Marcel Zanini chez lui, avec l'appareil photo qu'il avait acheté à New York, Paris, 2016 © Gilles Tondini, by courtesy
Marcel ZANINI
Un Marseillais à New York
Marcel Zanini est né le 7 septembre 1923 à Istanbul et fête donc ses 99 ans. A cette occasion, nous publions cet entretien, notre salut à cet ancien, du jazz et de Jazz Hot. Né d'un père français, d'origine italienne, et d'une mère grecque, le petit Marcel, qui parle le français, le grec et le turc, débarque à Marseille en 1930. Jusqu'à ses 45 ans, la Cité phocéenne restera son port d'attache –entre la saison d'hiver à la montagne et la saison d'été sur la Côte–, avant qu'il ne se décide à tenter sa chance à Paris où il accède au vedettariat avec son fameux tube «Tu veux ou tu veux pas?» en 1969. Marcel Zanini poursuit ainsi une double carrière d'amuseur populaire, enchaînant les 45 tours parodiques jazzy, et se produisant dans les clubs parisiens non sans jouer de son talent comique. Jusqu'au 25 juin 2019, date de son dernier concert, il passait encore régulièrement sur la scène du Petit Journal St-Michel, généralement accompagné de Patrick
Bacqueville (tb), Patrice Authier ou Philippe Milanta (p), Pierre Maingourd (b) Michel Denis
(dm) et de son fils Alain, alias Marc-Edouard Nabe (g).
Retour sur 80 ans de jazz (Marcel Zanini a découvert Benny Goodman en 1942), et notamment sur ses années new-yorkaises, une longue parenthèse entre 1954 et 1958, pendant laquelle il fut le correspondant de Jazz Hot, un sujet qu'il avait déjà abordés parmi d'autres souvenirs dans Jazz Hot n°328 (juin 1976).
A l'occasion de ce bel anniversaire, un tribute est prévu le 22 septembre 2022 à 21h au Petit-Journal St-Michel avec Pauline Atlan, Patrick Bacqueville, Laurent Epstein et Pierre Maingourd… Happy Birthday, Marcel!
Propos recueillis par Jérôme Partage
Photos Gilles Tondini by courtesy, Collection Alain Bouchet by courtesy
Collection Marcel Zanini, Archives Jazz Hot, Images extraites de YouTube
avec nos remerciements
© Jazz Hot 2022
The Benny Goodman Orchestra dans Hollywood Hotel, 1937
image extraite de YouTube
Jazz Hot: Comment avez-vous eu l’idée d’apprendre la clarinette?
Marcel Zanini: Je fréquentais un cinéma, rue Haxo, à Marseille, qui passait beaucoup de films américains en version originale. Un jour, je suis entré, au hasard, pour voir un film qui s’appelait Hollywood Hotel. Dès les premières images, on voit Benny Goodman et chacun des musiciens de son orchestre dans une petite voiture. C’est un navet, mais il faut le voir pour Benny Goodman, Lionel Hampton et Teddy Wilson! Et je suis tombé en arrêt devant Benny Goodman. Rue Paradis, il y avait un magasin de musique avec un panneau où était écrit: «leçons de clarinette, méthode américaine». Je suis passé devant tous les jours pendant six mois. Ça me travaillait. Et un jour le panneau a disparu. Pris de panique, je suis entré et j’ai interrogé le marchand qui m’a dit que le professeur n’acceptait plus de nouveaux élèves. Il m’a vu tellement déconfit qu’il m’a quand même donné son adresse et son téléphone. Je suis donc allé le voir et il m’a confirmé qu’il ne pouvait pas me prendre mais m’a orienté vers un ami à lui. Il m’a aussi demandé si je connaissais le solfège: je ne connaissais rien! Alors, il m’a envoyé chez son père qui donnait des leçons de solfège. Ayant appris péniblement, je suis allé voir l’autre professeur. Lors du premier cours, il s’est absenté une minute et a laissé la clarinette sur la table. N’y tenant plus, je l’ai prise et j’ai soufflé. Il est revenu comme un fou en me demandant: «C’est toi qui a soufflé?». J’ai répondu oui, en ayant peur qu’il m’engueule, mais il s’est exclamé: «Tu as le son!». Et il est devenu mon professeur et m’a pris en amitié.
C’était à quelle période?
