David Sauzay (ts), Fabien Marcoz (b),38 Riv',
Paris, 8 juin 2022 © Jérôme Partage
David SAUZAY
In the soul of a Jazz Messenger
Jazz Hot avait rencontré une première fois en 2006 le saxophoniste ténor et flûtiste David Sauzay, déjà pressenti comme une talent de la scène jazz en France dont il est devenu depuis un acteur incontestable. Il était donc important de questionner son cheminement mûri par ses expériences, fait de rencontres et de recherches personnelles. En une trentaine d'années de carrière, David Sauzay s'est imposé comme un excellent instrumentiste du jazz et un passeur ancré dans la tradition, dans un rapport dynamique et créatif à l'histoire, notamment par son travail de compositeur. Fidèle à ses amis-partenaires de sa génération, tous mus par un même amour du jazz de culture, David Sauzay multiplie les projets, en leader, coleader ou en sideman: le quintet avec Fabien Mary (tp), Yves Brouqui (g), Fabien Marcoz (b) et Stéphane Chandelier (dm), le Nonet de Laurent Marode (p) et des cinés-concerts en duo, le nouveau groupe de Mourad Benhammou (dm) autour de la musique de Jack McDuff, le quartet d'Olivier Leveau (p) consacré aux compositions et à des originaux dans l'esprit de Cedar Walton, l'octet de Fabien Mary ainsi que des participations au Vintage Orchestra de Dominique Mandin (ts) ou à ArchySax de Pascal Thouvenin (as) avec Dany Doriz (vib), parmi bien d'autres formations. Pédagogue, le ténor s'investit en parallèle dans la transmission de la pratique du jazz, mission qu'il a acquise en particulier auprès de Barry Harris. La transmission s'opère aussi en famille puisque ses deux fils, Gabriel et Gaspard, sont respectivement bassiste et trompettiste. David Sauzay a ainsi développé une méthode multi-supports: livres, documents PDF (disponibles sur son site internet), vidéos, master-classes, etc. A 50 ans tout juste (il est né le 7 août 1972 à Villefranche-sur-Saône, Rhône), David Sauzay a atteint une grande maîtrise de son art dont il parle avec beaucoup de modestie et de sincérité.
Propos recueillis par Jérôme Partage Photos Jérôme Partage, Catherine Lancien, Laurent Marode, Laurent Meyer, David Sauzay,
Collection David Sauzay by courtesy
© Jazz Hot 2022
Jazz Hot: Qu’est-ce que le jazz pour vous?
David Sauzay: Un monde dans un monde, une façon de vivre particulière, où l’on est maître et esclave de sa temporalité: totalement libre et dans l’obligation d’organiser sa vie autour de la musique. Le jazz, c’est développer des projets, organiser des répétitions et des sessions, donner des cours, travailler son instrument, s’entraîner à improviser, apprendre des centaines de thèmes, sortir pour voir des concerts, écouter des disques, lire des livres, relever et écrire de la musique, être curieux, créatif…
Et sur un plan plus universel, qu’est-ce que le jazz a de spécifique selon vous?
Je n’ai pas de vision philosophique du jazz. Simplement, très jeune, j’ai eu envie de faire de la musique, et je me suis inspiré des musiciens de jazz. Sinon, la différence fondamentale entre le jazz et les autres musiques, c’est qu’on peut jouer avec n’importe qui, n’importe où sur la planète. On peut vous appeler pour jouer dans un orchestre que vous ne connaissez pas, et vous allez être tout de suite capable de jouer avec les autres grâce à la connaissance commune du répertoire.
Vous arrive-t-il de penser aussi au jazz comme à l’expression du vécu afro-américain?
La musique et la façon de jouer de Billie Holiday ou de Charlie Parker avaient une certaine portée, car ils vivaient dans une société et une époque particulières. Je n’ai pas vécu le racisme à titre personnel, je ne peux donc pas exprimer les mêmes choses. En revanche, il est intéressant de bien connaître l’histoire de cette musique pour la jouer de la façon la plus juste. Mais on ne peut pas reproduire le feeling des musiciens des époques passées car nous vivons dans une autre société. Au final, le jazz porte un message de fraternité: on se retrouve pour partager le plaisir d’être ensemble autour d’un art qu’on essaie de pratiquer le mieux possible.
