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Gerald Cannon, Vitoria-Gasteiz, Espagne, 2007 © Jose Horna



Gerald Cannon, Vitoria-Gasteiz,
Espagne, 2007 © Jose Horna




Gerald CANNON

Strings & brushes


Gerald Cannon a beaucoup accompagné, les musiciens les plus connus comme beaucoup de ceux moins célèbres qui font la richesse du jazz, des contemporains et des aînés, Roy Hargrove comme Elvin Jones  et McCoy Tyner disparu le 6 mars dernier. Son appétit pour le jazz est insatiable. Et même si le contrebassiste reste le plus souvent dans l’ombre, il est un artiste accompli qui consacre du temps à transmettre aux plus jeunes ce qu’il a appris auprès de ses mentors et à partager avec eux la dimension spirituelle du jazz. Une expérience essentielle dont on trouve l’explication dans sa biographie. Il est né le 15 mars 1958 à Racine, dans le Wisconsin, dans une famille où la musique est omniprésente. Le père, Benjamin Cannon, est chanteur de gospel. C’est à ses côtés que Gerald se forme pendant l’enfance et l’adolescence. Mais sa vie d’artiste ne l’a pas conduit qu’au jazz. Comme ses aînés, Ricky Ford, Oliver Lake, Miles Davis, mais aussi Django Reinhardt, son expression artistique l’a mené sur un autre continent, la peinture. Une autre façon de parcourir le monde et de transmettre.

Propos recueillis par Mathieu Perez
Photos Jose Horna et Mathieu Perez


© Jazz Hot 2020




Jazz Hot: La peinture tient une grande place dans votre vie.

 

Gerald Cannon: La peinture fait partie de ma vie. J'écoute toujours de la musique quand je peins. J’adore ça! Pendant deux ou trois ans, j'ai écouté Charlie Haden. Je l'ai rencontré une fois en Allemagne; j'ai joué de sa contrebasse, il a été très sympa’ avec moi. Je jouais avec Roy Hargrove à l'époque. On a beaucoup parlé. Il avait un son si organique et spirituel! J'écoute également Alfred Schnittke. J'ai du mal à peindre en écoutant Cannonball avec Sam Jones, mon contrebassiste préféré, car je me mets à écouter ses lignes de basse. La peinture, c’est formidable! Jimmy James (g) m'y a, en quelque sorte, ramené. J’avais arrêté de peindre pendant quelques années. Il m'a dit de reprendre mes pinceaux. Aujourd'hui, si je passe un mois sans peindre, ma confiance en moi diminue. La vie est géniale! Elle vous donne tant d'outils pour vous aider. Donc, je sors un vinyle Blue Note, je le mets sur ma platine, je l'écoute et je peins.

 

Nous nous sommes rencontrés pour la première fois aux funérailles de John Ore (décédé le 22 août 2014) à la Ephesus Seventh-Day Adventist Church, à Harlem. Pour une raison étrange, vous étiez peut-être le seul contrebassiste présent. Quelle était votre relation avec lui?

 

Tout d'abord, John Ore est le plus grand contrebassiste de tous les temps! Il a joué avec Monk! Je le connais depuis que je joue de la contrebasse. Je suis un fou de Monk! J'ai rencontré John il y a des années, quand je suis arrivé à New York. Je ne sais plus où il jouait, ni avec qui. J’ai eu le cran de lui demander –mais très poliment– si je pouvais faire le bœuf et jouer de sa contrebasse. Tout ce dont je me souviens, c'est qu'il a accepté. Dès que j'ai attrapé sa basse, j'ai compris que je ne pourrais jamais en jouer! Il y avait tellement de tension dans les cordes! Son neveu, Bruce Edwards (g), est mon meilleur ami. Je suis donc allé aux obsèques pour le soutenir et pour rendre hommage à cet immense musicien.

 

Qu’appréciez-vous chez lui?

 

C'était un musicien incroyablement mélodique; il jouait à fond; sa technique était incroyable. Et il avait un son, John Ore! Profond, riche, vraiment viril. Ce n'était pas seulement un thumper (un cogneur), il avait étudié l'harmonie. On pouvait l'entendre dans la façon dont il construisait ses lignes de basse, on entendait la mélodie. J'ai toujours aimé les contrebassistes qui jouent beaucoup la mélodie. Cela ne signifie pas beaucoup de notes pour autant, vous pouvez continuer avec votre ligne de basse et voir jusqu’où elle vous mènera. C’est ce qu’une ligne de basse est censée faire. Une ligne de basse, c’est comme une peinture, il y a quelque chose qui va vous saisir. Les bassistes sont multitâches, et ils sont en soutien. Ils sont placés au milieu, entre la batterie et le piano. Ils doivent accompagner les solistes et faire en sorte que tout fonctionne bien. Si vous avez remarqué, une section rythmique ne vaut rien sans un contrebassiste solide. C’est la première chose que je dis à mes étudiants: ils sont en soutien, et c’est un devoir de bien le faire.

 

Vous avez commencé à jouer de la basse électrique dans le groupe gospel de votre père.

 

J'ai joué avec lui à l'église de 9 à 18 ans. Son premier groupe était le Golden Tru-Lites. Puis, il a formé les Gospel Expressions. Il était un peu pionnier, il a été le premier musicien de gospel de notre région à utiliser deux femmes dans une formation, car c'était principalement un truc de mecs. Jusque-là, les groupes étaient exclusivement masculins ou exclusivement féminins.

 

Vos parents écoutaient du jazz?