Fin 1942, quand il n’y a plus eu de zone libre. J’ai alors été appelé pour rejoindre les «chantiers de jeunesse» qui étaient comme un service militaire, mais sans armes. J’ai d’abord été mobilisé à Pertuis, puis nous avons été déplacés dans les Landes, à Saint-Médard-en-Jalles, pour couper du bois. Et là, je me suis évadé avec un copain, également marseillais. On est partis avec notre valise, pour rejoindre Bordeaux en stop et rentrer à Marseille par le train. Mais le seul véhicule qui s’est arrêté pour nous prendre en stop était un camion allemand! On s’est dit tant pis, on monte. Et ils nous ont amenés jusqu’à la gare de Bordeaux, sans rien nous demander! De retour à la maison, je me suis mis à pratiquer la clarinette au grand effroi de ma mère. Quelques jours après, des flics m’ont apporté une convocation à l’Evêché. Je n’y suis pas allé et ils sont revenus. Ça a duré comme ça trois jours jusqu’à ce qu’ils menacent de me passer les menottes. J’ai donc fini par m’y rendre avec mon père et là je suis tombé sur un flic formidable qui m’a expliqué que j’étais poursuivi pour «vol d’effets militaires». Je lui ai répondu que je ne pouvais pas partir du camp à poil! Et il m’a dit de renvoyer ma tenue par la poste pour arrêter les poursuites. Mais je suis resté sans papiers jusqu’à la Libération.
Vous n’avez pas eu d’autres ennuis?
Si. Au lendemain du bombardement de Marseille par les Américains, le 27 mai 1944, je suis allé aider à déblayer les décombres. Et là, j’ai été arrêté par un milicien avec une gueule épouvantable qui m’a dit: «Toi, tu pars en Allemagne demain!». Il m’a emmené à son PC, rue Longue. Il a demandé à un autre milicien de me surveiller, et il est monté à son bureau. La porte d’entrée était encore ouverte, et j’ai filé en dévalant la rue Longue. J’ai eu de la chance de ne pas me faire tirer dessus. C’est mon exploit de guerre! Après cela, je ne suis plus retourné chez moi. J’habitais chez les uns ou les autres, avec un copain, Pierre Mayol, le frère ainé du plongeur Jacques Mayol. On a vécu comme ça jusqu’au Débarquement.
Libération: Marseille 1945, Jazz Hot n°1-1945 © Archives Jazz Hot
Danseurs américains et orchestre russe à Marseille en 1945
Comment était la scène jazz à Marseille à la Libération?
Grâce à Paul Mansi, le président du Hot Club de Marseille, et à sa sœur Simone –ils parlaient un peu l’anglais–, j’ai pu être admis dans les foyers des militaires américains où se relayaient deux orchestres noirs dans le style Count Basie. On était les seuls Marseillais! Les soldats nous donnaient des chocolats comme on n’en avait plus vus depuis des années, du beurre de cacahuètes, enfin tous les produits américains! Je me souviens aussi d’une petite formation, où il y avait un musicien qui jouait de la clarinette métal. Il m’a vu tellement avide de ce qu’il faisait qu’il me l’a tendue. Mais je la lui ai rendue assez vite car je ne connaissais pas le morceau. Je ne connaissais d’ailleurs pas grand-chose à cette époque-là… J’avais aussi été ébloui par une autre petite formation –clarinette, accordéon, contrebasse– par laquelle j’ai entendu pour la première fois le titre «On the Alamo». Puis, début 1945, je suis parti à Uzès, faire mon service militaire dans l’aviation. J’y ai retrouvé un copain de Marseille, Francis Richard. Puis, un certain Bob Roland, un bon chanteur, très charmant, est venu me trouver pour me proposer de rentrer dans son orchestre, au sein de l’armée. Je ne jouais de la clarinette que depuis deux ans, mais j’ai bien sûr accepté. Je lui ai alors demandé s’il pouvait aussi engager mon ami Francis. Il m’a demandé de quel instrument il jouait. Je lui ai répondu: «Il ne joue de rien, mais il peut faire semblant!». Il a rigolé et il a accepté.
1949. Au «Congo», Carcassonne, James Moody, Georges Arvanitas, Albert Maioli, Jean Osmont, Jean-Pierre Lindenmeyer (debout), Raymond Buisan et Marcel Zanini © photo X, parue dans Jazz Hot n°654
Comment avez-vous débuté votre carrière?
Un an plus tard, j’ai été démobilisé. Et j’ai alors revu Paul Mansi à qui j’ai expliqué que j’étais un peu désœuvré. Il m’a demandé de prendre ma clarinette et m’a emmené le soir même dans un club, près de l’Opéra, Le Shacker, où se produisait Léo Missir (p)(1) avec ses musiciens. Et j’ai fait le bœuf avec eux. Ils m’ont trouvé formidable, pourtant je ne jouais pas formidable… Et j’y suis retourné tous les soirs: je n’avais rien d’autre à faire! Il y avait Jean-Pierre Lindenmeyer (1928-2010) qui jouait déjà très bien de la guitare. Et Léo m’a proposé de les accompagner à La Ciotat où ils allaient faire la saison d’été à l’Hôtel Rose Thé. C’était très peu payé, mais on était nourris et logés toute la semaine en ne jouant que deux soirs. C’était en fait des vacances que je n’avais pas les moyens de m’offrir. A la fin de la saison, on a enchaîné avec des galas pour lesquels nous recevions un cachet, ce qui était inespéré pour moi. Je suis resté quatre ans avec Léo Missir, de 1946 à 1950. J’ai quitté l’orchestre car j’avais rencontré ma future épouse, Suzie, et je ne voulais plus partir en tournée. Je dirigeais déjà mes propres formations, je commençais à être un peu connu. Nous jouions dans les bals, les grands hôtels, chez des particuliers, essentiellement de la variété et un peu de jazz. Le principal club de jazz à Marseille était Le Saint-James, rue Venture, où on jouait de 17h à 7h du matin. On n'était pas beaucoup payé, mais là, on ne jouait que du jazz. L’indicatif de mon orchestre était «Cherokee». C’était un quartet constitué de Georges Arvanitas (p), Albert Maioli (b) et Max Poulet (dm). De temps en temps, Eric Vidal nous rejoignait à la trompette. Comme on jouait pour les danseurs –des écoliers qui avaient 17 ans tout au plus–, les morceaux duraient 20 minutes! Il y a avait d’autres petits clubs où on jouait du jazz à l’heure de l’apéritif. Et le soir on faisait de la variété pour gagner notre vie.
