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Festival international de films documentaires

4 avril 2011
Centre Beaubourg, 24 mars au 5 avril 2011
Du 24 mars au 5 avril se déroulait le 33e Festival international de films documentaires, sous-titré "Cinéma du réel" au Centre Beaubourg, l'usine multicolore située aux confins du Marais et des Halles à Paris. Le 1er avril, blague : nous arrivons et la salle est pleine (pas une petite salle, une grande), donc nous ne pouvons entrer pour voir un film sur Archie Sheep au 1er Festival panafricain d'Alger en 1969, un autre de 1967 sur Don Cherry à Paris et un dernier sur une nuit avant l'incarcération de Charles Mingus en 1968 : mais c'est connu, le jazz ne fait pas recette... le 2 avril, jour d'été à Paris, nous retournons à Beaubourg une heure avant pour être s˚rs d'entrer (la salle s'est également totalement remplie malgré le soleil) pour voir un documentaire de 20 mn tourné par Richard Leacock (documentariste anglais né le 18 juillet 1921 à Londres et mort le 23 mars 2011 à Paris ; de 1942 à 1945, il est opérateur de combat dans l'armée américaine en Birmanie, Chine, Inde et dans l'Arctique) intitulé Jazz Dance (avec Roger Tilton et Robert M. Campbell). Ce film a été tourné en 1954 au Central Plaza Dance Hall de New York avec 2 caméras datant de la guerre dont les plans ne pouvait durer que 18 à 20 secondes ; de ce fait, lorsqu'un des deux tournait, l'autre préparait la seconde caméra en relais ; et après montage, les plans donnent l'impression d'être longs ; d'autre part, l'objet étant de filmer l'ambiance d'un club de jazz avec des danseurs, il a d˚ être post synchronisé au niveau du son (ce qui n'est pas toujours raccord mais qui donne assez bien le change), enfin il est à voir à plusieurs titres : des prises de vue splendides (les effets de tissus volant à toute vitesse dans la lumière, les jupes rondes bord à bord comme deux disques tournant sur deux platines se jouxtant), ou drÙles (deux liquides qui swinguent de façon synchro dans deux verres identiques), l'observation, sentence silencieuse contre la ségrégation encore en cours à cette époque : les spectateurs et danseurs sont blancs et venus visiblement s'encanailler ; seuls deux danseurs hommes aux larges sourires chargés de l'animation de la salle mais sans faire danser les dames (excellents tapdancer et en "couple masculin", l'un, au polo rayé et casquette, l'autre en costume) et certains des musiciens sont afro-américains. La séance est tournée sur quatre tempos allant du plus lent au plus rapide ("Jazz Me Blues", "Ballin' the Jack", "Royal Garden Blues", "The Saints") et l'orchestre est composé de Willie The Lion Smith (p), Jimmy McPartland (tp/voc), Pee Wee Russell (cl), Jimmy Archey (tb), George Pops Foster (b), George Wettling (dm). Ce film de vingt minutes est donc une prouesse physique et technique, lien : http://www.richardleacock.com/#14880/Jazz-Dance.
Enfin, rappelons que Mura Dehn (aussi journaliste occasionnelle pour Jazz Hot car elle était l'amie des Delaunay) a filmé des danseurs afro-américains avant et pendant la guerre de 1939-1945 (The Spirits Move, www.youtube.com/watch?v=NUmGBFusL_I).
Hélène Sportis
photo©Georges Herpe