 

Mes parents dansaient sur du jazz! Avant ma naissance, c’étaient des danseurs de jitterbug chevronnés. J'ai grandi en écoutant des big bands: Duke Ellington, Count Basie, Nat King Cole... et Midnight Blue de Kenny Burrell. Cette ligne de basse sur «Chitlins Con Carne» m'a hanté toute ma vie! J'ai rencontré Major Holley deux mois après mon arrivée à New York. Je lui ai dit que j'avais écouté ce disque d’aussi loin que je me souvienne!

 

La dimension spirituelle de la musique vous a happé dès l’enfance.

 

Tout est spirituel si vous pouvez vous ouvrir. Vous savez, la cymbale ride de Tony Williams sur les disques de Miles Davis me rappelle les dames de l'église qui jouent du tambourin. C’est la première chose que j’entends.

 

Gerald Cannon, Mezzrow, New York, 2016 © Mathieu Perez
Gerald Cannon, Mezzrow, New York, 2016 © Mathieu Perez


Quand êtes-vous passé à la contrebasse?

 

Quand mon père m'a acheté ma première basse Fender, j'avais 9 ans. A un moment donné, je pensais que j'allais être basketteur au lycée… Mais du jour où il m'a acheté cette basse, j’étais accro’. Je ne faisais que jouer, avec les disques de Earth, Wind and Fire, avec des disques de rock & roll, etc., je me fichais de ce que c'était, je voulais juste jouer. Quand je suis arrivé à Horlick High School à Racine, WI, j'ai passé une audition pour rejoindre l’orchestre de jazz. On ne m'a pas laissé entrer, un truc racial… Mais, au cours d'arts plastiques, mon prof’ nous a apporté une contrebasse que nous devions dessiner. J’ai exécuté ça rapidement parce que je voulais absolument en jouer! (Rires) Les autres élèves me dessinaient en jouant. (Rires) La première fois que j'en ai joué, je savais que c'était pour moi.

 

La rencontre avec Milt Hinton en 1978 a été décisive. Pourquoi?

 

Ensuite, je suis allé à l’université de La Crosse, WI, pour devenir prof’ de gym, et j'ai pris musique en option. Ma prof’ était violoncelliste-concertiste; elle m'a poussé à jouer de la contrebasse. Elle m'a dit que je devais aller rencontrer Milt Hinton car il venait en ville pour un festival de jazz. Alors je suis allé au concert. J'étais assis au premier rang. Je n'avais jamais vu quelqu'un s'amuser autant avec une contrebasse auparavant! Il riait, chantait, se donnait à fond. J'étais bouche bée. Je pense qu'il l'a vu, il me faisait des clins d'œil. Ensuite, je suis allé dans sa loge, et on a discuté pendant environ une heure. Quand je suis parti, j’ai foncé au dortoir pour appeler mon père: je lui ai dit que je ne retournerai pas à la fac’, et que j'allais postuler au conservatoire de musique.

 

Vous avez revu Milt Hinton par la suite?

 

Non, mais j'ai enseigné au Conservatoire d’Oberlin, OH, pendant un semestre. Cette musique est très spirituelle. Larry Willis m'a dit: «Si vous prenez soin de la musique, la musique prendra soin de vous». La contrebasse de John Ore était dans mon bureau. J’en jouais tous les jours.

 

Quand avez-vous commencé à jouer du jazz?

 

C'est étrange. Donc, j’ai changé de fac’ et passé une audition au Conservatoire de musique du Wisconsin. Permettez-moi de vous rappeler que les personnes effectuant l'audition étaient Brian Lynch (tp), David Hazeltine (p), Eddie Allen (tp)... Ils étaient déjà en vue à Milwaukee. J'y allais avec une Fender bleue. Les profs m'ont dit de jouer un blues en si bémol. Je me suis penché vers Hazeltine, et je lui ai demandé s'ils voulaient dire un blues comme avec B.B. King. Il a dit non, un blues comme dans le jazz. J’ai joué, je n'avais aucune idée de ce que je faisais. Et j'ai passé l'audition avec brio. (Rires) Après cela, on m'a mis dans six orchestres par semaine! J'ai passé des heures dans la salle de répétition. Cette école a produit beaucoup de grands musiciens.

 

Qui étaient vos héros?

 

Tout le monde! Le jazz était tellement nouveau pour moi, c’était passionnant! Je découvrais tous ces grands musiciens, et j’absorbais autant que possible. Je ne savais pas que je jouerais avec beaucoup d'entre eux des années plus tard.

 

Quel disque de jazz a changé votre vie?

 

Ma mère travaillait dans un dortoir pour garçons dans ma ville natale. Chaque été, ils rentraient chez eux et laissaient des trucs. Ainsi, ma mère est revenue à la maison avec une pile de disques. Elle a pensé que j'en aimerais un en particulier: Africa Brass de John Coltrane. J'avais environ 13 ans et j'écoute ce disque depuis mes 13 ans! J'ai essayé d'obtenir le son de Reggie Workman sur ma basse électrique! J'étais époustouflé par ce disque. Le plus drôle, c’est qu’en 2014, j’ai joué Africa Brass avec le big band de Charles Tolliver (cf. Jazz Hot n°677). McCoy Tyner et moi étions ses invités. Ils savaient tous ce que cette musique signifiait pour moi. 

 

Quelle relation aviez-vous avec le contrebassiste Skip Bey (1937-2004)?

 

C'était mon prof’. Il était excellent et peu orthodoxe. Il a vécu à New York pendant un certain temps, a joué à Milwaukee avec Dakota Staton (voc, 1930-2007) avec qui j'ai eu la chance de jouer une fois. Skip aimait Milwaukee. La vie y était plus douce. Il y est resté longtemps.

 

Qui étaient vos profs au Conservatoire de Milwaukee (1978-1982)?