Louis Belloni (dm), Claude Luter (cl), Georges Arvanitas (p),
Marcel Zanini (ts), Eric Vidal (tp, caché), Robert Pettinelli (as),
Albert Maioli (b) © Photo X
source: Fonds Paul Mansi
et Guitare et Batterie, 2012: Jean Tosan par Jean Bachèlerie
Quand avez-vous commencé le saxophone ténor?
Vers 1948.
Est-il exact que votre modèle était Lester Youg?
Oui, mais j’ai aimé aussi beaucoup d’autres saxophonistes. C’est toujours le cas d’ailleurs. Un jour, Guy Lafitte m’a dit: «Tu sonnes comme Jacquet!»; Illinois Jacquet était aussi une de mes idoles…
Quand avez-vous rencontré James Moody?
En 1949. C’est Jean Osmont (1921-2016), le président du Hot Club de Carcassonne, qui m’avait proposé de venir faire un gala avec Buck Clayton. J’y suis allé avec mes musiciens, Georges Arvanitas, Albert Maioli et Louis Belloni (dm). Une fois sur place, Jean Osmont nous explique qu’il a dû remplacer Buck Clayton par James Moody. On est allés le voir à son hôtel pour faire connaissance. J’avais amené mon ténor. Et il me dit en français: «Jouez, jouez, jouez!». Apparemment, ça lui a plu. Puis, il m’a pris mon ténor… c’était quelque chose… Et le soir nous avons fait le concert. A la fin de mon chorus, j’ai eu des applaudissements comme jamais. Les gens étaient surpris que moi, français, je joue avec une vedette. Quelques temps après, il est venu à Marseille pour un gala, et il est resté un mois. Du coup, je l’ai engagé pour faire les concerts de variétés avec moi. On est restés amis toute notre vie. Chaque fois qu’il passait à Paris, on se voyait. J’ai fait la même chose, une autre fois, avec Don Byas.
Avez-vous participé à des concerts organisés par le Hot Club de Marseille?
Oui, plusieurs fois. D’ailleurs, quand Don Byas est venu à Marseille, c’était pour un concert organisé par le Hot Club dans un cinéma où on projetait le film Si bémol et fa dièse (A Song is Born, Howard Hawks, 1948)
avec Louis Armstrong et Benny Goodman. Et en attraction, il y avait Don Byas qui jouait avec mon groupe. Il avait une sonorité fantastique.
En quelles circonstances partez-vous vivre à New York en 1954?
Mon copain de régiment, Francis Richard, était installé à New York. Il m’avait dit qu’il me ferait venir. Et un jour il m’a envoyé des papiers à remplir pour l’émigration. Je pouvais rester autant de temps que je le voulais et j’avais le droit de travailler. J’étais fou de joie! Suzie et moi venions de nous marier. Mais il a fallu un an pour faire les papiers. Arrivés à New York, nous avons été accueillis par Francis qui nous a immédiatement donné notre carte verte. Le lendemain, il m’a proposé de sortir et je lui ai demandé de m’emmener au Birdland. Au programme, il y avait, le même soir, Charlie Parker With Strings, Dinah Washington Quintet et Dizzy Gillespie Quintet! C’est d’ailleurs cette fois-là où Bird s’est disputé avec l’orchestre à cordes et l’a renvoyé. Il a dit: «Et maintenant, on va jouer du jazz!». Et il a fini en quartet avant d’être viré du club. C’était mon deuxième soir à New York: ça partait bien!
Et comment êtes-vous devenu correspondant de Jazz Hot à New York?
C’est André Clergeat qui me l’a proposé. Il m’a écrit: «Puisque tu es à New York, envoie-nous des articles». Je lui ai répondu que je ne savais pas écrire, mais il a insisté. Et j’y suis arrivé. Au départ, je n’étais pas en rapport avec l’équipe de Jazz Hot; simplement, j’achetais la revue parce qu’elle m’intéressait. Je n’ai jamais su comment Clergeat avait appris que j’étais à New York. En tous cas, j’ai pris goût à l’écriture. Mon article sur l’Open Door (Jazz Hot n°97) est mon préféré. Je regrette juste d’avoir oublié mon appareil photo ce soir-là. Sinon, il y a eu bien sûr «Le dernier chorus du Bird», à propos du dernier concert de Charlie Parker, qui a eu beaucoup de succès. Ce qui m’a fait râler, c’est que mes photos ont été créditées à quelqu’un d’autre(2).
