repente disse: - Como é aí a pedreira que eu vou tocar , deixa eu dar uma ouvida. E eu, ali tranquilo, eu não tinha tanta intimidade com ele, e disse assim: - Aqui, eu vou te dar a partitura, você dá uma olhada aí e depois a gente ouve e tal. Aí, sem que eu soubesse o Robertinho, pega uma partitura qualquer e dá na mão dele. Aí, ele diz assim:- Não, mas eu vou olhar a partitura ouvindo, eu vou lá pra dentro do estúdio levo a partitura lá e aí vocês tocam a música aí, eu vou ouvindo e vou tocando lá e vou me acostumando . E foi, e evidente que um minuto depois já tinha se acostumado, já ‘tava’ num sei o quê e voltou e disse assim : - Meu camarada essa partitura é difícil demais....difícil demais. Aí o Robertinho diz assim: - Oh Raulzinho, essa partitura que você levou pra lá, não é a da música não é outra. Ele disse: – Não tem problema não, cada uma eu transformo no que eu quiser e bá bá bá . É outro fato maravilhoso e tudo isso rindo muito, né porque a coisa bacana do,... e aí eu ‘tô’ falando... e já citei três aqui que tem o mesmo tipo de pedestal né...pra ficar sentado. O Wilson das Neves, Raulzinho e Robertinho...esses três são três pessoas da música, que se a música brasileira teve muita fraseologia , muita coisa bonita na sonoridade, na improvisação , nos arranjos, essa música que a gente tá aplaudindo né, porque a gente sabe que se trata de uma música muito sofisticada e muito boa não é, a gente sabe que passou pelas mãos do Robertinho, do Wilson das Neves e do trombone do Raul. Então, a singularidade dele é ser um músico que ele...faça sol ou chuva ele sempre toca e se ele não conhecer a música , ele toca também, porque essa velocidade de compreensão de que grava rapidamente as melodias....- Nãooo, isso tudo é muito importante, mas não é definitivo. Ele entende a música, ELE ENTENDE. Ele nunca, ao meu ver , ele nunca tocou fora do conceito que a música pudesse estar propondo, não é... Ele sempre criou coisas singulares , mas não sai do conceito da coisa, né... É muito bonito, tivemos essa experiência aí, tivemos uma outra experiência, que também revela a pessoa boa que ele é e sem nenhuma arrogância de nada,...que nós nos encontramos em Los Angeles, quando eu morava lá, porque que fui convidado pelo Airto Moreira pra fazer os arranjos, músicas e arranjos do disco dele...Airto, chamado identidade – "Identity”, era inglês o negócio. E claro que o Raulzinho ‘tava’ lá , e aí um belo dia , depois de uns três, quatro dias e Robertinho e Luis e tal a gente se encontrando, num sei o quê. O Raulzinho vai lá em casa e diz : - Oh, vim aqui, porque eu quero ter umas aulas de música aqui. Eu disse pra ele: - Mas que aula de música, de quê? Ohh, Raulzinho… Se tá maluco, se toca pra danar...Ele diz: Não, não, não... eu ‘tô’ querendo dar nomes aos bois, né...Eu preciso saber o que eu toco, de que veio... Enfim, sempre muito inteligente, muito esperto e bem humorado...Evidente que ele foi lá e a gente tocou, tocou, tocou, tocou, eu me diverti pra burro, ele também e chegou no final, ele disse assim: Que beleza, isso que é aula mesmo, gostei uma beleza...e aí a relação continuou com essa história dele... da aula. Até Robertinho disse assim: - É mesmo tá dando aula de trombone, agora?...Eu digo: - ‘Tô’! Pro Raulzinho, eu dou aula de trombone, eu dou aula de oboé, de pandeiro, qualquer coisa que ele queira, eu dou porque eu não preciso fazer nada e ele fica o tempo todo dizendo: - Que aula maravilhosa! ....Um gozador danado, mas uma pessoa do bem né, totalmente do bem, uma maravilha. Pena, pena que já tenha partido!