De gauche à droite, à l'avant: X, Barry Harris, Laurent Marode,
David Sauzay; à l'arrière: Richard Clément (p), Andrea Papini (p),
Rome, 2012 © Photo X, Collection David Sauzay by courtesy
Quel impact sur votre approche du jazz a eu votre rencontre avec Barry Harris?
Je dois dire que j’ai longtemps hésité à participer à ses master-classes dont je craignais qu’elles ne soient destinées qu’aux plus doués. Il m’a fallu l’aide de mon ami Laurent Marode pour que je me décide à franchir le pas. J’ai été très impressionné par le nombre de musiciens de tous horizons et de tous niveaux que j’ai rencontrés aux workshops de Rome en 2009. Au début, j’étais complètement désarçonné car je ne comprenais pas le déroulement des cours, puis tout s’est éclairé. Barry part d’une idée, donne quelques éléments de base à connaître et, très vite, tout le monde «practice» et essaie d’enregistrer de l’information. J’ai appris sur le long terme qu’il faut travailler uniquement ce que l’on comprend et développer son savoir en ajoutant des éléments petits à petits. L’ambiance des cours était enthousiaste, tout le monde étant dans la bienveillance, on pouvait facilement échanger entre nous et se sentir dans une communauté animée par le bonheur de partager un moment unique avec Master Barry! Bien sûr, il y avait souvent des challenges, et sortir du cours en ayant retenu par exemple le solo dicté par Barry sur «Cherokee» était une approche du paradis. Ces workshops ont changé ma façon d’aborder le travail de l’improvisation et surtout le rapport aux autres musiciens. Entre 2009 et septembre 2019, je les ai suivies une à deux fois par an, soit une quinzaine de fois en tout.
Le but de Barry Harris est de développer l’oreille, pas la théorie. Or dans les écoles, on apprend en premier la théorie, mais ça ne fonctionne pas! C’est parce que vous entendez d’autres musiciens que vous avez envie de jouer ce qu’il jouent. Alors qu’un professeur dans une école va vous apprendre à jouer comme lui, Barry Harris, lui, connecte les gens entre eux et cherche à créer des relations humaines. Ce qui était fantastique dans ses cours est que les niveaux étaient très variés et que celui qui se trouvait un peu perdu pouvait aller voir un autre plus avancé qui lui expliquait, par exemple, ce qui était en train d’être réalisé sur le plan harmonique. On avançait donc ainsi par l’échange de connaissances qu’on intégrait avec l’oreille. C’est l’oreille qui permet de travailler intelligemment.
Barry Harris vous a donc permis de mieux entendre les autres musiciens?
Oui, je me suis mis à mieux entendre les autres et donc à savoir où était ma place et ce que je pouvais jouer. Autre chose très importante, j’ai appris à accepter ma façon de jouer. Car ce qui est difficile en jazz, c’est que l’on veut toujours jouer le mieux possible, comme les maîtres qu’on écoute, mais c’est impossible. Donc il faut accepter son niveau pour pouvoir progresser et juste jouer sincèrement ce qu’on sait jouer. Alors que si vous essayez toujours de jouer plus que ce que vous savez, vous êtes malheureux. Ça a été mon cas pendant des années, et la moitié des élèves que je vois arriver à mes ateliers est également dans cette situation; ils disent mal jouer. Ce qu’il faut, c’est avancer par palier, suivre un chemin d’apprentissage.
Une master-class de Barry Harris, organisée en avril 2018 à Paris par Catherine Lancien
© Photo Laurent Meyer, Collection David Sauzay by courtesy
Que ressentez-vous quand vous réécoutez vos disques de l’avant Barry Harris?
J’apprécie mes anciens albums parce qu’au fond ils représentent un souvenir de ma personnalité musicale au moment où ils ont été enregistrés. Une partie de moi travaillait déjà pour que la musique soit fluide et cohérente. Cela m’a évité de jouer complètement en dehors de ce que j’étais capable de jouer. Avec le temps, je travaille pour être de plus en plus précis, et je remarque qu’il y a une continuité: j’ai adapté ce que je jouais avant avec ce que je joue aujourd’hui.
Parmi les musiciens français, y a-t-il eu également des «aînés» qui vous ont aidé à progresser?
