Err

Bandeau-pdf-web.jpg
Spring in Bruxelles
Jazz Station

• Jazz Station, 23 mars 2023
Ce projet s’inscrit dans le cadre des «Young Talents» issus des Conservatoire de Bruxelles et régulièrement programmés par la Jazz Station. Il s’agit donc d’écouter et retenir les musiciens et les musiciennes qui prendront la relève sur nos scènes. D’ores et déjà, Elliot Knuets (g) et Wajdi Rialy (p), par exemple, sont des valeurs déjà confirmées. Ce soir, c’est la nouvelle promotion des écoles de jazz qui se présente à nous.
Ornella Noulet (as,ss), dirige un sextet qui prend Jackie McLean, le hard bop et la musique modale en référents, ce qui n’exclut pas quelques originaux. Les tempos sont rapides, les phrases incisives sont jouées forte. Péchés de jeunesse: il faut faire beaucoup de notes, multiplier les triples et quadruples croches («It’s Time»). Gaspard Mathelin (tp) alterne les solos avec Ornella Noulet. Les thèmes sont généralement exposés par les souffleurs en parfaite union. A la contrebasse, on se doit de souligner la grande maîtrise de Scott Cizhou Wong: il tient le tempo, juste et imperturbable, indifférent aux frappes intempestives et parfois approximatives d’Egon Wolfson (dm). Le très jeune Roman Raynaud (g) n’intervient pas dans tous les thèmes mais au cours des rares solos qui lui sont dévolus, on retient un beau son et une grande aisance du doigté; il colore avec un sens aigu des belles harmonies de passage. Loïc Lengagne (p), accompagnateur discret, succède avec créativité aux discours des solistes, leur emboitant le pas, développant les idées exprimées par l’altiste ou le trompettiste. Le très beau «A Ballad for Doll» est venu en respiration dans le premier set, nous permettant d’apprécier au mieux la souplesse et l’aisance de chacun. Ornella Noulet n’a joué que deux morceaux au soprano (un dans chaque set); c’est bien dommage car l’instrument encourage sa vélocité et sa créativité. Le deuxième set commence par «Blues for Swanny Correa» avec Lucie, une chanteuse correcte, un peu sous-amplifiée (merci Yannick). Puis on se lance à corps perdus dans un jazz modal qui doit plus à Coltrane qu’à McLean. Ornella Noulet se libère totalement avec des phrases répétées en gradations  et des harmoniques; Loïc Langagne est exubérant; le trompettiste s’abstient et Roland Raynaud sort ce qu’il a dans le ventre: Wild and Fury! Les figures de style varient dans cette deuxième partie avec des duos (as/b continuée, g/p, as/dm). Les musiciens sont à l’aise et bien plus en nuances qu’en première partie. C’est d’ailleurs les nuances  –accentuations, breaks– que cette belle jeunesse doit encore apprendre. En définitive, une soirée agréable qui ouvre sur des lendemains… qui chantent!

 Mark Turner (ts), Jazz Station, 31 mars 2024 © Roger Vantilt
Mark Turner (ts), Jazz Station, 31 mars 2024 © Roger Vantilt

• Jazz Station, 31 mars 2023
Le premier morceau donné par le Mark Turner (ts) Quartet débute par une longue intro basse (Joe Martin)/batterie (Jonathan Pinson) avec déjà un double tempo joué sur les drums. Jonathan Pinson apparaît dans une forme éblouissante; son jeu est une déferlante qui emmène les quatre musiciens. Sorte de petite suite, la deuxième partie, enchaînée, est plus apaisée. Le thème suivant, démarre à contrario par un ensemble à l’unisson trompette/sax ténor. Une fois de plus le tempo est doublé derrière l’excellent solo de Jason Palmer (tp) puis on change de climat en dédoublant avec un dialogue sax/contrebasse et un solo de batterie remarqué pour la fluidité de l’attaque sur le snare drum. Carte de visite du groupe: les longues intros. Cette fois, c’est Mark Turner qui s’y applique, seul, avec un grand lyrisme. Le bassiste et le batteur le rejoignent avant de laisser la place à Jason Palmer, également seul et pareillement inventif. La structure est riche et variée tout au long du concert avec des ensembles écrits, des duos en harmonie, des changements rythmiques et des contrastes qui ouvrent sur des solos hyper-créatifs. L’attention de l’auditeur ne peut faiblir tant les constructions sont à chaque fois d’agréables surprises. La cohésion magistrale du quartet sur une musique savante nous laisse groggys mais heureux!

Jean-Marie Hacquier
Photo: Roger Vantilt

© Jazz Hot 2024