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Sonny Simmons

6 avril 2021
4 août 1933, Sicily Island, LA - 6 avril 2021, New York, NY
© Jazz Hot 2021

Sonny Simmons, 2001 © Ellen Bertet



Sonny Simmons, 2001 © Ellen Bertet



Sonny SIMMONS

Jazz, Free & Spiritual
 

«J’ai traversé des temps difficiles dans ma vie.
Elle (Barbara Donald) est blanche, je suis noir.
On ne supportait pas de nous voir évoluer ensemble.
Elle était aussi bonne musicienne que moi.
Nous sommes restés fidèles à nos idées,
nous en avons supporté les conséquences.
On nous a, à proprement parler, assassinés.»
Sonny Simmons dans Jazz Hot n°524, octobre 1995


Le trop méconnu saxophoniste alto, ténor et hautbois (cor anglais), Sonny Simmons, nous a quittés le 6 avril 2021.
Ce grand et sympathique musicien, qui nous avait fait le plaisir de visites à Jazz Hot dans les années 1990-2000, n’avait pas eu une vie facile, comme beaucoup de ses pairs, célèbres ou pas. Il fait partie de cette lignée d’authentiques artistes qui ont traversé l’histoire de l’Amérique comme de fragiles esquifs dans un océan déchaîné d’ignorance et de mépris, disparaissant parfois plusieurs années, malgré ou à cause de la qualité et de la générosité de leur message: simplement bafoués par une société médiocre incapable d’accepter et de reconnaître, pour les raisons les plus absurdes comme la couleur de leur peau ou le manque d’imagination, leur offrande, la beauté de leur don comme en témoignent les enregistrements de Sonny Simmons Among Friends en coleader avec Horace Tapscott (Jazz Friends, 1994), American Jungle, avec Travis Shook, Reggie Workman et Cindy Blackman (Qwest, 1995) à la sortie desquels Jazz Hot (n°524, 1995) publiait une interview, ou Mixolydis, autre disque où il est entouré d’Eddie Henderson, John Hicks, Curtis Lundy et Victor Lewis (Marge , 2001).
Comme le relate Ross Russell dans Jazz Hot n°267, 1970, Sonny Simmons est une des belles descendances de Charlie Parker, John Coltrane, Eric Dolphy et Ornette Coleman et de racines ancestrales afro-américaines, baignées par le blues, le gospel et les chants d'origine africaine de son enfance. Il établit dans son jeu une savante synthèse de ces héritages anciens ou récents, au même titre que Pharoah Sanders qu’il a croisé sur sa route. La musique de Sonny Simmons vient du plus profond de l’âme afro-américaine, chez un musicien qui a cherché avec beaucoup d’imagination et de courage toutes les ouvertures, les rencontres (entre arts aussi, la poésie, la danse) pour s’exprimer dans une époque qui y mettait beaucoup d’obstacles, même si c’était encore possible contrairement à la société castratrice de 2021. S'exprimer était même alors une urgence pour les artistes en quête de reconnaissance, et depuis les années 1930 dans le jazz, un refus du conformisme, de la négation, de l'invisibilité.
Cette introduction, on peut la faire pour Sonny Simmons, comme pour beaucoup trop d’artistes afro-américains (parmi les récents disparus, Henry Grimes, Giuseppi Logan, Freddie Redd, mais il y en a des dizaines d’autres de toutes les époques) qui ont été marginalisés, l’ordinaire, ignorés jusqu’à devoir crever de faim et de racisme au premier degré dans l’Etat le plus riche de la planète, un monde d'apparences, la première démocratie moderne, par mépris social et racial, par manque d’imagination, d'authenticité, pourtant des fondements de l’art. 
La triste ironie est que le jazz est en 2021 le grand héritage artistique d’un Etat et d’une population sans mémoire qui ne sont plus en mesure d’en avoir conscience et donc de s’en saisir…
Hélène et Yves Sportis 
Photos Ellen Bertet, Alain Dupuy-Raufaste
photos extraites de YouTube
Avec nos remerciements
Sonny Simmons au cor anglais, Le Club, Ax-Les-Thermes, tournée de juillet-août 1995 © Alain Dupuy-Raufaste by courtesy


Sonny Simmons au cor anglais, Le Club, Ax-Les-Thermes,
tournée de juillet-août 1995 © Alain Dupuy-Raufaste by courtesy


Fils d’un prédicateur baptiste itinérant pratiquant le vaudou et d’une choriste de gospel, Huey Sonny Simmons est né le 4 août 1933 en Louisiane, à l’ouest du Mississippi, dans un petit village, Sicily Island, à l’origine colonie fondée en 1881 par des juifs immigrants fuyant les pogroms d’Elizavetgrad (aujourd’hui Kropyvnytskyï), en Ukraine. Le petit village louisianais, entouré d’eau jusqu’à mériter son nom d’île, a été plusieurs fois anéanti par les caprices du climat au cours de son histoire (inondations, ouragans). C’est dans ce Sud profond et rude, particulièrement pour les Afro-Américains, si bien raconté par Ernest J. Gaines, dans ce Delta du Mississippi, dont l’étendue déborde la stricte réalité géographique, haut lieu aussi de l’expression rurale d’un blues «primitif», que naît Sonny Simmons. Son père, percussionniste-batteur, lui a offert son premier instrument dès l’âge de 6 ans, un petit accordéon ou un harmonica, selon les sources, dont il jouait pour accompagner les prêches du dimanche. Sonny Simmons se souvient dans une interview réalisée en 1969 par Chris Strachwitz (fondateur d’Arhoolie Records, dont nous venons de célébrer les 90 ans, cf. Hot News) qu’il écoutait non seulement les belles mélodies chrétiennes mais aussi une musique aux accents africains encore très prononcés, avec beaucoup de percussions, des cornes, des instruments fabriqués, dans le cadre de fêtes, de réunions ou de cérémonies vaudoues. Quand Sonny a 6 ans, la famille se fait spolier et déloger de sa ferme par des racistes armés, prolongeant sur le sol américain la triste histoire des fondateurs du village. La famille migre à son tour, en Californie, quand il a 8 ans. A partir de 1943, installé à Oakland, CA, où son père a trouvé un emploi dans les chantiers navals, Sonny grandit au son des big bands de passage de Duke Ellington, Count Basie, Benny Goodman, de la musique classique, du blues, rhythm and blues et jazz qui s’entremêlent et passent à la radio. Le blues/rhythm and blues sera sa première expérience professionnelle, car les orchestres de danses sont encore actifs après-guerre, la TV ne se répandant qu’à partir de 1956 aux Etats-Unis, dévastant progressivement la pratique sociale de la danse avec la musique live.

Au lycée, Sonny voulait déjà apprendre le cor anglais mais faute de moyens familiaux et scolaires, il se forme au saxophone ténor, puis après avoir vu –selon plusieurs sources– Charlie Parker à l’Auditorium le 23 novembre 1948, il opte à 15 ans pour le saxophone alto: ses apprentissages –plus tard aussi au cor anglais– se font d’abord en autodidacte et, en plus de Bird qui décède en 1955, il écoute attentivement Big Jay McNeely, Illinois Jacquet et Sidney Bechet surtout, un autre Lousianais, dont le son puissant et vibrant au soprano est une inspiration qu’il transpose à l’alto et même au cor anglais. Il écoute aussi Art Tatum, Thelonious Monk, J. J. Johnson et bien entendu tous les musiciens de son époque qu’il découvre avec avidité comme tout bon amateur de jazz. 

