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Jazz in London

7 nov. 2013
juin-août 2013
© Jazz Hot n°665, autumne 2013


Ron Carter au Ronnie Scott's, le 19 août 2013 © David Sinclair


Ce n’est pas seulement, ou toujours, les plus grands noms qui vous font passer les meilleures soirées. Il y a des dizaines, peut-être des centaines, de petits groupes, d’instrumentistes ou de chanteurs, qui travaillent dur depuis des années, d’autres qui débutent, mais qui peuvent vous faire passer une soirée mémorable.
Pour vous donner un exemple en juin, Sue Richardson, la belle chanteuse, compositrice et trompettiste, a joué au Ronnie Scott’s avec son excellent groupe composé de Neal Richardson (p), Andy Drudy (g) et Georgia Mancio (voc). Le public a adoré le concert et, je suis sûr, que sa performance explique les nombreuses ventes de ses CDs, sortis chez Splash Point Records, qu’elle a créé avec son mari Neal.
On pourrait croire qu’il est difficile de porter le nom d’un père très, très célèbre, mais cela ne semble pourtant pas gêner Kyle Eastwood le moins du monde. Il a joué trois soirs au Ronnie Scott plus smooth et détendu que jamais. A Kings Place, j’ai découvert le Kairos 4Tet, lauréat du Mobo 2011. Emmené par Adam Waldmann (sax), avec Ivo Neame (p, acc), Jasper Holby (b), Jon Scott (dm), Emilia Martensson et Marc O'Reilly (voc), j’ai passé une soirée très agréable. Le guitariste de haut vol Al Di Meola est venu jouer au Ronnie Scott’s, accompagné de Fausto Beccalossi (acc), Kevin Seddiki (g) et Peter Kaszas (dm). Toujours au Ronnie Scott’s, cette fois pour un hommage à Jimmy Smith par le tromboniste funk Fred Wesley, avec Jesse Davis (as), Tony Match (dm), Fabrizio Bosso (tp) et Leonardo Coppadi (org). Curtis Stigers, chanteur, compositeur, saxophoniste, joue une semaine comme chaque année au Ronnie Scott’s avec de bons sidemen, Matthew Fries (p), Paul Wells (dm), Cliff Schmitt (b) et James Schofield (g), pour le plus grand plaisir des dames présentes dans la salle et des fans bien aimés.
Je m’arrête au 606 Club sur le chemin du retour pour écouter une bonne session de John Hogg (g, voc) et Charlie Morton (dm).
Retour au Ronnie Scott’s pour deux soirées avec le pianiste Eddie Palmieri qui a remporté neuf Grammy Awards. Le public du club, qui affichait complet, était très enthousiaste.
A la fin du mois, le 606 Club programmait une soirée très jazz avec le saxophoniste tenor américain George Garzone qui est injustement méconnu. Il ne jouait hélas qu’un soir avec Carlo Ponti (as), Connor Chaplin (b) et Dave Hamblett (dm). J’espère qu’il reviendra jouer dans pas trop longtemps !

