Dominique Cravic © Mathieu Perez Dominique CRAVIC
Portrait d'un 78 tard...
Dominique
Cravic est un «Parigot» pur sucre, par l’esprit, la culture populaire,
l’imaginaire. Un café avec lui est toujours ce moment privilégié pour partager ses
dernières trouvailles du moment en 78 tours, évoquer quelques fameux épisodes
de l’histoire du jazz parisien, de son amour de la guitare, Django, Wes
Montgomery, le flamenco, de la chanson, de l’accordéon, de la bande-dessinée… Ce
n’est pas tout: dans les années 1970, Dominique
Cravic et Didier Roussin ont participé à la redécouverte de l’héritage
de Django, de l’accordéon et du musette avec leurs formations successives:
Bluestory, Chicot à bois sec puis Cordes et lames et les Primitifs du Futur que
Cravic a créés en 1986. Un état d’esprit, une façon de vivre la musique qui
rappellent le regretté Patrick Saussois, qui accompagna Didier Roussin et Jo
Privat. Comme
lui, ses passions, le jazz, Django, l’accordéon, Gus Viseur, Tony Murena, le
musette, la chanson depuis Jean Sablon jusqu’à Allain Leprest, Dominique Cravic
les a réunies comme peu savent le faire. Avec intelligence, humour, générosité,
sensibilité. Les
Primitifs du Futur, nés en 1986 suite à sa rencontre avec le dessinateur et
banjoïste Robert Crumb, sont sa synthèse musicale et sa vision personnelle
d’une musique populaire de haut niveau, teintée de jazz. Les «Primdufs», c’est une
tribu, une histoire musicale tout autant qu’une histoire d’amitiés, avec des musiciens
comme Daniel Colin, Marcel Azzola, Raúl Barboza, Francis Varis, Daniel Huck,
des chanteurs et chanteuses comme Claire Elzière, Juliette, Allain Leprest,
Pierre Barouh, Sanseverino, des musiciens d’autres horizons, tous possédant le
feeling pour donner à cette musique une humanité qui vous arrache le cœur.
Elevé à Dreux, où il est né
le 5 juin 1946, le guitariste a fait les bals dès l’adolescence et n’a jamais
oublié ses racines, la musique qui touche les gens et les fait danser, ni ses belles
expériences avec des pointures du jazz, comme Tal Farlow, Lee Konitz, Larry
Coryell, Steve Lacy, Michel Graillier, Alain Jean-Marie, Lenny Popkin… Sa
musique, ce n’est pas du Django ou du musette revisité. Non, c’est du Cravic.
Propos recueillis par Mathieu Perez Photos Mathieu Perez, Daniel Chouin, Jean-Luc Katchoura, Vanja Larbrisseau, Annick Lelli, Pascal Pitois Archives Dominique Cravic by courtesy
© Jazz Hot 2020
Jazz Hot: Dans ton
album Le Voyage de Django (2013), tu
revisites, en compagnie d’une grande partie des Primitifs du Futur, le
répertoire et le parcours de Django Reinhardt. C’était un peu un retour aux
sources pour toi?
Dominique Cravic:
J’ai commencé à écouter Django quand j’avais 12 ans. Un copain m’avait prêté
une anthologie. Ça me faisait rêver! Mais je n’ai jamais essayé de jouer comme lui.
A cette époque-là, et pendant longtemps, il y avait très peu de guitaristes capables
de jouer comme ça sans être manouches. Roger Chaput, le premier guitariste de
Django, me racontait sa première rencontre avec lui chez les frères Péguri qui
sont des accordéonistes très importants pour le musette. Péguri avait fait
venir un petit jeune à un bal musette. C’était Django, il devait avoir 15 ans. Il était bien élégant avec son foulard. Il était alors très pauvre, il
manquait des cordes à son banjo. C’était le début... Après, il a été initié au
jazz. Sûrement en écoutant des disques. Roger m’a dit que Django avait écouté
Eddie Lang et Joe Venuti. Il a dû écouter Armstrong aussi. Toute sa vie, il est
resté entre plusieurs courants. Puis, les vedettes de la chanson française ont bien
vu qu’il se passait quelque chose et ont voulu enregistrer avec lui. Quand tu écoutes
«Je sais que vous êtes jolie», que chante Jean Sablon, ce que joue Django est tout
simplement magnifique!
As-tu une période
préférée de Django?
J’aime tout. Je réécoutais récemment le disque qu’il a enregistré
en Belgique pendant la guerre pour le label Rythme. Il y joue du violon. Dans
toutes les périodes, il y a des choses incroyables.
Impossible de revenir
sur ton parcours sans parler du guitariste Didier Roussin (1949-1996). Comment
l’as-tu rencontré?
Didier donnait des cours de guitare dans une école
municipale privée à Dreux. Il habitait alors dans le coin de Vigneux, Draveil.
Plus tard, il s’est installé à Dreux parce qu’il adorait la région. Moi j’étais
déjà parti à Paris. Des amis de Dreux m’ont parlé de Didier. Donc, on se
rencontre, on s’aperçoit vite qu’on a plein de choses en commun, on adore les
guitaristes de blues des années 1920 et 1930, on est curieux de toutes les
musiques. Didier jouait déjà très bien, du blues, du classique. Mais il n’avait
pas beaucoup d’expérience de la scène. Moi, j’avais arrêté de faire les bals.
Tout de suite, on a fait un duo. On joue tous azimuts. Des concerts locaux à
Dreux. On faisait la prospection nous-mêmes. A partir de ce duo, on a monté plusieurs groupes. Le premier, c’était Bluestory. On ne jouait que du blues. Il y
avait Olivier Blavet à l’harmonica mais comme il n’était pas très dispo, on a
pris Jean-Jacques Milteau. On faisait les circuits blues. J’ai toujours monté beaucoup de groupes, des duos, des
trios.
