La Batterie, l'instrument du jazz (-band)
Du pré-jazz au mainstream
La batterie fut à ce point le
symbole du jazz qu'elle fut un temps connue sous ce nom. Il est en effet
essentiel au parcours (genèse et évolution) de la façon de jouer
jazz, puisqu'il entretient (ou non, selon la compétence de celui qui
l'anime) l'élément caractéristique le mieux disant du genre : le
swing. L'évolution du mélodiste et du rythmicien sont intimement
liées, avec des couples phares comme Louis Armstrong-Zutty
Singleton, Dizzy Gillespie-Kenny Clarke (bien que la complexité du
batteur a fini par ne plus convenir au trompettiste) ou Wynton
Marsalis-Herlin Riley. Nous n’aborderons pas ici les
batteurs bop, post-bop et dérivés du rock. Une bibliographie (non exhaustive) des batteurs de tous styles dans les numéros de Jazz Hot est disponible à la fin de cet article.
par Michel Laplace © Jazz Hot n°670, hiver 2014-2015
Le "pré-jazz" (avant le jazz, ce
n'est pas du jazz)
Pour étonnant que cela paraisse à
certains, Art Blakey a affirmé : « Le
jazz n’a rien à voir avec l’Afrique ». Ajoutons que la
syncope, faute de battue divisible en barres de mesure, n'existe pas
dans les musiques traditionnelles d'Afrique. La technique et le
matériel de la batterie ne viennent pas d'Afrique où le roulement
était inconnu. La cymbale vient de Turquie. Les plus anciennes
cymbales ont été martelées à Constantinople en 1623. La caisse
claire (snare drum) et la grosse caisse (bass drum)
viennent d'Europe. Seuls les toms, qui viennent des Indiens
d'Amérique, existent aussi en Afrique. Les balais utilisés à New Orleans, selon Karl Koenig, dès 1910-1916 auraient été
inventés en 1912. Tony Spargo (alias Sbarbaro) a affirmé que
les balais avec fils sont apparus pendant la Première Guerre
mondiale. Appelés fly-killers (tapettes à mouches),
expression conservée par Benny Goodman, ils deviennent en 1918, les
(synco) jazz sticks.
Au XVIIIe siècle, en Europe, la
cymbale est empruntée à la musique militaire turque et la technique
du roulement apparaît. La deuxième moitié du XIXe siècle voit
arriver la caisse claire dans les armées de Bavière. Les variations
pour tambour sont inventées le 17 mai 1804 à la veille du
couronnement de l'Empereur Napoléon Ier. Charles
Gourdin, tambour-major à la Garde Républicaine
(1896-1911) a écrit une méthode qui indique que la métrique la
plus employée est le deux temps (2/4). Une des plus vieilles
méthodes imprimées en Amérique est celle de Charles Stewart
Ashworth (1812). La première fabrique de tambours en Amérique
s'ouvre en 1885 dans le New Jersey (Excelsior Drum Co.). On constate
que la technique du tambour militaire est le fondement de
celle de la batterie chez James Lent (« The Ragtime
Drummer », 1904), Buddie Gilmore (accompagnement dans
« Castle House Rag », 1914), Ray Bauduc (« March
of the Bob Cats », 1938), Baby Dodds (toute son œuvre.
Voir sa vidéo chez American Music, 1999), Paul Barbarin («
Bourbon Street Parade », 1955), Minor Hall (« Blues for
Jimmie Noone », 1951, Kid Ory), Gene Krupa (1938, méthode),
Sid Catlett (1933, « Swing It », « Symphony in Riff »,
Benny Carter), George Wettling (1938, «
At Sundown », Bud
Freeman trio), Buddy Rich (« Poontang »), Art Blakey (1958, «
Blues March »). Les Noirs furent très tôt au contact de la
technique européenne car dès 1790 une loi autorisait la
constitution de fanfares militaires noires (fifres et tambours).
Certes le mot « Hot » apparaît en 1842 et il est
associé aux musiques rudement jouées par des Noirs américains.
D'où vient leur goût pour les sonorités non sophistiqués ? Il
semble que ce soit là le reste d'africanisme.
Etre hot ne suffit pas pour être
jazz. Ainsi en 1914, le solo en Stop Time de Buddie Gilmore dans
« Castle House Rag » n'est pas encore jazz, et reste
proche de la « cadence dans une marche tambour » (selon
T.D. Brown). En 1917, le jeu de Tony Sbarbaro (de l'ODJB) dans
« Dixie Jazz Band One Step » démontre surtout ce qu'est
le « three over four device », figure typique du ragtime
(ce procédé en décalage sur trois mesures s'appelle secondary
ragtime). Mais alors, si ce n'est pas jazz, il faut aussi
constater que le mot est déjà employé. En 1920, le show de Buddie
Gilmore était appelé « The Quintessence of Jazz ».
Côté matériel, la caisse claire
serait posée sur un trépied à partir de 1899 (?), système
commercialisé par U.G. Leedy. La pédale de grosse caisse serait due
à Cornelius Ward (1840). D'autres la datent en 1850. Le procédé
est perfectionné par George Olney (1887) qui déposa
un brevet pour la « swing » (overhanging bass-drum
pedal) (!) qui permettait de frapper grosse caisse et cymbale en
même temps. Le principe de la pédale de grosse caisse est exploité
par William Ludwig Sr. (1895), Harry Bower (1897), A.F.
Langenohl (1902) et d'autres comme Dee Dee Chandler,
batteur-violoniste (en 1893) et Papa Jack Laine à New Orleans.
Ludwig mit au point le principe de
la cymbale hi-hat en 1919 en s'inspirant des pieds de Baby Dodds (qui
la testa sans l'adopter). Louis Barbarin et Alfred Williams
l'utilisent les premiers en 1925-26 à la New Orleans. Elle n'y
devient d'usage courant qu'en 1930. On préférait étouffer le son
de la cymbale à la main. Trois modèles figurent dans le catalogue
Ludwig de 1928 : charleston cymbal (du nom de la danse), sock cymbal
et high-hat cymbal (ou hi-hat). Les toms accordables apparaissent en
1931.
La batterie « moderne »
s'est constituée en 1916-1926. Le passage de la métrique 2/4 au 4/4
a joué un rôle dans l'apparition du jeu jazz. A partir de 1922
(Gershwin, etc.) les songs passent du 2/4 au 4/4 (les
rééditions aussi!) car l'époque est à un phrasé balancé (le 2/4
est sautillant). Pour l'anecdote, il est amusant de souligner qu'à
l'époque du jazz-band (1917-1925), dite « Jazz Age »,
on a assimilé le mot jazz à la batterie.
En France, Buddie Gilmore a joué au
Club Clover, rue Caumartin (juin 1921) et avec le Negro Syncopated
Orchestra au Trocadéro (du 9 au 17 juillet 1921).