Raul de Souza et le regard de Mauro Martins, Jazz in Langourla 2019 © Yves Sportis
Le texte qui suit n’est pas une traduction littérale de cette transcription audio, mais une adaptation. Comme le suggère Egberto Gismonti, nous avons conservé la transcription de l’oral telle quelle, en langue originale pour ceux qui lisent et parlent le brésilien, et fait, pour l’écrit et la lisibilité en français, une adaptation, en essayant de respecter au mieux l’esprit, le contenu et le sens des propos d’Egberto Gismonti, un grand ami de Raul de Souza.
J’ai toujours répondu par des histoires, je viens d’une ville de l’intérieur, et nous apprenons que raconter des anecdotes est la meilleure chose qui existe. Dans le cas de Raul, je vais raconter des histoires qui appartiennent à son héritage déjà planté et fleuri depuis longtemps avant moi. Pour mon premier disque, il y avait par miracle un groupe de fous dans le studio; ils jouaient mieux les uns que les autres, et Raulzinho était là; ça m’a donné une très grande proximité avec les musiciens, dont j’ai fait la connaissance petit à petit, rencontrés ça et là, je ne sais plus où… C’était le début de ma vie. Heureusement, j’ai eu beaucoup de soutien de beaucoup de musiciens, tous de la génération de Raul; j’ai déjà parlé de Radamés Gnatalli, Robertinho Silva, etc. Ce que je veux dire, c’est que les histoires voyagent à travers le monde, en tournée au Brésil, notamment en Amérique du Sud, en Europe et aux Etats-Unis. Il y a toujours de nouveaux musiciens avec lesquels nous parlons, et la grande majorité d’entre eux, en mentionnant les instrumentistes brésiliens, ne manquent pas d’inclure trois ou quatre noms, qui sont bien au centre... Notre musique est entrée dans une autre dimension, jusqu’alors elle était celle de groupes des années 1950-60 qui jouaient dans les casinos pour animer des soirées dansantes, ensuite elle s’est transformée. Les musiciens ont changé et ont commencé à jouer de la musique brésilienne que ce soit les gafieras, les street frevos, etc., ou plus tard les chansons avec des improvisations, avec une phraséologie brésilienne et non américaine. Le nom de Raul est toujours apparu dans chaque endroit que j’ai fréquenté dans ma vie, dans chaque groupe de musiciens avec qui j’allais parler, donner des conférences et autres. C’est impressionnant de voir comment Raulzinho, et avec sa façon à lui, très personnelle, très unique dans la parole, le raisonnement et le jeu, a marqué les quatre coins du monde; et je n’en doute pas parce que je l’ai vu et continue de le faire, dans les pays nordiques, comme la Suède, la Norvège, le Danemark. Ce sont des pays où les gens se concentrent beaucoup sur ce qu’ils vont faire, ils sont très organisés, et c’est très curieux… Si vous allez dans une école de musique pour donner une conférence, il y a toujours des questions sur les cuivres, les instruments à vent, et des noms apparaissent invariablement, de la génération de Raul. Raul apparaît; d’une génération qui est venue plus tard, Radegundis apparaît, et c’est très beau. En tant que Brésilien, je voyage à travers le monde, et entendre des noms brésiliens qui ont toujours marqué l’instrument, l’expression qu’ils jouent... Quoi qu’il en soit, je m’étends beaucoup sur ces histoires, mais vous résumez ce qui semble le plus significatif… Pour un hommage, peu importe pendant combien d’heures je parle de Raul, ça ne sera jamais assez. Lui spécialement, en dehors du fait que nous nous soyons vus peu souvent, parce que nous sommes tous les deux nés pour voyager, pour parcourir le monde, pour diffuser de la musique dans tous les coins. Mais l’amitié que nous avons est assez solide, et je pense qu’elle mérite de moi qu’il continue d’être présent dans toutes les lignes que je consacre à la musique brésilienne. Un grand ami et un musicien exceptionnel!