Quelle a été ta
relation avec lui? C’était un frère? un alter-ego?
On était des frères. C’était très fort dans beaucoup de
domaines. Il y avait ce plaisir de la musique. Et on partageait une même vision
de la vie, un humour. On s’est écartés un peu au moment de Paris Musette. Il
avait réuni tous les accordéonistes, Jo Privat, Jean Corti, Daniel Colin, Joe
Rossi, etc. Il bossait énormément, donnait beaucoup de concerts. Moi, j’avais
commencé les Primitifs du Futur. Dès le début, Didier en a fait partie. Mais ma
démarche n’était pas la même. Paris Musette était plus dans la tradition. Les
Primitifs du Futur revisitent un passé musical. Ce n’est pas rétro. Puis, j’ai
trouvé pas mal de dates pour les Primitifs, et là, on s’est revus beaucoup avec
Didier. Les Primitifs du Futur au Café de la Danse, Paris, 1995 (devant, au centre, Didier Roussin)
© Daniel Chouin, by courtesy of Dominique Cravic
Il y a des points
communs entre Didier Roussin et Patrick Saussois, non?
Ils étaient pareils, mais différents aussi. Didier était un
hippie, avec ses cheveux longs. Ils ont beaucoup joué en duo. Je pense que
Didier était plus rigoureux sur la musique. Saussois était plus roots. Mais quand il jouait «Premier
rendez-vous», c’était magnifique! Je l’aimais beaucoup, Saussois. Je l’ai bien
connu, mais j’ai peu joué avec lui. Ça a été quelqu’un de très important pour
Didier.
Didier et toi avez
tout fait pour réhabiliter l’accordéon. D’où te viennent ton intérêt et ta
curiosité pour cet instrument?
Quand j’étais adolescent, j’ai fait beaucoup de bals.
C’était l’époque du rhythm and blues. On jouait du jazz, du rock, du blues, et
le répertoire traditionnel, java, valse, musette, paso doble, etc. Et au moment
du tango, l’accordéoniste ou bandonéoniste venait devant l’orchestre. Tous les
accordéonistes que j’ai vus passer dans cet orchestre, qui s’appelait Les
Gentlemen, pouvaient jouer des trucs très difficiles. Les autres musiciens
jouaient plus intuitivement. C’était un petit orchestre de province. Même si, à
cette époque, les accordéonistes étaient très ringardisés, quand tu les écoutais,
tu te rendais compte que c’étaient de sacrés musiciens.
D’où venait la curiosité
de Didier Roussin?
Didier a fait quelques bals. Il se souvenait aussi que les
accordéonistes étaient très bons. On avait la même envie de rappeler une
certaine période. Le musette était alors ringard, méprisé par tout le monde,
alors qu’il y avait encore de formidables musiciens, comme Marcel Azzola,
Roland Romanelli... L’accordéon, c’était juste bon pour le 14 juillet. Paris
Musette, Cordes et lames, les Primitifs du Futur ont beaucoup fait pour
réhabiliter cet instrument. On voulait se rapprocher de cette période, la
revisiter. Il y a des valses musette qui sont comme des standards de jazz, avec leurs phrasés, leurs improvisations, leurs harmonies. Certains thèmes de Jo Privat,
Gus Viseur, Tony Murena, tu peux les reprendre à n’importe quelle époque. C’est
très proche du jazz.
Les groupes Chicot à bois sec, Cordes et lames, les Primitifs du Futur, c’est, au tout début, la
rencontre entre deux bandes de musiciens, celle de Dreux et celle de
Montreuil-Rosny-sous-Bois. Comment cela s’est-il fait?
C’était le début du Conservatoire de Montreuil, où
étudiaient Dominique Pifarély, Yves Torchinsky, Francis Varis, Manu Galvin,
etc. Ils avaient 20 ans. Nous 30. Nous, c’est Didier Roussin, Jean-Jacques
Milteau, etc. La rencontre entre la bande de Montreuil-Rosny-sous-Bois et celle
de Dreux s’est faite grâce à Jean-Luc Katchoura, un copain d’enfance et un pote
de Torchinsky. A l’époque, Jean-Luc était guitariste-basse. Puis, il est devenu
architecte. Il a aussi écrit un gros livre sur Tal Farlow, chez Paris Jazz Corner.
Chicot à bois sec: (de gauche à droite) Francis Varis, Dominique Cravic, Dominique Pifarély, Daniel Huck,
(debout) Jean-Michel Davis, Guy Lefèbvre, Didier Roussin, années 1970
© Pascal Pitois, by courtesy of Dominique Cravic
Le courant est passé
tout de suite entre les deux bandes?
On était un peu les aînés, mais on avait tous les mêmes
envies. Quand on jouait ensemble, ça se passait bien. Et on a monté plein de
groupes. Je me souviens d’une tournée en Algérie... Comme on était nombreux, on
pouvait jouer tous les genres. Du blues, du jazz, etc.
Vous jouiez où à
Paris?
A l’Utopia, rue de l’Ouest, à Montparnasse.
Parmi ces groupes, il
y a d’abord le New Blue 4.
On a monté ça avec Dominique Pifarély. Il a appris le violon
d’un prof' au Conservatoire de Montreuil, qui était fan de Grappelli. Donc, Pif
peut jouer manouche. Et puis, ses parents étaient de La Réunion. Il a beaucoup
développé ses racines musicales quand il jouait avec Eddy Louiss. Dans le New
Blue 4, il y avait aussi Dédé Roussin, Yves Torchinsky. On jouait des trucs
très blues, très jazz aussi, mais pas Django, plutôt Oscar Alemán. Dédé Roussin avait
fait un arrangement magnifique de «In a Mist» de Bix Beiderbecke. On
avait aussi arrangé les duos d’Ellington et de Jimmy Blanton pour quatre
cordes. Le New Blue 4, c’était un genre de
quatuor à cordes, mais différent. Il n’y a quasiment pas eu d’enregistrements,
sauf quelques bandes qui sont parues chez Paris Jazz Corner. Ce groupe a duré
quelques années. A côté de ça, il y avait d’autres projets, avec d’autres
musiques. Tous ces genres différents, c’est ce qui fait la personnalité de
chacun.