Son adolescence se passe aussi aux côtés de futurs Black Panthers, Huey P. Newton (d’une famille migrant de Louisiane vers Oakland, CA), Bobby Seale (famille migrant du Texas à Oakland), et Sonny Simmons prend part à cette maturation politique des années 1940-1950 très soutenue dans la jeunesse afro-américaine, à cette recherche de liberté, cette quête d’égalité. Il proposera plus tard à ses amis, entre autres solidarités, de jouer pour leurs meetings. En attendant la révolution et ses futurs soutiens à Malcolm X, Martin Luther King, Jr. et Angela Davis, Sonny fait ses premiers pas, vers 1953, avec Harlan Leonard, Jay McShann, Earl Hines, Billy Eckstine, Lowell Fulson (tradition afro-amérindienne, premier bluesman à être propriétaire de ses copyrights), Amos Milburn et T-Bone Walker, lui aussi sur la côte californienne. Sonny est davantage au ténor «pour mettre de la viande et des patates sur la table». Cette expérience musicale, humainement enrichissante, lui donne un solide bagage blues, mais aussi de liberté d’esprit, en plein Mouvement pour les Droits civiques, et lui permet de composer sa musique hors des sentiers battus, intégrant dans son expression, comme d’autres, une dimension d’urgence qui fait la différence jusque dans le cri. Prince Lasha (parfois écrit «Lawsha»), condisciple et partenaire de l’orchestre scolaire d’Ornette Coleman, avec Dewey Redman et Charnett Moffett à Fort Worth, TX, arrive en Californie en 1954; Sonny et Prince se rencontrent dans un club d’Oakland puis forment des groupes entre 1956 et 1968. Durant ces années, Sonny poursuit ses humanités en jazz avec de multiples rencontres, sur scène et en dehors, où il puise son inspiration. En 1959, Pharoah Sanders arrive à Oakland pour étudier l’art au Junior College, joue le soir du sax ténor pour financer ses études et sa peinture. Ils se recroisent à New York à partir de 1963, autour de la nébuleuse des musiciens qui forment la descendance de John Coltrane (Reggie Workman et beaucoup d’autres). Sonny Simmons a aussi croisé, en 1960, Noah Howard qui arrive de New Orleans en Californie où il fréquente Dewey Johnson (tp) et Byron Allen à San Francisco en 1959. 

1963. Prince Lasha-Sonny Simmons, The Cry!, Contemporary



Mais la curiosité de Sonny n’est pas exclusive à sa génération, dans ce début des années 1960, il côtoie aussi Dexter Gordon qui joue dans The Connection à Hollywood, et aussi dans des formations incluant Barbara (Kay) Donald, 18 ans (1942-2013), venue de Minneapolis à Los Angeles en 1955 avec ses parents. Elle deviendra plus tard l’élève et l’épouse de Sonny Simmons. En 1961, Sonny intègre et suit le Jazz Workshop de Charles Mingus, de passage à San Francisco, orchestre où il rencontre en particulier Roland Kirk, Charles McPherson, mais il ne reste qu’un mois à New York en raison du caractère emporté de Charles Mingus bien que Sonny l’apprécie beaucoup. En 1962, il cofonde Firebirds, un quintet avec Prince Lasha, Bobby Hutcherson, Gary Peacock et Charles Moffett et, Prince Lasha et Sonny Simmons signent un contrat pour deux disques avec Contemporary Records, le label de Lester Koenig fondé à Los Angeles en 1951. Ross Russell se souvient en 1970 (Jazz Hot n°267), que Lester Koenig avait demandé à Elvin Jones de lui parler des artistes prometteurs, et qu’Elvin lui ayant cité sans hésitation le nom de Sonny Simmons, Lester Koenig s’était empressé de se rapprocher du saxophoniste. Le premier disque, The Cry!, est enregistré le 21 novembre 1962 à Los Angeles avec Sonny Simmons (as, engh), Prince Lasha (fl), deux bassistes, Mark Proctor et Gary Peacock, musicien du cru, et Gene Stone (dm). Le second, Firebirds, avec Bobby Hutcherson (vib), Buster Williams (b) et Charnett Moffett (dm), ne sera enregistré qu’en septembre 1967.
En avril 1963, Sonny Simmons part avec Prince Lasha à New York où ils rencontrent Sonny Rollins dont ils rejoignent la formation avec Henry Grimes et Charles Moffett pour un engagement au Village Gate qui lui apporte un peu de notoriété.

1963. Collectif, It Is Revealed, Zound Recording


En mai 1963, un collectif enregistre It Is Revealed, aux trois titres évocateurs («Lost Generation», «The Trane», «Prelude to Bird») au Zound Recording Studios, à New York, un album resté confidentiel, plus tard attribué à Prince Lasha. La formation comprend Prince Lasha (fl), Sonny Simmons (as), Clifford Jordan (ts), Don Cherry (tp), Fred Lyman (flh), Orville Harrison et Bill Wood (b), Charles Moffett (dm). Au-delà de cet album, la rencontre ce jour-là avec Eric Dolphy, venu écouter la séance, est déterminante pour Sonny Simmons qui lui rendra hommage toute sa vie, dans ses œuvres et dans son style, encore en 2001, avec un bel «Echoes of Eric Dolphy» (Mixolydis, Marge). Car Eric Dolphy l’introduit auprès de Garvin Bushell (cl, acl, oboe, engh, fl, sax, bass, cbass, 1902-1991), musicien de jazz et classique à la solide formation, pédagogue réputé, pour ses seules vraies leçons d’instrumentiste.

1963. Eric Dolphy, Musical Prophet, Resonances Records


Eric l’invite également sur une session devenue très célèbre et qui vient de faire l’objet d’une édition complète de qualité sous la férule de Zev Feldman,
Eric Dolphy, Musical Prophet, avec des inédits (les alternate takes en particulier) chez Resonances Records. Les 1er et 3 juillet 1963, Sonny Simmons est en effet invité à jouer sur trois titres d’Iron Man d’Eric Dolphy («Mandrake», «Iron Man» et «Burning Spear» écrits par Dolphy), édité par le label du producteur Alan Douglas, et sur «Music Matador», coécrit par Sonny et Prince, édité sur Conversations (FM Records), avec un orchestre d’exception: Eric Dolphy (bcl, fl, as), Sonny Simmons (as), Prince Lasha (fl), Woody Shaw (tp), Clifford Jordan (ss), Bobby Hutcherson (vib), Richard Davis (b), Eddie Khan (b), J.C. Moses (dm), Charles Moffett (dm).

1963. Elvin Jones-Jimmy Garrison, Illumination!, Impulse!

D’Eric Dolphy à John Coltrane, en ce temps, il n’y a qu’un pas vite franchi. La proximité avec John Coltrane, qui parraine, se manifeste dans l’enregistrement de l’album Illumination! (Impulse! AS49) le 8 août 1963 sous le nom d’Elvin Jones et Jimmy Garrison, avec en invité McCoy Tyner –c’est à dire la section rythmique du légendaire quartet de John Coltrane– et la participation de Charles Davis (bar), Prince Lasha (cl, fl). Bien entendu, Sonny Simmons joue de ses instruments (as, engh), et cet album le fait encore davantage connaître (cf. Ross Russell, Jazz Hot n°267, 1970).

La tragédie de la disparition prématurée d’Eric Dolphy, le 29 juin 1964 à Berlin, n’a toujours pas été évaluée: Eric Dolphy était vraiment au centre du maelstrom musical de ce début des années 1960. Il a joué dans toutes les configurations les plus imaginatives de cette génération des années 1950-1965: Charles Mingus, John Coltrane, Ornette Coleman et les siennes. Il est à l’origine de multiples initiatives artistiques à travers tous les Etats-Unis (New York, Detroit, Chicago, Côte Ouest, Europe), parfois même dans la musique classique contemporaine, pour la danse, la poésie, avec une boulimie de rencontres qui donne une discographie monumentale sur le plan qualitatif pour un musicien disparu si jeune. Quand il décède, il laisse orphelin la génération de ses pairs et déjà de ses suiveurs car sur le plan musical, il est au cœur du renouvellement de la création. Eric Dolphy est le musicien trait d’union de cette génération qui permet à Sonny Simmons d’opérer, à sa façon, une synthèse stylistique qui englobe le jazz et le blues dans sa continuité et sa cohérence, de Charlie Parker et Charles Mingus à John Coltrane et Ornette Coleman, sans aucun des hiatus ni aucune des ruptures si présents pourtant dans les textes de la critique de jazz de ce temps, celle encore d’aujourd’hui souvent.