Dans Jazz Hot n°328 (juin 1976), vous aviez déjà évoqué vos souvenirs de New York, notamment le soir au Metropole où vous avez prêté votre clarinette à Charlie Parker…
Je faisais le bœuf avec Tony Scott (cl) que j’aimais beaucoup, Dick Katz (p) et Charlie Smith (dm). C’est d’ailleurs curieux que je n’aie pas fait d’article sur lui(3). En tous cas, il fallait un drôle de culot à un Marseillais qui jouait à peine de la clarinette, ou presque, pour demander à partager la scène avec l’un des meilleurs clarinettistes du monde! Mais Tony était très gentil, et tous les soirs je jouais avec lui. Et une fois arrive Charlie Parker qui embrasse Charlie Smith. J’avais alors fini de jouer, j’avais plié la clarinette. Et Bird me demande s’il peut la voir. Il s’extasie devant et me demande s’il peut en jouer. Il est monté sur scène avec Joe Thomas (ts), Cliff Jackson (p), Sonny Greer (dm) qui étaient là. Mais comme il était habillé de façon un peu douteuse, en col roulé et jeans, le patron du club l’a sorti au bout d’un ou deux morceaux. J’ai essayé de parlementer avec lui, mais sans succès. Et Bird est sorti. Il m’a rendu la clarinette et m’a dit: «Si j’avais de l’argent, je te paierais à boire». On est alors allés prendre un verre en face. Mais je n’avais qu’un dollar sur moi, et je craignais de ne pas avoir assez; je me disais pourvu qu’il ne s’avise pas de prendre une boisson trop chère. Bird a commandé un bourbon, à 25 cents, et m’a demandé ce que je prenais. J’ai répondu: «Moi? Rien!». Je suis allé donner mon dollar au bar, et je suis parti avant que ça ne dégénère, d’autant qu’un copain à lui avait débarqué, ivre mort, et cherchait à profiter de l’aubaine.
Comment gagniez-vous votre vie à New York?
A peine un mois après mon arrivée, grâce à mon ami Francis, j’ai rencontré, dans un bistrot fréquenté par les Français, un Québécois qui dirigeait le distributeur mondial des anches Vibrator. Francis lui a demandé s’il pouvait m’embaucher et il a accepté. C’était dans un bureau au trentième étage d’un building. J’avais juste à emballer et expédier les anches. Et j’avais une liberté totale: j’avais les clés, et j’y allais et venais comme je voulais. J’y ai travaillé pendant quatre ans.
Et avec la musique?
Je faisais les parties de ténor le dimanche au Diron à Brooklyn.
Vous avez aussi connu John Coltrane…
Je l’ai rencontré par Bobby Jaspar. Il cherchait des anches, alors il est venu au bureau avec son ténor. Il m’a demandé les plus fortes que j’avais. C’était des numéros 5; moi, je jouais péniblement des numéros 3. Et pourtant sa sonorité n’était pas plus grosse que la mienne. On a joué côte à côte dans le bureau, il me montrait des trucs formidables. On eu une vraie amitié, pendant près de deux ans, jusqu’à mon départ. Il venait me voir au moins deux fois par semaine. La première fois que je l’ai entendu, c’était au Cafe Bohemia, avec Miles Davis. Et j’avais été désagréablement surpris par son style ténor hurleur. Je trouvais que ça ne collait pas avec la musique. J’avais absolument tort! Il commençait à être connu et il était déjà une idole pour les autres musiciens. Un jour, il m’a proposé d’enregistrer un disque au tarif syndical, par amitié. Mais je n’avais malheureusement pas les moyens de payer l’ensemble des frais. J’aurais dû faire un prêt…(4)
Avez-vous gardé contact une fois rentré en France?
Non. Quand il venait, il jouait à Paris, et j’étais à Marseille. Je voulais aller le voir quand il est passé à Juan-les-Pins, mais je travaillais ce soir-là. Et je ne l’ai jamais revu.
King Pleasure, Billie Holiday, James Moody, Clifford Brown, Marcel Zanini, New York, 1955
© Coll. Marcel Zanini/Archives Jazz Hot, paru dans Jazz Hot n°328
A New York, vous avez retrouvé James Moody…
Oui, en 1955. Il était au programme de l’Apollo Theater, et j’ai pris le métro avec mon appareil photo pour aller l’écouter. J’étais au premier rang, et il m’a aperçu. Il n’en revenait pas! Et de la scène, il m’a demandé ce que je faisais. Puis, après son numéro, on s’est retrouvés en coulisse et on s’est embrassés. Et là il m’a présenté le tout jeune Quincy Jones, que j’avais déjà croisé au Syndicat des musiciens. Puis, il m’a emmené au Basin Street East pour aller voir Clifford Brown qui jouait avec Harold Land (ts), Dave Brubeck et Max Roach. James était en admiration devant Harold Land, mais moi je trouvais qu’il jouait mieux que lui! A la fin du set, nous avons remonté Broadway à pied. Je croise alors un ami français à qui je demande de nous photographier avec mon appareil. Puis on est tombés sur King Pleasure (voc) qui est venu saluer James Moody, et il a fait une photo avec nous. Puis passe Billie Holiday! Alors on l'a également prise en photo(5).