Puis, il y a Chicot à
bois sec.
Là, on jouait du cajun, du mambo, du calypso, du shuffle, du
new orleans, etc. On devait enregistrer mais le disque ne s’est pas fait...
Dans ce groupe, il y avait beaucoup de gens qui passaient: Daniel Huck,
Torchinsky, Pifarély, Francis Varis, Dédé Roussin, etc. Francis Varis venait de
se remettre à l’accordéon. Il avait vu un concert de Clifton Chenier. Avant ça,
il jouait des percussions, parce que, comme pour tous les jeunes, l’accordéon
n’est pas le meilleur instrument pour emballer les filles. (Rires) L’accordéon a été ringard pendant
très longtemps. Alors que, avant la guerre et après, les accordéonistes avaient
beaucoup de succès. Le moment du yé-yé a été terrible. Certains soirs, ils se
prenaient des canettes dans la figure. Les jeunes voulaient du rock. L’accordéon
est revenu bien plus tard.
Tu as toujours été
très curieux musicalement?
Je suis un boulimique de l’écoute. Dès l’adolescence, avec François,
mon frère aîné, on écoutait aussi bien Miles et Ornette que Léo Ferré et du
blues. On écoutait tout. Moi, beaucoup les guitaristes. Wes Montgomery. On View at the Five Spot de Kenny
Burrell est le premier disque Blue Note que j’ai acheté. J’aime toujours autant
les disques, le support, le design, le son.
Les années 1960 et 1970,
c’est un moment jazz important pour toi.
Je venais de m’installer à Paris.
J’ai étudié un an à la fac de droit d’Assas puis je suis parti à Vincennes
quand le département de musique s’est ouvert. Le soir, on traînait au Rosebud,
à Montparnasse. C’est comme ça que j’ai vu Cecil Taylor et Jimmy Lyons. Je les
adorais. J’avais envie de leur parler. Le premier soir, je n’ai pas osé. Je les
ai abordés le deuxième soir. Ils étaient charmants. Je me souviens aussi de ma
première rencontre avec Steve Lacy. C’était à Dreux. J’avais un copain
disquaire, Philippe. Comme son magasin marchait, il s’est mis à produire des
concerts. Un jour, il a invité Steve à jouer en solo. Ça se passait dans une
caverne au-dessus de Dreux. C’était aménagé avec un bar. Steve était venu
l’après-midi, bien avant le concert. Il avait le temps. On a discuté
longuement. Bien plus tard, on a enregistré ensemble. Dans ces années-là, j’allais
voir en concert les saxophonistes, les trompettistes, les pianistes. Tout ce
qui s’est fait en free jazz à Paris, je l’ai vu. Quelques années plus tard,
j’avais une copine qui écrivait au tout début de Guitare Magazine. Elle ne parlait pas très bien anglais, alors je
l’accompagnais à ses interviews. On a rencontré Joe Pass, John McLaughlin,
Jimmy Raney, etc. Et le soir, il y avait le concert. Et puis, j’ai eu la chance
de jouer avec Tal Farlow, Lee Konitz, etc., des musiciens historiques. C’était
fabuleux!
Comment est né Cordes
et lames en 1982?
Après le New Blue 4, on a monté Chicot à bois sec. Varis venait
de reprendre l’accordéon. Il s’était ouvert au jazz. Et en écoutant des
musiciens américains moins connus à l’époque, on a décidé de monter un quartet.
On pensait aussi à la tradition française du quartet
accordéon-guitare-basse-batterie, qui remonte à Gus Viseur. On a fait beaucoup
de compositions. On jouait à des festivals. Les choses commençaient à bouger un
peu pour l’accordéon. Et puis, on donnait une autre vision de ce que pouvait
être cet instrument. Cordes et lames semble avoir marqué les esprits. On m’en
parle régulièrement.
Durant la période
Cordes et lames, tu t’es beaucoup rapproché de Francis Varis.
Nous avons été très proches dans ces années. Il a joué dans
Chicot à bois sec puis dans Cordes et lames. On a beaucoup tourné ensemble.
Ensuite, il est parti travailler avec Titi Robin.
De qui a été composé
Cordes et lames au fil des années?
Au début, c’était Yves Torchinsky, Yves Teslar, Francis et
moi. Puis, Hélène Labarrière et Jean-Claude Jouy.
Quelle a été
l’influence de Cordes et lames?
Trois ans après Cordes et lames, on a vu apparaître des
groupes avec accordéon qui prétendaient avoir inventé le genre! (Rires) Et il y a eu les disques du
groupe Paris Musette, de Dédé Roussin, qui ont eu du succès.
Dominique Cravic avec Tal Farlow, Grande Parade du Jazz, Nice 1984 © Annick Lelli, by courtesy of Dominique Cravic
Cordes et lames a
tourné avec Tal Farlow en 1983. C’est toi qui es allé le chercher?
Jean-Luc Katchoura avait monté un festival de guitare à
Dreux. Il y a eu deux ou trois éditions. Il nous a invités pour la deuxième
édition et nous a proposés de jouer avec Tal.