Cela explique en partie l’incompréhension partielle et donc la mésestimation dont a été victime un musicien aussi enraciné et inventif que Sonny Simmons, souvent tiraillé, y compris par des adeptes encombrants de la musique improvisée de système ou de recette, entre ses solides racines et un progressisme inepte en matière d’art, parfois subventionné et soutenu par des «mécènes». Eric Dolphy, par son souci de rencontres hors du jazz de culture, entre les arts (jazz et cinéma, jazz et poésie, jazz et musique classique ou contemporaine, jazz et arts plastiques) qui reflétait l’espoir et l’esprit d’une époque, d’une société égalitaire sans cloisonnement racial (les années 1950-1960, jusqu’au début des années 1970), reste le modèle, la référence de l’attitude de Sonny Simmons jusqu’à ses derniers jours, comme en témoigne sa production discographique des années 2000.

La société des années 1980, et jusqu’à aujourd’hui, n’a plus la générosité et l’ouverture d’esprit nécessaires à ce type de rencontres, pour conférer à un tel artiste la place qui est la sienne: celle d’un aîné respecté qui a apporté sa contribution originale au grand œuvre collectif: le jazz. Les rencontres mondialisées qui se déroulent ainsi aujourd’hui se fondent la plupart du temps sur l’idée qu’un concept, qu’un outil (l’improvisation par exemple en musique, ou l’abstraction en peinture, où l'idée de création absolue) pourraient être fondateurs d’une œuvre d’art: illusion techniciste d’ouvriers spécialisés qui n’ont pas compris que l’art et l’artiste ont pour vocation de sublimer la réalité de leur condition humaine par les moyens qui sont les leurs, libres, en dehors d’un système, ces moyens, même les plus élaborés, ne pouvant jamais suffire à déterminer le caractère artistique d’une œuvre.


Barbara Donald et Sonny Simmons, couverture de l’album Manhattan Egos, Arhoolie, 1969-70
Barbara Donald et Sonny Simmons, couverture de l’album Manhattan Egos, Arhoolie, 1969-70

1966. Sonny Simmons, Staying on the Watch, ESP Disk'


Mais restons dans ce début des années 1960, au moment du décès d’Eric Dolphy. Sonny Simmons retourne en Californie. En 1964, Barbara Donald (tp) devient son élève, puis sa compagne. Elle a été recommandée par Little Benny Harris (tp, coauteur d«Ornithology» avec Charlie Parker), son premier prof’ à Los Angeles. Le couple s’installe à San Diego, CA, avec leur premier enfant, Zarak, né en 1965, puis divorce. La trompettiste se marie avec le pianiste norvégien Ole Calmeyer puis divorce avant que Sonny et Barbara se remarient peu après. Un second enfant, Raisha, naît en 1972.



1966. Sonny Simmons, Music From the Spheres, ESP Disk'


Cette fin des années 1960 est particulièrement tourmentée pour un artiste qui possède une sensibilité politique depuis son jeune âge, avec en février 1965, l’assassinat de Malcolm X, puis en août 1965, les émeutes de Watts, à Los Angeles. Le couple retourne à New York en 1966 et enregistre pour ESP-Disk' Staying on the Watch (1030) et Music From the Spheres (1043). John Hicks est déjà présent, et on découvre le regretté Juini Booth (b) qui vient lui aussi de disparaître en 2021. Eric Dolphy est déjà salué («Dolphy’s Days») et Barbara et Sonny fréquentent au quotidien Pharoah Sanders, John Coltrane, Ornette Coleman. Le 17 juillet 1967, la mort, encore prématurée, de John Coltrane à New York, est un nouveau coup au moral d’un musicien, qui perd son autre référence essentielle dans son art et dans son quotidien:


«Quand John est mort, Je suis mort. Jimmy Garrison était venu dans mon studio et m’a expliqué
que le boss –c'est ainsi qu'il l'appelait toujours– était malade du foie depuis longtemps. J'étais dévasté…
C'était le plus grand soprano que j'aie entendu après Bechet, et il sonnait parfois comme un cor anglais, c'était oriental…
Il a dû lutter pour obtenir le son qu'il obtenait. Il a utilisé un concept oriental sur les belles gammes qu'il jouait.
J'adore "My Favorite Things”, sa version est un chef-d'œuvre. C'est du lourd!»

1968. Prince Lasha/Sonny-Simmons, Firebirds, Contemporary


Comme après le décès d’Eric Dolphy, le couple semble se réfugier en Californie, où ils vivent le 4 avril 1968, l’assassinat de Martin Luther King, Jr. En quatre années, Sonny Simmons, l’artiste et l’homme, a ainsi perdu prématurément la partie la plus emblématique de ses repères sur le plan artistique et politique. Sur la Côte Ouest, il enregistre Firebirds, les 28 et 29 septembre 1968 à Los Angeles, avec Prince Lasha, le second volet du contrat avec Contemporary Records. Il enregistre le 10 février 1969 au Sierra Sound Studios, Berkeley, CA, un premier disque, Manhattan Egos pour le label Arhoolie. C’est la première collaboration avec le label de Chris Strachwitz spécialisé dans le blues. Les 31 juillet et 1er août 1969, Sonny Simmons, au saxophone alto, enregistre Rumasuma, pour Contemporary, une musique proche par l’esprit de celle d’Ornette Coleman, avec une brillante Barbara Donald (tp), Mike Cohen (p), deux bassistes, Jerry Sealund et Bill Pickens, plus l’aérien Billy Higgins (dm), à Los Angeles: plusieurs références donc aux formations d’Ornette Coleman. Sonny Simmons y est même sur le plan instrumental sans doute plus brillant et plus blues qu’Ornette, avec une verve et une virtuosité, un caractère hot où l’on retrouve toutes ses influences: le blues et spiritual de l'enfance, Charlie Parker, Eric Dolphy, John Coltrane en particulier, références partagées par Barbara Donald qui dans un registre moderne post Booker Little, possède dans son jeu le côté brillant de sa première inspiration, Clifford Brown.


1969-70. Sonny Simmons, Manhattan Egos, Arhoolie1969. Sonny Simmons, Rumasuma, Contemporary
En ce mois d’août 1969, plusieurs sources indiquent que Sonny et Barbara s’installent en famille (plus ou moins en communauté, dans l’esprit du temps) à Woodstock, NY, le temps d’un été sans doute, et ouvrent leur maison aux musiciens dont Juma Sutan (b, perc), déjà présent sur l’enregistrement Arhoolie, Paul Smith (dm), Sunny Murray (dm)… Ils y côtoient Jimi Hendrix qu’ils fréquentaient déjà à Manhattan. Sonny aurait participé musicalement au célèbre festival de Woodstock (15-17 août 1969) qui se déroule dans le hameau de Bethel à 50 km de Woodstock, même si les informations, pourtant nombreuses mais mal documentées sur ce festival, ne permettent pas de le confirmer ni donc de savoir dans quelle configuration.


On retrouve le couple à l’automne 1970 sur la Côte Ouest. En septembre 1970, Sonny se produit au Monterey Jazz Festival avec Prince Lasha, Buster Williams, Charles Moffett et Bobby Hutcherson. Le compte rendu de cette période de Sonny Simmons est donné dans Jazz Hot n°267 de décembre 1970 par Ross Russell dans un bon article qu’il consacre à Sonny Simmons, le premier dans Jazz Hot, l'un des premiers en Europe. Sonny enregistre en live au Newman Center de Berkeley, CA, le 6 novembre 1970, la matière d’un second disque pour Arhoolie, qui est repris, avec le premier disque LP, sous le même titre, Manhattan Egos, dans un double CD édité en 2000 (cf. discographie).


1970. Prince Lawsha, Firebirds, Live at Monterey Jazz Festival Vol.III, recto, Birdseye1970. Prince Lawsha, Firebirds, Live at Monterey Jazz Festival Vol.III, verso, Birdseye1970. Sonny Simmons, Burning Spirits, Contemporary















Le même mois, il prolonge à Los Angeles le 24 novembre 1970, sa collaboration avec Contemporary par un bel enregistrement, Burning Spirits, avec deux bassistes exceptionnels, Richard Davis et Cecil McBee, Michael White (vln), Lonnie Liston Smith (p), Clifford Jarvis (dm) et toujours Barbara Donald (tp). Si la musique y est proche de celle d’Ornette Coleman et Don Cherry, avec une Barbara Donald excellente, Sonny Simmons est, par le son et le jeu, toujours très proche du John Coltrane au ténor, cité dans ses chorus et dont il possède le volume. Lonnie Liston Smith reprend l’esprit du jeu d’Alice Coltrane qui accompagne cette période. C’est la synthèse que propose alors Sonny Simmons de ses influences, et Clifford Jarvis remplit l’espace à la manière d’Elvin Jones. A l’alto, il est évidemment plus proche d’Ornette Coleman sans perdre ses influences parkériennes et blues.