Avez-vous été témoin du racisme à l’encontre des Afro-Américains?
Je peux vous raconter une histoire: Charlie Smith était fiancé à une très jolie blonde. Un jour, il me dit: «Viens, je t’invite avec ta femme, tu vas manger le meilleur steak de ta vie!». Le lendemain, on se rend donc dans ce restaurant. On commande et le serveur nous dit: «Désolé, on a été débordés, nous n’avons plus que trois steaks». Et celui qui manquait, c’était celui de Charlie Smith qui s’est écrié: «C’est parce que je suis Noir qu’il manque un steak?». Le serveur l’a envoyé paître, et on s’est débrouillés à quatre avec nos trois steaks. Il y avait de quoi vu leur taille.
Quelles étaient les conditions de vie des musiciens?
Ils gagnaient très peu d’argent. Je me souviens de Dave Schildkraut, un alto qui jouait comme Parker. Il se produisait dans une boîte de strip-tease. Je lui avais demandé pourquoi: «J'ai cinq enfants, et là je gagne ma vie. Quand je partais en tournée avec Stan Kenton, à mon retour je devais de l'argent». La même chose m'a été dite par Don Wilkerson, qui était ténor chez Ray Charles. Ils terminaient leurs tournées avec des dettes, d'autant qu'ils devaient payer leurs chambres d'hôtel. La vie était difficile, y compris pour les grands orchestres comme ceux d’Ellington et de Basie, même si dans ces deux-là les musiciens gagnaient un peu plus.
Vous avez rencontré Ray Charles?
Non, mais je l’ai vu en concert plusieurs fois; en trio notamment, au Carnegie Hall. Il débutait.
Et Monk?
Je l’ai vu souvent; je l’adorais. Et c’est toujours mon pianiste préféré. D’ailleurs, j’ai assisté en 1957 au concert qui a donné le disque Thelonious Monk Quartet With John Coltrane at Carnegie Hall. Le même soir, il y avait également le trio de Sonny Rollins et, entre les deux, Chet Baker avec Zoot Sims. A côté de ces deux monstres, Chet était presque risible. Même si lui et Zoot Sims étaient de très bons musiciens.
Vous avez également vu Art Tatum…
Au Basin Street East. Il jouait avec Slam Stewart (b) et Everett Barksdale (dm). Ce soir-là passaient trois trios dont celui de Matt Dennis (p) qui m’a dit: «J’ai honte de jouer dans le même endroit qu’Art Tatum». Le fait est que quand Tatum jouait, on aurait dit qu’on avait changé le piano! C’était en 1955, un an avant qu’il meure.
Est-ce à New York que vous avez rencontré pour la première fois Jimmy Gourley?
Non, c’était avant, à Paris, où j’allais faire le bœuf de temps en temps. Les musiciens me connaissaient. C’est comme ça que je l’ai connu, en faisant le bœuf avec Henri Renaud (p) au Tabou. C’est après que j’ai croisé Jimmy Gourley à l’Open Door.
Au Tabou, vous aviez dû faire la connaissance de Boris Vian?
Non à Megève. Il m’avait entendu jouer et m’avait dit: «Tu sonnes comme Flip Phillips.» J’aurais préféré qu’il me dise Lester Young, mais enfin… On était bien copains. Un jour, il m’a donné un prospectus et m’a dit: «Viens, c’est de mauvais goût, mais il y aura un cocktail». C’était au Club Saint-Germain, il faisait une présentation mortuaire, c’était effectivement de mauvais goût.
Vos articles dans Jazz Hot étaient signés «Zannini», avec deux «n»…
Parce que c’est mon nom! J’ai enlevé un «n» sur le conseil d’un ami, un poète marseillais, Alexandre Toursky, par ailleurs alcoolique au dernier degré… J’avais réalisé une affiche à mon nom. Et c’est là qu’il m’a dit que typographiquement ce n’était pas beau avec deux «n», et je l’ai écouté.