Tal était quelqu’un de très ouvert, très à l’écoute, généreux,
gentil, toujours en train de bosser. Il était impressionnant. Rien que
physiquement. Il avait des mains énormes. Ses copains ne l’appelaient pas
«Octopus» pour rien! (Rires) On
jouait des standards. Il nous aimait bien. Tal avait une popularité incroyable.
Il connaissait tout le monde.
Vous vous êtes revus
par la suite?
On s’est revus plusieurs fois avec Tal et Philippe Petit,
qui jouait avec lui.
Et comment s’est
passée la rencontre avec Lee Konitz?
Je connaissais bien la musique de Lee. Avec Francis, on avait
travaillé les thèmes de Tristano. Ces thèmes-là avec une guitare et un
accordéon, ça donne quelque chose de différent. Je crois que c’est moi qui suis
allé voir Lee. Le Club Saint-Germain avait rouvert rue Saint-Benoît, mais ça n’a
pas duré longtemps. J’y ai vu de très beaux concerts, notamment Chet Baker avec
Doug Rainey et le contrebassiste belge Jean-Louis Rassinfosse. Un soir, il y
avait Lee Konitz et René Urtreger. Je ne l’oublierai pas parce que c’est la
seule fois où j’ai échangé trois mots avec Georges Perec. Il adorait le jazz. Le
hasard fait que j’avais avec moi son roman La
Vie: mode d’emploi, que j’étais
en train de lire... Puis, je suis allé parler à Lee. On a pris rendez-vous. Je
lui ai fait écouter ce qu’on avait fait sur Tristano. Ça l’a intéressé. Il
avait dû parler aussi à Steve Lacy. Lee était très ouvert, toujours partant. Il
jouait beaucoup en Europe. Je crois que c’était la première fois qu’il jouait
avec un accordéoniste. J’étais très copain avec Laurent Goddet, le rédacteur en
chef de Jazz Hot de l’époque. Il
écoutait beaucoup Tristano, Konitz. Il était très heureux que je bosse avec
Lee. On a fait des concerts pendant deux saisons, des festivals en Allemagne,
au North Sea Jazz Festival, à Bâle, en Hollande, en Belgique, etc. On a
enregistré le disque Medium Rare. On a aussi fait un enregistrement en
Allemagne, qui n’est jamais sorti... Lee avait vraiment joué le jeu. On n’avait
pas fait que des standards. Il y avait des compositions de Francis, des thèmes
de Warne Marsh, etc. Il adorait la contrebassiste Hélène Labarrière et aimait
beaucoup le jeu de Jean-Claude Jouy.
En concert, ça se
passait comment?
Parfois, c’était formidable. Parfois, c’est un peu flippant.
Certains soirs, pendant son solo, il pouvait ne rien se passer. Plus tard, Lee
m’a expliqué qu’il ne joue que lorsqu’il a des choses nouvelles à dire. Sinon,
il ne joue pas. Puis, il m’a dit d’où lui venait son inspiration. Chez lui, chaque
phrase doit dire quelque chose. La musique doit le surprendre. Je l’ai vu récemment
au Sunside. Lee est âgé maintenant. Il a cette fragilité. Il chante aussi. C’est
très touchant. Le concert était magnifique.
De gauche à droite: Francis Varis (acc), Hélène Labarrière (b), Lee Konitz (as),
Dominique Cravic (g) © Photo X, by courtesy of Dominique Cravic
L’as-tu interrogé sur
le jazz?
On a beaucoup parlé, de plein de sujets différents. On était
allés voir ensemble le film Bird de
Clint Eastwood. Ça l’avait bouleversé. On a parlé de Tristano aussi. Il me
disait qu’il avait été sous influence, comme beaucoup de gens qui
s’approchaient de Tristano. Al Levitt m’avait raconté comment ses étudiants
regardaient Tristano boire ses cafés en fermant les yeux. Il en buvait toute la
journée. Ils le regardaient et mimaient les gestes du maître. Un jour, François
Billard vient nous voir au Petit Opportun. Il a abordé Lee en lui parlant de
Tristano. Lee en avait déjà marre...
Tu as aussi joué avec
Lenny Popkin.
Je connais Lenny depuis longtemps. Mais, on n’a jamais joué
que le bœuf ensemble à Paris Jazz Corner. Ça fait des années que j’ai envie de
faire un disque avec lui! Avant, je n’avais pas le temps. Aujourd’hui, c’est
difficile de trouver un label qui veuille produire du jazz.
Un mot sur Laurent Goddet, ancien rédacteur en chef de Jazz Hot, que tu as bien connu.
J’ai fait l’armée à Villingen, en
Allemagne. C’est dans ce coin-là qu’il y avait les studios du label MPS. Pour ma
première permission, je reviens à Paris et je découvre le disquaire de la rue
Clotaire, au Panthéon. J’étais assez copain avec Laurent. Mais il était très
cyclothymique. J’allais souvent chez lui. Il aimait beaucoup la musique de
Warne Marsh, Lee Konitz. Je me souviens aussi d’une discussion très tendue
entre lui et Max Roach. Il reprochait à Max son côté un peu anti-Blanc. Puis,
ils se sont mis à parler du niveau des musiciens de jazz français. Et Goddet
s’est mis à parler de Django. Max lui a répondu: «Django? C’est du ragtime». (Rires)
Laurent est devenu fou! Il était furieux! Mais Max n’en démordait pas. (Rires)
De gauche à droite: Robert Crumb (g), Muriel Demarchi, Didier Roussin
Jo Privat, Dominique Cravic (g), au domicile de Jo Privat (Bry-sur-Marne), 1986 © Vanja Larbrisseau, by courtesy of Dominique Cravic
L’aventure Paris
Musette de Didier Roussin a été marquée par la rencontre de Didier avec Jo
Privat (1919-1996). Quel lien avait-il avec lui?