C’est le lendemain, 25 novembre 1970, qu’Albert Ayler meurt à New York dans des circonstances qui restent encore mystérieuses, malgré l’hypothèse officielle du suicide, et cette disparition est encore l’effacement d’une autre figure atypique qui participait à l’effervescence de ce début des années 1960 autour de la personnalité centrale de John Coltrane. Le 13 octobre 1970, Angela Davis a été arrêtée, nouvel épisode d’une relation intercommunautaire qui se dégrade. Une mobilisation internationale parviendra à faire plier la justice deux ans plus tard. Après un bref passage dans un big band de Sam Rivers en ce début des années 1970 et une prestation au festival de Nairobi au Kenya en 1971 avec Prince Lasha et Bobby Hutcherson, au cours de ces années 1970 sur la Côte Ouest, Sonny disparaît d’une scène jazz peu active, participant à quelques enregistrements confidentiels, réédités dans les années 2000 sous le nom de Bert Wilson (Dr. Wheelz’Archives), et de William Richard Smiley Winters (Touché Records).

Sonny mentionne également dans ces années 1970 la participation à un enregistrement dans l’orchestre de Marvin Gaye, un bon souvenir pour lui et sa famille. En 1972, avec la naissance de leur fille Raisha, Sonny et Barbara semblent opter pour une vie familiale à distance du milieu du jazz. Ils partent à San Jose, CA, puis dans l’Etat de Washington où Sonny prend des emplois alimentaires comme assistant hospitalier ou concierge d’école. Il semble, selon les sources, que des problèmes de drogue et d’alcool dans le couple contribuent à cette marginalisation artistique. Mais Sonny Simmons voit d'autres causes, politiques, à une mise à l'écart qui date de Burning Spirits. L
e 20 novembre 1977, Lester Koenig (Contemporary Records) meurt d'une crise cardiaque. Sonny se souvient:

«Après la mort de Koenig, tout s'est effondré. Après avoir sorti Burning Spirits, ils m'ont mis sur liste noire parce que je parlais politique…
Ils pensaient que je devenais un activiste politique… Je n’avais plus d’engagement ni concert, ni disque…
Je ne pouvais même plus travailler dans les clubs. Je ne jouais plus, je pensais que mon avenir dans la musique était fini».

De 1978 à 1989, Sonny Simmons vit dans la rue, 12 ans sans abri. Il joue dans les rues de San Francisco, alternant petits boulots et quelques cours particuliers, avec, selon les sources, des problèmes de dépendance à l’alcool et à l’héroïne. En 1980, Sonny et Barbara divorcent à nouveau, et Barbara reste vivre à Olympia, WA, avec Bert Wilson (saxophone), avec lequel Sonny avait enregistré quelques bandes au début des années 1970 (édité dans les années 2000 par Dr. Wheelz’Archives, cf. discographie). Sonny se remémore cette période à San Francisco gagnant de 5$ à très rarement 150$ par jour, recevant parfois un seau d’eau ou se faisant chasser par la police:

«Je n'ai pas pu obtenir de concerts… J'ai joué dans la rue pendant 12 ans, tous les jours, pour garder mon équilibre. 
Je ne pouvais trouver de travail nulle part, et je ne voulais plus de travail alimentaire, j'en avais fait pendant des années. 
J'ai commencé sur Market Street. Ensuite, je suis descendu dans les profondeurs du quartier financier, Montgomery, 
jusqu'en bas, presque jusqu'à North Beach. C'était mon territoire pour gagner ma vie.»




1982. Sonny Simmons/Billy Higgins, Backwoods Suite, West Wind1985. Sonny Simmons, Global Jungle, Deal With It

Dans cette longue traversée du désert, il parvient parfois à travailler avec des musiciens de jazz comme en 1980 avec Chuck Metcalf (b) ou avec Don Cherry, Charlie Haden et Billy Higgins, pour trois nuits au Great American Music Hall au début des années 1980. En 1982, c’est encore avec le fidèle Billy Higgins qu’il coréalise Backwoods Suite pour le label West Wind, enregistré à Berkeley, CA, avec Joe Hardin (tp) Al Thomas (tb), Michael Marcus (bar), Joe Bonner (p), Herbie Lewis (b) et donc Billy Higgins (dm), l’occasion de rencontrer dans cette session Michael Marcus (bar, cl) avec qui il formera en 2000 le groupe Cosmosamatics qui l’accompagnera la dernière partie de sa vie. Comme on le voit, dans ces années 1980 de marginalité extrême, Sonny Simmons poursuit cependant ses explorations musicales, et un second disque Global Jungle, produit par le violoncelliste Kirk Heydt, restitue en 1985, dans un registre free très incantatoire l’âme du moment. A l’alto, Sonny Simmons s’est entouré d’un violoncelliste (Kirk Heydt), d’un bassiste acoustique (Perry Thorsell et Freddie Williams), d’une basse électrique (Earl Freeman), d’un batteur (Dylan Morgan) et d’un chanteur (Jeffrey Donald). La musique est puissante, déchirante. A propos de cette période difficile dans l’itinéraire de Sonny Simmons, citons le témoignage d’Adam Kahan, le réalisateur du récent documentaire consacré à Buster Williams (2019), Bass to Infinity, qui nous est parvenu à l'occasion de la sortie du film.

«Une autre expérience mémorable a été de rencontrer et de jouer avec Sonny Simmons.
C'était à San Francisco au début des années 90 (j'y ai vécu entre 89 et 96).
A cette époque, Sonny était pratiquement sans abri (ou peut-être qu'il l'était vraiment, difficile à dire).
Il avait l'habitude de jouer dans la rue pour de la monnaie. Le saxophoniste de mon groupe l'a reconnu
et l'a invité à venir jouer avec nous (nous étions un peu comme un groupe de fusion avec des doses de rock,
de jazz et de musique folk. Appelé L-Sid.) Quoi qu'il en soit, notre saxophoniste a invité Sonny et il s'est entraîné
avec nous quelques fois dans un garage au sud de Market Street et puis on a fait un concert, au club Slim's, je crois.
Sonny est apparu dans une cape noire pleine longueur avec des lunettes de soleil. Il ressemblait à Dracula.
Nous avons donc joué le concert et c'était super, Sonny nous a emmenés loin…
A la fin de la soirée, quand est venu le temps de payer le groupe (c'était ma tâche peu recommandable),
nous avons chacun reçu quelque chose comme 37$. Je pense en fait que j'ai donné ma part à Sonny,
mais c'était quand même ce qu'on appellerait des "cacahuètes". Sonny n'était pas content du maigre salaire!
Et c'est la dernière fois que je l'ai vu. Malheureusement. Mais c'était une super expérience.»


  Sonny Simmons dans les rues de San Francisco en 2001 image extraite de In Modern Time, documentaire de Robert Brewster,  sortie en 2003, YouTube (cf. vidéographie)
 Sonny Simmons dans les rues de San Francisco image extraite de In Modern Time, documentaire de Robert Brewster, 
sortie en 2003, YouTube (cf. vidéographie)



1991. Sonny Simmons With Barbara Donald, Reincarnation, Arhoolie

Si Sonny vit entre Long Island, NY, et San Francisco, CA, en 1990, il a renoué, dès 1989, avec Barbara (cf. Jazz Hot n°524), et il reprend une collaboration musicale très réussie dans l’ensemble, avec une trompettiste mésestimée, comme en témoigne le bel enregistrement de juin 1991, Reincarnation, seulement édité en 2015 par Arhoolie. La photo de couverture du livret nous montre un Sonny Simmons jouant dans la rue, sans doute à San Francisco, en référence à cette période qu'il vient de traverser. La belle sonorité poétique et fragile de Barbara («Over the Rainbow») et le son vibrant de Sonny replonge dans l’univers post-coltranien qui va si bien, selon nous, à sa musique. Le fils Zarak Simmons, est le bon batteur d’un groupe où l’on trouve Travis Shook (p) et Court Crawford (b).


