Patrick Williams
anthropologue-écrivain, passionné de Django et de l’univers tsigane (cf. Conférence 2002), est décédé le 15
janvier 2021, il avait 73 ans, devenu une sorte de patriarche-expérimentateur
d’un univers complètement inconnu de lui au départ de sa vie.
Né à Gouzon dans la Creuse le 2 mai 1947, sa grand-mère y tient
un café où se côtoient les gens du cru et ceux du voyage; les enfants
grandissant ensemble, la curiosité de Patrick est amorcée sans retour. Il part
à Paris avec ses parents et suit des études de lettres après avoir lu Blaise
Cendrars. Mais, toujours titillé par une pratique de vie alternative, il suit en 1969 les cours à Langues O’,
–aujourd’hui Inalco–, en
langues tsiganes, de Georges Calvet
qui le fait entrer dans la communauté
des Roms Kalderash, où il rencontre Juliette avec laquelle il se marie en 1971.
Son vécu personnel au quotidien dans la communauté tsigane et le travail de son
ami Alban Bensa lui évitent les écueils des observations généralisantes et donc
faussées. S’engage un parcours de descriptions minutieuses, sans cesse repassées
au tamis des réalités nouvelles, sa vie lui servant d’expérience actualisée en
temps réel.
Chargé du cours «Culture tsigane» à Langues O’ en 1981, il entre au
Laboratoire d’anthropologie urbaine du Cnrs en 1985, où il reste jusqu’en
2009. Entre temps, il écrit des articles, une thèse, sera le compagnon de
route actif de la revue Etudes Tsiganes pour
des publications, des colloques, dès la fin des années 1980; il sera aussi enseignant
à Paris X-Nanterre de 1985 à 1989, assez vigilant à l’endroit des «sachants» et des cercles de recherche qui n’avaient pas voulu que du bien aux
Tsiganes pendant la guerre. Il dira avec humour de son livre co-écrit avec Jean
Jamin, Une anthropologie du jazz (Cnrs Editions, Paris, 2010), qu’il est la «rencontre
improbable entre le Cotton Club et l’EHESS».
En 1991, son livre Django
paraît aux Editions du Limon, Collection Mood Indigo, et sera réédité chez Parenthèses
en 1998 (cf. Jazz
Hot n°485, janvier 1992). C’est le point de départ d’une longue réflexion, qu’il expérimente aussi
dans ses séminaires avec Jean Jamin (2001-2010), ses lectures musicales avec Raymond Boni (g). Tous ceux qui ont côtoyé Patrick Williams le décrivent comme
attentif, passionné, chaleureux, exigeant, expansif, complexe, entre deux voire
plusieurs mondes, adorant les discussions conviviales, la musique, la
littérature, la poésie, le rugby,
s’intéressant aux religions, aux pratiques sociales de tous temps, sous toutes
les coutures et latitudes, pointilleux sur l’éthique … un poème à la Prévert,
long… comme La
Prose du Transsibérien.
Hélène Sportis
PATRICK WILLIAMS/ALAIN ANTONIETTO & JAZZ HOT: n°426, novembre 1985
Ecrits sur la musique de Patrick Williams, de la poésie à
l’anthropologie…
1991. Django,
Editions du Limon, Collection Mood Indigo,
réédité chez Parenthèses en 1998
Chronique dans Jazz Hot n°485,
janvier 1992
https://www.editionsparentheses.com/django
1996. Les Tsiganes de Hongrie et leurs musiques,
Cité de la
Musique/Actes Sud
https://librairie.philharmoniedeparis.fr/transmission/
tsiganes-hongrie-leurs-musiques
2001. «Jazz et anthropologie»,
Revue l'Homme
N°158-159,
avril-septembre, éditions EHESS
https://journals.openedition.org/lhomme/287
2010. Jean Jamin/Patrick Williams,
Une anthropologie du
jazz,
CNRS Editions, Paris, après une presque-décennie
de séminaires co-animés
sur le sujet
https://journals.openedition.org/volume/4114
2010. Les quatre vies posthumes de Django Reinhardt,
Trois
fictions et une chronique, Parenthèses
https://www.editionsparentheses.com/les-quatre-vies-posthumes-de
VIDÉOGRAPHIE
2002. Conférence de Patrick
Williams, «Questions d’ethnologue à propos d’une grande figure du jazz:
Django Reinhardt»,
Jam, Montpellier