Didier était très proche de ses parents. Avant sa naissance,
ils allaient danser au Balajo. Donc, travailler avec Jo, je pense que c’était
un désir profond chez lui. Et c’était un moment de sa vie où la culture de ses
parents est revenue. Didier était comme un poisson dans l’eau avec Jo.
Quel personnage était
Jo Privat?
Un génie de la tchatche! J’ai plein de K7, je l’ai beaucoup
interviewé. Je me souviens d’un concert à Evreux. Un des premiers de Paris
Musette. Dans les loges, il y avait beaucoup de monde. Tout le monde boit des
coups. Un des plaisirs de Jo, c’était d’embobiner des jeunes, des vieux, et de
les faire picoler. (Rires) On se
retrouve tous autour d’une table, on rit, on parle fort. Au bout de la table, il
y a Jo. Il ne parle pas plus fort que ça. Il racontait des histoires des années
1930, 1940. Peu à peu, tout le monde se tait pour l’écouter. C’était un
personnage. Il a vu beaucoup de choses. Il racontait que Robert Mitchum s’était
fait virer du Balajo. (Rires) Musicalement,
il était au top. Ses compositions, comme «Rêve bohémien», sont des chefs-d’œuvre.
As-tu participé à
l’ouvrage Histoires de l’accordéon de
Didier Roussin et François Billard?
Dans ce livre, il y a peu de choses sur le musette, en fait.
C’est une histoire de l’accordéon dans le monde. Didier s’était renseigné
auprès de spécialistes, sur les Antilles, etc. Les disques de Mat Mathews,
Frank Marocco ou encore de Tommy Gumina, qui a inventé les amplis Polytone,
étaient difficiles à trouver. Ça n’intéressait pas les disquaires de vendre ça.
J’ai aidé pour la partie accordéon jazz. Mais je n’étais pas le seul. Je me
souviens de virées en Belgique et en Hollande avec Didier pour interviewer des
accordéonistes. Après, il s’est branché avec François Billard, et ils ont fait
le livre.
Dans les années 1980,
tu as fait des gigs jazz qui t’ont marqué. Il y a notamment celui avec Michel
Graillier.
Bertrand Fèvre avait tourné le
court-métrage Chet’s Romance. Il
voulait faire un film sur Miles, Ella et Lee Konitz. Michel et moi, on jouait mais
chacun de notre côté avec Lee. On s’est connus comme ça. Puis, on s’est produits
pendant deux, trois ans, en duo, en trio aussi avec Alby Cullaz. Au Village, à
l’Hôtel Latitudes, rue Saint-Benoît, au Palais de Chaillot, dans le hall. On a
fait aussi des petits festivals en banlieue. Puis, on s’est perdus de vue, et on
s’est rapprochés peu de temps avant sa mort.
Qu’appréciais-tu chez lui?
C’était quelqu’un de très marqué par
Herbie Hancock, Bill Evans, Jobim. Il a pris tous ces éléments et a fait
quelque chose de très personnel. Certains des plus beaux disques de Chet, c’est
avec Michel Graillier. Je garde aussi un très bon souvenir de gigs en duo avec
Alain Jean-Marie. C’était un vrai plaisir.
Tu t’es beaucoup
investi dans des anthologies musicales pour défendre d’autres instruments mal
aimés et des musiques moins connues. Il y a Harmonica
Swing (années 1920-1950), Ramón Montoya (1924-1936), Fado (1926-1931), Madagascar (1929-1931), Brésil
(1914-1945), Cuba (1926-1937) chez
Frémeaux, et Les As du Musette chez
Paris Jazz Corner.
Harmonica Swing était
un gros boulot. Il faut les trouver les disques, faire des notices
biographiques. J’ai fait ça avec Alain Antonietto. C’était une occasion de
mettre en valeur l’harmonica, qui était ringardisé comme l’accordéon. C’est
comme ce qu’on a fait avec le groupe Ukulélé Club de Paris puis une anthologie
de guitare hawaïenne. Tout ça nait de la curiosité, du plaisir de l’écoute.
De quelle anthologie
es-tu le plus fier?
Celle sur Ramón Montoya. C’est la plus complète. Et la
qualité de son est la meilleure.
De gauche à droite: Didier Roussin, Aline Crumb, Florence Dionneau, Dominique Cravic, Californie, fin des années 1980 © Jean-Luc Katchoura, by courtesy of Dominique Cravic
Quel a été l’acte de
naissance des Primitifs du Futur?
Ce qui a déclenché le groupe, c’est ma rencontre avec Robert
Crumb. A l’époque, il allait tous les deux ans au festival de la bande-dessinée
d’Angoulême. Puis, il passait quelques jours à Paris. Un copain américain me
l’avait présenté. Il était déjà très intéressé par le musette, surtout par la
vieille musique auvergnate, enregistrée par les Disques Le Soleil dans les
années 1930. Le courant est passé tout de suite. Je découvrais que Crumb était
aussi musicien. On lui a trouvé une mandoline, et il est venu jouer le bœuf à
l’Utopia. Comme ça se passait très bien, je lui ai proposé de faire un disque.
Il est reparti aux Etats-Unis, nous a envoyé le dessin pour la pochette du
disque. Puis, notre relation s’est facilitée quand il s’est installé à Sauve,
dans le Gard, en 1991.
Cette photo en
Californie a été prise à quel moment?
C’était au début des Primitifs. Nous étions allés jouer avec
Crumb. Il était comme un fou! C’était la première fois qu’on jouait du musette
en Californie! On s’était produits dans un club du côté de chez lui, à
Sacramento, puis un gala de charité super chic dans une institution
franco-américaine à Palo Alto.
Les Primitifs du Futur,
ce sont des chansons qui revisitent un imaginaire parigot, avec de l’humour, de
la mélancolie...