Plutôt des gens de ma génération, mais qui étaient en avance sur moi: Hugo Lippi, Mourad Benhammou, Fabien Mary, Yves Brouqui, Nicolas Dary (ts), Gaël Horellou (as)… C’est une intelligence de l’oreille, un peu comme si on vous donnait des casse-têtes que chacun résout à son rythme. En fait, quel que soit le musicien, s’il joue quelque chose qu’on ne connaît pas, on est intéressé par ce qu’il fait, et on essaie de se l’approprier. Bien sûr, des musiciens plus expérimentés comme Luigi Trussardi ou Alain Jean-Marie nous ont montré le chemin. Mais on a aussi besoin des gens qui sont très proches de nous pour comprendre et avancer. L’important, c’est de côtoyer des gens différents: si vous ne fréquentez que des musiciens beaucoup plus forts que vous, vous allez avoir du mal à capter de l’information, tandis qu’avec des musiciens plus proches de votre niveau, vous allez être capable de la mémoriser.
Yves Brouqui (g), Fabien Marcoz (b), David Sauzay (ts), Fabien Mary (tp), 38 Riv', Paris, 8 juin 2022 © Jérôme Partage
Qu’est-ce qui fait un grand jazzman?
Quand on va voir jouer les maîtres, on a l’impression qu’on pourrait faire pareil. Puis, quand on reprend l’instrument, on revient à la réalité… Ça m’est arrivé avec Lew Tabackin que j’avais vu au Petit Opportun à la fin des années 1990. C’est la marque des grands musiciens: ils ont tellement acquis de matière et jouent de façon si fluide que ça paraît simple.
Est-il vrai qu’il est plus facile de jouer avec de grands musiciens?
A 20 ans, j’ai suivi un stage avec John Abercombie et Mulgrew Miller. J’ai joué avec eux, et j’ai eu l’impression que chacune de mes notes sonnait parfaitement. C’était parce qu’ils savaient entendre et savaient quoi jouer pour mettre en valeur ce que je faisais. Le jazz, c’est être interactif: c’est comprendre ce qui se passe autour de vous et interagir de façon intelligente.
Dans une chronique (Jazz Hot n°685), on vous qualifiait de «messenger» du jazz...
Je joue une forme classique du jazz et, avec le temps, j’ai acquis une expérience qui me permet de faire sonner ces morceaux que sont les standards, ce qui n’est pas facile. Et j’espère jouer avec le vocabulaire qui correspond à ce langage que des musiciens merveilleux ont mis des années à développer. Le jazz étant en continuelle expansion, il faut s’adapter à notre époque et être créatif, comme l’ont été les musiciens avant nous.
Certains musiciens disent préférer jouer leurs compositions parce qu’ils estiment qu’une nouvelle version d’un standard, déjà enregistré de multiples fois et par les plus grands, n’apporte rien...
Du fait que nous sommes tous des individus uniques, un standard sonnera toujours différemment selon qui le joue, de même qu’un musicien ne le jouera jamais de la même façon d’une fois sur l’autre. Cependant, enregistrer un standard est effectivement un challenge car il en existe de nombreuses versions souvent enregistrées par les maîtres. Ecrire des compositions et des arrangements fait partie de la vie d’un musicien de jazz, apprendre et jouer des standards est un enrichissement personnel sans limite, comme la littérature.
David Sauzay avec ses fils Gaspard (tp) et Gabriel (b),
Barbery (Oise), 2018 © Photo Catherine Lancien,
Collection David Sauzay by courtesy Aller à l'essentiel est le plus difficile, on est tellement aspiré par les modes ou les effets de styles qu’on oublie le principal: mémoriser les bases et utiliser son imagination pour être créatif. J’ai créé une chaîne YouTube (cf. infra) où j'explique ces choses évidentes dont on ne parle jamais alors qu’elles sont primordiales.
Dans votre précédente interview à Jazz Hot (n°635), vous disiez que composer vous permettait «d’évacuer votre rapport à l’harmonie»…
Le fait d’écrire de la musique vous permet de savoir exactement où vous en êtes harmoniquement. Je ne peux pas composer comme Debussy ou Ravel, mais je peux développer des idées et faire avancer mon travail et l’intelligence de ce que je suis capable d’écrire. C’est un processus très lent.