Fatty (en 1922) donnait des cours de batterie dans un bistrot
près du Val de Grâce. Leur influence en France fut sans doute plus
forte que celle de Louis Mitchell et Gordon Stretton,
batteurs mais surtout chefs d'orchestre.
Le jazz traditionnel
Le washboard
Le washboard est expérimenté dès
1913-1914 par Jasper Taylor chez W.C. Handy. Mais les premiers
disques avec washboard n'apparaissent qu'en 1924 (Jasper Taylor,
label Paramount). Georges Paczynski a souligné le lien entre le
genre tambour militaire et le washboard (introduction à « Idle
Hour Special », Jimmy Bertrand, 1926 ; introduction à
« Ballin’ the Jack », Baby Dodds, 1927). Il ne
faut pas passer sous silence Freddie Moore ni Floyd Casey.
L'instrument a connu des développements techniques jusqu'à nos
jours. Il a pris deux directions : le washboard vertical américain
et le washboard à table français, popularisé par Gilbert
Leroux. Une « tradition » française dynamique et
créative s'est imposée aux oreilles des Américains et a trouvé un
temps en Marcelo de Castro Diaz un bon disciple latin. Les
washboards français sont personnalisés, chacun monte son kit
avec woodblocks, cloches, cymbales, parfois une charleston et/ou une
grosse caisse. En plus des dés, les balais peuvent être utilisés.
Gérard Bagot a introduit le washboard dans les transcriptions
de musique classique (Bach, Händel, Albeniz, etc.). Le washboard
fut/est utilisé par une multitude de batteurs : Roger Paraboschi,
Len Barnard, Hal Smith, Herlin Riley, etc. En
1935, les Washboard Serenaders, groupe anglo-américain, avec Bruce
Johnson (whd) gravent quelques titres à Londres. Un groupe de ce
genre, le Tramp Band, vint à Paris avec la Revue « Cotton
Club » (1937). Hugues Panassié a pratiqué cet
instrument.
La danse à claquettes
La danse à claquettes aurait une
origine européenne, à savoir la clog dance (danse des
sabots) des Britanniques! Mais les Afro-Américains en ont tiré une
fois encore un art auquel on les identifie. On pense que Master
Juba, alias William Henry Lane (1825-1862), homme libre du ghetto
Five Points de New York, est un pionnier de la tap dance. Au
temps des Minstrel Shows, on dansait les claquettes sans fers
aux chaussures (la soft shoe). Les premiers maîtres sont
Ernest Hogan, Billy Kersands et Bert Williams.
Les Minstrel Shows (en 1767-1895), relayés par le
Vaudeville (dès 1895), sont, on le sait, les premières formes de
spectacle d'Amérique du Nord. La danse s'y épanouit : le cake-walk
bien connu (dès 1894), mais aussi le Stop Time où seul le
premier temps est marqué par l'accompagnement tandis que les
danseurs comblent le reste de la mesure. C'est l'ancêtre du tap
dance, ou claquettes. Bill
Robinson tira un tel art du Stop-Time qu'on lui en
attribue l'invention. Pour l'anecdote, soulignons qu'il a défilé en
France comme tambour major des Hellfighters de Jim Europe en
1918, pays où l'artiste blanc Harry Pilcer a introduit un an
plus tôt les claquettes et cela bien avant la popularité de
l'inimitable Fred Astaire, chou-chou des films hollywoodiens.
On a pu voir Bill Robinson au cinéma avec la petite Shirley
Temple. On ne saurait passer sous silence en tant qu'enfants
prodiges, Sammy Davis Jr. et Harold Nicholas qui, avec
son grand frère Fayar (toujours en scène en 2003 !), a donné
le plus fabuleux tandem de danseurs acrobatiques et à claquettes.
Ils ont eu leur heure de gloire au cinéma et, avant, dans la fameuse
« plantation » harlémite du spectacle, le Cotton Club.
Dans cet établissement se sont signalés d'autres danseurs à
claquettes comme Earl Tucker, les trois Berry Brothers
(dont les deux plus vieux sont nés à New Orleans), Peg Leg Clayton (avec une jambe de
bois!), Cholly (Charlie) Atkins, Ralph Brown. Bien plus
tard, dans le film Cotton Club, on a pu apprécier dans
cet exercice James Brown et les frères Hines, Gregory
et Maurice. Gregory Hines a aussi joué dans le film Jelly's
Last Jam. La danse à claquettes c'est encore Fredi
Washington, John Bubbles, Charles Coles, Chuck
Green, le grand boxeur Sugar Ray Robinson (dans les années
1950).
Dans les Revues, données à Harlem,
Broadway et en Europe, nombre de chanteuses ou musiciens furent aussi
danseurs. Il y eut une interaction entre le jeu de batterie et le tap
dance des Hoofers. Si Baby Dodds (« Drum Improvisation
n°1 ») et Jo Jones
(rimshots in The Drums) savaient imiter les claquettes de Bill
Robinson, ce dernier pouvait quant à lui jouer des
roulements, des breaks. Dans l'album The Drums (1970, Jazz
Odyssey LP 008), Jo Jones parle de Bill Robinson, mais aussi de Baby
Laurence. Baby Laurence savait exposer des thèmes aux
claquettes, créer des riffs, assumer des 4-4 avec le batteur. Pour
imiter les danseurs, Jo Jones utilisait les cercles de caisse. Notons
au passage que les batteurs Jo Jones, Sid Catlett,
Curley Hamner, Buddy Rich et Louie Bellson
furent eux-mêmes des danseurs à claquettes. Bunny Briggs fut
un disciple de Baby Laurence (disque My Poeple, musique de
Duke Ellington). Jimmy Slyde est mieux connu en France où il
a enregistré des disques d’une rare complicité avec Michael
Silva pour le label Black and Blue (LP 33066). Slyde, Laurence et
Briggs sont réunis dans le disque « Four Dancing Masters »
(Black and Blue LP 33 165, le quatrième est Chuck Green).
New Orleans
Les premiers maîtres de la batterie
jazz sont néo-orléanais : Baby Dodds, Zutty Singleton, Ray Bauduc.
Zutty Singleton et Kaiser Marshall estimaient Ray
Bauduc, non seulement comme technicien mais surtout comme
musicien. Ray Bauduc joua les quatre temps sur la charleston
dès 1938 et il est à l'origine de la cymbale cloutée (sizzle
cymbal). Il est l'auteur d'une des plus vieilles méthodes
(« Dixieland Drumming », 1937). Au nombre des batteurs
dixieland, il faut signaler Abbie Brunies, Al Babin,
Monk Hazel. Le genre perdure avec des petits princes comme
Trevor Richards et Hal Smith. Un Roy Burns
« façonna goût et grande technique », selon Charles
Suhor, en se consacrant au genre chez George Girard à New Orleans.