 

J’en avais trois. Le prof’ de contrebasse classique Roger Ruggeri, qui, à l'époque, jouait dans le Milwaukee Symphony Orchestra. George Welland, qui m'a appris les rudiments, comment me tenir debout, etc. Et le prof’ de basse électrique, Harold Miller. Mais je savais déjà comment en jouer… Alors, j'ai étudié avec Skip en dehors du conservatoire. Il était mon premier prof’ de contrebasse important. Il m'a appris comment construire une walking bass (ligne de basse), etc. Et tous les mardis, mon coloc’ et moi, on allait à pied, parce qu’on était fauchés, à l’autre bout de la ville pour l'entendre jouer en duo avec son pianiste Barry Velleman. C'était comme écouter Bill Evans et Sam Jones.

 

Combien de temps avez-vous étudié avec lui?

 

Jusqu'à son départ pour Montréal. Quand il est parti, j'ai récupéré tous ses gigs. Chaque fois que j’étais de passage à Montréal, j'allais le voir. Je trouvais où il jouait, et j’allais le surprendre.

 

Qu’avez-vous étudié à l’Université Marquette, à Milwaukee?

 

C’est là que j’ai appris à peindre. C’était une période passionnante parce que j'avais des gigs. Mais j'ai dû arrêter la peinture, je travaillais trop...


Gerald Cannon avec Gary Bartz, Vitoria-Gasteiz, Espagne, 2007 © Jose Horna
Gerald Cannon avec Gary Bartz, Vitoria-Gasteiz, Espagne, 2007 © Jose Horna

 

La chanteuse Penny Goodwin vous a donné votre chance. Quand l’avez-vous rencontrée?

 

J’étais dans un groupe de fusion appelé Rainbow’s End. C'était sympa. J'étais à la basse électrique. On jouait les trucs de Weather Report, etc. Penny est venue une fois à la répétition. La chanteuse du groupe, Marcia Cunningham, m'a présenté Penny comme si j’allais être le prochain grand bassiste! Penny m’impressionnait, parce qu'au lycée, je lisais le magazine Downbeat. Chaque semaine, il y avait une pub qui l’annonçait au Bombay Bicycle Club. Je pensais qu'elle était une chanteuse très célèbre. Et elle l'était. Pour moi, elle l'est toujours. David Hazeltine jouait avec elle. Chaque musicien de Milwaukee ou Racine a travaillé avec Penny. Tous ne sont pas toujours reconnaissants. Un jour, Hazeltine m'a demandé comment allait ma technique à la contrebasse. Mon père venait de m'acheter ma première contrebasse. Je m'exerçais à fond. Puis, David m’a recommandé. Quand j'ai joué avec Penny la première fois, j’y suis allé avec ma basse électrique. Et quand je lui ai dit que j’avais une contrebasse, elle m'a dit de l'apporter le lendemain soir ou je serais viré! (Rires)

 

Cela se passait comment musicalement?

 

Elle était très dure! Elle était à fond! C’était la vraie entertainer. Elle avait un gros cahier de partitions qu’il fallait jouer dans sa clé. On travaillait six soirs par semaine, et j'allais à la fac.

 

Combien de temps avez-vous travaillé avec elle?

 

Six ou sept ans. Au bout de trois ans, je suis devenu son directeur musical. Tout ce que je sais du business, je l'ai appris d'elle.

 

Pourquoi avoir quitté Penny Goodwin?

 

Ça n'allait nulle part. J'ai commencé à jouer en duo avec David Hazeltine. On a fait ça six ou sept ans. Ça a beaucoup amélioré mon jeu. Je suis très heureux d'avoir passé ces années avec lui, on s’est régalés. Chaque mois, on apprenait le répertoire d’un compositeur et on le jouait. Monk, Bill Evans, Cedar Walton, etc.

 

Le tandem que vous avez formé avec David Hazeltine est arrivé au bon moment.

 

Au moment où je jouais avec David, j'étais prêt pour ça. J'étais assez solide pour jouer en duo avec lui et lui était assez solide pour jouer avec moi. Mais, à l’époque, je prenais beaucoup de drogues, je buvais, j'étais dans mon premier mariage… Je traversais une période difficile.

 

Quels étaient vos contrebassistes préférés à l'époque?

 

Buster Williams, Ron Carter, Ray Brown, Sam Jones, Doug Watkins. D’autres sont venus plus tard parce que je n'étais pas encore prêt pour eux.

 

En 1983, vous vous êtes installé à New York. Quand avez-vous décidé d’y aller?

 

Je suis venu à New York avec 75 dollars en poche. Je jouais beaucoup avec Carl Allen. Il faisait partie du trio de Penny Goodwin. Elle m'a fait virer l'autre batteur, qui était l'un de mes meilleurs amis. Mais Carl est tellement swing. J'ai parlé de Carl à Penny. Elle l'a entendu puis engagé. On avait un super trio, Jerry Weitzer (p), Carl et moi. Freddie Hubbard nous a entendus jouer une fois et nous a demandé, à Carl et moi, de partir à New York pour rejoindre son groupe. Moi, je ne voulais pas, mais Carl est parti. Sitôt arrivé, il m’a dit que je devais le rejoindre. Alors je suis allé lui rendre visite. Dès que je suis sorti de ma voiture, j'ai regardé les gratte-ciels et pensé que cet endroit était pour moi. Ce soir-là, on est allé voir George Coleman, avec Ron Carter, Kenny Barron, peut-être Billy Higgins à la batterie. J'étais ébloui. Je suis resté deux semaines, puis je suis rentré chez moi. J'avais des problèmes avec ma femme... Elle m'a dit de m’installer à New York parce que je ne serais jamais heureux à Milwaukee. J'avais mon fils. Puis, arrivé à New York, elle m'a annoncé qu'elle était enceinte de ma fille. Mais elle m’a dit de ne pas m’en faire.