Toujours cette idée de s’accepter soi-même…
Oui, c’est une véritable quête intérieure.
Vous disiez alors que votre jeu est un mélange de vos influences…
J’ai beaucoup réfléchi au fait de relever des solos, ce qui consiste à vouloir prendre une petite part d’un musicien qu’on apprécie. Si je relève un chorus d’Eric Alexander, je vais pouvoir mettre dans mon jeu une petite part de son jeu. Idem pour Dexter Gordon ou Coltrane. Mais même si je passais ma vie à relever ses chorus, je ne pourrais jamais jouer comme lui. Simplement, l’inspiration devient concrète avec quelques bouts de phrases ou du son. C’est pourquoi il peut m’arriver de sonner comme mes modèles sur certaines notes parce que j’ai relevé leurs solos et que j’ai leur sonorité en tête.
David Sauzay avec Harold Mabern aux Midilive Studios (Villetaneuse, 93),
durant l'enregistrement du disque Meeting With, 2013
© Photo Laurent Marode, Collection David Sauzay by courtesy
Vous avez enregistré avec Harold Mabern (Meeting With, Black & Blue, 2013)…
Pendant de nombreuses années, j’ai assisté aux concerts d’Eric Alexander avec Harold Mabern en France. En 2012, j’ai vu qu'Harold Mabern jouait à Paris en trio avec John Webber (b) et Joe Farnsworth (dm). J’ai contacté ce dernier pour lui proposer l’enregistrement. C’était une expérience exceptionnelle de rentrer dans leur monde qui est celui de l’histoire du jazz, de toucher une réalité qui n’est pas la mienne.
Que représente pour vous quelqu’un comme Harold Mabern?
Il fait partie des géants qui ont vécu la grande époque et qui ont joué avec les vrais dieux du jazz. Il parlait sans arrêt de ce temps-là, des gens qu’il avait rencontrés. Mabern, c’était l’histoire du jazz en mouvement. Il était d’aujourd’hui et nous racontait la grande époque. Il jouait avec des gens d’aujourd’hui et continuait à avancer, à travailler sur des morceaux récents et de tous styles, pour en donner sa version. Il montrait qu’il n’y a pas de limites à ce qu’on peut créer avec le jazz.
En 2014, vous avez enregistré un disque en quintet avec le chanteur italien Walter Ricci (Nice & Easy, Jazztime)...
C’est un des meilleurs chanteurs que je connaisse. Il scatte comme un instrumentiste, c’est bluffant! Quand je l’ai rencontré à Rome, il jouait avec Michel Rosciglione. Au bout de trois mesures, je mourrais d’envie de jouer avec lui et, heureusement, les musiciens m’ont invité, et cela a été le début d’une aventure très exaltante avec Walter.
Sur votre dernier album en date Playing With (Jazztime/Black & Blue, 2017), vous êtes en sextet avec Fabien Mary, Michael Joussein (tb), Alain Jean-Marie (p), Michel Rosciglione (b) et Mourad Benhammou...
Une de mes références en sextet est «One for All» avec Eric Alexander (ts), Jim Rotondi (tp), Steve Davis (tb), David Hazeltine (p), John Webber et Joe Farnsworth. D’ailleurs, je suis heureux de pouvoir dire que j’ai joué avec tous les membres de ce groupe. C’est exactement ce que j’aime, une ambiance très «Jazz Messengers» avec un son moderne. Avant d’enregistrer ce disque, j’étais allé à New York où j’ai écouté beaucoup de musique. Et en rentrant, j’ai eu envie d’écrire des morceaux dans cet esprit. J’ai aussi transformé des chansons traditionnelles qui sont devenues des compositions, comme «Mathilda» qui est devenu «Annamila», un calypso, à l’image de ceux que joue Sonny Rollins, ou «Barry’s Touch», que j’avais écrit une quinzaine d’années auparavant. Je l’ai retravaillé avec le savoir que j’ai acquis, et il sonne beaucoup mieux que l’original. Ce morceau illustre bien la façon dont Barry Harris a tout changé dans ma perception. Tous les titres du disque constituent un panel de ce que j’aime. La séance d’enregistrement a été très fluide, y compris avec mes fils Gabriel (b) et Gaspard (tp) qui sont présents sur une partie des morceaux.