Il y a de la mélancolie mais ce n’est jamais plombant, c’est
joyeux.
Et c’est une musique
métissée.
Quelques soient les cultures, les liens sont toujours là.
J’avais écrit «Le Dernier musette» après la mort de Didier. Quand Michel
Esbelin s’est pointé avec sa cabrette, ça pouvait sembler improbable. Le
résultat a été magnifique. Dans la valse «La Goutte d’eau qui fait déborder la
valse», Khireddine Medjoubi joue de la darbouka. Là aussi, ça nous emmène ailleurs.
«Dalinette», de Médard Ferrero, on le joue dans le jus. Marcel Azzola et Daniel
Colin collent parfaitement dans le style. Et c’est très envoyé d’un point de
vue technique. Mais, avec le xylophone, ça donne une autre couleur. Sur «Valse
hindoue», il y a une partie très musette, mais aussi des harmonies à la
Coltrane et les tablas du percussionniste brésilien Silvano Michelino. Là, tu
t’aperçois que tous ces mélanges, ça peut marcher.
Tu as toujours soigné
les pochettes de tes disques. Crumb a signé toutes celles des Primitifs du Futur.
J’adore le dessin, je connais plein d’illustrateurs.
Crumb, Shelton, Willem, Joost Swarte, etc.
Parmi les musiciens
avec qui tu as eu et as toujours un rapport très fort, il y a l’accordéoniste Daniel
Colin (Jazz Hot n°591). Quand le rencontres-tu?
Il a fait partie de Paris Musette.
Didier avait donné la possibilité à tous ces accordéonistes ringardisés d’être
bien accompagnés. La mauvaise période de l’accordéon, Colin l’a bien connue. Il
s’est pris des canettes dans la figure. Pendant un moment, il a même arrêté de
jouer, il en avait marre. Il accompagnait les accordéonistes au piano. Puis, Didier
s’est rapproché de lui. Ils ont commencé à jouer en duo. Moi, je l’ai invité à
enregistrer un thème sur le deuxième album des Primitifs, Trop de routes, trop de trains. Quelques temps après la mort de
Didier, je lui ai proposé qu’on joue ensemble. Depuis, on ne s’est pas quittés. On
a beaucoup travaillé au Japon, on a fait plein de disques ensemble. En
particulier, Mon cœur est un accordéon
que je trouve magnifique.
Quelle est sa personnalité musicale?
Il a commencé l’accordéon à
Pontarlier à l’âge de 8 ou 10 ans. Il a fait les bals, il a vu tous les
maîtres de l’époque qui passaient là-bas. Il est très ancré dans la tradition. Et
c’est un musicien accompli. Il joue du bandonéon merveilleusement, du piano. Il
joue le musette et, en même temps, il est très libre. Il est capable
d’improviser, de varier. Et il peut jouer du jazz, de la musique
brésilienne. Daniel Colin (à gauche), Francis Varis (à droite) lors d'un concert de Raul Barboza, Pan Piper, Paris, 2018 © Mathieu Perez Ces dernières
années, tu travailles beaucoup au Japon avec le label Respect Record.
On a fait des disques et des tournées avec Daniel Colin,
Claire Elzière et Grégory Veux. Il y a aussi un disque avec Raúl Barboza et
Colin. Notre producteur Kenichi Takahashi est devenu un ami.
Une autre facette de
ta personnalité musicale, c’est la chanson française.
Avec mon frère François, on
écoutait tout. Du jazz comme Brassens, Brel, Barbara, Ferré, Nougaro, etc. J’ai
commencé la chanson avec les Primitifs. Mais c’est surtout ma rencontre au
début des années 2000 avec la chanteuse Claire Elzière, ma compagne. Je me suis
tout de suite entendu avec son pianiste, Grégory Veux. On est devenus très
complices, car les rapports piano-guitare ne sont pas toujours évidents. Et
quand on rencontre de très beaux textes, ça donne envie d’écrire de la musique.
Tu as accompagné Henri Salvador et Georges Moustaki. Quel
souvenir gardes-tu de ces expériences?
Au point de vue métier, Henri
Salvador, c’était quelque chose. Son grand orchestre, c’était une belle machine!
L’expérience avec Georges Moustaki aussi était intéressante. Je n’ai travaillé
avec lui que deux ou trois mois. Il était très musical. Ses textes sont
magnifiques. C’est un des grands de la chanson française.
Pierre Barouh compte aussi parmi les belles rencontres.
La première fois que j’ai
accompagné Claire sur scène, c’était chez Pierre Barouh en Vendée. Ce soir-là,
j’ai joué avec Barouh. Il était étonné que je connaisse tout ce qui est bossa.
On a fait plusieurs disques chez Saravah. Ces derniers temps, on fait un
Cabaret Barouh avec Claire où on chante ses chansons.
Les Primitifs du Futur: Jean-Philippe Viret (b), Dominique Cravic (g), Claire Elzière (voc), Daniel Colin (acc),
Studio de l'Ermitage, 16 février 2017 © Mathieu Perez
Tu as été proche
d’Allain Leprest (1954-2011). Tu as composé des musiques pour accompagner ses
textes. Cela a donné l’album Claire Elzière chante Allain Leprest (2013).
Quelle relation avais-tu avec lui?