Baby Dodds
est le premier monstre sacré. Son matériel en 1923 comprenait :
grosse caisse avec pédale, caisse claire métal, quatre cowbells, un
woodblock, une cymbale chinoise, une cymbale turque Zildjian, un tom
chinois et un slapstick (fouet). Mais en disque à la même époque,
il dut se limiter à la cymbale, au woodblock, tom et caisse claire
sans timbre. Baby Dodds est l'inventeur du cha-ba-da au washboard et
à la cymbale (1927, « Oriental Man », Dixie-Land
Thumpers). Ce cha-ba-da à la cymbale est aussi la marque de Zutty
Singleton (1928, « Savoyager’s Stomp », Louis
Armstrong). Georges Paczynski a souligné l'excellence du roulement
gratté de Baby Dodds (1940, « Save It Pretty
Mama », Sidney Bechet) et de Zutty Singleton (1940, « Good
Old New York », Jelly Roll Morton), et de leurs disques de
démonstration (1946, publié en 1951, « Talking and Drum
Solos » par Baby Dodds ; 1951, « Drum Face »,
avec charleston, par Zutty Singleton). On fait, à juste titre, cas
de Paul Barbarin, dans ses disques pour Luis Russell (1930,
« Saratoga Shout »), de son entente avec Pops Foster, de
son utilisation de la hi-hat (1935). Son frère Louis Barbarin fut
aussi un excellent drummer. Les frères Minor et Tubby Hall
sont des archétypes. Notons que Johnny Wells fut souvent
proche de Tubby Hall. Développons un peu :
La genèse
Louis Cottrell Sr., de père
français, élève du percussionniste blanc, John Kornfeld (1889), a
introduit le press roll discret, en concurrence avec le
Memphis Time (quatre coups par mesure) qui s'est imposé à New Orleans à partir de 1915 (Black Benny,
Ernest Rogers, Ratty Jean Vigne). Louis Cottrell Sr.
utilisait une méthode de tambour éditée par Carl Fischer et il eut
une influence énorme, notamment sur Baby Dodds, Alfred
Williams, Ernest Rogers, Alex Bigard, les Barbarin,
les Hall et Freddie Kohlman (son dernier élève).
Louis Cottrell utilisait des baguettes légères, mais il n'a pas
accepté les balais (brushes), dont il offrit une paire testée (en
1910 ?) à Zutty Singleton. Ce roi du roulement straight joua « A
Ragtime Drummer », marche-cakewalk de Charles Kuebler (1907) où
il n'y a pas de cymbale (que grosse caisse-caisse claire). A New Orleans, traps drums désignait
l'assemblage caisse claire-grosse caisse ; ailleurs, c'était une
débauche d'accessoires pour les solos spectaculaires de ragtime (en
2/4) qu'illustrait Red Happy Bolton à New Orleans. Il fut avec John MacMurray, maître
du break, à la charnière rag-jazz. En 1910-1921,
apparaissent le tempo sur la grosse caisse (John MacMurray), la
frappe autour du temps (Ernest Trepagnier), le roulement
autour du temps et la relance de l'orchestre (Black Happy
Goldston), l'after beat (Henry Martin), le jeu soft sur
les woodblocks (tradition « High Society »), puis
l'utilisation des balais (vers 1919-1921). L'arrivée du blues
(privilégiant la caisse claire, 1916-1919) et conjointement de la
métrique 4/4 (1915-1921) amènent le jeu jazz.
Baby Dodds est
la géniale synthèse de tout cela, même si son disciple Zutty
Singleton joua en 4/4 deux ans avant lui (1917). La technique
Cottrell chez Baby Dodds, c'est le press roll (influence de la
valse), qu'il associe à l'after beat marqué (influence Henry
Martin). Formé aux quadrilles, aux ragtimes (en 2/4, 1913-1919), il
opte pour le 4/4 en 1919 et privilégie la caisse claire dans le
blues. L'influence de John MacMurray, ce sont les breaks. Celle de
Dave Perkins, c'est la grosse caisse dépouillée de ses
vestiges du vaudeville (cymbale suspendue, 1919). Celle de Walter
Brundy, c'est le maintien du corps. Il tire de la tradition, le
jeu soft derrière les solos de clarinette (woodblocks ou bord de
caisse - rims, qu'il initia). Dave Perkins lui enseigna pendant un an
les rudiments (méthode Excelsior) et Louis Cottrell lui
apprit à tenir les baguettes. Il a dit aussi avoir imité le
roulement de John MacMurray. Ses disques pour Bunk Johnson
démontrent, parmi d'autres, une grande variété rythmique et de
couleurs de son au service du groupe : roulement (« Low Down
Blues », AMCD1), relances (« Dippermouth Blues »,
solo de trombone, AMCD1), woodblocks (« Weary Blues »,
« New Iberia Blues », « Careless Love »,
AMCD1, « Milenberg Joys », « 827 Blues »,
« All The Whores », « Sheik of Araby »,
AMCD6, « Sister Kate », AMCD8), coups de grosse
caisse/bombes (« Royal Garden Blues », AMCD1, « The
Saints », AMCD8), rims (« Margie », « Swanee
River », AMCD6, « Lord Lord Lord », prise2,
« Panama », AMCD8), coup de cymbale de clôture (« Walk
Through The Streets », AMCD8), cymbale étouffée (« St
Louis Blues », « Lord Lord Lord », AMCD8, « Tiger
Rag » prise 2, « Panama » prise 3, AMCD3). Baby
Dodds joue sur les cymbales avec les baguettes de caisse claire dès
1919. Il lui arriva de jouer le tempo à la cymbale (« Breathless
Blues », Bechet-Mezzrow), ce dont témoigna George Wettling. Son jeu évolua vers le solo de batterie (il prit le premier en
1937). Les similitudes de jeu avec Chinee Foster viennent
d'influences communes (H. Martin, J. MacMurray). Baby Dodds accordait
la grosse caisse sur le sol, mais Chinee Foster sur le ré.