Vous êtes également membre du Vintage Orchestra de Dominique Mandin...
Le Vintage Orchestra joue un répertoire exceptionnel avec les compositions et les arrangements de Thad Jones. Et maintenant nous avons la chance de jouer des originaux écrits par Fabien Mary. Si j’ai choisi de jouer du jazz, c’est à cause des big bands que j’ai vus en Angleterre quand j’étais adolescent. Je me souviens d’avoir écouté des big bands de niveaux différents, petits adolescents (10-14 ans), grands ados (15-19 ans) et adultes (20 ans et plus). Ce qui m’avait frappé c’était l’investissement et l’énergie des élèves mis en valeur par le directeur musical de l’école de Doncaster, John Ellis (à ne pas confondre avec le trompettiste américain).
Vous avez aussi enregistré à plusieurs reprises avec Laurent Marode et notamment au sein de son Nonet...
Laurent est un musicien aux multiples talents, j’ai la chance de travailler avec lui depuis une vingtaine d’années et de participer à de nombreux projets qu’il élaborés: ciné-concert, tournées, stages, enregistrements…
Le Nonet de Laurent Marode (p): Jean-Philippe Scali (bar), David Sauzay (ts), Fabien Mary (tp), Nicholas Thomas (vib), Pablo Arias (as),
Fabien Marcoz (b), Jerry Edwards (tb), Mourad Benhammou (dm), New Morning, Paris, 29 janvier 2020 © Jérôme Partage
Vous effectuez également des remplacements au sein du groupe Archysax qui joue avec Dany Doriz…
Le groupe compte des musiciens assez différents, comme Boris Blanchet, un coltranien, mais tout le monde se retrouve sans aucune barrière. En fait, il n’existe pas de gens qui jouent swing, bebop ou hard bop. On aime tous le jazz dans son ensemble et on se met au service de l’orchestre pour qu’il sonne, on s’adapte à ce qui se passe. Et j’adore jouer les morceaux des années 1940, d’autant qu’ils sont très bien arrangés par Pascal Thouvenin. Puis, c’est formidable de jouer avec quelqu’un comme Dany Doriz qui lui aussi a connu les années fastes du jazz; on fait en sorte de rentrer dans son univers. J’adore également jouer au Caveau de La Huchette avec ce mélange de vieux et de jeunes qui s’amusent ensemble. On y ressent physiquement le plaisir des gens qui dansent. En outre, quand on joue en big band, on a peu de solos, du coup, quand on en prend un, ça devient quelque chose d’important, comme si on avait le ballon pour marquer un but pendant un match de foot.
Parlez-nous de votre pédagogie. Sur votre site internet, vous proposez différents supports: vidéos, méthodes, etc. Vous dirigez régulièrement des stages et des master-classes avec des musiciens de différents niveaux. Comment enseigne-t-on à un groupe avec des niveaux inégaux de maîtrise de l’instrument et de culture du jazz?
Depuis toujours, je travaille sur la compréhension de l’improvisation. J’ai développé une méthode aussi bien adaptée aux musiciens amateurs qu’aux musiciens professionnels. Le but est que chacun trouve du plaisir à jouer avec les autres sans jugement: «je peux jouer ce que j’entends et je progresse en utilisant des outils utiles et créatifs». Il s’agit d’un travail de l’improvisation basé sur la pratique pour comprendre la théorie: la transmission du savoir par l’oralité, partant du principe que ce qu’on a compris physiquement reste implanté dans la mémoire; partager le savoir avec des gens de niveaux différents pour faire comprendre le système des bases: «plus je répète les fondamentaux plus j’élargis mon domaine de compréhension». La répétition est un jeu rythmique: «je dois impulser du rythme et faire vivre les phrases mélodiques ou des éléments harmoniques. L’effet de groupe permet d’encourager, motiver, fraterniser et de créer des liens. Chaque personne apprend à son rythme, et tout le monde s’améliore! Il y a dans l’enseignement du jazz beaucoup d’idées inversement proportionnelles à la réalité de cette musique. Comme toute forme d’art, il faut connaître les principes de bases et le langage pour trouver sa propre voie, mais avant tout, ce sont les interactions avec les autres musiciens qui nous font le plus souvent progresser: une phrase, une idée, un principe, une philosophie. J’ai la chance d’être entouré de gens qui valorisent mon travail et qui m’épaulent, notamment Fabrice de Laforcade pour publier des méthodes papiers: Le Petit guide de jazz et Jazz routines. J’ai écrit une cinquantaine de documents disponibles également en PDF que je présente en vidéos sur ma chaîne YouTube.
