Le guitariste Claude Olmos est décédé à Marseille le 13 décembre 2023, il était âgé de 77 ans.

Dans les années 1960, un guitariste se détache parmi les nombreux musiciens marseillais qui animent la scène rock teintée de blues, il s'appelle Claude Olmos. Né en 1946, il vit dans le quartier des Aygalades et s'est forgé une technique et un style particuliers: il est en effet gaucher et joue en gardant l'accordage d'une guitare pour droitier mais en positionnant le manche à droite. Autant dire qu'il joue avec les cordes à l'envers et ça ne l'empêche pas d'exprimer son talent de soliste et de devenir rapidement un partenaire très recherché...

Claude Olmos, JAM, Marseille,  2017
© Claude Vesco


Influencé par les Beatles et par les bluesmen comme B.B. King dont les disques commencent à circuler en Europe, Claude Olmos s'en inspire pour construire son langage musical essentiellement pentatonique, fait de riffs, de chorus et de contrechants remarquables qui habillent à merveille le répertoire des groupes locaux, à commencer en 1965 par les 5 Gentlemen (avec Guy Matteoni), formation marseillaise pop qui publie dans des années 1960 quelques titres comme «Dis-nous Dylan» ou «Katioucha» pour le plus grand bonheur des lycéens qui viennent le jeudi passer l'après-midi à l'Arsenal des galères sur le Vieux-Port et attendent avec impatience le passage du groupe à partir de 17h.

Dans les années qui suivent, il quitte Marseille pour Paris où il intègre diverses formations dont le groupe Alan Jack Civilisation et acquiert un niveau national (c'est-à-dire parisien) en participant à des aventures musicales comme celle du groupe Magma du batteur Christian Vander (album Mekanïk Destruktïw Kommandöh, 1973, Vertigo). Dans la foulée, il accompagne diverses vedettes de variété dont Sylvie Vartan, Michel Sardou et intègre l'orchestre de Johnny Hallyday à la fin des années 1970.

Comme beaucoup d'autres musiciens, au bout de cet itinéraire mêlant groupes de pop et de variété, il finit par revenir à Marseille au cours des années 1980 tout en continuant à collaborer au gré des rencontres et des projets à des groupes basés dans la capitale ou ailleurs.

Au début des années 1990, il part à Los Angeles pour trouver un producteur et promouvoir ses créations, faisant preuve comme toujours d'une grande discrétion à son retour, car ce guitariste prolixe sur scène était dans la vie un taiseux d’une grande humilité.

Par la suite, il travaille dans des groupes à vocation régionale, comme les Godfathers de Jean Gomez, multipliant les rencontres et les concerts one shot avec de nombreux musiciens conscients de sa valeur comme le bassiste Jacques Ménichetti, mais il jouit désormais d'un statut de légende pour les guitaristes de rock et de blues qui le révèrent comme l'un des plus grands guitaristes de l’Hexagone.

Ainsi, aux côtés des guitaristes marseillais Marcel Bianchi, Paul Piguillem, Claude Djaoui pour ne citer que les plus anciens, il a trouvé sa place au Panthéon des grands guitaristes, et restera dans les mémoires comme un gaucher autodidacte qui est parvenu sans aucune formation musicale initiale à forger à partir des idiomes du blues un son et un phrasé de guitare originaux, reconnaissables, dignes de ceux de ses homologues anglo-saxons et afro-américains.

L'équipe de Jazz Hot partage la peine de ses proches.