L'influence personnelle de Baby Dodds est énorme : Leo
Adde (des NORK), Ray Bauduc (« New Orleans Twist »,
en 1935), Monk Hazel (archetype Dixieland), Wallace Bishop
(« Blue », en 1935), Dave Tough, George
Wettling, Louis Barbarin, Cie Frazier et Zutty
Singleton, lui-même inspiration de Sid Catlett, un élève de
Jimmy Bertrand. Paul Barbarin, élève à la clarinette de
Paul Chaligny, se mit à la batterie sous l'influence de Red Happy
Bolton et John MacMurray. Dès 1916, il joue avec Alphonse Picou
(Maple Leaf Orchestra) et Buddy Petit. Puis, il travaille pour Jimmie
Noone Sr. (Chicago, 1920), Punch Miller (New Orleans, 1921), King
Oliver (Chicago, New York, 1925-27). A New York il se lie avec Chick
Webb qu'il a influencé notamment dans le travail
sur la cymbale (« Sugar Hill Function », en 1930). C'est
à New York qu'il passe du deux coups par mesure sur la grosse caisse
(avec roulement sur la caisse claire accentuant les temps faibles)
aux quatre coups. Son jeu de grosse caisse (« Wa Wa Wa »,
1926, King Oliver) et le style parade (« The Saints »,
1938, Louis Armstrong), typiquement néo-orléanais, auront une forte
influence : d'Abbie Brunies (avec Alvin Alcorn, 1952-53, SONO,
Vol.5, Storyville CD 6012) à Ed Blackwell en passant par
Freddie Kohlman.
Influence sur tous les
genres : la continuité
néo-orléanaise
Le style louisianais (et de
proximité) est la source de tous les genres. Chicago a non seulement
accueilli Baby Dodds, Paul Barbarin, Zutty Singleton et les frères
Hall, mais aussi Andrew Hilaire et le grand Snag Jones,
puis Judge Riley qui fit carrière dans le blues.
Charles Suhor (Tulane University
Jazz Archive, 1994) estima qu'Earl Palmer « ouvre
beaucoup de portes conceptuelles ». Pour son disciple John
Boudreaux, Earl Palmer est aussi phénoménal que Gene Krupa. C'est
aussi un des pères du funk (1957). Le jeu traditionnel louisianais
s'est propagé à Los Angeles (Dink Johnson, Teddy Edwards - le batteur) et à Kansas City via Baby Lovett. Jimmy
Bertrand (de Biloxi, MS), percussionniste, a marqué Zutty
Singleton, et eut pour élèves : Wallace Bishop, Ben Thigpen,
Sid Catlett et Lionel Hampton.
Lionel Hampton, archétype « swing », a employé des
batteurs néo-orléanais comme June Gardner, James Black
et, avant lui, Wilbur Hogan, source d'inspiration de Smokey
Johnson. Des « modernes » viennent de là : Idris
Muhammad (apte aux roulements) ou Ed Blackwell, influencé
par Happy Goldston, Wilbur Hogan et Paul Barbarin, fidèle à la
grosse caisse et au tom-tom néo-orléanais dans le contexte
d'avant-garde. Ignorer le fait louisianais, son évolution autonome,
sa pérennité locale, son rôle dans le Rhythm and Blues ne permet
sans doute pas d'apprécier la particularité de « modernes »
comme Tony Bazley, David Lee, James Black,
Herlin Riley, Brian Blade, John Vidacovich, Troy
Davis, Adenis Rose.
New Orleans a vécu un formidable boom musical en
1915-1925 ! Un genre traditionnel analogue aux disques de Louis
Dumaine et Sam Morgan (1927) s'est établi et maintenu, avec à
chaque époque (!), des batteurs de classe : Alfred Williams,
Chinee Foster, Louis Barbarin, Cie Frazier (années
1920), Albert Jiles Jr, Dave Oxley (années 1930),
Freddie Kohlman (années 1940), Frank Parker, June
Gardner (années 1950), Alonzo Stewart (années 1960),
Ernest Elly, Bob French, Frank Oxley (années
1970), Stanley Stephens, Shannon Powell (années 1980),
Louis Cottrell III, Gerald French (années 1990). On
peut leur ajouter le Français Guillaume Nouaux qui a
parfaitement assimilé l’art de la batterie de Zutty Singleton à
Ed Blackwell (avec des apports non néo-orléanais comme Gene Krupa).
Nous en sommes arrivés au style « Jazz Traditionnel
Contemporain ». En fait, ce ne sont pas les opposants au
bop/post-bop, ou ce que l'on veut faire croire à leur propos, qui
arrêtent le jazz à 1945, mais bien les intégristes
pro-créatifs, d'une culture limitée et ciblée, qui trouvent un
intérêt à ce que l'on ferme la porte derrière soi chaque fois
qu'on change de période (ou de chapitre). C'est une distorsion du
fait musical au quotidien et une injustice envers beaucoup d'artistes
de talents.
Mainstream
Pourquoi Joe Darensbourg était-il
gêné par le drumming lazy de Cie Frazier (tous deux étaient
Louisianais) ? Pourquoi Bill Coleman se sentait-il inconfortable
autant avec Zutty Singleton qu'avec Kenny Clarke ? Quelle
transformation du beat s'est donc produite dans cette
évolution ? Quelle interaction y a-t-il entre soliste et batteur ?
Le Nord n'a pas vécu le rythme comme le Sud.
L'apport de Vic Berton,
percussionniste, notamment timbalier classique (pour Stravinsky entre
autres) est le « hot cymbal chorus ». Dans « That’s
No Bargain » (1926, Red Nichols), il utilise peut-être la
charleston. Stan King, Cuba Austin, Manzie Johnson,
Tommy Benford, Bill Beason ont amené leur
contribution. George Stafford, auteur d'un break de deux
mesures sur la charleston (« The Boy in the Boat »,
1928, Charlie Johnson) fut le premier à jouer régulièrement de
la hi-hat. On sait que les batteurs donnaient une pulsation et un son
particulier d'orchestre : Cuba Austin/McKinney's Cotton Pickers,
Manzie Johnson/Don Redman, James Crawford/Jimmie Lunceford, Jesse
Price/Harlan Leonard, Ben Thigpen/Andy Kirk, Ray Bauduc/Bob Crosby,
etc. Tommy Benford (en 1938-1941 : Willie Lewis), Bill Beason (en 1937 :
Teddy Hill) ont joué en France, tout comme Kaiser Marshall
(en 1937-1938 : Bobby Martin, cf. film L'Alibi). Ils ont
pu y exercer une influence. Tommy Benford, ami de Sid Catlett,
professeur de Chick Webb, évolua dans le même sens que Sid Catlett
depuis le style New Orleans (il joua pour Jelly Roll Morton). Manzie
Johnson fut influencé par Kaiser Marshall, George Stafford et les
batteurs New Orleans. Kaiser Marshall, batteur de Fletcher Henderson
(en 1923-1930) a tracé avec Sonny Greer (chez Duke Ellington),
George Stafford, Walter Johnson et Chick Webb les bases du drumming
en big band. Kaiser Marshall faisait danser la cymbale ride. Pour
Sonny Greer, il fut le premier à jouer le tempo cha-ba-da sur cette
cymbale (mais Baby Dodds fit de même). Walter Johnson, au
style proche de Sid Catlett, dès 1930 chez Fletcher Henderson,
faisait aussi danser les cymbales. Il a inventé le cha-ba-da joué
sur la hi-hat (main droite). Avant lui, le cha-ba-da était joué sur
le woodblock, le washboard et la cymbale. Le percussionniste Sonny
Greer, « réalisa des modèles de batterie pour la firme
Leedy, collabora à la conception des premières timbales à pédales,
proposa de nouveaux modèles de caisses claires et de toms, il fit
également des suggestions en ce qui concerne les balais et dessina
des modèles de cymbales » (selon « Modern Drummer »,
1981, p.76). Sonny Greer fut le premier à enregistrer aux balais
(janvier 1927). Il utilisa aussi les mailloches sur le tom (1er
octobre 1928 : « The Mooche »). Sa grosse caisse était
accordée sur le sol. Dans son disque avec Earl Hines
(Impulse!, 1966, « Once Upon a Time »), il illustre
comment on pousse l'orchestre. George Wettling, dans sa méthode
(1945) précise : le « two beat chez Jimmie Lunceford »,
si bien maîtrisé par Jimmy Crawford, « ne doit
pas être confondu avec le two beat Dixieland ».