 

Vos débuts à New York ressemblaient à quoi?

 

J'ai habité avec Carl Allen pendant un certain temps, puis avec David Lynch et Dennis Irwin (b). C'était super. Je jouais dans le métro à la station Chinatown, sur la ligne 6, dans la rue, etc. Mais j'avais toujours un problème de drogue. Je commençais à décrocher de très bons gigs avec Art Blakey, Dexter Gordon, etc. Je faisais partie de l’orchestre maison du Blue Note, avec Winard Harper (dm), Mark Whitfield (g), Philip Harper (tp), Justin Robinson (as), Rodney Kendrick (p). Six soirs par semaine. On jouait après la tête d’affiche. Comme je pouvais entrer gratuitement, je venais tôt pour assister aux concerts de Max Roach, Sarah Vaughan, Three Sounds, Oscar Peterson, Major Holley, Ray Brown, MJQ etc. Tous mes héros! Ensuite, je les ai connus. Ils vivaient tous pour la musique. Avec mes potes, on jouait toute la journée, on travaillait la nuit puis on allait aux jam sessions ou on écoutait des disques la nuit entière.

 

Où jouiez-vous?

 

Quand je suis allé à la jam session du Blue Note pour la première fois, j'ai dit au gars qui dirigeait la session que je venais d'arriver du Wisconsin. Il était vraiment impoli. Je suis resté toute la nuit. Il ne m'a jamais appelé. J'ai fait ça pendant une semaine. A la fin, je suis allé le voir, je lui ai dit que ce n’était pas parce que j’étais du Wisconsin que je ne pouvais jouer de la contrebasse. Il m'a alors laissé jouer tout en se moquant de moi, parce que j'avais l’accent du Wisconsin. J'ai joué un thème. Après ça, il a viré le bassiste immédiatement! Et il m'a engagé! (Rires) Je suis resté deux ans. Le bassiste qu'il a jeté est un gars assez connu. Je ne mentionnerai pas son nom. (Rires)

 

Quels étaient vos rapports avec les autres musiciens?

 

À l'époque, le Blue Note avait la meilleure jam session de New York. C'était tous les soirs après la tête d’affiche. Les gars étaient super durs! Si vous ne pouviez pas jouer, vous ne remontiez pas sur scène pendant quelques mois. C’était: ça passe ou ça casse! Mais ça vous forçait à vous entraîner.

 

Vous gardez un souvenir en particulier?

 

Je me suis fait botter le cul la première fois que j’ai assisté à la classe de Barry Harris. (Rires) C'était avant de m’installer à New York. Je me prenais au sérieux. Il y avait là une contrebassiste. Je ne savais pas qu'il était prévu qu’elle joue. Vient mon tour, je joue. Après, elle me dit que je sonnais bien. Je l'ai remerciée, un peu condescendant. Je n'avais jamais vu de femme contrebassiste dans le Wisconsin. Puis, elle est montée sur scène et elle a joué plus de contrebasse que je ne pourrais jamais en faire! C’était ça, New York! On est de bons amis maintenant. Je ne mentionnerai pas son nom. (Rires) Elle déteste quand je raconte cette histoire. (Rires)

 

Gerald Cannon, Mezzrow, New York, 2016  © Mathieu Perez





Gerald Cannon, Mezzrow, New York, 2016

© Mathieu Perez




Quels ont été vos premiers engagements?

 

Ce qui est drôle, c'est que j'ai commencé à faire beaucoup de concerts d'avant-garde quand je suis arrivé à New York. Je jouais dans le big band de Hamiet Bluiett, avec Jemeel Moondoc, etc. Je faisais ça avec Tyler Mitchell et deux batteurs.

 

Vous partagiez cette esthétique?

 

Je détestais ça! Mais j'avais besoin de travailler... Aujourd'hui, je suis heureux d'avoir fait ce genre de choses. Cette musique est beaucoup plus profonde qu’on ne le pense, parce qu'elle vous maintient en forme. Vous devez travailler dur pour jouer ça!

 

Quels aînés alliez-vous voir en concert?

 

Tout le monde: Art Blakey et les Messengers, etc. Mais vous savez quoi, les chanteuses m'ont vraiment épaté. Carmen, Sarah Vaughan, etc. Non seulement les chanteuses mais leurs sections rythmiques. Andy Simpkins (b) accompagnait Sarah Vaughan. Les musiciens la suivaient sans broncher. C'était impeccable. C'était comme regarder trois personnes danser avec Sarah en tête. Une fois, Sarah Vaughan s'est mise au piano et a chanté! J'adorais voir Dexter Gordon avec Eddie Gladden (dm), Kirk Lightsey, David Eubanks (b). Ils balançaient du gros son!

 

Avec qui êtes-vous parti en tournée en Europe pour la première fois?

 

Avec le Polonais Adam Makowicz. Un grand pianiste! On a joué au NorthSea Jazz Festival, à Nice… J'avais rencontré Miles et traîné avec lui dans les coulisses.

 

Où en étiez-vous de votre propre son?

 

Pour moi, il ne s'agissait pas tant de trouver des gigs, mais de rester au même niveau que mes pairs, Peter Washington, Charnett Moffett, Tyler Mitchell, etc. J'étais un peu le nouveau. Ils étaient là depuis un moment. J'étais dans une phase de développement. Donc, je posais des questions à tout le monde. Je suis sûr que je devais taper sur les nerfs de tous les contrebassistes!