Ces retrouvailles sont le début d’une nouvelle vie et carrière de Sonny Simmons, qui produit plus de disques entre 1990 et 2020 qu’il n’en a produit dans les trente premières années de 1960 à 1990. Entre Etats-Unis et Europe, entre jazz de culture mêlant les héritages de Charlie Parker, Eric Dolphy, John Coltrane, Ornette Coleman et musique improvisée de recherche telle qu’on la vit plutôt en Europe, Sonny Simmons ne va plus quitter ce double attachement qui a fondé son art dès ses débuts, entre la tradition la plus blues, la recherche la plus free au sens afro-américain, avec cette présence du blues et de l’expressivité, et un souci de reconnaissance, non immédiate mais prophétique, d'ouverture au monde, à l’instar de ses modèles Eric Dolphy et John Coltrane. son souhait de reconnaissance universellepasse entre autre par la musique improvisée de recherche et de rencontre, à l’instar d’Anthony Braxton, dont le choix se fait radicalement et presque totalement dans ce registre. Sonny bénéficie ainsi de la résurgence de cette mouvance artistique, plus intellectuelle en général que culturelle sur le plan du moteur de la création, qui entoure le Festival Vision aux Etats-Unis, et les différents épigones en Europe. Sonny Simmons, un adepte de la synthèse, réussit ce passage en gardant, même dans l’expression la plus «avant-gardiste» sur le plan conceptuel (
cf. vidéographie, Visions Festival 2013, avec Dave Burrell), un son indéniablement lié au blues, au spirituel et au cri qui sont la base de son expression dans le jazz de culture (American Jungle en 1995, Mixolydis en 2001).

Sonny Simmons/Horace Tapscott Quartet à Metz, 1995, avec James Lewis et John Betsch © Alain Dupuy-Raufaste by courtesy
Sonny Simmons/Horace Tapscott Quartet à Metz, 1995, avec James Lewis et John Betsch
© Alain Dupuy-Raufaste by courtesy


En août 1991, il enregistre un album en solo, Jewels, produit par Craig Morton et Sonny Simmons, enregistré au domicile d'un bienfaiteur, le Dr. Sheldon I. Morton, à San Francisco. En 1992, Barbara quitte la scène à cause de nombreux problèmes de santé et, les 7-8 décembre 1992, Sonny enregistre Ancient Ritual, au Hyde Street Studios, à San Francisco, CA, pour Qwest Records, le label de Quincy Jones, avec Charnett Moffett (b), le fils de Charles Moffett, et Zarak Simmons (dm), son fils. En 1993, Sonny Simmons enregistre Renegade Society, Live in San Francisco 1993, live at Spike's Underground, San Francisco, avec Brandon Evans, John Rush et Michael Calvallo (b), Drew Gardner (dm). En 1994, en première partie, il ouvre le concert de Branford Marsalis au Masonic Auditorium San Francisco. La même année, il est à La Villa, pour l’enregistrement Live in Paris (Arhoolie) avec Jean-Jacques Avenel et George Brown. 


Sonny Simmons, John Betsch, James Lewis et Horace Tapscott au Club d'Ax-les-Thermes, 1995 © Alain Dupuy-Raufaste by courtesy
Sonny Simmons, John Betsch, James Lewis et Horace Tapscott au Club d'Ax-les-Thermes, 1995
© Alain Dupuy-Raufaste by courtesy

En août 1995, Sonny est au Festival Jazz au Fort Napoléon de La Seyne sur Mer avec Horace Tapscott, l’occasion d’un enregistrement, Among Friends, produit par Alain Dupuy-Raufaste (Jazz Friends) en coleader avec Horace Tapscott, un autre «avant-gardiste» enraciné de la Côte Ouest qui n’a jamais abandonné son background culturel, un quartet qui compte James Lewis (b) et John Betsch (dm). L’année 1995 est intense pour Sonny avec en septembre, une nouvelle prestation au Monterey Jazz Festival 25 ans après y avoir joué avec Prince Lasha. En octobre, paraît l’interview de Jazz Hot n°524 qui consacre son retour sur les scènes du jazz et, en décembre enfin, il est avec Travis Shook, Reggie Workman et Cindy Blackman pour un bel album coltranien dans l’esprit, American Jungle, du jazz de culture, enregistré à la Power Station de New York pour le label Qwest.


Sonny Simmons (ehorn), James Lewis (b), John Betsch (dm) au Duc Des Lombards, ancienne version, juillet 1995 © Alain Dupuy-Raufaste by courtesy
Sonny Simmons (ehorn), James Lewis (b), John Betsch (dm) au Duc Des Lombards, ancienne version, juillet 1995
© Alain Dupuy-Raufaste by courtesy 


En 1996, il retrouve le saxophoniste Michael Marcus, croisé en 1982, pour l'enregistrement de deux albums avant-gardistes sur le label CIMP, Transcendance et Judgment DayEn 1997, il joue au Bimhuis à Amsterdam, Pays-Bas, et le 22 septembre, au New Morning, à Paris. En 1999, il est en concert avec Bob Braye (dm), Chuck Metcalf (b) et Oluyemi Thomas (bcl), à Oakland, CA. En octobre 1999, sa fille Raisha disparaît prématurément à Oakland; elle a 27 ans. En 2000, Barbara, malade depuis 1992, est contrainte au fauteuil roulant. Sonny déclare à ce propos en mars 2000: 

«C'est pourquoi je pars bientôt, parce que je ne peux pas revenir en arrière et revenir à ça. 
Tu sais, parce que ce n'est pas bon. Ça va me tuer. Je ne pensais pas que j'allais rester ici aussi longtemps, 
mais je me suis enlisé avec ma famille. Vous savez comment les familles peuvent mettre les autocollants 
sur vous – vous avez un faible pour eux – mais je vais m'échapper. » (Paris, Europe, Danemark)
« J'espère que je pourrai vivre assez longtemps pour mettre sur vinyle mes compositions du 25ème siècle… 
J'ai juste besoin de musiciens capables de gérer mes idées. Il y a peut-être d'autres frères et prophètes 
qui pensent de la même manière, mais puisque je suis au premier plan, je vais devoir le faire. 
Il faut beaucoup de merde pour le faire, si vous n'avez pas le truc pour ça, surtout l'amour pour ça… 
J'aime la musique, je pourrais la manger, la boire, je pourrais m'y vautrer comme un cochon dans une truie.
C'est tout mon truc, mec, la musique.» https://www.sfweekly.com/music/re-illuminated/


En 2000, il forme The Cosmosamatics avec Michael Marcus, et enregistre neuf albums entre 2001 et 2013 (labels Boxholder, Soul Note, Parallactic, Bleu Regard), toujours entre Europe et Etats-Unis, enregistrés à New York, Pantin-Paris, Milan, Amsterdam, Vienne, Prague, Cracovie (cf. discographie et vidéographie), dans une veine avant-gardiste qui ne l’empêche pas en juillet 2001 d’enregistrer à Paris Mixolydis pour le label Marge de Gérard Terronès, un album jazz de culture, avec Eddie Henderson (tp), John Hicks (p) avec qui il a déjà enregistré en 1966 pour ESP-Disk’, Curtis Lundy (b) et Victor Lewis (dm, Jazz Hot 2019).