Chick
Webb, de son côté, utilisait comme Sonny Greer
une grosse caisse avec peau de timbale pour plus d'amplitude. Sa
grosse caisse était accordée sur le sol. Il a influencé
Sonny Payne, Sam Woodyard, Charli Persip (1970,
Erroll Garner, Polydor LP 239 3015). Gene Krupa, à l'origine
du vedettariat des batteurs, a associé les influences Baby
Dodds/Zutty Singleton à celle de Chick Webb. En
1938, fut éditée une Gene Krupa Method qui reprend les
rudiments du tambour militaire. Avec Gene Krupa, les rudiments
de tambour militaire sont distribués à l'ensemble de la batterie,
tandis que la grosse caisse et la charleston stabilisent le
tempo. Dave Tough est venu une première fois en France en
juin 1927 puis à nouveau d'octobre 1927 à mars 1929. La
transmission du savoir-faire de Dave Tough à Maurice Chaillou,
signe les débuts (dès octobre 1927) de la batterie jazz en France,
qui donnera aussi Georges Marion (tempo régulier), Jerry
Mengo (l'un des meilleurs avant la Deuxième Guerre mondiale),
puis Pierre Fouad, Egyptien doué pour le swing, admirateur de
Cozy Cole, Armand Molinetti, fougueux virtuose genre Gene
Krupa, et André Jourdan, plus sobre, bon dans les breaks
(« Caravan » avec Aimé Barelli). Charlys, banjoïste et
« jazz » des dancings parisiens a écrit une méthode
pour Paul Beuscher (vers 1934). Dave Tough aurait été le premier à
utiliser les balais sans frapper, mais en balayant (1929). Il
accordait sa batterie avec des peaux détendues, selon Ed
Shaughnessy. Il est l'auteur d'une méthode (Dave Tough’s
Avanced Paradiddle Exercices, 1947). Il était plus musicien que
technicien. Le ratamacue et le paradiddle font partie
des 26 rudiments du tambour militaire, mais c'est Cozy
Cole qui les a adapté au phrasé jazz. Elève
notamment de Charlie Brooks (musicien de fosse du Lincoln
Theatre), Billy Gladstone et Saul Goodman, Cozy Cole a
développé une technique d'indépendance des quatre membres. Son
point fort fut le rythme shuffle. Nick Fatool, disciple de
Dave Tough, est tenu en haute estime par Charles Suhor. Ray
McKinley est défendu par Jim Chapin (Advanced Techniques for
the Modern Drummer, 1948). Cliff Leeman a généralisé
l'emploi de la cymbale chinoise cloutée dans le cadre des big bands
(Artie Shaw, etc.). Il faut citer J.C. Heard (bon jeu de
balais), Alvin Burroughs, George Jenkins, Joe
Marshall (disques pour Wild Bill Davis – « Blue
Pyramid », Verve LP V68635 – et Earl Hines – « Stride
Right », Verve LP V68647), Slick Jones (swing intense
dans Lloyd Phillips Trio, Cosmopolitan LP 50.531), Specs Powell,
Panama Francis, Eddie Dougherty. En France, Kansas
Fields jusqu'en 1965, puis Wallace Bishop ont illustré
une tradition, défendue par les autochtones de Mac Kac à
Jean-Pierre Derouard et Simon Boyer, dit Shuffle, en
passant par Bernard Artault (disciple de Sid Catlett), Ivan
Capelle (Bill Coleman, Guy Lafitte, Gérard Badini, etc.),
Philippe Combelle (D. Byas, B. Clayton, G. Badini, J. Slyde),
Vincent Cordelette (Bolling depuis 1985), Michel Denis (B.
Coleman, D. Byas, D. Doriz, Ph. Milanta), Roger Fugen (Al
Lirvat, P. Gossez, D. Janin), Teddy Martin (A. Combelle, J.
Hélian, A. Persiani, F. Guin), Arthur Motta (Django,
Bolling), René Nan (J. Hélian, J. Denjean, Art Simmons),
Roger Péguet (disciple de Sid Catlett) et plus récemment
Stan Laferrière ou Sylvain Glevarec.
Pour l'enseignement signalons La
Batterie et sa technique (1950) de Léon Agel et le
travail de Dante Agostini, qui joua chez Ekyan (en 1947-1948),
Rostaing, Combelle, Lafitte, Byas, avant de fonder une école.
Kansas City est aussi spécifique
que New Orleans, mais son rôle
dans la batterie pour big band est plus important. Signalons Murl
Johnson, Jesse Price (à l'origine danseur), Gus
Johnson. A.G. Godley est rattaché à cette mouvance, même
s'il n'a pas joué à Kansas City.
L'aboutissement de la batterie swing
qui donne le mainstream, c'est Jo Jones, Sid Catlett,
George Wettling, Denzil Best et Buddy Rich.
Kenny Clarke, à l'origine, s'est inspiré de Jo Jones et Sid
Catlett. Jo Jones a
débarrassé la batterie des accessoires du ragtime et du New
Orleans. Il a diminué les dimensions des caisses. Son swing était
incontournable. Pour mémoire, Jo Jones rectifia ses collègues Art
Blakey, Elvin Jones, Tony Williams, Max Roach, Freddie Waits et Mel
Lewis avec une simple charleston lors d'un concert sponsorisé par la
Gretsch Drum Company (années 1970). Il a déplacé la battue du
tempo de la grosse caisse/caisse claire vers la charleston (hi-hat)
puis la cymbale ride. Mais il ne fut pas le seul. L'influence New
Orleans sur Jo Jones est nette dans « Smiles » (28
février 1974, avec Gerry Wiggins, Major Holley) où il place les
accents sur le bord de caisse (rims) dans l'introduction. Son double
album The Drums (1970, Jazz Odyssey, cf supra) reprend le
principe de Talking and Drum Solos de Baby Dodds. Jo Jones y
exprime son respect pour Baby Dodds, Alvin Burroughs, A.G.