 

Il y avait de la solidarité entre les contrebassistes?

 

Ils étaient tous prêts à aider! J'ai pris de nombreuses leçons avec Ray Brown. J'étais très proche de lui. Lui et d'autres m'ont appris le business, etc. Avec Denis Irwin, puisqu’on était coloc, on a passé beaucoup de temps ensemble. Il m'a fait découvrir les cordes en boyau. On s’entraînait ensemble. Il m'a trouvé beaucoup de gigs.

 

Vous avez travaillé pendant un an avec Buddy Montgomery (vib, p) au Bar Montparnasse, dans le Parker Meridien Hotel, à New York (1989-1990).

 

C'était super! C'était moi, Buddy au piano et George Fludas à la batterie. C'était un génie! Il trouvait des arrangements incroyables. Il n’écrivait rien. Il fallait se souvenir de tout.

 

Et musicalement, ça se passait comment?

 

Il ne donnait aucune direction. Mais je connaissais tous ses thèmes. Je prenais ça très au sérieux. Tous les pianistes venaient voir Buddy. Herbie Hancock, Michel Legrand quand il était en ville...

 

Vous ne jouiez qu’à New York?

 

Non. Buddy a été le premier à m'emmener partout aux États-Unis. On est allé au San Francisco Jazz Festival. C’est là que j’ai rencontré George Coleman pour la première fois. On l’a accompagné lui, mais aussi Donald Byrd, Marlena Shaw, Ernestine Anderson...

 

Avant votre collaboration avec Buddy Montgomery, vous étiez reparti vivre à Milwaukee (1986-1988).

 

Oui, je suis revenu à New York pour jouer avec Buddy. Puis, je suis rentré chez moi pour Noël. Ma fille est née. Je ne pouvais pas la quitter. Et je n'étais pas encore «clean». Musicalement, j'étais prêt pour New York. Pas mentalement. Trop de problèmes personnels. J'ai obtenu un divorce, etc. Ensuite, je suis allé en cure de désintoxication et j’ai guéri.

 

C’est là que vous avez monté le sextet Jazz Elements?

 

Après la cure de désintoxication. J'ai monté un sextet, je me suis mis à écrire de la musique et des arrangements, à enseigner.

 

De qui se composait cette formation?

 

Le seul New-Yorkais était le pianiste Rick Germanson. Il était adolescent. Et il y avait tous les aînés de Milwaukee. Vic Soward à la batterie, Berkeley Fudge au ténor, etc. Ils veillaient sur moi et m’aidaient à entretenir ma technique.

 

Qui étaient vos mentors à Milwaukee?

 

Manty Ellis (g), Berkeley Fudge (ts), Hattush Alexander (ts), Penny Goodwin (voc).

 

Quel était votre état d’esprit à votre retour à New York, en 1993?

 

J’avais faim! Les temps étaient durs, mais j'étais clean. J’avais un travail alimentaire, de petits gigs ici et là.

 

Quand avez-vous rejoint la formation de Roy Hargrove?

 

J'avais rencontré Roy à Milwaukee. Il était venu avec son groupe. On a joué lors de jam sessions, on a passé du temps ensemble... Il m'a dit de l'appeler quand je serais de retour à New York. Puis, environ un an après mon retour, je l’ai vu au Bradley’s. Il m'a demandé pourquoi je ne l'avais pas appelé. Mais je l'avais appelé! J'étais énervé contre lui! Ce soir-là, au Bradley’s, il m'a entendu jouer, parce qu’il jouait de la trompette pendant que je faisais le bœuf. Deux semaines plus tard, son manager m'appelle et me demande si je suis libre pour un concert. A l'époque, j'avais une contrebasse orange pas chère... On m'a envoyé la musique. Pendant les deux semaines avant le concert, je n’ai rien fait d'autre que de l'étudier. Quand est venu le moment du concert, on m’a envoyé à... Portland, je pense. Je me retrouve dans ma chambre d'hôtel, je ne m'inquiétais de rien, car je connaissais la musique sur le bout des doigts. m'appelle. Il me dit qu’on devrait peut-être voir la musique ensemble, etc. Je lui ai dit que je la connaissais par cœur. Juste pour être sûr, il est venu dans ma chambre avec sa trompette. Il a été époustouflé. On a fait le concert. J’ai réussi haut la main. A la fin de la soirée, je lui ai dit que je voulais ce gig. Il m'a dit d'aller parler à son manager Larry Clothier. Je lui ai dit la même chose: je jouerais de mon mieux, je ne serais jamais en retard, je ne buvais ni ne me droguais etc., mais il devrait me payer correctement. C’est tout ce que je demandais. Il a dit ok. Il m'a aussi aidé à trouver une nouvelle contrebasse. (Rires) Ça a été le meilleur groupe avec lequel j'ai joué!

 

Quelle était la formation?

 

Le groupe a changé plusieurs fois. La dernière équipe, c’était avec Willie Jones III (dm), Larry Willis (p), Sherman Irby (as) et, pendant une courte période, Frank Lacy (tb). On était comme des frères. On avait du respect pour Roy mais, sur scène, on s'en foutait. En ce qui concerne la section rythmique, quiconque était sur le devant de la scène devait jouer à fond. On ne laissait rien passer, pas une note, pas un accord, pas un battement.

 

Quelle était votre relation avec Larry Willis?

 

C'était incroyable de jouer avec lui. Il était beaucoup plus âgé que nous tous. Son niveau d'énergie n'a jamais baissé. Ce qui signifiait que le nôtre ne pouvait jamais baisser non plus. Il était magnifique. On s’est tellement amusés! A l’instant où on entrait en scène, on était tous unis. Seule la musique comptait. C’était comme ça chaque soir!