Sonny Simmons Quintet, Jazz au Fort Napoléon, juillet 2001, avec John Hicks, Curtis Lundy et Victor Lewis © Ellen Bertet
John Hicks, Curtis Lundy, Eddie Henderson, Sonny Simmons et Victor Lewis, Jazz au Fort Napoléon, juillet 2001 © Ellen Bertet

Le 6 Mars 2002, un de ses amis d’Oakland, né le 5 décembre 1944, Oliver (Kaufman Lee) Johnson, batteur entre autres de Steve Lacy et de Tchangodei, sans abri, est battu à mort, rue Lescot dans les Halles, à Paris où il avait immigré au tournant des années 1960-1970. Au début de ces années 2000, Sonny Simmons continue son grand écart et sa synthèse entre Etats-Unis (Knitting Factory) et Europe, renoue avec Sunny Murray, joue et enregistre avec lui, Tchangodei et Bobby Few en France (cf. discographie, vidéographie), entre jazz de culture et avant-garde. Il enregistre un autre album en solo, Out into the Andromeda (Parallactic) et croise la route d’Anthony Braxton comme en témoigne The Multiple Rated-X Truth, un documentaire de Brandon Evans sur Sonny Simmons, avec Anthony Braxton et Juini Booth (cf. disco et vidéographie). En 2004-2005, The Traveller, enregistré à Oslo, immortalise son travail avec l'Orchestre symphonique de Kork, une première avec un ensemble classique créé par le bienfaiteur norvégien Jon Klette. Le label Jazzaway, avec trois enregistrements de 2004 à 2009, documente cette collaboration en Scandinavie (cf. discographie). En 2006, Sonny habite un appartement plutôt sympathique avec une compagne et 2 chats à Manhattan, 9e Avenue, et il joue localement. On l’aperçoit pourtant en novembre 2006 au pub Limerick à Quimper, Vannes, Plomodiern, Penmarch avec Gildas Scouarnec (b) et Jean-Luc Roumier (g), et, en 2007, il codirige avec Bobby Few l’enregistrement de True Wind pour le label Hello World! En novembre 2007, il est au Royaume-Uni avec Tight Meat: David Keenan (s), George Lyle (b), Alex Neilson (dm).

Sonny Simmons/Michael Marcus, Cosmosamatics, Ukraine, 16 mai 2011, image extraite d'une video YouTube
Sonny Simmons/Michael Marcus, Cosmosamatics, Ukraine, 16 mai 2011, image extraite d'une video YouTube


En 2008, Sonny Simmons reçoit un Lifetime Achievement Award de la Jazz Foundation of America. Mais c’est aussi le début des disparitions autour du saxophoniste: le 12 décembre 2008, voit la disparition de son plus ancien compagnon de route en jazz (1955), Prince Lasha, à Oakland, CA et le 23 Mars 2013, Barbara Donald, la grande compagne, de musique et de vie, s’éteint à Olympia, WA. Le 11 juin 2015, meurt Ornette Coleman, l’une de ses inspirations majeures. Le 6 décembre 2016, c’est au tour du violoniste Michael White de disparaître, un vieux compagnon qui a joué avec Sun Ra, Pharoah Sanders, John Handy, Stevie Wonder. 

Sonny Simmons n’en poursuit pas moins ses enregistrements, notamment avec le label Human Beings (une bonne dizaine de disques difficiles à trouver) en Europe et quelques concerts aux Etats-Unis (Vision Festival), toujours avec cette volonté de synthèse entre musique improvisée de recherche (la musique de demain) et cet ancrage dans la musique la plus ancrée, le blues et le spiritual de son enfance à Sicily Island (cf. disco et vidéographie).

Warren Smith, Sonny Simmons, William Parker, Vision Festival, 13 juin 2012, YouTube
Warren Smith, Sonny Simmons, William Parker, Vision Festival, 13 juin 2012, YouTube

Les 7 août 2018, à New York, l’association Arts For Art, dédiée à la promotion du free jazz, via le Vision Festival notamment, et la Jazz Foundation of America célèbrent le 85e anniversaire de Sonny Simmons dont la santé est déjà fragile. Le 8 août, un concert au Club 75, au sein du Bogardus Mansion, à Tribeca, New York, réunit Matthew Shipp-Michael Bisio Duo, The Cosmosamatics (Michael Marcus, Jay Rosen, Tyler Mitchell), William Parker, Joe McPhee, Juma Sultan, Ronnie Burrage, Jaimie Branch, Darius Jones. Les fonds collectés sont reversés à Sonny Simmons, car au bout du chemin, Sonny Simmons est décédé dans une quasi-misère le 8 avril 2021, à l’hôpital Beth Israel de New York. 

Sonny Simmons a réussi une incroyable synthèse, et il ne s'agit pas que de musique: il a vécu en oiseau, prophète, prêcheur, bluesman, chercheur, voyageur, explorateur, inventeur, SDF et même époux et père de famille… Un tel parcours, dont il reste aujourd’hui une œuvre, une discographie, quelques interviews et images pour essayer de documenter une telle richesse humaine, mérite qu’on s’y arrête, car il raconte symboliquement, par son amplitude et la diversité des situations, la volonté inébranlable, la vitalité de Sonny Simmons et de ses pairs, qui ont pris tous les risques pour leur quête de visibilité, d’identité, de dignité. La puissance de leur expression ne s'explique que par ce biais, par ce don artistique des artistes de l’Afro-Amérique en général depuis plus d’un siècle de jazz. L’ancrage dans la vie, le réel, la ségrégation, la laideur, la douleur, la pauvreté n’ont jamais empêché chez eux l’imagination, la solidarité, l’excellence, la beauté, la générosité et le courage.

Inutile de s’appesantir sur ce que ce message a de surréel dans l'atmosphère timorée de 2021 peuplée de peurs, de lâchetés, de fantômes humains cachés derrière leurs masques, leurs vaccins, leur confort et leurs conformismes.

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SOURCES

Entretien audio mars 1969, Arhoolie Foundation:
Nécrologie de Sonny Simmons par David Cook dans SFWeek
https://www.sfweekly.com/music/re-illuminated/

Interview de Sonny Simmons par Zev Feldman dans le livret de l’album (3 CDs) 
Eric Dolphy, Musical Prophet: The expanded 1963, New York Studio Sessions, Resonances (cf. Jazz Hot n°687/2019)
https://www.jazzhot.net/PBCPPlayer.asp?ID=2037076#EricDolphy

A propos de Barbara Donald:

Il existe beaucoup d'autres articles dans Jazz Hot concernant Eric Dolphy, Ornette Coleman, John Coltrane, Sunny Murray et les musiciens mentionnés, qui servent à l'élaboration de ces articles, vous pouvez y accéder par les outils de recherche.


SONNY SIMMONS et JAZZ HOT

Jazz Hot n°267, décembre 1970, Sonny Simmons

Jazz Hot n°524, octobre 1995, Sonny Simmons

Jazz Hot n°663, printemps 2013, Barbara Donald 

Jazz Hot n°2019, Eric Dolphy, Musical Prophet (chronique)

Jazz Hot n°663, printemps 2013, photo Sonny Simmons et Jacques Bisceglia


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DISCOGRAPHIE
par Hélène et Yves Sportis

1969-70. Sonny Simmons, Manhattant Egos, Arhoolie




Leader-coleader
LP  1963. "Lost Generation”: Prince Lasha/Sonny Simmons/Clifford Jordan/Don Cherry/Fred Lyman/Orville Harrison/Bill Wood/Charles Moffett, It Is Revealed, Zound Recording 71863
LP  1963. Sonny Simmons/Prince Lasha/Clifford Jordan, The Bossa Très, Audio Fidelity 6111 (=CD Clifford Jordan with the Bossa Trés, Music Matador, Fresh Sound 0304)
LP  1966. Sonny Simmons, Staying on the Watch, ESP-Disk' 1030
LP  1966. Sonny Simmons, Music From the Spheres, ESP-Disk' 1043
LP  1968. Prince Lasha & Sonny Simmons, Firebirds, Contemporary 7617
1963. The Bossa Tres: Sonny Simmons/Clifford Jordan/Prince Lasha, Audio Fidelity1966. Sonny Simmons, Staying on the Watch, ESP-Disk'1966. Sonny Simmons, Music From the Spheres, ESP-Disk'1968. Prince Lasha & Sonny Simmons, Firebirds, Contemporary