Godley, Sid Catlett, Walter Johnson, Sonny Greer, Chick Webb et Baby
Lovett. De même, Sid Catlett, influencé par Zutty Singleton,
admirait Baby Dodds, Jimmy Bertrand, Johnny Wells. Il allait
écouter Kaiser Marshall, George Stafford, Tommy Benford, Chick Webb.
Eddie Barefield a souligné le lien de style entre Walter Johnson et
Sid Catlett, qui tous deux, contrairement aux Néo-Orléanais,
bougeaient peu. L'influence de Baby Dodds sur George
Wettling est reconnue. Wettling est l'auteur de America’s
Greatest Drum Stylists (1945), un ouvrage où il répertorie 23
styles de batterie. Buddy Rich reprend la manière
démonstrative de Gene Krupa (1940, « Hawaiian War Chant »,
Tommy Dorsey ; 1955, « Drum in Hi-Fy », Woody Herman). Sa
vitesse d'exécution tient du phénoménal. L'ouvrage Buddy Rich’s
Modern Interpratation of Snare Drum Rudiments (1942, Embassy
Music Corp), qui reprend les 26 rudiments of Drumming de
George Lawrence Stone (1931), eux-mêmes tirés du Strube’s
Drum And Fife Instructor (1869), sauf le frisé, a pour
cosignataire, Henry Adler. Denzil Best, batteur à partir de
1943, fit son meilleur disque pour Jack Teagarden avec Ruby Braff et
Lucky Thompson. Son jeu legato employait beaucoup les balais. Dans la
même lignée, on peut signaler les premiers disques de Kenny
Clarke (Edgar Hayes, 1937, proche de Sid Catlett dans « Edgar
Steps Out », Classics 730), Max Roach
(Benny Carter, 1944-1945, Classics 923) et Art
Blakey (Billy Eckstine, 1944-1945, Classics 914).
De ce dernier Hugues Panassié a écrit : « Le dynamisme
rythmique d’Art Blakey, sa puissance de percussion sont d’un
effet fascinant » (à propos de « Swahili », Clark
Terry, Mercury, Bulletin HCF 72, p15). S'il est douteux que les
anciens annoncent le bop (imprévisible en leur temps), des modernes
connaissent la tradition : en vrac, Shelly Manne (1944,
séances sous son nom, Eddie Heywood, p), Mel Lewis (bon
technicien, décembre 1954, disque Vanguard sous son nom avec John
Glasel, Boomie Richmond), Frank Butler (LP Triumph/Vogue, avec
Jimmy Witherspoon), Alan Dawson (qui sait swinguer, 1990, Ken
Peplowski : « Illuminations », Concord), Elvin Jones
(eh, oui!, avec Earl Hines,1966, Impulse!), Connie Kay (Big
Joe Turner, Atlantic : « Sweet Sixteen », 1952, « Shake
Rattle & Roll », 1954, « Boogie Woogie Country
Girl », « The Chicken and the Hawk », 1955) ou
Charli Persip pour Big Joe Turner (« Rebecca »,
1960) ou pour Ernie Wilkins (Tribute to Duke Ellington).
Charli Persip qui fit swinguer le big band Dizzy Gillespie, est
l'auteur de How Not to Play Drums (1990). En quoi seraient-ils
plus « moderne » que les mainstreamers? Il y eut d’autres
grands batteurs mainstream : Louie Bellson (virtuose), Sonny
Payne, Sam Woodyard (qui a vécu en France), Ed Thigpen
(influencé par O'Neill Spencer, et Denzil Best : balais dansant
dans « The River », Monty Alexander, 1985, Concord CD
4422), Butch Miles, Bobby Durham (très sûr, avec Al
Grey, 1991, Chiaroscuro CD 305), Joe Ascione, Charli
Antolini, François Laudet (deux disciples de Buddy Rich),
Oliver Jackson, Bernard Pretty Purdie,
Alvin Queen, Duffy Jackson, etc.
Jazz traditionnel et mainstream se sont
prolongés sans interruption jusqu'à nos jours, avec à
chaque décennie de nouveaux batteurs capables de s'exprimer au sein de cette culture musicale.
Les batteurs dans Jazz Hot (Sélection) (Quand le
musicien fait la couverture, le numéro correspondant est noté en
gras.) Don Alias :
630 (2006) Ray Barretto
: 406 (1983), 525 (1995), 549 (1998), 592 (2002), 628 (2006) Ray Bauduc :
13 (1947), 51 (1951) Louie Bellson
: 291 (1973), 648 (2009) John Betsch :
644 (2007) Ed Blackwell
: 372 (1980) Art Blakey :
95 (1955), 138 (1958), 139 (1959), 291 (1973), 374-375 (1980),
480 (1990), S2005 (2004) Terri Lyne
Carrington : 523 (1995) Sid Catlett :
28 (1948), 41 (1950), 45 (1950), 92 (1954) Kenny Clarke
: 114, 192, 193 (1963), 291 (1973), 329 Jimmy Cobb :
523 (1995), 634 (2006) Billy Cobham
: 302 (1974), 303 (1974), 361 (379) Cozy Cole :
26 (1948), 36 (1949), 72 (1952), 108 (1956) Jack
DeJohnette : 423 (1985) Baby Dodds : 16
(1947), 50 (1950), 142 (1950) Hamid Drake :
659 (2012) Sangoma Everett
: 582 (2001) Rodney Green
: 669 (2014) Sonny Greer : 43
(1950), 57 (1951), 130 (1958), 509 (1994) Chico
Hamilton : 107 (1956), 533 (1996) Jeff Hamilton
: 661 (2012) Beaver Harris
: 491 (1992) Billy Hart :
624 (2005) Roy Haynes :
93 (1954), 175 (1962), 533 (1996) Billy Higgins
: 474 (1990), 581 (2001) Clifford
Jarvis : 567 (2000) Elvin Jones : 131 (1958), 193 (1963), 291 (1973), 562 (1999), 612
(2004) Philly Joe Jones : 131 (1958) Willie Jones
III : 669 (2014) Gene Krupa : 38 (1949), 75 (1953), 108 (1956) Mel Lewis : 296 (1973), 344 (1977) Victor Lewis : 584 (2001) Shelly Manne
: 291 (1973), 351-352 (1978) Butch Miles :
634 (2006) Idris
Muhammad : 527 (1996), 616 (2004) Lewis Nash :
584 (2001), 621 (2005) Earl Palmer :
648 (2009) Charlie
Persip : 634 (2006) Buddy Rich :
73 (1953), 266 (1970), 442 (1987) Ben Riley :
523 (1995), 598 (2003) Herlin Riley
: 616 (2004) Max Roach : 25 (1948), 33 (1949), 67 (1952), 128 (1958), 150 (1960),
196 (1964), 370 (1980), 371 (1980), 383 (1981), 384 (1981),
474 (1990), S2006 (2005), 643 (2007), 644 (2007) Ed
Shaughnessy : 98 (1955) Doug Sides :
598 (2003) Art Taylor :
136 (1958), 519 (1995) Dave Tough : 13
(1947), 29 (1949), 39 (1949), 98 (1955) Kenny
Washington : 523 (1995) Jeff Tain
Watts : 584 (2001) Chick Webb :
230 (1967) Tony Williams
: 291 (1973), 539 (1997)
Bibliographie The Jazz Essays,
Karl Koenig, 1996, Basin Street Press Sonic Boom – Drums,
Drummers & Drumming I the early jazz, Karl
Koenig, 1994, Basin Street Press New Orleans
Style, Bill Russell compiled and edited by Barry Martyn &
Mike Hazeline, 1994, Jazzology Press Fallen Heroes-A
History of New Orleans Brass Bands, Richard H. Knowles, 1996,
Jazzology Press New Orleans Jazz and
Second Line Drumming, Herlin Riley and Johnny
Vidacovich, interviews de Dan Thress, 1995, Manhattan Music New Orleans Jazz :
A Revised History, Ralph Collins, 1996,
Vantage (chapitre sur Congo Square) A Tribute to Paul
Barbarin, Per Oldaeus, New Orleans Music
Vol.3, n°4, juin 1992, p.6 « La Batteria Jazz e
la sua storia : il primo grande batterista della storia del jazz
Baby Dodds » Georges Paczynski, Blu Jazz
n°22, 1992, p15-22 (avec transcriptions) (article/CD) « The Washboard in
France », Art Fell & Peter Gaskell, The
Mississippi Rag, Sept. 1997, p 12-16 Une histoire de la
batterie de jazz. Des origines aux années swing, Georges
Paczynski, 1997, Outre Mesure Jazz Drums Legacy.