 

Vous jouiez vos propres thèmes?

 

Roy nous a laissés jouer nos compos. On jouait aussi des standards. J'espère que Dieu me donnera à nouveau une telle opportunité! Ne vous méprenez pas, c'était génial de jouer avec Elvin Jones pendant sept ans…

 

Comment avez-vous commencé à travailler avec Elvin Jones?

 

Après Roy, il y a eu le 11-Septembre. Donc, plus de travail... Puis, j'ai joué un peu avec Vanessa Rubin, avec Frank Foster et Loud Minority, avec beaucoup de gens différents. Un jour, j'ai reçu un appel d'Elvin!

 

Quelle était la formation?

 

Pat Labarbera (ts, ss, fl), Delfeayo Marsalis (tb), Eric Lewis (p), parfois Sonny Fortune (as, ss, fl).

 

Ça se passait comment?

 

C'était dur au début! Je n'arrivais pas à être à l’aise avec lui. J’étais en admiration tous les soirs. C'était le premier problème. Je pense que tout le monde est passé par là. Je devais me concentrer pour faire le job. Il jouait incroyablement! Personne ne joue comme Elvin Jones.

 

En 2003, vous enregistrez votre premier album en leader, intitulé Gerald Cannon. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps?

 

Vous savez, je ne fais pas les choses pour faire comme tout le monde. Je veux prendre mon temps pour que mon disque soit bon.

 

Depuis quand composez-vous?

 

Depuis les Jazz Elements. Maintenant, j'ai assez de matière pour dix albums! J'écris tout le temps.

 

Sherman Irby (as) est présent sur vos deux disques en leader.

 

Sherman Irby sera toujours mon alto! On a passé beaucoup de temps ensemble. Juste lui et moi nous exerçant pendant des heures sur «Sweet Georgia Brown», étudiant l'harmonie ensemble, écoutant des compositeurs russes...

 

Vous avez été le contrebassiste de McCoy Tyner ces dernières années. Comment a débuté cette collaboration?

 

J'ai reçu un coup de fil de son manager. Quelqu’un m’a recommandé. Je ne pouvais pas le croire! Il m'a dit que McCoy m'appellerait parce qu'il voulait me parler. Tous les musiciens plus âgés avec qui j’ai joué étaient des gentlemen. J'étais très proche avec McCoy.


De gauche à droite: McCoy Tyner (p), Gary Bartz (as), Gerald Cannon (b), Eric Gravatt (dm), Vitoria-Gasteiz, Espagne, 2007 © Jose Horna
De gauche à droite: McCoy Tyner (p), Gary Bartz (as), Gerald Cannon (b), Eric Gravatt (dm),
Vitoria-Gasteiz, Espagne, 2007 © Jose Horna

 

D’abord Elvin Jones, puis McCoy Tyner.

 

Une fois, au San Francisco Jazz Festival, j’ai joué avec Elvin et McCoy! Je pensais que j'allais faire un arrêt cardiaque! On a joué un seul thème ensemble: «Afro Blue»…

 

Comment ça se passait avec McCoy Tyner?

 

On ne répétait jamais; pas de balance non plus, enfin, cinq minutes... (Rires)

 

Et le premier concert avec lui?

 

Il m'a envoyé la setlist. Le soir du concert, premier thème: «Fly With the Wind». Dieu merci, c’est celui que je connaissais le mieux! Je m’en suis parfaitement sorti. Après ça, j'ai foiré tous les autres morceaux (rires)… enfin, en quelque sorte. Je veux dire que je n'ai pas joué au niveau que je voulais. Puis, j'ai découvert que McCoy ne jouait pas de la même façon tous les soirs. J'ai appris ça à mes dépens! J'ai tant appris de tous ces gars, pas seulement en musique, mais dans la vie aussi. Ils étaient très respectueux les uns des autres; Elvin était très humble, McCoy était très humble, passionné, affectueux. Je les aimais énormément, je suis honoré qu’ils m’aient aimé en retour.1

1. Cf. l'hommage des musiciens à McCoy Tyner où témoigne, entre autres, Gerald Cannon.


*

CONTACT: www.cannonmusicnart.com


DISCOGRAPHIE

Leader/coleader
CD 1999. Ralph Peterson/David Kikoski /Gerald Cannon, Triangular 2, Sirocco Jazz 1009

CD 2003. Gerald Cannon, Cloud 9 31503

CD 2017. Gerald Cannon, Combinations, Woodneck (pas de référence)

1999. Ralph Peterson/David Kikoski /Gerald Cannon, Triangular 22003. Gerald Cannon2017. Gerald Cannon, Combinations










Sideman
CD 1993-94. Suzanne Grazanna, The Cat's Meow, Grazanna Jazz Productions 14001