Je ne suis pas sûr de l’âge de Raul, mais il devait être plus âgé que moi, 10 ou 15 ans. Je l’ai rencontré pour mon premier album au Brésil... C’était en 1968-69, quand je suis arrivé de la ville de Nova Friburgo, j’avais 20 ans; il y avait beaucoup d’arrangements pour groupes à vent, en particulier les bois, en deux, trois ou quatre pistes, et l’un des musiciens était Raulzinho. Je savais déjà qui était Raulzinho do trombone, même si je vivais à l’intérieur de l’Etat; je savais qui il était, car tout ce qu’il faisait avait du sens. Et là, je l’ai rencontré, avec d’autres musiciens, des grands instrumentistes aussi, Juarez, etc. Raulzinho avait cette façon spéciale de jouer car même si on avait plein de bons trombonistes au Brésil, nous n’avions pas l’habitude d’écouter un tromboniste qui jouait avec autant de souplesse, qui jouait avec les harmonies d’une manière tout à fait unique. Dans cet enregistrement, Raul est indirectement impliqué. Quand nous nous sommes rencontrés, la première semaine, peut-être, j’étais très jeune au milieu de gens bien préparés, non seulement en termes de connaissances, mais dans la pratique musicale… C’est une chose d’étudier la musique, et une autre d’étudier ce que vous savez sur la musique… Et une autre réalité qui définit d’une certaine manière Raulzinho, c’est de découvrir comment on sait tant de choses sans avoir passé de longues années dans des écoles universitaires à étudier. C’est une découverte merveilleuse… Des gens font une curieuse comparaison ici avec la musique académique classique. Donc il y a des gens qui font les règles, et il y en a d’autres qui découvrent qu’il y a des règles et vivent avec. Raulzinho était du genre à inventer, créer et réinventer des règles toutes les dix minutes, et cela faisait de lui un libérateur absolu de toute formalité… Et voici la petite histoire que j’allais raconter: avec un manque de métier, j’ai commencé à leur parler... Ils se sont assis comme ça, sans trop faire attention parce que c’était un jeune homme qui «était là», très jeune. Je ne savais comment m’exprimer correctement, je venais de la campagne, et la musique «n’allait» pas très bien, et soudain Wilson das Neves (dm, perc, voc), qui est devenu un autre grand ami pour la vie, s’est levé et m’a dit: «Oh, mon garçon, pourquoi n’irais-tu pas dans la cabine du son et n’y resterais-tu pas un moment, parle à ceux qui y sont.» –les producteurs João Melo, Carlinhos Monteiro de Souza, etc. Je suis alors allé dans cette cabine sans vraiment savoir ce que j’allais y faire. Seulement, les micros étaient allumés dans la salle et on les entendait dans la cabine. Et Wilson das Neves, un ange gardien, une merveille, Wilson s’adresse au groupe qui comprenait, je ne me souviens même plus, peut-être dix instruments à vent, et il leur parle d’une manière très drôle: «Oh, vous déconnez... (littéralement) de ne pas aider ce garçon; sa musique est bonne, les gars… Le garçon ne sait pas encore s’exprimer, mais la musique est bonne; par exemple, cette chanson-là et cette autre, et vous êtes là à vous lécher les lèvres (faire la fine bouche); vous pouvez coopérer, être patients…». Tout le monde a beaucoup ri, et puis lui, Wilson, s’est tourné vers la cabine, il a fait un signe, puis appelé: «Oh, Oh Gisberto!», il ne connaissait même pas mon nom correctement, «On y va!». Puis, quand je suis entré, il a dit: «Nous avons déjà eu une conversation ici avec mes collègues.» Ils se sont assis, et quand nous avons commencé à jouer, je n’aurais jamais pensé que ma musique puisse être aussi bonne. Au dos du disque, j’ai remercié Wilson das Neves et tous les musiciens qui ont rendu ma musique possible. C’était la première expérience que j’ai eue, qui m’a aidé à devenir musicien professionnel à Rio de Janeiro, car je venais de l’intérieur de l’Etat. Raulzinho était présent et a joué un rôle important.