Le langage de la batterie jazz, Guillaume Nouaux, 2012, 2Mc
éditions
Sélection vidéo • At The Jazzband Ball
incl. (1929) by Chick Webb's Band,
Harlem Lindy Hoppers, James Barton.
• Pie Pie Blackbird , film
(1932) freat. Eubie Blake & his Orchestra with the Nicholas
Bros.
• One Mile From Heaven , film
by Allan Dwan (1937) : Bill Robinson, Claire Trevor, Sally
Blane, Fredi Washington.
• Swing Time, film featuring
Fred Astaire.
• That's Dancing! documentary
by Jack Haley Jr (MGM, 1985)
incl. Busby Berkeley, Sammy Davis Jr
(7 years old), Fred Astaire, Nicholas Bros.
• Sing, Sing, Sing film by
Manfred Waffender (1992) featuring Frankie Manning, Norma
Miller, Swing Dance Society, The Big Apple Lindy Hoppers music by Benny Goodman Orchestra interviews : Buck Clayton, George T.
Simon, Lionel Hampton, Joseph Taubman.
• The DuPont Show of the Week :
Chicago and All That Jazz, Tony Spargo (Sbarbaro) (kazoo), Vintage Jazz Classics video VJC-2002
(Australie)
• Baby Dodds, New Orleans Drumming 1-Baby Dodds, film by Bill
Russell (the grandfather of all jazz drumming , Chicago, 1953) 2-Cie Frazier, film by Bill
Russell & Barry Martyn (1961) 3-Alfred Williams, film by Bill
Russell & Barry Martyn (1961) 4-short appearance by Chinee Foster 5-Milford Dolliole, film by
Barry & Emile Martyn (1986) American Music Video AMVD-One
• Stormy Weather (Symphonie
Magique), film d'Andrew L. Stone (1943) incl. Fats Waller combo
(Benny Carter, tp ; Zutty Singleton, dm).
(also featured are Lena Horne, Bill
Robinson, Cab Calloway, Flourney Miller).
• New Orleans, film, 1946 : Louis Armstrong (tp, voc), Mutt Carey
(tp), Kid Ory (tb), Barney Bigard (cl), Lucky Thompson (ts), Charlie
Bean (p), Bud Scott (g), Red Callender (b), Zutty Singleton
(dm), Billie Holiday (voc)
• The DuPont Show of the Week :
Chicago and All That Jazz , recorded late october to november
1961 New Orleans Band : Red Allen (tp), Kid
Ory (tb), Buster Bailey (cl), Lil Hardin-Armstrong (p), Johnny St.Cyr
(g), Milt Hinton (b), Zutty Singleton (dm) :
• New Orleans Jazz, VHS NOV
13199 (Canada) : Ray Bauduc & his Band (3')
: Joe Graves (tp), Al Pellegrini (sax), Ray Sherman (p), Paul Morsey
(b), Ray Bauduc (dm), Debbie Claire (voc)
• Gene Krupa & his Orchestra : Roy Eldridge (tp, voc), Norman Murphy,
Torg Halten, Graham Young (tp), John Grassi, Jay Kelliher, Babe
Wagner (tb), Sam Musiker (cl, as), Musky Ruffe (as), Walter Bates,
Jimmy Millione (ts), Sam Listengart (bs), Milt Raskin (p), Ray Biondi
(g), Eddie Mihalich (b), Gene Krupa (dm), Anita O'Day (voc),
Hollywood, october 1941 (soundie 5001, soundie 5407)
• Born to Swing, prod. John
Jeremy (1973) incl. Gene Krupa, Jo Jones
• The Big Band Legens, Idem DVD
1053 Sid Catlett & his Orchestra
(with Gene Krupa)
• Great Performances, Idem DVD
1057 Jammin' The Blues, Hollywood,
8-9/1944 : Harry Edison (tp), Lester Young, Illinois Jacquet (ts),
Marlowe Morris (p), Barney Kessel (g), Red Callender, John Simmons
(b), Sid Catlett, Jo Jones (dm), Marie Bryant (voc, dance), Archie
Savage (dance)
• Red Allen & J.C. Higginbotham Red Allen (tp, voc), J.C. Higginbotham
(tb), Don Stovall (as), Bill Thompson (p), Benny Moten (b), Alvin
Burroughs (dm), NYC, 21/1/1946 (soundie 21M5, soundie 20M3, soundie
17M2)
• Buck Clayton & his All-Stars,
directed by Yannick Bruynoghe, Brussels, 1961, VHS KJ 094 Buck Clayton, Emmett Berry (tp), Dicky
Wells (tb), Earle Warren (as, cl), Buddy Tate (ts), Sir Charles
Thompson (p), Gene Ramey (b), Oliver Jackson (dm), Jimmy
Witherspoon (voc).
