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Anachronic Jazz Band

11 août 2013
Back in Town!
Anachronic Jazz Band © Jazz Hot n°664, été 2013

Nouveauté-Sélection
Titres communiqués dans le livret
Patrick Artero (tp), Pierre Guicquéro (tb), Marc Richard (as, cl), Jean-François Bonnel (cl, C mel), André Villéger (cl, ss, ts), Daniel Huck (voc, as), Göran Eriksson (fl à bec), Philippe Baudoin (p), François Fournet (bjo), Gérard Gervois (tu), Sylvain Glevarec (dm)
Enregistré les 21-25 janvier 2013, Bayonne
Durée : 55' 14''
Jazz aux Remparts 64022 (www.jazzauxremparts.com)

J’ai souvenir d’avoir vu l’Anachronic Jazz Band en 1977 à la Grande Parade de Jazz de Nice (garden stage). Leur disque avait été un succès. L’idée d’interpréter dans le « style New Orleans » des thèmes marquants du dit « jazz moderne » fit sensation (à la même époque Jef Gilson fit l’inverse sans succès). Cette idée est d’ailleurs pédagogique puisqu’elle démontre que « le jazz » est une façon de jouer et que toute musique n’a d’intérêt que dans l’interprétation qu’on en donne. Ce groupe fut dissout en 1980. A l’occasion, les jazzfans soulevaient l’idée de remonter l’orchestre. Je le fis moi-même auprès de Patrick Artero il y a des années. Le déclic fut donc l’offre de Dominique Burucoa d’une résidence à la Scène Nationale de Bayonne avec ce projet de CD. A un noyau d’acteurs historiques, Philippe Baudoin et Marc Richard, directeurs musicaux, ont été ajoutés des « jeunes » (Bonnel, Guicquéro, Fournet, Glevarec). André Villéger ouvre le CD avec « Confirmation » de Parker associé au démarquage de Coltrane (« 28.2 ») qui est l’occasion d’un solide solo de trombone, un scat d’Huck et un excellent solo de soprano de l’arrangeur. « Solar » alias « Sonny » que s’est attribué Miles Davis, pris sur tempo médium-lent puis vif, arrangé par Philippe Baudoin, nous emble mieux adapté à l’expérience et donne l’occasion à Artero, Baudoin, Eriksson, Guicquéro d’offrir d’excellents solos. Magnifique réussite aussi que ce « For Lena and Lennie » de Quincy Jones, arrangé par Marc Richard, avec une section de sax et le chant de Daniel Huck (paroles de Mimi Perrin) très « années 20 ». Bonnes interventions de Guicquéro et d’un Artero bixien. Philippe Baudoin introduit sa composition « le temps se meurt de 4 à 6 » (citations de « Four in Six » de Wes Montgomery) magnifiée par un trio de clarinettes très swing, le scat d’Huck et le drumming de Glevarec. Belle idée que de jouer en ballade « Lullaby of Birdland » surtout avec Artero (belle sonorité), Guicquéro, le chant d’Huck, pour ne rien dire du moelleux des sax et de la solide ligne de basse de Gervois. Arrangement genre « années 20 » de « Cooking the Frog » de Marc Richard (qu’il a enregistré sous son nom) pris sur tempo vif. Tous les soli sont superlatifs. C’est seul, en solo, que Philippe Baudoin interprète genre « valse montmartroise » le célèbre « Four » que s’est attribué Miles Davis. Très plaisant. Le côté antillais d’ « Armando’s Rhumba » arrangé par Villéger contraste et est l’occasion d’un délectable trio de clarinettes. Belle introduction de piano, puis exposé en tempo médium de « Tiny’s Tempo » par Guicquéro (parfait) et Eriksson qui sont aussi solistes. Excellente partie de clarinette (Marc Richard semble-t-il). Sur tempo médium, Patrick Artero a donné un sens armstrongien au « Remember Rockefeller at Attica » de Mingus avec une front-line trompette-trombone-clarinette magistralement menée par Patrick. Sur tempo moyen, « In Walked Bud » de Monk est arrangé par Marc Richard pour les anches dans la tradition Jimmie Noone. Bon solo de piano teinté Hines et de tuba. Daniel Huck intervient comme chanteur. « Take Four » est le « Take Five » de Desmond revu à quatre temps dans le style hot par Villéger. On remarque l’utilisation du trio de clarinettes et les solos d’Artero, Villéger (beau son de ténor). L’Anachronic rejoue en public « Anthology » de Gillespie, succès de leur premier disque (1976). Pas une ride et étonnant solo d‘Eriksson. Le programme se termine par un « Airegin » stride enregistré au « computer » par François Biensan avec un superbe son…de piano. Tout est possible aujourd’hui, même le retour de l’Anachronic Jazz Band. Notons encore les textes de livret de Philippe Baudoin (alias René de Cessandre) et François Biensan (détails et anecdotes des premières séances). Bref, un CD plein de vitalité qui pourrait aller jusqu’à nous donner espoir en l’avenir.
Michel Laplace