Juillet a débuté comme toujours au Ronnie Scott's par des concerts qui affichaient complet comme avec le groupe brésilien Spok Frevo Orquestra, composé de 22 musiciens. Le public était prêt à danser.
Deux jours plus tard, j’y suis retourné pour Jon Batiste et son groupe Stay Human. Je l’avais vu jouer avec Wynton Marsalis et l’avais trouvé excellent. Mais le voir jouer avec son groupe et prendre de beaux solos, jouant la musique de La Nouvelle-Orleans jusqu’à ses propres compositions, nous a fait passer une belle soirée. En plus d’être un excellent pianiste, Jon joue de l’’harmonaboard’ et chante. Son groupe, tout aussi talentueux, se compose de Eddie Barbash (as, voc), Barry Stephenson (b), Joseph Saylor (dm) et Ibanda Ruhumbiki (tuba, tb). Pour le numéro final, le groupe quitte la scène et joue dans le public, mené par Jon à l'harmonaboard. Une soirée délicieuse. Le groupe n’a joué qu’une seule soirée, j’espère d’autres dates.
Puis, Diane Schuur, pianiste, chanteuse, qui a gagné deux Grammy Awards, est venue pour deux soirs. Le second soir, le Ronnie Scott's programmait une session avec le batteur américain Chris Dave avec Marcus Strickland (sax), Nick McNack (b) and Isiah Sharkey (g). Malgré l’heure tardive, le public est venu jeter un œil à la technique éclatante de Dave.
Puis, l’excellente Cassandra Wilson est venue jouer quatre soirs. Elle aussi a gagné deux Grammy Awards.
L’année dernière, j’ai vu jouer Roberto Fonseca et cela a été une soirée très agréable. Cette année, le pianiste cubain, compositeur et ancien membre du Buena Vista Social Club, était encore meilleur, accompagné d’une section rythmique très serrée. Sa performance était très impressionnante.
Puis Hermeto Pascoal, aux percussions, accordéon et canards en plastique (!), a joué trois soirs, suivi de Wynton Marsalis, avec Walter Blanding (sax), Dan Nimmer (p), Carlos Henriquez (b) et Ali Jackson (dm). Ils ont joué une sélection qui s’étend de Jelly Roll Morton à Monk, en passant par Ornette Coleman et des compositions récentes de Marsalis. Le public en a eu pour son argent.
Lee Ritenour, guitariste nominé 19 fois aux Grammy, jouait avec Dave Gruisin (key), Tom Kennedy (b) et Chris Coleman (dm). Ritenour, qui a joué avec tout le monde, aussi bien les Mamas and the Papas que Sonny Rollins, Pink Floyd et Frank Sinatra, pour en citer quelques-uns, a montré tous ses talents durant trois soirs à un public d’amateurs.
Le Cockpit Theatre de Kilburn a accueilli trois beaux concerts : le jeune groupe Trio Riot, puis une beau solo du violoniste Chris Garrick et enfin l’événement attendu, Steve Williamson (sax), qui ne joue pas assez, était accompagné de Pat Thomas (p) et Roger Turner (dm).
Le Ronnie Scott's concluait le mois avec la légende de 84 ans, Jimmy Cobb, qui joua notamment sur Sketches of Spain et Kind of Blue de Miles Davis. Son groupe, Jazz Heads, se composait de Pee Wee Ellis (ts), Grant Green, Jr., (g) et Ike Stubblefield (org). C’était aussi la dernière chance de voir la chanteuse Zoe Francis avec Robin Aspland (p) et Martin Shaw (tp). C’était vraiment un très bon mois !

Août a débuté avec une résidence de quatre jours de Jon Hendricks, innovateur de 91 ans, toujours débordant de vie, au Ronnie Scott’s. Toujours mis en avant, il était accompagné de Aria Hendricks, Kevin Burke (voc), Paul Meyers (g), James Pearson (p), Jeremy Brown (b) et Matt Skelton (dm). Quand l’enthousiasme sembla retomber, Jon a été rejoint sur scène par le chanteur britannique Ian Shaw puis, à la surprise de tous et pour notre plus grand plaisir, par Van Morrisson pour trois chansons.
Incognito, le groupe de jazz funk mené par Jean-Paul "Bluey" Maunick (g), a joué deux soirs. Célébrant ses 25 ans d’existence, le groupe compte aujourd’hui onze membres. 
Booker T Jones (org) a joué durant quatre soirs. Le Pizza Express a accueilli Mike Hobart (sax) et son Urban Jazz Collective, composé de Chris Lee (tp), Sven Atterton (b), Raphael Bushman (p) et Boukie Baboukie (dm). Ils ont joué de nombreux extraits de leur dernier album, The Third Fish.
Keith Tippett (p) était en résidence pour trois soirs au Vortex, au nord de Londres. Il a offert tout son panel musical, avec d’abord un trio jouant des improvisations puis un octet interprétant des titres du pianiste et des thèmes irlandais avec, le dernier soir, sa femme chanteuse Julie Tippetts et trois membres de Elysian Strings.
Retour au Ronnie’s pour écouter Ron Carter qui était dans une forme impressionnante et jouait avec son Golden Striker Trio, composé de Russell Malone (g) et un nouveau pianiste, Donald Vega. Carter est un maître de la basse.
Au Pizza Express, le pianiste britannique Gwilym Simcock a rendu un superbe hommage à Jaco Pastorius. Son jeu était impeccable.
Tania Maria, la chanteuse, compositrice et pianiste brésilienne, a joué deux soirs au Ronnie Scott’s avant de laisser la place à Ginger Baker pour deux autres soirées avec son African Jazz Confusion, accompagné de Pee Wee Ellis (ts), Alec Dankworth (b) et Abas Dodoo (perc).

Il y a eu beaucoup de bons concerts mais Wynton Marsalis et Roberto Fonseca, Jon Batiste et Ron Carter m’ont fait passer des soirées extraordinaires.

David Sinclair
Traduction Mathieu Perez
Crédits photos et légendes en passant le pointeur sur la photo