CD 1969-70. Sonny Simmons, Manhattan Egos, Arhoolie 483 (LP Arhoolie 8003 et 19019)
LP  1969. Sonny Simmons, Rumasuma, Contemporary 7623
LP  1970. Huey Simmons, Burning Spirits, Contemporary 7625/26
CD 1970. Bert Wilson/Sonny Simmons, The Mystic Rites of Sound, Dr. Wheelz' Archives #5 (édité en 2005)
CD 1971. Bert Wilson/Sonny Simmons, Christmas With Uncle Sonny, Dr. Wheelz' Archives #1&2 (édité en 2005, 2CDs)
CD 1971. Bert Wilson/Sonny Simmons, Kozmic Communication, Dr. Wheelz' Archives #4 (édité en 2005)
CD 1971. Bert Wilson/Smiley Winters/Sonny Simmons, Expanded Universe, Dr. Wheelz' Archives #9 (édité en 2005)
CD 1972. Bert Wilson/Sonny Simmons, Palo Colorado Suite, Dr. Wheelz' Archives #7 (édité en 2005)
1969-70. Sonny Simmons, Manhattan Egos, Arhoolie1969. Sonny Simmons, Rumasuma, Contemporary1970. Huey Simmons, Burning Spirits, Contemporary1971. Bert Wilson/Sonny Simmons, Christmas With Uncle Sonny, Dr. Wheelz' Archives #1&2













CD 1980. Sonny Simmons, Cheshire Cat Club + Olympia 1980, Hello World! 2-3 (édité en 2006, 2CDs)
CD 1980-82. Sonny Simmons, Introducing Black Jack Pleasanton, Hello World! 8-11 (édité en 2008, 4CDs)
CD 1982. Sonny Simmons/Billy Higgins, Backwoods Suite, West Wind 2074
CD 1985. Sonny Simmons, Global Jungle, Deal With It 101
CD 1991. Sonny Simmons, Jewels, Boxholder 043 (édité en 2004)
CD 1991. Sonny Simmons with Barbara Donald, Reincarnation, Arhoolie 551 (édité en 2015)
CD 1992. Sonny Simmons, Ancient Ritual, Qwest 9-45623-2
1982. Sonny Simmons/Billy Higgins, Backwoods Suite, West Wind
1985. Sonny Simmons, Global Jungle, Deal With It1991. Sonny Simmons with Barbara Donald, Reincarnation, Arhoolie1992. Sonny Simmons, Ancient Ritual, Qwest













CD 1993. Sonny Simmons, Live in San Francisco, Parallactic Recordings 38
CD 1995. Sonny Simmons, American Jungle, Qwest 9362-46543-2
CD 1995. Horace Tapscott/Sonny Simmons Quartet, Among Friends, Jazz Friends 004 
CD 1996. Sonny Simmons Trio, Transcendence, CIMP 113
CD 1996. Sonny Simmons Quartet, Judgement Day, CIMP 118
CD 1999. Dr. Robert Stewart & Sonny Simmons, "Happy Birthday Trane" (Live in Los Angeles), Armageddon 1001
CD 1999. Sonny Simmons/Kevin Norton/Brandon Evans, Universal Prayer-Survival Skills, Parallactic Recordings 5
CD 1995. Sonny Simmons, American Jungle, Qwest1995. Horace Tapscott/Sonny Simmons Quartet, Among Friends, Jazz Friends1999. Dr. Robert Stewart & Sonny Simmons, "Happy Birthday Trane" (Live in Los Angeles), ArmageddonCD 1999. Sonny Simmons/Kevin Norton/Brandon Evans, Universal Prayer-Survival Skills, Parallactic Recordings













CD 2001. Sonny Simmons, Tales of the Ancient East, Parallactic Recordings 39
CD 2001. Sonny Simmons/Brandon Evans, A Salute to Ustad Bismillah Khan, Parallactic Recordings 40
CD 2001. Sonny Simmons/Michael Marcus/William Parker/Jay Rosen, The Cosmosamatics, Boxholder 22 (James Carter)
CD 2001. Sonny Simmons, Live at Knitting Factory, Ayler 23
CD 2001. Sonny Simmons, Mixolydis, Marge 29
CD 2001. Sonny Simmons, Live in Paris, Arhoolie 506A/B (2CDs)
CD 2001. Sonny Simmons Michael Marcus/Curtis Lundy/Jay Rosen, The Cosmosamatics II, Boxholder 30
CD 2002. Sonny Simmons, Renegade Society-New York 2002 Parallactic Recordings 52
CD 2002. Tchangodei/Sunny Murray/Sonny Simmons, Perfekte Leere -> Liebe, Volcanic Records 29029
CD 2003. Anthony Braxton/Sonny Simmons/Brandon Evans/Andre Vida/Mike Pride/Shanir Blumenkranz, Parallactic 54 (2CDs)
CD 2003. Sonny Simmons/Michael Marcus, Cosmosamatics, Live at Banlieues Bleues, Bleu Regard CT1963
CD 2003. Sonny Simmons/Michael Marcus/Tarus Mateen/Jay Rosen, The Cosmosamatics, Soul Note 121443-2
CD 2003. Sonny Simmons/Michael Marcus/ Jay Rosen, Three, The Cosmosamatics, Boxholder 41
CD 2003. Sonny Simmons, Solo: Out Into the Andromeda, Parallactic 56 
CD 2004. Sonny Simmons/Jeffrey Hayden Shurdut, The Future Is Ancient, Nolabel 363
2001. Sonny Simmons, Mixolydis, Marge2001. Sonny Simmons Michael Marcus/Curtis Lundy/Jay Rosen, The Cosmosamatics II, Boxholder2002. Tchangodei/Sunny Murray/Sonny Simmons, Perfekte Leere -> Liebe, Volcanic Records2003. Anthony Braxton/Sonny Simmons/Brandon Evans/Andre Vida/Mike Pride/Shanir Blumenkranz, Parallactic













CD 2004-05. Sonny Simmons, I’ll See You When You Get There, Jazzaway 25
CD 2005. Sonny Simmons, The Traveller,  Jazzaway 11
CD 2005. Sonny Simmons, Zebulon I, Nolabel
CD 2007. Sonny Simmons, Last Man Standing, Jazzaway 32
CD 2007. Sonny Simmons, Performs the Music of Charlie Parker, Zingmagazine #9
CD 2007. Sonny Simmons, Fourth Dimension, Hello World! 7
CD 2007. Sonny Simmons/Bobby Few, True Wind, Hello World! 12-13
CD 2008-09. Crimetime Orchestra Feat Sonny Simmons & KORK, Atomic Symphony, Jazzaway 43
CD 2011. Sonny Simmons and Delphine Latil, Symphony of the Peacocks, Improvising Beings 4
CD 2011. Sonny Simmons/François Tusques, Near the Oasis, Improvising Beings 10
CD 2012. Sonny Simmons & Moksha Samnyasin, Nomadic, Svart Records 331 
CD 2013. Sonny Simmons/Delphine Latil/Thomas Bellier, Beyond the Planets, Improvising Beings 20 (2CDs)
CD 2006-14. Sonny Simmons, Leaving Knowledge, Wisdom and Brilliance, Improvising Beings 25-26 (8CDs)
2005. Sonny Simmons, The Traveller,  Jazzaway 2007. Sonny Simmons, Last Man Standing, Jazzaway2007. Sonny Simmons-Bobby Few, True Wind, Hello World!2011. Sonny Simmons and Delphine Latil, Symphony of the Peacocks, Improvising Beings














Sideman
LP  1962. Prince Lasha Feat. Sonny Simmons, The Cry!, Contemporary 7610
LP  1963. Eric Dolphy, Iron Man, Douglas 785
LP  1963. Eric Dolphy, Conversations, FM Records 308
CD 1963. Eric Dolphy, Musical Prophet: The Expanded 1963 New York Studio Sessions, Resonance Records 2035
(reprend les deux LPs + les alternate takes inédites)
LP  1963. Elvin Jones/Jimmy Garrison, feat. McCoy Tyner, Illumination!, Impulse! AS49
LP  1970. Prince Lawsha Firebirds, Live at Monterey Jazz Festival Vol. III, Birdseye 99001 
LP  1972. Les Oubliés de Jazz Ensemble feat. William "Smiley” Winters, "That" Nigger Music!, Touché 101
LP  1987. William Richard Smiley Winters Sr. Esq.-H.M.I.C. (Head Musician in Charge), Touché 103
CD 2006. Svein Olav Herstad Trio Featuring Sonny Simmons, Suite For Simmons, Jazzaway 24
CD 2006-07. Nils-Olav Johansen, Jazzaway 38

1962. Prince Lasha Feat. Sonny Simmons, The Cry!, Contemporary1963. Eric Dolphy, Iron Man, Douglas
LP  1963. Eric Dolphy, Conversations, FM Records1963. Elvin Jones/Jimmy Garrison, feat. McCoy Tyner, Illumination!, Impulse!