Je ne sais pas exactement repérer le moment significatif, emblématique dans la trajectoire de Raulzinho. Je crois que j’ai connu Raulzinho, quand il est devenu «Raulzinho». Il a tout de suite commencé comme une personne singulière, et ici singulier, c’est un qualificatif, c’est pas qu’il soit gratuitement têtu non, il peut même aller jusqu’à être d’accord avec toi, que tu fasses différemment de lui, mais ça ne l’empêchera pas de dire que ce qui vient de lui n’est pas l’égal de ce qui vient de toi, c’est différent. Et sans même qu’il ait besoin de parler, la grande caractéristique de Raulzinho, c’est qu’il a toujours su toutes les musiques qu’il allait jouer dans sa vie. Il n’avait pas encore entendu le morceau, mais je ne connais aucune histoire racontant que Raoul aurait renoncé à jouer car il n’avait pas compris. Ce que je garde de lui, ce sont deux choses: la première s’est passée pendant l’enregistrement du disque d’un ami commun, Robertinho Silva (dm), lui aussi un deuxième ange après Wilson das Neves. Robertinho, un ami éternel qui m’a toujours énormément aidé pour mes disques. Il a des tas d’histoires à raconter: «Monsieur –c’est comme ça que Robertinho m’appelait–, nous allons enregistrer une de tes musiques –je ne sais plus laquelle– tu fais un arrangement à la va-vite, tu connais déjà la musique, Luiz (Alves, b) connaît déjà la musique, on la joue et après tu vois ce qui manque et ce que tu veux rajouter… génial!» Quand on a fini, j’avais déjà beaucoup ri avec Roberto, et il dit comme ça: «Putain, cette musique est super compliquée, c’est une samba ivre.», et nous avons beaucoup ri… Tout allait bien, car Robertinho jouait bien en dormant, et en se réveillant il jouait encore mieux, et quand il était vraiment réveillé, il pleurait tellement, c’était une merveille! Je n’ai jamais vu quelqu’un pleurer autant, dans la tristesse comme dans la joie, avec tous les amis ou avec seulement quelques-uns, une merveille! Pour cette même musique, nous avions conclu que nous devions appeler Raulzinho pour qu’il joue une partie de la mélodie et, qu’après, il improvise par-ci, par-là… Raulzinho arrive au studio dans le quartier de Barra. On était en train d’enregistrer. Raulzinho: «Oh, camarade! Comment ça se passe?» Avec sa manière d’être, bien particulière. On a discuté, beaucoup, discuté avec Robertinho, avec tout le monde et d’un coup Raul a dit: «Ça ressemble à quoi ce bloc que je vais jouer là, laisse-moi écouter.» Et moi tout tranquille –je n’avais pas tellement d’intimité avec lui– je lui dis: «Je vais te donner la partition, tu jettes un œil et après écoute.» Sans que je sache, Robertinho, à ce moment, prend n’importe quelle partition et la lui remet. Alors Raul:«Je vais regarder la partition en écoutant, je vais à l’intérieur de la cabine, j’emmène la partition, comme ça vous jouez la musique ici, et moi j’écoute, je joue en même temps là-bas, et je m’habitue.» C’est ainsi que ça s’est passé; évidemment, une minute plus tard, il s’était déjà habitué, et il y avait déjà un je-ne-sais-quoi qui l’a fait revenir et dire: «Mon camarade, cette partition est beaucoup trop difficile.» Alors Robertinho intervient: «Oh, Raulzinho, cette partition que t’a, c’est pas celle de la musique.» Il a répondu: «C’est pas un problème, je les transforme en ce que je veux.» Le merveilleux est que tout se passe dans le rire… Ça y est! J’ai déjà cité trois noms ici qui sont sur le même piédestal: Wilson das Neves, Raulzinho et Robertinho… Ces trois personnes ont fait que la musique brésilienne a beaucoup de phraséologie, beaucoup de belles choses dans la sonorité, l’improvisation, l’arrangement, cette musique qu’on applaudit, une musique très sophistiquée et de très bonne qualité, on sait qu’elle est passée par les mains de Robertinho, de Wilson das Neves et par le trombone de Raul. Sa singularité est d’être le musicien qu’il est, qu’il fasse soleil ou qu’il pleuve, il joue toujours, et s’il ne connaît pas la musique, il joue aussi parce qu’il possède cette vitesse de compréhension de celui qui capte rapidement les mélodies. Il comprend la musique, IL COMPREND. De mon point de vue il n’a jamais joué en dehors du concept que la musique proposait, non. Il a toujours créé des choses singulières, mais il ne sort pas du concept.
