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Claude Mouton

9 oct. 2021
5 janvier 1955, Soissons (Aisne) - 9 octobre 2021, Brou-sur-Chantereine (Seine et Marne)
© Jazz Hot 2021

Claude Mouton, Studio Belkacem Drif, Créteil, avril 2017 © Jeff Joly, by courtesy




Claude Mouton, Studio Belkacem Drif, Créteil, avril 2017
© Jeff Joly, by courtesy

 


Accompagnateur solide et éclectique, homme d’une grande humilité et discrétion, Claude Mouton, qui résidait à Villejuif (Val-de-Marne), s’est éteint à 66 ans à l’Hôpital privé de Marne Chantereine (Seine et Marne). Il s’était exprimé dans des univers musicaux très divers, de la tradition de Django Reinhardt au flamenco, du jazz-rock à la chanson.

Nos pensées vont à ses proches et en particulier à sa compagne, Haciba Ménadi, que nous remercions pour son aide précieuse dans la préparation de cet article.

Jérôme Partage
Photos
Jeff Joly by courtesy et Haciba Ménadi by courtesy
Remerciements à eux et à Raphaël Faÿs, Sean Gourley et Alexis Tcholakian



Claude Mouton a abordé la musique
 à 15 ans avec son frère aîné, s’initiant en autodidacte à la basse électrique. Autour de 22 ans, il entre au conservatoire pour étudier la contrebasse classique tout en prenant en parallèle des cours avec Jean-François Jenny-Clark. Louis Guilbert compte aussi parmi ses professeurs. C’est à cette époque qu’il commence aussi à se produire dans les clubs de jazz parisiens, influencé alors par l'écoute des contrebassistes de John Coltrane, Miles Davis, Paul Chambers et Jimmy Garrison, de même que par Ron Carter et Dave Holland. Dès lors, on le retrouve en sideman de musiciens de haut niveau qui animent la scène parisienne comme Jackie McLean, Walter Bishop Jr., Michel Grailler, Bernard Maury, René Urtreger, Hal Singer, Jean-Louis Chautemps, Sam Woodyard… Son activité est d’autant plus dense que Claude Mouton évolue dans divers contextes: auprès de nombreux chanteurs de variété, dans le monde de l'opéra, dans la sphère jazz-rock (Tryptique Orchestra de Jean-Luc Vignaud en 1984), tandis qu’en avril 1983 il est à L’Alibi de Richard Bréchet, à Uzès (Gard), dans le trio de Mal Waldron et le quartet de Siegfried Kessler.

 
Claude Mouton en répétition chez lui à Chevilly-Larue, 1990 © Haciba Ménadi, by courtesy

Claude Mouton en répétition chez lui à Chevilly-Larue, 1990 © Haciba Ménadi, by courtesy


La même année, il rejoint le trio de Louis (le père) et Raphaël (le fils) Faÿs. C’est le début d’une longue amitié et collaboration de près de quarante ans entre Claude Mouton et Raphaël Faÿs qui se souvient: «On était tous les deux un peu rêveurs et on riait beaucoup ensemble. A une époque où j’avais besoin de sortir un peu de l’univers Django, il m’a fait écouter Pat Metheny, Wayne Shorter, Miles Davis. Il apportait au trio une walking bass très moderne, inhabituelle, qui d'ailleurs pouvait déplaire à certains amateurs. Mon père aimait beaucoup le jeu de Claude. Ensemble, on a fait du swing, de la fusion, du flamenco car c’était un musicien qui s’adaptait à tous les terrains, toujours très gracieusement. Il était très exigeant musicalement.» Suivent de nombreux concerts, notamment la mémorable tournée des Nuits Tziganes, de juin à septembre 1985, durant laquelle Claude et Raphaël partagent la scène avec des musiciens de flamenco qui les sensibilisent à leur musique. Chacun chemine de son côté vers les musiques arabo-andalouses –Claude accompagnant le guitariste Daniel Manzanas– avant de se retrouver sur l’album Extremadura (Frémeaux, 2009) de Raphaël Faÿs. Au total, le contrebassiste et le guitariste enregistrent ensemble cinq disques de jazz, depuis le live à Liège (La Musique de Django/Swing Guitar, 1985) et quatre disques de flamenco. Leur dernière tournée s’est déroulée à Tahïti en octobre 2020. Durant la dernière décennie, le contrebassiste a aussi été compositeur et arrangeur pour habiller les courts-métrages muets du réalisateur Alain Cheraft.