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VIDEOGRAPHIE
par Hélène Sportis

 Sonny Simmons, In Modern Time, documentaire sur sa vie et sa musique, de Robert Brewster, filmé à partir de janvier 2001, sorti en 2003, image extraite de YouTube

 Sonny Simmons, In Modern Time, documentaire sur sa vie et sa musique, de Robert Brewster,
filmé à partir de janvier 2001, sorti en 2003, image extraite de YouTube



En dehors des vidéos qui correspondent à des enregistrements de disques, utiles à la découverte de la musique car les disques ne sont pas facilement disponibles, les images de concerts sont plutôt rares sur la toile, en dehors de la dernière période au Vision Festival de New York. On apprécie d'autant le bon documentaire de 2003, réalisé par Robert Brewster (il suffit de cliquer sur l'image ci-dessus), In Modern Time, et, à un moindre degré, le documentaire de 2018, Fire Music, de Tom Surgal, qui lui n'est pas disponible en ligne, et consacré à Sonny Simmons et à d'autres artistes.

 

Chaînes YouTube de Sonny Simmons

1962. 1er disque, Sonny Simmons, Prince Lasha (fl), Mark Proctor/Gary Peacock (b), Gene Stone (dm), album Prince Lasha Quintet Featuring Sonny Simmons, The Cry!, Contemporary Records, Los Angeles, CA, 21 Novembre

1963. Sonny Simmons, Don Cherry (tp), Prince Lasha (fl), Clifford Jordan (ts), Don Cherry (tp), Fred Lyman (flh,prod), Orville Harrison/Bill Wood (b), Charles Moffett (dm), album It Is Revealed, Zounds, Zounds Recording Studios, New York, NY, Mai

1963. Sonny Simmons co-compositeur, Eric Dolphy (as,b-cl,fl), Clifford Jordan (sop), Prince Lasha (fl), Richard Davis (b), Charles Moffett (dm), «Music Matador» (comp Sonny Simmons-Prince  Lasha), New York, 3 juillet

1963. Sonny Simmons compositeur, album Illumination!, Elvin Jones (dm)/Jimmy Garrison (b) Sextet, Prince Lasha (fl,cl), Charles Davis (bar), McCoy Tyner (p), «Aborigines Dance In Scotland» (comp), Impulse!, Englewood Cliffs, NJ, 8 août

1966. Sonny Simmons (comp), Barbara Donald (tp), John Hicks (p), Teddy Smith (b), Marvin Pattillo (perc), album Staying on the Watch, ESP-Disk', 30 août

1966. Sonny Simmons, Barbara Donald (tp), Burt Wilson (ts), Mike Cohen (p), Juini Booth (b), Jim Zitro (dm), "Dolphy's Days", album Sonny Simmons-Music From The Spheres, ESP-Disk', New York, NYC, décembre

1967. Sonny Simmons, Prince Lasha (as,acl,fl), Bobby Hutcherson (vib), Buster Williams (b), Charles Moffett (dm), "The Loved Ones", album Firebirds, Contemporary Records, Los Angeles, CA, 28-29 septembre

1969. Sonny Simmons (comp,prod), Barbara Donald (tp), Juma Sultan (b,perc), Paul Smith (dm), "Coltrane in Paradise", album Sonny Simmons, ‎Manhattan Egos, Arhoolie Records, Sierra Sound Studios, Berkeley, CA, 10 février

1970. Sonny Simmons (comp,prod), Barbara Donald (tp), Michael White (vln), Lonnie Liston Smith (p), Richard Davis/Cecil McBee (b), Clifford Jarvis (dm), album Huey Sonny Simmons-Burning Spirits, Contemporary Records, Los Angeles, 24 novembre

1982. Sonny Simmons (comp,arr), Billy Higgins (dm), album Backwoods Suite, Joe Hardin (tp), Al Thomas (tb), Michael Marcus (bar,arr), Joe Bonner (p), Herbie Lewis (b), enregistré chez Fantasy Studios, Berkeley, CA, le 19 janvier, West Wind Allemagne 1990

1982. Sonny Simmons (comp,arr), Kirk Heydt (cello,prod), Perry Thorsell/Earl Freeman/Freddie Bon Ganni Williams (b), Dylan Morgan (dm), Jeffrey Donald (voc), "Duet", album Global Jungle, enregistré en cassette à Oakland, CA, octobre-automne, label Deal With It/Sonny Simmons 1990

1991. Sonny Simmons, Barbara Donald (tp), Travis Shook (p), Court Crawford (b), Zarak Simmons (dm), album Sonny Simmons with Barbara Donald-Reincarnation, Arhoolie Records, live at Barb’s BBQ, Olympia, WA 28 juin

1995. Sonny Simmons, Travis Shook (p), Reggie Workman (b), Cindy Blackman (dm), album Sonny Simmons-American Jungle, Qwest/Warner, at the Power Station, New York, NY, 22-23 décembre 

1999. Sonny Simmons, Dr. Robert Stewart (ts,prod), Ark Sano (p), Jeff Littleton (b), Don Littleton (dm), Happy Birthday Trane-Live In Los Angeles, Museum Of Contemporary Art, Los Angeles, CA, Armageddon Records, 23 septembre

2000. Sonny Simmons, Michael White (vln), Frederick Harris (p), «Land of the Freaks», Freight & Salvage Coffee House, Berkeley, CA, video by Chris Strachwitz © Arhoolie Foundation, 13 octobre

2001. Sonny Simmons, In Modern Time, documentaire sur sa vie et sa musique, de Robert Brewster, filmé à partir de janvier 2001, sorti en 2003

2001. Sonny Simmons, Cameron Brown (b), Ronnie Burrage (dm), "Rev. Church", ©Jan Ström (prod. Ayler Records), Live at Knitting Factory (au sud de Manhattan à cette époque, au 74 Leonard St), Vision Festival 6, NY, 25 mai

2001. Sonny Simmons solo, ©Jan Ström (prod. Ayler Records), live at Knitting Factory (au sud de Manhattan à cette époque, au 74 Leonard St), 26 mai

2001. Sonny Simmons, Eddie Henderson (tp,flh), John Hicks (p), Curtis Lundy (b), Victor Lewis (dm), album Mixolydis, Studio Sysmo, Paris, Futura Marge, 27-28 juillet

2002-2003. Sonny Simmons, The Multiple Rated-X Truth, documentaire sur sa vie et sa musique, de Brandon Evans (lui-même multiinstrumentiste ayant enregistré avec Sonny Simmons et Anthony Braxton), interviews, musique, avec Anthony Braxton et Juini Booth, 103 mn

2008. Sonny Simmons, Bobby Few (p), Masa Kamaguchi (b), Live at the ZDB Gallery, Lisbonne, © Nuno Moita , 11 octobre

2010. Sonny Simmons & The Cosmosamatics, Michael Marcus (cl,ts), Masa Kamagushi (b), Clifford Barbaro (dm), Pologne, TVP Kultura

2011. Sonny Simmons (chante le blues) & The Cosmosamatics, Michael Marcus (cl,bar), Rashaan Carter (b), Taru Alexander (dm), live in Zaporozhye, Ukraine, 16-17 mai

2012. Sonny Simmons Ensemble, Thomas Bellier (g), William Parker (b), Warren Smith (dm), Vision Festival 17, 13 juin, live at Roulette, Brooklyn, NY

2013. Sonny Simmons, Dave Burrell (p), Vision Festival 18, live at Roulette, Brooklyn, NY, 15 juin

2018. Fire Music, documentaire de Tom Surgal, avec notamment Sonny Simmons
(pas de vidéo de ce documentaire disponible)

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