C’est très beau. On a eu cette expérience et une autre qui révèlent la bonne personne qu’il est, sans aucune arrogance… Nous nous sommes retrouvés à Los Angeles quand j’habitais là-bas parce que j’avais été invité par Airto Moreira pour faire les arrangements musicaux de son disque «Identity»; le titre était en anglais pour son business. Et bien sûr, Raul était là, après trois ou quatre jours, on s’était déjà retrouvés avec Robertinho et Luiz. Raul arrive à la maison et dit: «Je suis venu ici car je veux prendre des cours de musique.» Je lui ai répondu: «Des cours de musique!? Quel cours? Oh Raulzinho, t’es fou, tu joues à se damner!» Il a dit: «Non non, ce que je veux, c’est nommer… J’ai besoin de savoir ce que je joue, d’où ça vient…». Enfin toujours très intelligent, très malin et de bonne humeur. On a joué, joué, joué, je me suis sacrément amusé, lui aussi et, arrivés à la fin, il a dit comme ça: «Merveilleux, ça c’est un vrai cours de musique, j’ai aimé la beauté…» A partir de là, son histoire de cours s’est infiltrée, jusqu’à ce que Roberto me dise: «Ah vraiment? Tu donnes des cours de trombone maintenant?» Je lui réponds: «Oui! Pour Raulzinho, je donne des cours de trombone, de hautbois, de tambourin, tant qu’il veut; je n’ai rien à faire, il passe son temps à dire: "quel cours merveilleux!”»
Un méchant farceur, mais une bonne personne, tout à fait bonne, une merveille! Quelle tristesse, quelle peine qu’il soit déjà parti!
Francis LOCKWOOD (p, claviers, comp) J’ai fait connaissance avec Raoul de Souza au début des années 2000 lors de son arrivée sur Paris. C’était pour moi un plaisir de rencontrer l’un des plus grands tromboniste de notoriété internationale, et qui plus est, à avoir participé à l’un de mes albums préféré «A Brazilian Love Affair» de George Duke. Aussi pour la petite histoire, j’ai invité Raoul à venir jouer sur l’une de mes productions destinées à l’illustration musicale. Il est donc venu au Studio de Jean-Michel Vallet pour la séance et finalement il n’en est jamais reparti. En effet, quelques temps plus tard, il se mariait avec Yolaine, la sœur de Jean-Michel. Comme quoi cette séance fut un bouleversement dans sa vie ainsi que dans celle de Jean-Michel et de sa femme, Claire Michael, avec lesquels il a beaucoup travaillé. Raoul de Souza musicien hors pair et de plus un personnage comme l’on n’en fait plus! Repose en Paix Raoul!
Claire MICHAEL (saxophones, fl, voc, comp, arr) Tout avait commencé par une journée joyeuse, Francis Lockwood nous présentait Raul à l’occasion d’une séance d’enregistrement au studio. C’était une journée exceptionnelle, celle qu’on se remémore souvent, pleine de convivialité, de sourires, fous rires; bref c’était une rencontre, le début d’une histoire magnifique avec Raul. Je découvrais un grand musicien qui débarquait chez nous. Je ne me rendais pas trop compte au début de tout ce qu’il avait réalisé! J’ai appris au fil des années combien il avait participé à la création de nouvelles musiques au Brésil et aux Etats Unis. Ses expériences avec des musiciens comme lui, sensationnels (Hermeto, Toninho Horta, Flora Purim, Airto Moreira, Freddie Hubbard, Sonny Rollins) et tant d’autres! Il nous a transmis son vécu, fait part de ses beaux souvenirs. Il nous a emmenés au Brésil, nous y avons découvert et appris beaucoup de choses, fait de belles rencontres grâce à lui! Il nous a fait grandir! Il aimait la musique de John, Miles, Bill, Frank Rosolino, JJ Johnson. Il était très fier de sa propre musique et de la musique brésilienne. Il aimait le saxophone, il aimait Coltrane, il priait beaucoup pour les autres. Je pense à lui souvent, je rêve de lui; il est avec les grands, ses amis, au pays de l’âme et de l’esprit, le pays magique… de la musique!
