Jerry González est décédé d’un arrêt cardiaque, le 1er octobre 2018, à la suite de l’incendie de sa maison madrilène. Jerry González descendant d’une famille portoricaine installée à New York, d’abord à Manhattan puis dans le Bronx, a baigné dans une ambiance musicale. Son père était chanteur.
Jerry fréquente la communauté latine et s’intéresse à ses musiques, ses interprètes et aussi au jazz et, à côté de l’école de la rue qui lui assure sa formation face aux congas, –il s’inspire aussi du conguero cubain Mongo Santamaría–, il poursuit des études musicales poussées lui permettant de devenir un excellent trompettiste. Dès le milieu des années 1960 avec son frère Andy, contrebassiste, ils s’intéressent aux musiques latines marquées par le jazz et notamment à Cal Tjader dont leur groupe amateur joue les compositions. On le retrouve aussi alors qu’il est encore étudiant avec son frère et le trompettiste Kenny Dorham dans un quintet. Il se lie également avec le batteur Rashied Ali. Ses qualités de conguero sont suffisamment grandes pour qu’elles interpellent Dizzy Gillespie qui l’encourage et jouera avec lui. (Plus tard en 1983 le public français pourra les écouter tous les deux à La Grande Parade du Jazz de Nice avec Freddie Hubbard, Jon Faddis, Charlie Haden, Tony Williams…). Très rapidement, Jerry Gonzalez intègre les formations des frères Palmieri, le célèbre Grupo Folklorico Experimental de New York, puis grâce à l’appui d’un autre collègue du Bronx, Kip Hanrahan, enregistre un premier album personnel en 1979 comportant notamment «Caravan» dans une version explosive qui participe de la notoriété de González. Par la suite, il exprime ses préoccupations musicales à travers son groupe Fort Apache Band. Le nom n’est pas choisi au hasard.
A partir de cette époque, Jerry côtoie ou travaille avec Paquito d’Rivera, Jorge Dalto, Patato Valdés, Tito Puente… sans quitter le jazz puisqu’il collabore avec Dizzy, McCoy Tyner, (enregistrements en 1982, 1991 et 1993), Abbey Lincoln (1983), Jaco Pastorius (1985), Steve Turre (1987)…
Son double intérêt pour le jazz et la musique latine le conduit à enregistrer dès 1988 Rumba para Monk. Comme le montre la pochette originale de cet enregistrement, Jerry Gonzalez est pratiquement toujours sur scène devant les congas mais avec la trompette à portée de mains.
Dans la seconde moitié des années 1990, il est aussi convié à enregistrer par David Sanchez, Chico O’ Farrill.
Un tournant apparaît lorsque le cinéaste Fernado Trueba le sollicite pour le film Calle 54 pour lequel il intervient avec Fort Apache qu’il a toujours maintenu en activité depuis 1980. A la suite d’un concert promotionnel de Calle 54 en Espagne au début des années 2000, il décide de s’y fixer et, à compter de cette date, habite Madrid. Son intérêt alors se tourne vers d’autres musiques latines, notamment le flamenco. On l’entend avec Josele, Diego «El Cigala» puis au fil des années il travaille avec Morente, Paco de Lucia, Javier Colina, Jorge Pardo avec qui il partageait souvent la scène ces dernières années: Festival Flamenco On Fire, Cumbre Flamenco Latin Jazz, Festival de Jazz de Cáceres, Jazz a la Luz de las Velas en 2016… On ne peut non plus omettre les prestations avec Chano Domínguez et Pepe Rivero, notamment le thème «Rumba pa’ Jerry» ou encore le travail en trio avec Javier Colina et Marc Miralta.
Récemment la santé de Jerry lui posait de sérieux problèmes. Il avait été hospitalisé et selon des proches envisageait de quitter Madrid.
Patrick Dalmace
DISCOGRAPHIE-SELECTION
Leader. CD 1979.Yo yo me curé, Sunnyside 1068 CD 1988. Rumba para Monk, Sunnyside 1036 CD 2011. Jerry González y Los Comandos de la Clave, Sunnyside 1228
CD 2014. Jerry González & Miguel Blanco Big Band, Tribute to The Fort Apache Band, Youkali 097
Avec Fort Apache Band CD 1982. The River is Deep, Enja 4040.2
CD 1989. Obatalá, Enja 5095.2 CD 1991. Moliendo Café, Sunnyside 1061 CD 1996. Fire Dance, Milestone 9258.2
CD 2005. Rumba Buhaina, The Music of Art Blakey & The Jazz Messengers, Random Chance 25
Sideman LP 1969. George Benson, The Other Side of Abbey Road, A&M Records 3028 CD 1974. Eddie Palmieri, Unfinished Masterpiece, Envidia C40 4009
CD 1975. Charlie Palmieri, Impulsos, Bomba Records 1444
LP 1981. Paquito d’Rivera, Blowin’, Colombia 37374
CD 1982. McCoy Tyner, Looking Out, Wounded Bird Records 8053 CD 1982. Tito Puente, On Broadway, Concord Jazz Picante 4207 CD 1983. Abbey Lincoln, Talking to the Sun, Enja Records 4060 2
CD 1985. Jaco Pastorius, Live in N.Y., Big World Music 1001 CD 1991. McCoy Tyner, Turning Point, Verve Records 314 513 573-2
CD 1993. McCoy Tyner, Journey, Verve Records, Birdology 314 519 941-2 CD 2003. Paco de Lucia, Cositas Buenas, Universal 0602498661345
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1983. Dizzy Gillespie, Grande Parade du Jazz, Nice. Freddie Hubbard, Jon Faddis, Charlie Haden, Jerry González, Tony Williams
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