Une master-classe de David Sauzay à Barbery (Oise), 2019 © Photo David Sauzay by courtesy
Que vous apporte l'enseignement?
Les cours que je donne me permettent de trouver de nouveaux concepts car chaque personne est unique et demande une attention particulière. C’est grâce à l’échange avec un élève que je déniche de nouvelles idées qui seront bénéfiques aussi bien pour lui que pour moi.
Quels sont vos projets?
Je travaille actuellement sur la sortie de mon nouvel album, Featuring, avec mon fils Gabriel, Paul Morvan (dm) et Hiroshi Murayama (p): des compositions personnelles essentiellement. Va paraître également, en trio avec Laurent Marode et Stéphane Chandelier, un autre album d’originaux. Toujours avec Laurent Marode, nous faisons un ciné-concert spécial: «Devenez compositeur le temps d’un film». Sur le plan pédagogique, je vais commencer un nouveau cycle d’écriture sur l’improvisation.
CONTACT, INFORMATIONS ET PEDAGOGIE:
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DISCOGRAPHIE
2017. David Sauzay Sextet, Playing With, Jazztime/Black & Blue 1009.2
Leader / Coleader
CD 1999. Gaël Horellou/David Sauzay, Versus, Fresh Sound New Talent 068 CD 2001. Annette Banneville/David Sauzay Ensemble, Drôle d'endroit, Autoproduit CD 2002. David Sauzay, Black Mamba, Autoproduit CD 2004. David Sauzay, 3 in 1, Black & Blue 691.2 CD 2006. David Sauzay, Real Blue, Black & Blue 700.2
CD 2010. David Sauzay, Open Highway, Black & Blue 712.2 CD 2013. David Sauzay, Meeting with Harold Mabern, Black & Blue 768.2 CD 2014. Walter Ricci/David Sauzay Quintet, Nice & Easy, Jazztime 01 CD 2014. David Sauzay & Laurent Marode Trio, Unforgettable, Autoproduit CD 2017. David Sauzay Sextet, Playing With, Jazztime Records/Black & Blue 1009.2
Sideman CD 1995. Simon Goubert, L'Encierro, Seventh A18 CD 1996. Collectif Mu, Live au Crescent, Seventh A23 CD 1997. Collectif Mu, Don Quichotte, Seventh A24 CD 1998. Simon Goubert, Le Phare des pierres noires, Seventh A25 CD 1998. Charles Aznavour, Jazznavour, EMI 496 903-2
CD 1999. Stéphane Audard-David Bressat Quintet, Gollum, Autoproduit
CD 2000. Pierre Drevet Sextet, Groupe Octave Prod CD 2000. Luigi Trussardi, Introspection, Elabeth 621035 CD 2001. Gildas Scouarnec/Jazz Unit 186, Evolution... circonvolution, Avel Ouest 001 CD 2004. William Chabbey, Après la nuit, Dom 1133 CD 2005. Laurent Marode Sextet, I Mean, Autoproduit CD 2005. Wadji Cherif, Jasmine, Wech Records 003
CD 2006. Kyle Eastwood, Paris Blue, Candid 79789 CD 2008. William Chabbey, At Home, Aphrodite 106015-6 CD 2013. Laurent Marode, Elephant Walk, Black & Blue 778.2 CD 2015. Laurent Courthaliac, All My Life, Jazz & People 816004 CD 2015. Mourad Benhammou Jazzworkers Quintet, Vol. 3. March of Siamese Children, Black & Blue 813.2
CD 2016. Vintage Orchestra, Smack Dab in the Middle, Gaya Music Productions 035 CD 2016. Laurent Marode Nonet, This Way Please, Black & Blue 816.2 CD 2017. Fabien Mary Octet, Left Arm Blues, Jazz & People 818002 CD 2019. Laurent Marode Nonet, Starting Soon, Black & Blue 1085.2 CD 2021. Fabien Mary and the Vintage Orchestra, Too Short, Jazz & People 821002
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