Votre épouse étant enceinte, vous êtes rentrés à Marseille en 1958 où vous avez monté une nouvelle formation…
Oui. Et c’est aussi à ce moment-là qu’Henri Salvador, dont la tournée passait par Marseille, avait embauché plusieurs musiciens avec lesquels j’avais l’habitude de jouer. Il cherchait également un trompettiste, mais n’en trouvait pas. Mes copains voulaient me faire engager, mais lui voulait absolument un trompettiste. Ils ont fini par le convaincre de me prendre, et j’ai fait le mois de tournée qu’il restait avec lui. Au bout de quelques jours, il a réuni tout le monde et nous a dit: «Il se passe quelque chose: quand je fais un numéro comique, les gens se marrent, c’est normal. Mais quand je chante une ballade, je vois les gens qui rient également. Pendant trois jours je me suis demandé pourquoi.» Il se tourne alors vers moi et dit: «C’est lui qui les fait rire!». J’étais très gêné, je lui ai dit que je ne faisais rien pour être drôle. Il m’a répondu: «Je sais! Tu ne fais rien, et tu les fais rire, c’est extraordinaire!». Après, il m’a pris à part et m’a dit que j’avais un potentiel comique que je devais exploiter. Il m’a demandé si je savais chanter. J’ai répondu non et d’ailleurs ça ne m’intéressait pas. Alors il m’a dit: «Je vais t’apprendre à chanter et avec Boris (Vian) on va t’écrire des chansons, on va tout casser! J’ai un engagement avec Michel Legrand, mais après tu viens me voir et je m’occupe de toi.» Mais ça ne me disait rien du tout d’autant que ma femme allait accoucher: on était en octobre 1958, et mon fils est né le 27 décembre. Mais début 1959, mes affaires ont commencé à s’arranger, et je me suis dit que je pouvais tenter l’aventure. Malheureusement Boris est mort, et je n’avais confiance qu’en lui, alors que je me méfiais un peu de Salvador. Du coup, j’ai laissé tomber.
La scène jazz marseillaise s’était-elle développée depuis votre séjour à New York?
Le jazz marchait toujours à l’heure de l’apéritif essentiellement. Il n’était pas possible de gagner sa vie avec. Donc le soir, je jouais de la variété. Ça tournait bien, j’avais une bonne réputation.
Vous avez enregistré votre premier 45 tours en 1962…
Aux sports d’hiver, j’avais un orchestre qui fonctionnait très bien. Un jour, le patron de l’hôtel où on jouait me dit qu’il aimerait bien qu’on rajoute un chanteur et me demande si on pouvait en trouver un parmi les musiciens. On fait l’essai avec un ou deux, mais c’était une catastrophe… Alors le patron m’a demandé d’essayer de chanter, et il a acheté une chambre d’écho. Comme je connaissais l’anglais, j’ai chanté «Georgia», «Summertime» avec l’écho qui répétait après moi; ça faisait marrer les gens. J’y ai pris goût. Et comme il fallait que je chante aussi un peu en français, j’ai adapté «You're Cheatin' Yourself» en «Tu te trompes toi-même». Il se trouve qu’Eddie Barclay, qui partait le lendemain, m’a entendu à l’apéritif et m’a demandé ce que c’était. Et il m’a dit: «Je t’enregistre!» Je suis tombé dans les pommes! C’était inespéré, je ne me pensais pas du tout capable de faire un disque. C’était en 1962. Puis, en 1966, j’ai sorti «Tout le monde aime my baby», toujours pour Barclay.
Quand êtes-vous «monté» à Paris?
En septembre 1968, je me suis décidé à tenter ma chance. J’ai eu un premier engagement au Bistingo, aujourd’hui Chez Papa, qui était tenu par Carlos. J’étais parvenu à le convaincre de m’engager à l’essai, pour quinze jours, avec mon groupe de Marseille. Ma chance a été que le premier soir il y avait, à une table, des gens déjàprésents à Val-d’Isère –où j’avais fait un triomphe– et qui m’ont fait de nouveau un triomphe. De plus, je jouais des standards que les musiciens parisiens ne jouaient pas ainsi que ma chanson «Un scotch, un bourbon, une bière» que je venais d’enregistrer. Carlos m’a alors dit: «Tu restes tant que tu veux!» En mai 1969, je partais à Tahiti, pendant un mois, pour l’inauguration d’un hôtel. Et c’est la veille du départ que j’ai enregistré «Tu veux ou tu veux pas?». Il y avait de superbes musiciens sur ce disque: Gérard Badini, Jimmy Gourley, Xavier Chambon, etc.
Vous chantiez déjà «Tu veux ou tu veux pas?» au Bilboquet avant de l’enregistrer…
Oui, et d’ailleurs Barclay était venu m’écouter au Bilboquet, et il m’a dit: «Ça, c’est un tube!»
C’est effectivement un grand succès commercial, mais vous avez continué à jouer dans les clubs. Avec quels musiciens?