Je connaissais Allain depuis longtemps. Dédé Roussin avait
travaillé avec lui. Moi, je travaillais avec Gérard Pierron, un chanteur proche
d’Allain. Parfois, il faisait la première partie des Primitifs du Futur, chantait
avec nous aussi. Pendant quelques années, on s’est vus chaque semaine. Il vivait
à Ménilmontant. Je lui jouais mes arrangements de ses chansons à la guitare ou au ukulélé. De son vivant, il a pu entendre Claire en chanter quelques-unes. Mais
le résultat est assez différent de ce qu’il faisait dans un esprit plus
intimiste. Un an ou deux après sa mort, avec Claire, qui
faisait des disques chez Saravah, on a décidé d’enregistrer des chansons
inédites. J’ai toujours adoré les textes d’Allain. C’est un des plus grands
auteurs de chanson française. Et il écrivait vite. Un jour, je lui donne un titre
de chanson que j’avais trouvé, «Vie d’ange, vie d’ordure». Ça lui a plu. Le
lendemain, il avait écrit une chanson. (Rires)
Et elle est bien! Claire l’a enregistrée en duo avec Sansévérino. Le drame de
Leprest, c’est qu’il est connu seulement des initiés. Même s’il y a toujours
des gens qui chantent ses chansons, il reste un poète maudit.
*
Les membres des Primitifs du Futur depuis
1986: Dominique Cravic (lead, arr, g, uku, voc), Alain Antonietto (g), François
Charles (uku), Robert Crumb (bjo,
mand, uku), Thomas Dutronc (g), Jean-Christophe Hoareau (g), Hervé Legeay (g),
Marc-Edouard Nabe (g), François Ovide (g, mand), Max Robin (g), Didier Roussin
(g), Patrick Tandin (g), Ukulélé Club de Paris (Jo Racaille, Cyril Lefèbvre,
Tony Truant), Silvain Canot (g), Mohamed Baazi (oud), Mathilde
Febrer(vln), Ian McCamy (vln), Laurent Valero (vln, fl), Vincent Ségal
(clo), GP Cremonini (b), Jean-Daniel Jouannic (b), Hélène Labarrière (b),
Laurent Larcher (b), Yves Torchinsky(b), Jean-Philippe Viret (b), Mieko
Miyazaki (koto), Daniel Huck (as, bs, voc), Bertrand Auger (cl, ts, fl),
Jean-Pierre Chaty (bs), Antonin-Tri Hoang (bcl, as), Bobby Rangell (as, ts,
fl), Maïa Barouh (fl), Bertrand Doussain (fl), Göran Eriksson (fl), Bertrand
Roussin (fl), Georges Varenne (cl), Patrick Artero (tp), Noël Hervé (flh),
Daniel Barda (tb), Juliette Pearl Davis (frh), Benoît De Prisque (frh), Marc Richard (frh, cl), Shauna Taylor (frh),Charlotte Auger
(sousaph), Michel Esbelin (cabrette),
fanfare Cie La Lichère, Fay Lovsky (uku, g, saw, thrm, voc), Marcel
Azzola (acc), Raúl Barboza (acc), Félix Belleau (acc), Jacques Bolognesi (acc),
Daniel Colin (acc, bandonéon), Florence Dionneau (acc, voc), Fabienne Dondard
(acc, voc), Flaco Jimenez (acc), Christine Laforêt (acc), Jean-Claude Laudat
(acc), Daniel Mille (acc), Roland Pierre-Charles (acc), Thierry Rocques (acc),
Robert Santiago (acc), Lionel Suarez (acc), Olivier Blavet (hca), Jean-Jacques
Milteau (hca), Steve Verbecke (hca), Anthony Baldwin (p), Philippe Beaudoin
(p), John Greaves (p), Grégory Veux (p), Xavier Bonnet (dm), Patrick Filleul
(dm), Jean-Pierre Jackson (dm), Franck Marco (dm, perc), Robert Santiago (dm),
Jean-Michel Davis (xyl, vib, dm, perc), Pierre Tiboum Gagnon (perc), Gabriel
Menino Garay (perc), Silvano Michelino (perc), Brahim Belbali (darbouka),
Mustafa Ettamri (darbouka), Khireddine Medjoubi (darbouka), Cajoune Girard (wash), Laura Antonietto (voc), Pierre Barouh
(voc), Jenny Colléony (voc), Nina Loup Cravic (voc), Claire Elzière (voc),
Antonia Hayward (voc), Gaby Hayward (voc, tb), Monique Hutter (voc), Juliette
(voc), Mama Keïta (voc), Héloïse Koempgen-Bramy (voc), Guy Lefèvre (voc),
Annick Lelli (voc), Allain Leprest (voc), Pierre Louki (voc), Galilée Al Rifaï
(voc), Olivia Ruiz (voc), Stéphane Sanseverino (voc), Isabelle Vandel (voc),
Evelyne Voilleaume (voc), chorale Culture et Craquette, Saïda Nait-Bouda (danse)
*
CONTACT: cravic@wanadoo.fr
DOMINIQUE CRAVIC et JAZZ HOT: 591-2002, 613-2004,
626S-2005
DISCOGRAPHIE
Leader/Coleader CD 1974-1975-1979-1980. Bluestory
& The New Blue 4, Paris Jazz Corner 001/Frémeaux & Associés 590 LP 1985. Juju-Doudou, A&R Zéro CD
2002. Manuia!, Frémeaux & Associés 515 (avec le Ukulélé Club de Paris) CD
2013. Le Voyage de Django, Respect Record 241, Frémeaux & Associés 8506 CD 2016. Simply Unique, Cezame 4237 (avec Fay Lovsky)
Avec Cordes et
lames LP 1983. Cordes et
lames, Jazz Musette 00131602 CD
1986. Medium Rare, Label Bleu 6501 (avec Lee Konitz) CD 1987-88. Accordion Madness, EPM FDC
5516 (avec Kenny Kotwitz) CD
2012. Cordes et lames, Jazz in Paris Hors-série 11/EmArcy 279 765-2
Avec Les
Primitifs du Futur CD
1986. Cocktail d’amour, Paris Jazz
Corner 001/Frémeaux & Associés 590 CD 1992. Trop de routes, trop de trains, La Lichère 247 CD
1999. World Musette, Frémeaux & Associés 593 CD 2004. Salut la compagnie,
Saravah 2117 (avec Pierre Louki) CD 2008. Tribal Musette, EmArcy 530
591-6 LP 2019. Résumé des épisodes précédents, Souffle Continu FFL 050 DVD 2011.