Raul de Souza, Mauro Martins à la basse, Claire Michael, Jazz in Langourla 2019 © Yves Sportis
Airto MOREIRA (dm, perc, prod) Quando eu conheci o Raul eu tinha apenas 15 anos. Eu fiquei fascinado por aquele sujeito e o seu estilo de falar, tocar e agir. Eu queria ser como ele e o seguia por toda parte. Ele já tocava muito bem e nos tornamos grandes amigos. Foi ele que me mostrou o jazz e me ensinou o que era um improviso e muitos conceitos musicais. Trabalhamos juntos no Brasil e depois foi a Flora que sugeriu de trazer o Raul pra excursionar com nosso grupo pelos Estados Unidos. Todos ficavam impressionados e queriam vê-lo tocar,foi quando produzi o seu disco Colors pela gravadora Milestone. Seu timbre e seus fraseados são muito particulares, quando se ouve sabe-se imediatamente que é ele. Considero Raul um dos melhores instrumentistas do mundo, o melhor trombonista que já existiu, um verdadeiro gênio.
Quand j’ai rencontré Raul, je n’avais que 15 ans. J’étais fasciné par ce gars et sa manière de parler, de jouer et d’agir. Je voulais être comme lui et je le suivais partout. Il jouait déjà très bien et nous sommes devenus de grands amis. C’est lui qui m’a initié au jazz et m’a appris ce qu’était l’improvisation et de nombreux concepts musicaux. Nous avons travaillé ensemble au Brésil et puis c’est Flora qui a proposé d’amener Raul en tournée avec notre groupe aux Etats-Unis. Ils voulaient le voir jouer, c’est alors que j’ai produit son album Colors pour le label Milestone. Son timbre et son phrasé sont très particuliers, quand on l’entend on sait tout de suite que c’est lui. Je considère Raul comme l’un des meilleurs instrumentistes au monde, le meilleur tromboniste qui ait jamais existé, un vrai génie.
Hermeto PASCOAL (acc, band, fl, g, p, clav, comp, arr) Aí, meu eterno irmão de som, Raulzinho do trombone... Um dos maiores músicos deste planeta. Não é a toa que você veio pra terra. Tudo de bom pra você. Eu sei que você voltou. Que seja cada vez mais feliz, você vai fazer, vai formar, eu sei... a turma está te esperando lá pra você formar o som que você sabe muito bem sempre sempre fazer... tudo de bom pra você... sinto muito saudade... não tristeza...SAUDADE DE VOCÊ ...E a saudade é uma certeza de que você já está no céu. Raul de Souza tudo de maravilhoso! Là, mon éternel frère du son, Raulzinho do trombone… L’un des plus grands musiciens de cette planète. Pas étonnant que tu sois venu sur terre. Meilleurs vœux. Je sais que tu es de retour. Puisses-tu être toujours plus heureux, tu vas faire, tu vas former… je le sais, le groupe t’attend déjà là-bas pour créer ce son que tu connais très bien, le tien pour toujours… je te souhaite le meilleur… Je sens ton absence… pas de tristesse… TU ME MANQUES… Mais ce manque est la certitude que tu es déjà au ciel. Raul de Souza, tout de merveilleux pour toi!»)
Sonny ROLLINS (saxophoniste, comp, arr) I loved Raul and I loved his music. Sonny Rollins venait de recevoir l’album de Raul: Curitiba 58 quand il a appris son décès. Il transmet ses condoléances à la famille.