• Classic Jazz Drummers, Swing and
Beyond - Hudson Music DVD HD-JV01 (70'), prod. Rob Wallis &
Paul Siegel (2002) 1-Gene Krupa Orchestra (1940),
2-Louis Armstrong & his Orchestra (early 1942) : Frank Galbraith,
Shelton Hemphill, Bernard Flood (tp), George Washington, James
Whitney, Henderson Chambers (tb), Rupert Cole, Carl Frye (as), Prince
Robinson, Joe Garland (ts), Luis Russell (p), Lawrence Lucie (g),
John Simmons (b), Sid Catlett (dm), Velma Midleton (voc),
3-Dizzy Gillespie Big Band (1946) incl. John Brown (solo as), Howard
Johnson (lead as), John Lewis (p), Ray Brown (b), Joe Harris
(dm), 4-Buddy Rich Orchestra (1948), 5-Cab Calloway &
his Cabaliers (1950) : Jonah Jones (tp), Dave Rivera (p), Milt Hinton
(b), Panama Francis (dm), 6-Lionel Hampton Orchestra feat.
Betty Carter (voc), Curley Hamner (dm) (1950), 7-Count Basie
Septet (october 1950) : Clark Terry (tp), Buddy de Franco (cl),
Wardell Gray (ts), Basie (p), Freddie Greene (g), Jimmy Lewis (b),
Gus Johnson (dm), 8-Jack Teagarden Orchestra (1951) :
incl. Charlie Teagarden (tp), Pud Brown (cl), Ray Bauduc (dm),
9-Steve Allen Show (1956) feat. Lionel Hampton, Don
Lamond, Louie Bellson (dm), 10- JATP (1957) incl. Roy
Eldridge (tp), Oscar Peterson (p), Herb Ellis (g), Jo Jones
(dm), 11-Louie Bellson (solo dm) (1957), 12-Howard Rumsey
Lighthouse All-Stars (1958) feat. Shorty Rogers (fgh), Stan Levey
(dm), 13-Joe Morello (solo dm) (1961, Dave Brubeck
Quintet), 14- Thelonious Monk Quartet (1963) incl. Charlie Rouse
(ts), Frankie Dunlop (dm), 15- Bird Lives (1964) : Howard
McGhee, J.J. Johnson, Sonny Stitt, Walter Bishop Jr, Tommy Potter,
Kenny Clarke (dm), 16-Count Basie Orchestra (1965) : Sam Noto,
Wallace Davenport, Sonny Cohn, Al Aaron (tp), Henderson Chambers,
Henry Coker, Grover Mitchell (tb), Bill Hughes (btb), Marshall Royal
(as), Eric Dixon, Sal Nistico (ts), Charles Fowlkes (bs), Basie (p),
Freddie Greene (g), Buddy Catlett (b), Sonny Payne (dm),
17-Kenny Clarke Quintet (1966), 18-Count Basie Orchestra
(october 1968) : Al Aaron, Gene Coe, Sonny Cohn, Oscar Brashear (tp),
H. Floyd, W. Hughes, G. Mitchell, R. Boone (tb), Eric Dixon (ts, fl),
Bobby Plater (as, fl), Marshall Royal (lead as), Eddie Davis (ts),
Charlie Fowlkes (bs), Basie (p), Freddie Greene (g), N. Keenan (b),
Harold Jones (dm), 19-Philly Joe Jones (1978),
20-excerpts from the grandfather of all jazz drumming feat.
Baby Dodds (1953) + 4 bonus clips (Lionel Hampton
Orchestra with Duke Garrett, Leo Shepherd, tp, 1950 ; Philly Joe
Jones with Thelonious Monk, 1959 ; Sonny Payne with Basie
Big Band, 1965 -as above : - ; Shelly Manne & his Men
incl. Conte Candoli, Richie Kamuca, Russ Freeman, Monte Budwig,
1962).
• The Cotton Club comes to the
Ritz, film by Nigel Finch (1985) interviews : Harold Nicholas, Cab
Calloway, Doc Cheatham, Adelaïde Hall, Max Roach feat. Harold Nicholas (tap dance), Max
Roach & the Band (Ritz, London, 1985).
• Bird Lives, Germany, 1964 Howard McGhee (tp), J.J. Johnson (tb),
Sonny Stitt (as), Walter Bishop Jr (p), Tommy Potter (b), Kenny
Clarke (dm)
• Max Roach, film by Gérald
Arnaud & Patrick Sobelman (1997) incl. Duke Ellington, Baby Laurence,
Jo Jones, Sid Catlett, Kenny Clarke-Lou Bennet (1972), Max Roach
(1964).
•Earl Palmer/Herman Ernest : From
R&B to Funk (63') feat. with Earl Palmer : Red
Tyler (ts), Allen Toussaint (p), Bill Huntington (b), with Herman
Ernest : Amadee Castanell (ts), Lawrence Sieberth (p), Julius Farmer
(b), DCI Music Video (VHS/NTSC) VH0 171
• Herlin Riley : New Orleans
Drumming, Ragtime And Beyond : Evolution of a Style (68') directed by Stevenson J. Palfi, prod.
by Stevenson Productions Inc and Paul Siegel. Interviewer Dan Thress,
DCI Music Video (VHS/NTSC) VHO 167
(1993) Herlin Riley at Sea Saint
Studio, New Orleans :
talks about Baby Dodds, Ho Jones, Frank
Lastie, Vernell Fournier, Melvin Lastie, David Lastie, Walter Lastie,
Horace Silver, Art Blakey, James Black, Smokey Johnson.
Nicholas Payton (tp), David Tarkonowsky
(p), Chris Severin (b), Herlin Riley (dm, whb) (Betty-Ann
Lastie-Williams, p-voc repl. Torkanowsky), (NP, out), (Betty-Ann
repl. Torkanowsky).
• Johnny Vidacovich : Street Beats
: Modern Applications (65'), DCI Music Video (VHS/NTSC) VHO 168
feat. Tony Dagradi (ts), David
Torkonowsky (p), James Singleton (b).
• Alvin Queen, L'homme aux
baguettes d'or, TV-film New Morning Vision, prod. Daniel Farni
(2000), avec interview d'Alvin Queen, démonstration de drumming
d'Alvin Queen (swing, be-bop, styles Elvin Jones, Tony Williams, Max
Roach, blues lent et rock'n roll), extraits musicaux du trio Europa
(Hervé Sellin, Pierre Boussaguet), Archie Shepp, Clark Terry (Dado
Moroni, Pierre Boussaguet), Ray Brown (1996 avec J. Terrassson), Art
Farmer (avec Ray Brown, 1996), Bob Berg, Randy Brecker, Ray Barretto,
Mongo Santamaria, Roy Hargrove (blues avec Ray Brown) et John Hicks
trio (à Nice).
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