 

Claude Mouton tourne d’ailleurs beaucoup à travers le monde: en Norvège, en Finlande, en Israël, au Maroc, en Algérie ou encore à Madagascar, en lien avec le Conservatoire français local. Car depuis le début des années 2000, il a intègré, comme professeur, le Conservatoire d’Aubervilliers et intervient également à la Paris Jazz School et au CFPM de Lyon pour des master-classes. Davantage pris par l’enseignement, il est alors moins présent sur les scènes jazz mais s’engage néanmoins dans quelques collaborations au long-court, rejoignant notamment, vers 2006, le groupe de la chanteuse Susanna Bartilla –dont l’autre pilier est Sean Gourley– ou encore le trio du pianiste Alexis Tcholakian: «Je ne sais plus quand et où nous nous sommes rencontrés. J'avais entendu parler de Claude des années avant notre rencontre, peut-être par Manu Pekar avec lequel il jouait il y a longtemps. Nous avons joué une bonne dizaine d'années ensemble d'environ 2000 à 2011, nous avons fait pas mal de concerts et avons enregistré trois CDs et un DVD. Claude était passionné par les plantes dont il connaissait le nom latin, par les minéraux également. Il jouait aussi du oud et, quand nous jouions au Maroc –ce qui est arrivé plusieurs fois– il se mettait en chasse d'un bon luthier pour essayer des ouds et en acheter un. Claude, pour ce que je connais de lui, était un mec passionné, à la curiosité affutée, simple, authentique, un peu bourru parfois, assez solitaire et proche de la nature. J'ai en mémoire plein de bons moments de concerts et de discussions sur un tas de sujets, de la musique à la politique en passant par la biodiversité. La dernière fois que nous nous sommes parlés c'était en été 2019, j'ai alors appris qu'il avait eu une crise cardiaque et qu'il avait changé son mode de vie dont l'arrêt obligé du tabac. J'ai beaucoup pensé à lui avec nostalgie depuis son décès, son sourire reste gravé, et c'est tout un pan de vie, donc de mémoire, sur près d'un quart de siècle qui est remué. J'aimais beaucoup Claude comme musicien et comme humain, et j'aurais été content de le revoir et de rejouer avec lui. Il a maintenant quitté cette dimension et connaît désormais la vérité. Il nous reste ici les enregistrements audio et vidéo.»

 

L'équipe de Jazz Hot partage la peine de ses proches…
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DISCOGRAPHIE


Sideman

LP  1984. Jean-Luc Vignaud, Tryptique Orchestra, Triptic J84111

LP  1985. Raphaël Faÿs, La Musique de Django, RTBF/Ariola 207 737 (=CD Swing Guitar, Le Chant du Monde 274 1329)

CD 1987. Jazz à Cordes Quintet, Djangology, Carrere 96.440 (avec Raphaël Faÿs, Charles Wizen, Patrick Saussois)

CD 1989. Nptolpqsivrt, Malaise, Celp 8

CD 1989. Raphaël Faÿs & Pierre Blanchard, Voyages, Ricordu 0289

1984. Jean-Luc Vignaud, Tryptique Orchestra, Triptic1985. Raphaël Faÿs, La Musique de Django, RTBF/Ariola1987. Jazz à Cordes Quintet, Djangology, Carrere1989. Raphaël Faÿs & Pierre Blanchard, Voyages, Ricordu