Les Primitifs du Futur, Concert au New
Morning, EmArcy 277 984-4
Sideman (sélection) CD 1989. Monique Morelli, Chante Mac Orlan, Arion 30 P 058 CD 2000. Henri Salvador, Chambre avec vue, Source 7243 8
50247 2 CD 2002. Henri Salvador, Performance!, Source 7243 812126 2 CD 2002. Claire Elzière, La vie va
si vite, Saravah 2110 CD 2003. Henri Salvador, Ma chère et tendre, Source 07243
595443 2 CD/DVD 2005. Henri Salvador, Bonsoir amis,
EMI 8751530 CD 2006. Patrick Artero, Brel, Nocturne 396 CD 2006. Béatrice Fontaine et Daniel Denécheau, Paris est
un escargot, Frémeaux &
Associés 903 CD 2006. Eric Guilleton, Paradis provisoire, Saravah 2126 CD 2006. Pierre Barouh, Daltonien, Saravah 2124 CD 2008. Jean-Michel Davis, Novelty Fox, Frémeaux &
Associés 507 CD 2009. Claire Elzière, Un
original, 13 originaux, Saravah 2131 CD 2009. Virginie Seghers, Le Yin & le Yang, Saravah 2132 CD 2009. Maurane, Nougaro ou l'espérance en l'homme, Polydor
531702-8 CD 2013. Natalia M. King, Soulblazz, Jazz
Village 570031
Direction
artistique et musicale CD 2006. Claire Elzière, French Café Music, Frémeaux &
Associés 506 CD 2006. Claire Elzière, French Café Music, Paris Musette
2, Respect Record 127 CD 2008. Claire Elzière, Chansons d’amour de Paris, Frémeaux
& Associés 520 CD 2008. Claire Elzière, Chansons d’amour de Paris, Second
mouvement, Respect Record 155 CD 2010. Raúl Barboza et Daniel Colin, Rencontre à Paris, Frémeaux
& Associés 573 CD 2011. Daniel Colin, Mon cœur est un accordéon, Frémeaux
& Associés 594 CD 2012. Daniel Colin, Dernier concert au Japon, Respect
Record 209 CD 2012. Daniel Colin et Tetsuya Kuwayama, Rendez-vous à
Saint-Germain-des-Prés, Respect Record 214 CD 2013. Daniel Colin et Claire Elzière, 15 faces de Paris,
Respect Record 222 CD 2014. Claire Elzière, Chante
Allain Leprest, Saravah SHL 2135 CD
2015. Daniel Colin et Mathilde Febrer, Gus vs. Tony, Frémeaux & Associés
8531 CD 2017. Paris Cinéma, Respect Record 301 CD 2018. Claire Elzière, Chansons d’amours de Paris,
d’aujourd’hui et de toujours, Respect Record 306
Direction artistique d’anthologies CD 1914-45.
Brésil (1914-1945), Frémeaux & Associés 077
(avec Philippe Lesage) CD 1917-47.
Samba (1917-1947), Frémeaux & Associés 159 (avec Philippe Lesage) CD 1920-50.
Harmonica Swing (1920-1950), Frémeaux &
Associés 50096 (avec Alain
Antonietto) CD 1924-36.
Flamenco. L’art de Ramón Montoya (1924-1936), Frémeaux & Associés 5049 (avec
Tony Baldwin) CD 1926-31.
Fado (1926-1931), Frémeaux & Associés 153 (avec Henri Lecomte) CD 1926-37.
Cuba (1926-1937), Frémeaux & Associés 5134 CD 1929-31.
Madagascar (1929-1931), Frémeaux &
Associés 058 (avec Henri Lecomte) CD 1930-49. Les As du Musette, Accordéons au féminin, Paris Jazz Corner 222007 (avec Robert Crumb) CD 1932-53. Les As du Musette, Mon
amant de Saint-Jean, Brelan d’as, Paris
Jazz Corner 982 947-6 CD 1942-46. Les As du
Musette, Gus Viseur à Bruxelles, Paris Jazz Corner 222006 (avec Robert Crumb) CD 1992-98. Raúl Barboza,
l’anthologie, Frémeaux & Associés 180 (avec Patrick Tandin) CD 2007.
Les As du Musette, Calendrier 2007, Paris Jazz Corner (avec Robert Crumb) CD 2008.
Les As du Musette, Calendrier 2008, Paris Jazz Corner (avec Robert Crumb)
VIDEOS
Chaîne Youtube Les Primitifs du Futurhttps://www.youtube.com/channel/UCKQbS1GIXtR-4sYCTQpLG4A
1974-1979. Bluestory, «It’s Mint, my Friend!»
1980. The New Blue 4, «Les Mystères de la chambre bleue»
1995. Les Primitifs du futur, «Bix Land»
1999. Les Primitifs du futur, «La java viennoise»
2008. Les Primitifs du futur, «La valse hindoue»
2009. Les Primitifs du futur, New Morning paris «Ivresses»
2009. Les Primitifs du futur, «Rag-a-meuf», Théâtre de Gignac
2011. Daniel Colin, «Nina petite valse»
2013. Dominique Cravic, «Anouman»
2014. Claire Elzière, «Vie d'ange, vie d'ordure»
2014. Claire Elzière, «Elle dort avec son chat»
2019. Daniel Colin et Dominique Cravic, «Slalom à la Croix de Fry», «Bouclette», avec Claire Ezière, «Sur les quais du vieux Paris»
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