Christian Donnadieu au piano, Roger Paraboschi à la batterie…
Plus tard, en 1976, vous avez enregistré avec Milt Buckner (p, org) et Sam Woodyard (dm)…
J’ai dit à Milt Buckner: «On va jouer le blues —En quel ton? —Sol —C’est ma clé favorite!» Et on a enregistré le morceau sans répéter. Je l’ai appelé «Nabe’s Dream», en référence à mon fils qui voulait absolument enregistrer avec moi. Il s’était entraîné nuit et jour pendant trois mois à la guitare, il était doué. Il y avait aussi mon ami Jean-Pierre Lindenmeyer au vibraphone. Il était de passage à Paris pour affaires –il travaillait aux Ciments de Marseille– et je lui ai proposé de jouer avec nous. J’ai regretté qu’il n’ait pas dit un mot sur ce disque dans son interview à Jazz Hot. Le seul qu’il ait jamais enregistré de sa vie, en plus avec des musiciens comme Milt Buckner et Sam Woodyard! Il avait parlé de moi, c’était gentil, mais quand même… Je l’ai engueulé!
En 1979, vous avez enregistré les chansons de Georges Brassens avec Moustache…
C’était Moustache qui avait eu l’idée. J’ai arrangé «La Chasse aux papillons», à la Benny Goodman, et «J’ai rendez-vous avec vous».
En 2007, vous avez réenregistré «Tu veux ou tu veux pas?» et plusieurs de vos succès pour Frémeaux…
Je voulais le refaire en reggae. Mais les musiciens qui m’accompagnaient ne savaient pas le jouer. Alors j’ai fait un arrangement très proche de l’original. C’est ce que voulait Patrick Frémeaux; je n’allais pas refuser de faire un disque!
Quelle était votre relation avec Claude Luter?
Amicale, sans plus. Je l’ai rencontré quand je suis venu à Paris. Mais on ne faisait pas la même musique. Ceci dit, je l’appréciais beaucoup, c’était le meilleur clarinettiste français. Aujourd’hui, c’est Alain Marquet.
Et Maxim Saury?
C’était un vieil ami. Un jour, quelqu’un a eu l’idée de nous faire jouer avec Marc Laferrière sous le nom «Les trois M» pour Maxim, Marc et Marcel. On a fait quelques galas sous cette formule. La fille de Maxim, Julie joue très bien. Elle a participé à l’album Tu veux ou tu veux pas?. C'est Maxim qui m’a présenté Jean-Christophe Averty. J’étais allé à Juan-les-Pins pour voir Count Basie, Maxim était-là. Averty filmait(6) et m’a dit qu’il avait entendu parler de moi par les musiciens qui faisaient le bœuf avec moi à Marseille. Et il m’a proposé de me faire passer à la télévision. Alors, quand je suis parti à Paris, je l’ai appelé, et on a fait une émission avec «Un scotch…»(7). On en a tourné beaucoup d’autres par la suite. J’ai même chanté du Vincent Scotto dans une de ses émissions (il chante): «J’ai rêvé d’une fleur qui ne mourrait jamais…».
Alain Bouchet (tp), Marcel Zanini (ts), Jazz à Juan, 1987 © Photo X, Collection Alain Bouchet by courtesy
Récemment, vous continuiez à jouer au Petit Journal St-Michel…(8)
Oui, le dernier mardi du mois, mais je ne reste qu’une heure. J'ai écrit une cinquantaine de titres en tout. Le plus beau s’appelle «Lotus»; Hervé Meschinet le joue tout le temps. Les gens ne veulent pas croire que c’est de moi! Mais mon favori, c’est «Histoire de mai» que j’ai composé en trois minutes avec le Revox que je venais de m’acheter. «Peu de choses» est le meilleur au niveau des paroles. Il y a des morceaux pas mal… Je m’envoie des fleurs… J’ai cinq ou six chansons qui n’ont pas été enregistrées, dont deux avec des paroles en anglais. Mais aujourd’hui je ne suis plus en état d’aller en studio.
Qu’est-ce que le jazz pour vous?
Avant tout, le jazz est noir-américain. Et le meilleur musicien du monde, c’est Louis Armstrong! Il a donné des leçons de mise en place à tout le monde.
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1. Léo Missir (1925-2009) a débuté comme pianiste de jazz en 1942 à Marseille et obtiendra d'ailleurs le prix du Hot Club de France. En 1956, il rencontre Eddie Barclay à Val d'Isère qui l'engage comme assistant avant de lui confier, en 1964, la direction d'un des labels de son groupe, Riviera. Découvreur de talents dans le secteur des variétés (Nino Ferrer, Nicoletta, Hugues Aufray...), il restera fidèle au groupe Barclay, dont il prend la vice-présidence, malgré ses difficultés, dans les années 1970. Il met un terme à sa carrière, en 1986, à la mort d'un de ses derniers «poulains», Daniel Balavoine.
2. La rédaction de Jazz Hot fait part du rectificatif suivant: dans notre n°99 de mai 1955 les photos de Charlie Parker ont été attribuées par erreur à George Gotlib. L'auteur des photos est Marcel Zanini.