CD 1990. René Urtreger, Serena, Carlyne Music 17

CD 1992. Pierre Blanchard, Gulf String, OMD 1538

CD 1994. Raphaël Faÿs Trio, La Nuit des Gitans, Sony Masterworks SK64581

CD 1997. Tim Welvaars, Tim Live in Paris, Tims 7777

CD 1999. Pierre Blanchard, Volutes, Charlotte Productions 194
CD 1998. Watremez & Co, Mosaïque, Hot Club Records 118

1990. René Urtreger, Serena, Carlyne Music1992. Pierre Blanchard, Gulf String, OMD1994. Raphaël Faÿs Trio, La Nuit des Gitans, Sony Masterworks1998. Watremez & Co, Mosaïque, Hot Club Records


CD 2001. Serge Forté Trio, La Vie en bleu, Jazzvalley.com EP 20011

CD 2002-03. Kamlo Trio, Lejos de mi Tierra, Paris Jazz Corner Productions 22017

CD 2003. Alexis Tcholakian Trio, Hidden Face, Soul Motion 3504

CD 2005. Alexis Tcholakian Trio, Masquerades, Gats Prod 022

CD 2008. Rodolphe Raffalli, Le Retour…, Frémeaux & Associés 326

CD 2009. Alexis Tcholakian Trio, New Breath: Live in Paris, autoproduit

CD 2009. Susanna Bartilla, Chante Johnny Mercer: Live au Sunside, autoproduit

CD 2010. Yorgui Loeffler/Steeve Laffont/Raphaël Faÿs, Django et rien d’autre!, Le Chant du Monde 274 1886.87

CD 2010. Alexis Tcholakian Trio, Poetic Memory, Aphrodite Records 106021

CD 2012. Raphaël Faÿs, Ballade en guitare, autoproduit

CD 2012. Kamlo Barré, Oriental Minor Blues, Frémeaux & Associés 582

CD 2012. Susanna Bartilla, I Love Lee, autoproduit

CD 2020-21. Leïla Duclos, Fille du feu, Continuo Jazz CC777.737

2004. Alexis Tcholakian Trio, Hidden Face, Soul Motion2008. Rodolphe Raffalli, Le Retour…, Frémeaux & Associés2009. Susanna Bartilla, Chante Johnny Mercer: Live au Sunside, SDRM2012. Raphaël Faÿs, Ballade en guitare, autoprodui

 

DVD 2009. Alexis Tcholakian Trio, Play Time, Aphrodite Records 106018-7


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VIDEOGRAPHIE
par Hélène Sportis

1992. Album Gulf String-Pierre Blanchard/Vincent Pagliarin (vln), Claude Mouton, Claude Terranova (p), Laurent Robin (dm), Minino Garay (perc), «Isidora»

https://www.youtube.com/watch?v=oTgNKAHIn5Y

 

2005. Claude Mouton, Pierre Kamlo Barré/Franck Winterstein (g), Paul-Marie Barbier (vib), «Nuages», L’Archipel, Paris 10e, 29 novembre

https://www.youtube.com/watch?v=IU7VHlGWgQ4

 

2010. Claude Mouton, Sean Gourley/Margaret Stowe (g), Neuf Jazz club, Paris, juillet

https://www.youtube.com/watch?v=Fp4BZxfxHT8

 

2012. Album Gipsy Night-Raphaël Faÿs/Laurent Bajata (g), Claude Mouton, «Spain»

https://www.youtube.com/watch?v=xeggcC2wHW8

 

2013. Claude Mouton, Antoine Boyer/Kamlo Barré/Sébastien Boyer (g), Eva Slongo/Andy Aitchison (vln),  contrebasse.-Composition originale d'Antoine Boyer, «Vette», «Ternay Swing», Festival Jazz à toute heure, Saint-Arnoult-en-Yvelines, 21 avril

https://www.youtube.com/watch?v=mSE_Ss_rSFQ

https://www.youtube.com/watch?v=g4vWKo8SWns


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