David SÉCHAN (Editeur, producteur, Encore Merci, vice-président de la SACEM) Il y a des hommes dont la disparition entraîne l’évanouissement d’une époque. C’est le cas pour Raul de Souza qui aura célébré jusqu’à son dernier souffle la nostalgie d’un jazz libre et mâtiné de saveurs latines. C’était l’un de ces génies discrets dont la légende s’affirme dans l’humilité et l’authenticité. Il avait un sourire d’enfant moqueur soutenu par une sorte de gouaille de carioca, et une allure de matador flegmatique avec ses cheveux légèrement gominés sous lesquels perçaient deux yeux noirs éclatants aussi rieurs que scrutateurs. J’avais pour lui cette sorte d’admiration et de respect qu’on ne confère qu’à ceux qui ont vécu mille vies dans le tourbillon d’un art aussi riche et sauvage que le jazz. Adeus meu irmão, fazer boa viagem! (Au revoir mon frère, bon voyage!)Robertinho SILVA (dm) O saudoso Raul de Souza eu conheci no início de minha carreira há uns 60 anos… Ele sempre me encantou. O conheci pessoalmente quando comecei a tocar nas gafieiras do Rio. Nós pegávamos o mesmo trem na estação Central do Brasil. Um dia ele me perguntou se eu era músico e começamos uma bela amizade. Depois gravamos e tocamos juntos no Brasil e nos Estado Unidos, além de shows por toda América do Sul. Ele foi uma salvação na minha vida e agora se tornou nosso santo protetor. Salve Raul de Souza! Le regretté Raul de Souza, je l’ai rencontré au début de ma carrière, il y a environ 60 ans, m’a toujours enchanté. Je l’ai rencontré personnellement lorsque j’ai commencé à jouer dans les gafieiras de Rio. Nous prenions le même train à la gare «Central do Brasil» (Rio). Un jour, il m’a demandé si j’étais musicien et nous avons commencé une belle amitié. Puis nous avons enregistré et joué ensemble au Brésil, dans toute l'Amérique du Sud et aux Etats-Unis. Il a été une délivrance dans ma vie et maintenant il est devenu notre saint protecteur. Respect Raul de Souza!
L'orchestre de Raul de Souza avec Leo Montana, Glauco Sölter et Mauro Martins, auquel se sont joints Claire Michael
et Zaza Desiderio (entre Leo et Glauco), saluent le public de Jazz in Langourla le 3 août 2019 © Yves Sportis
Glauco SÖLTER (b) Um dos maiores privilégios da minha vida foi conhecer e acompanhar o mestre Raul de Souza por mais de 15 anos em gravações e shows pelo mundo todo. Mesmo nos lugares mais distantes sempre aparecia um fã com um disco pra ele autografar. Virtuoso e extremamente criativo, ele mudou a história da música brasileira e do seu instrumento, com sua natural genialidade. Será para sempre lembrado e reverenciado. Obrigado Mestre!
L’un des plus grands privilèges de ma vie a été de rencontrer et de suivre le maître Raul de Souza pendant plus de 15 ans dans des enregistrements et des spectacles à travers le monde. Même dans les endroits les plus éloignés, il y avait toujours un fan avec un disque à dédicacer. Virtuose et extrêmement créatif, il a changé l’histoire de la musique brésilienne et de son instrument, avec son génie naturel. Il restera à jamais dans les mémoires et vénéré. Merci Maître! 
Avant le concert, à l’hôtel, une discussion en toute décontraction avec Raul de Souza
Langourla, 2019 © Yves SportisJean-Michel VALLET (p, arr, comp) Raul est entré dans notre vie vers la fin des années quatre vingt dix. Mon premier souvenir, c’est le son de Raul, unique, doux et puissant, qui le définit immédiatement, et sa grande musicalité. Complétement habité par la musique, il jouait sa propre histoire. Dès les premières notes, on savait qu’il n’y aurait aucun bavardage, que de la musique, la musique des grands. Chaque chorus de Raul est une composition originale. Quand on arrivait chez lui, ça sentait bon la vie. Il adorait cuisiner, ses anecdotes c’était encore de la musique. Il était très prévenant avec ses proches. C’était un gentleman, il était sophistiqué, il soignait son apparence, et tout ça était intimement lié à sa musique. Il aimait les gens et il écoutait les autres musiciens, il était toujours partant pour de nouvelles rencontres. Il donnait toujours le meilleur, et son groove et son timing étaient des cadeaux qui vous installaient dans le temps présent, et vous remettaient le cœur à l’heure. Il m’a énormément appris. Il m’a donné confiance en ma musique. Raul travaillait son instrument. A plus de 80 ans, il avait une technique époustouflante. C’était un mystique, il entretenait un lien spirituel avec la musique de John Coltrane. Et puis il aimait rire, il aimait la vie. Il dégageait de lui cette belle fierté d’exister, le privilège des grands musiciens…
* |
|
|