6. La rencontre entre Marcel Zanini et Jean-Christophe Averty date certainement de la venue de l'orchestre de Count Basie au 9e festival de Jazz à Juan, les 23 et 24 juillet 1968, qu'Averty a filmée et qui a également fait l'objet du disque Live in Antibes, 1968 (Esoldun/INA). 7. Emission «Au risque de vous plaire», réal. Jean-Christophe Averty, 10 janvier 1969, avec en vedette: Claude François; Marcel Zanini joue: «Un scotch, un bourbon, une bière». 8. Cette interview a été réalisée en 2016, avec quelques précisions ultérieures. Marcel Zanini a continué à jouer et à être présent de temps en temps au Petit-Journal St-Michel jusqu'en juin 2019, semble-t-il d'après les programmes en ligne, et un hommage est prévu le 22 septembre 2022, à l'occasion de ses 99 ans, avec Pauline Atlan, Patrick Bacqueville, Laurent Epstein et Pierre Maingourd.
MARCEL ZANINI & JAZZ HOT
Articles signés par Marcel Zannini (avec 2 "n")
Jazz Hot
n°95, janvier 1955, p.16
Jazz Hot
n°97, mars 1955, p.37
Jazz Hot
n°99, mai 1955, p.10
Jazz Hot
n°103, octobre 1955, p.20-21,29
Jazz Hot
n°105, décembre 1955, p.19
Jazz Hot
n°108, mars 1956, p.21
Jazz Hot
n°117, janvier 1957, p.22
Articles consacrés à Marcel Zanini
Jazz Hot n°93-1954 (Panorama des ténors modernes en France)
Jazz Hot
n°328-1976 (New York 1954/58: Marcel Zanini se souvient...)
Jazz Hot
n°456-1988 (A bâtons rompus)
Jazz Hot n°608-2004 (chronique CD Peu de choses)
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SELECTION DISCOGRAPHIQUE 1976. Marcel Zanini/Milt Buckner and Friends, Blues and Bounce!, Black & Blue
Leader / Coleader
45t 1962. Marcel Zanini et ses Challengers (Dis-moi oui ou non/tu t'trompes toi-même/baby reviens à la maison/je ne t'ai pas trompée chérie), Bel Air 221114 45t 1966.
Marcel Zanini, Tout le monde aime my baby, Riviera 231.164
CD 1966-89.
Marcel Zanini, Patchwork, Esoldun 332 (=CD Saint-Germain-des-Prés, Frémeaux
& Associés 479)
45t 1968.
Marcel Zanini, Un scotch, un bourbon, une bière, Riviera 231.332
45t 1969.
Marcel Zanini, Tu veux ou tu veux pas?, Riviera 121.257
LP 1976. Marcel Zanini/Milt Buckner and Friends,
Blues and Bounce!, Black & Blue 333110 (=CD 110.2)
CD 1976-85,
Marcel Zanini, Rive Gauche: 1976-1985, Frémeaux & Associés 5082
LP 1979. Marcel Zanini, Zanini joue et chante
Marcel Zanini, Free Bird FLY16
LP 1985. Marcel Zanini, Lotus, Black & Blue
33.213
CD 2002.
Marcel Zanini, Peu de choses, Frémeaux & Associés 456
CD 2007. Marcel Zanini, Tu veux ou tu veux pas?,
Frémeaux & Associés 494
Sideman
LP 1979. Georges Brassens joue avec Moustache et
les Petits Français, volume 1, Philips 9101260 (=CD Giants of Jazz Play
Brassens, Universal Music France 832 466-2)
LP 1979. Georges Brassens joue avec Moustache et
les Petits Français, volume 2, Philips 9101280 (=CD Giants of Jazz Play
Brassens, Universal Music France 832 466-2)
CD 1992. L'Anthologie Caveau de La Huchette 1965-2007, Frémeaux & Associés 5676 (2 titres en 1992) * |
VIDEOGRAPHIE par Hélène Sportis
Marcel Zanini, «Tu veux ou tu veux pas?», émission Maxi Mini, ORTF, 1er avril 1970, image extraite de YouTube
Chaîne YouTube Marcel Zaninihttps://www.youtube.com/channel/UCjv_Ez37M2VPisH1KUdc2ZQ1966. Marcel Zanini, (Everybody Loves My Baby)/«Tout le monde aime ma baby», «Ça balance terrible» https://www.youtube.com/watch?v=IgXqBqkmWXU https://www.youtube.com/watch?v=9hT37hkyniU
1970. Marcel Zanini, «Tu veux ou tu veux pas, clip», «Maxi Mini», ORTF, 1er avrilhttps://www.youtube.com/watch?v=NKwRMBO634E1990. Marcel Zanini, (My Baby Just Cares for Me)/«My Baby ne pense qu’à moi», Philippe Milanta (p), Claude Gousset (tb), Pascal Chebel (b), Michel Denis (dm), «Après-midi show, le jazz», Antenne2, 15 févrierhttps://www.youtube.com/watch?v=ccoCkXAnwL82009. Marcel Zanini en bœuf au Festival de Jazz d’Hirson, «Rosetta» avec le Melon Jazz Band: Ans Bilhaut (p), Jean-François Desson (tp), Gus Legallet (s), Yvan Yonnet (b), Laurent Duval (dm)https://www.youtube.com/watch?v=VbLrXV5s15s |
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