CD 1995. Tim Armacost, Fire, Concord Jazz 4697

CD 1996. Tim Armacost, Live at Smalls, Double Time 131

CD 1996. Don Lewis, Northwest of Chicago, Ltown 222

CD 1998. Sherman Irby, Big Mama's Biscuits, Blue Note 8 56234 2

CD 1998. Anthony Wonsey, Open the Gates, Criss Cross Jazz 1162

CD 1999. Roy Hargrove, Moment to Moment, Verve 314 543 540-2

CD 1999. Al Jardine, Live in Las Vegas, HV100

CD 2000. Bruce Williams, Altoicity, Savant 2025

CD 2001. Willie Jones III, Vol 1 … Straight Swingin', WJ3 Records 31001

CD 2002. Jeremy Pelt, Profile, Fresh Sound/New Talent 127

CD 2003. Willie Jones III, Vol 2 … Don't Knock the Swing, WJ3 Records 31003

CD 2003. Antoine Drye, Oblation, New Jazz Renaissance Recordings 1002

CD 2003. Wayne Escoffery, Intuition, Nagel Heyer 2038

CD 2004. Sherman Irby, Faith, Black Warrior 1002

CD 2005. Rick Germanson, You Tell Me, Fresh Sound/New Talent 217

CD 2005. Derrick Gardner & the Jazz Prophets, Slim Goodie, Impact Jazz 001

CD 2006. Steve Turre, Keep Searchin’, HighNote 7159

CD 2007. Roberta Donnay, What's Your Story, Pacific Coast Jazz 12959

CD 2007. Marilyn Scott, Every Time We Say Goodbye, Venus 35419

CD 2009. Rick Germanson, Off the Cuff, Owl 127

CD 2009. Derrick Gardner & the Jazz Prophets, Echoes of Ethnicity, Owl 129

CD 2009. Steve Davis Quintet, Live at Smalls, SmallsLive 0005

CD 2012. Dmitry Mospan, On the Waves, Butman 74017

CD 2015. Steve Turre, Spiritman, Smoke Sessions 1502

CD 2015. Russell Malone, Love Looks Good on You, HighNote 7268

CD 2016. Steve Slagle, Alto Manhattan, Panorama 006

CD 2017. Sherman Irby & Momentum, Cerulean Canvas, Black Warrior 1006

CD 2017. Michael Dease, All These Hands, Posi-Tone 8160

CD 2018. Rick Germanson, Turquoise Twice,
WJ3 Records 31023
CD 2019. Michael Dease, Never More Here, Posi-Tone 8201
CD 2020. Eddie Henderson, Shuffle and Deal, Smoke Sessions 2005

1993-94. Suzanne Grazanna, The Cat's Meow1996. Tim Armacost, Live at Smalls1998. Anthony Wonsey, Open the Gates1999. Roy Hargrove, Moment to Moment
2001. Willie Jones III, Vol 1 … Straight Swingin'2003. Wayne Escoffery, Intuition2006. Steve Turre, Keep Searchin'2009. Steve Davis Quintet, Live at Smalls
2012. Dmitry Mospan, On the Waves2015. Russell Malone, Love Looks Good on You2017. Sherman Irby & Momentum, Cerulean Canvas2019. Michael Dease, Never More Here


VIDEOS


Chaîne YouTube de Gerald Cannon

https://www.youtube.com/channel/UCJh8dYCE5nfUA6t2pS11qwQ

1996. Roy Hargrove (tp,flh), trumpet, Ron Blake (ts), Charles Craig (p), Gerald Cannon (b), Karriem Riggins (dm), «Miles Mode», «Waltz for Carmen», «My Foolish Heart», «Roy Allen», «Anthropology», JazzBaltica, Salzau, Allemagne, 14 juin

https://www.youtube.com/watch?v=vBumPZtSGwM

1998. Roy Hargrove (tp), Sherman Irby (as), Frank Lacy tb), Larry Willis (p), Gerald Cannon (b), Willie Jones III (dm), «Caryisms», North Sea Jazz Festival, La Haye, Pays-Bas, Juillet

https://www.youtube.com/watch?v=22fP151Nr8A

 

2000. Roy Hargrove Quintet, «Stranded», festival de jazz de Bern, Suisse
Roy Hargrove (tp), Sherman Irby (as), Larry Willis (p), Gerald Cannon (b), Willie Jones III (dm)
https://www.youtube.com/watch?v=Lr9Ngu7kz2A
https://www.youtube.com/watch?v=qjJGvrq3Hpo

 

2000. Tribute to Louis Armstrong, Roy Hargrove/Benny Bailey (tp), Sherman Irby (as), Larry Willis (p), Gerald Cannon (b), Willie Jones III (dm), Philip Harper (tp) Quintet, Maynard Ferguson (tp,tb) Big Band, Mike Hennessy (p,journaliste), «Circus», «Depth», «A Kiss to Build a Dream on», «Memories of You», «On the Sunny Side of Street», «The Sorcerer of Antiquity», «It Don't Mean a Thing», «That's my Desire», «Birdland», Glocke (Salle de la Cloche), Brême, Allemagne, Radio Bremen N3

https://www.youtube.com/watch?v=FcpHRnkk4uk

 

2002. Elvin Jones (dm), Pat Labarbera (ts), Delfeayo Marsalis (tb), Anthony Wonsey (p), Gerald Cannon (b), «Love and Peace» tribute to John Coltrane, 37ème Jazzaldia de Donostia-San Sebastián, pays basque espagnol, juillet

https://www.youtube.com/watch?v=hzrM15ficRw

 

2006. Ernestine Anderson (voc), Taylor Eigsti (p), Jeff Rupert (ts), Michael Mossman (tp), Gerald Cannon (b), Willie Jones III (dm), «What Is This Thing Called Love», «Blues Walk», «I Wonder Why», «All Blues», «Night Life», «Song For You», «On The Sunny Side Of The Street», «When It All Comes Down», International Jazzwoche Burghausen, Allemagne, BR-alpha Klassik, 25 mars

https://www.youtube.com/watch?v=IqXkD2wMvjQ

2007. McCoy Tyner (p), Gary Bartz (as), Gerald Cannon (b), Eric Gravatt (dm), festival de jazz de Viersen, Allemagne
https://www.youtube.com/watch?v=2zuHO_0CXmQ

https://www.youtube.com/watch?v=6j1dFXbHtTY

https://www.youtube.com/watch?v=9zRRKUG3VkQ

https://www.youtube.com/watch?v=9VQu7csuo9g

https://www.youtube.com/watch?v=9wDOMZXoj6k

 

2010. McCoy Tyner (p), Gary Bartz (as), Gerald Cannon (b), Eric Gravatt (dm), Jazz & Wine Of Peace, Teatro Comunale Cormòns, Friuli Venezia Giulia, Italie, 24 octobre
https://www.youtube.com/watch?v=hBNWZbpobbE

 

2010. Sonny Fortune (as), Michael Cochrane (p), Gerald Cannon (b), Steve Johns (dm), «Just in Time», The Kitano, NYC, 19 novembre

https://www.youtube.com/watch?v=oKr4nhEqwF8

 

2012. Steve Einerson (p), Eric Alexander (s), Jason Brown (dm), Gerald Cannon (b), Linda's Jazz Nights, 4 avril

https://www.youtube.com/watch?v=yecOCqHvWOA

 

2012. Harold Mabern (p), Eric Alexander (s), Joe Farnsworth (dm), Gerald Cannon (b), «Afro Blue», Linda's Jazz Nights, 5 septembre

https://www.youtube.com/watch?v=HiYOyQFKklY

 

2012. Harold Mabern (p), Eric Alexander/Lukas Gabric (s), Joe Farnsworth (dm), Gerald Cannon (b), «Rakin' and Scrapin’», Linda's Jazz Nights at An Beal Bocht Cafe, 5 décembre

https://www.youtube.com/watch?v=gkaY62vD2bM

 

2012. McCoy Tyner (p), Joe Lovano (s), Gerald Cannon (b), Francisco Mela (dm), «Blues on the Corner», festival Banlieues Bleues, Saint Ouen, France, mars

https://www.youtube.com/watch?v=UwlCLhiqQ8U

 

2013. Harold Mabern (p), Eric Alexander (s, 6/3), Joe Farnsworth/Louis Hayes (dm), Gerald Cannon (b), Linda's Jazz Nights, 6 mars, 3 avril

https://www.youtube.com/watch?v=LH5eWaNBNj0

https://www.youtube.com/watch?v=oampEW3328Q

 

2013. McCoy Tyner Latin All Stars, Gary Bartz (as), Conrad Herwig (tb), Bryan Lynch tp), Gerald Cannon (b), Francisco Mela (dm), Giovanni Hidalgo (perc), Torino Jazz Festival

https://www.youtube.com/watch?v=kY6pXBzjgO0

 

2013. David Hazeltine (p), Eric Alexander (s), Jason Tiemann (dm), Gerald Cannon (b), Linda's Jazz Nights, 4 septembre

https://www.youtube.com/watch?v=rMYa0dtXMSc

 

2014. Sherman Irby (as), Rick Germanson (p), Francisco  Mela (dm), Gerald Cannon (b), «Columbus Circle Stop», Linda's Jazz Nights, 7 mai

https://www.youtube.com/watch?v=F7lB9jIn2jQ

 

2014. Sherman Irby (as), Vincent Gardner (tb), Eric Reed (p), Willie Jones III (dm), Gerald Cannon (b), Live at Dizzy’s/JALC, New York, NY

https://www.youtube.com/watch?v=6_71eNo3Ubc

 

2016. McCoy Tyner (p), Gerald Cannon (b), Will Calhoun (dm), Sherman Irby (as), «Ballad For Aisha», Blue Note, NYC, 26 avril

https://www.youtube.com/watch?v=Q4n_2EGsdPM

 

2017. Isaiah J. Thompson (p), Eric Alexander (s), Joe Farnsworth (dm), Gerald Cannon (b), «Blue Monk», Linda's Jazz Nights, 4 janvier

https://www.youtube.com/watch?v=8oynI6HeuOE

 

2017. Jonny King (p), Gerald Cannon (b), Joe Strasser (dm), «Stella by Starlight», Cheesecake Studio, Luca’s Jazz Corner, 22 août

https://www.youtube.com/watch?v=ghTbeVX62Qc


2018. Gerald Cannon Sextet, et Willie Jones III Quintet, deux concerts au Dizzy’s, New York
-Jeremy Pelt (tp), Sherman Irby (as), Russell Malone (g), Rick Germanson (p), Gerald Cannon (b), Willie Jones III (dm)

- Willie Jones III (dm), Terell Stafford (tp), Ralph Moore (ts), Eric Reed (p), Gerald Cannon (b)

https://www.youtube.com/watch?v=wzY610vjNhA

https://www.youtube.com/watch?v=tQgGQiRbhFU

 

2019-2020. Gerald Cannon, interview-reportage avant et après crise sanitaire, avec photos, sur WDJT-Milwaukee, WI, CBS 58 Sunday Morning

https://www.cbs58.com/news/racine-native-jazz-master-gerald-cannon-on-a-mission-to-preserve-american-jazz

https://www.cbs58.com/news/milwaukee-native-and-jazz-master-gerald-cannon-continues-teaching-from-new-york-city-apartment

 

2019. Gerald Cannon Quartet, Justin Robinson (as), Rick Germanson (p), Chris Beck (dm), Conjunto Santander de Artes Escénicas, Zapopan, Mexique, 24 octobre

https://www.youtube.com/watch?v=UyDcLsBi61c


2020. Gerald Cannon, Fabrizio Bosso (tp), Michele di Martino (p), Elio Coppola (dm) programme en vue de la 19e édition du Peperoncino Jazz Festival en Calabre-Italie, annulée, au Ciné Teatro Odeon de Reggio di Calabria

https://www.youtube.com/watch?v=lHtKfMiRZrE

 


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