Le festival aborde sa 18e édition avec une équipe soudée qui a
fait le choix de la continuité après la disparition en 2008 de sa figure tutélaire qui fit naître le festival,
Roger Luccioni (cardiologue réputé, adjoint au maire à la Culture
et contrebassiste), puis, en 2015, celle de Bernard Souroque, l’autre
cofondateur et programmateur. Après un court intermède Stéphane Kochoyan, c’est le directeur
technique depuis l’origine, Hugues Kieffer, qui a repris le
flambeau.
L’association qui porte le festival poursuit la dynamique initiée par la désignation, en 2013, de
Marseille comme «Capitale européenne de la Culture»: en effet, depuis 2015, le parc du Palais Longchamp (élevé durant le Second Empire) n'est plus le lieu unique où se déroulent les concerts qui se répartissent désormais, sur une petite moitié des dix soirées, sur d'autres sites comme le Théâtre Silvain (joli théâtre de
verdure) et le désormais fameux Mucem. Nouveauté de l’année 2017, la série «Marseille Heure Jazz», sorte de festival bis,
s’étend du 1er juin au 26 août. Le point d’orgue de cette opération est le double concert donné par Ahmad Jamal (dont le dernier
album s’intitule Marseille), à l’Opéra, les 12 et 13
juin. Et logique métropolitaine oblige, quelques communes
environnantes (Vauvenargues, Trets, Aubagne) sont intégrées dans cette
programmation. Une «évolution naturelle» pour Hugues
Kieffer, d’autant que l’initiative a eu un précédent à
l’occasion de l’année européenne qui avait permis au festival
marseillais et à ses partenaires de la Métropole d’apprendre à
«travailler ensemble» dans une volonté de «pérenniser
un réseau et de favoriser l’attractivité du territoire sur le
plan touristique».
L’association Marseille Jazz des Cinq
Continents, présidée par Régis Guerbois, s’appuie sur
un collectif soudé comptant cinq salariés permanents, dont le
directeur délégué, Hugues Kieffer, et la responsable de production,
Aurélie Pampana, complété, le temps du festival, par des équipes
techniques et des bénévoles. Si ces derniers sont
présents, ils ne constituent pas le cœur de l’organisation qui a un caractère avant tout
professionnel. Sur le plan économique, le festival est financé à
51% par les collectivités locales (ville, département, région) et
à 49% par ses ressources propres (billetterie, sponsoring, mécénat
privé et vente de prestations comme les cocktails organisés dans
l’espace privatif à proximité de la scène de Longchamp).
Côté contenu artistique, si Hugues
Kieffer s’inscrit dans la philosophie de métissage du festival, en référence aux «cinq
continents», on note un attachement au jazz dont on
ne peut que se féliciter. Le programmateur joue également avec la
typologie des lieux: les grandes têtes d’affiches pour le parc
(qui peut accueillir jusqu’à 3500 personnes) où l’on vient en groupe profiter de la pelouse et du cadre; les artistes s’adressant à
un public plus connaisseur sont destinés aux sites à la jauge
plus modeste. Quant à la programmation «Marseille Heure Jazz», on
pourrait se demander si elle ne préfigure pas une saison, à l’image de ce que pratiquent Vienne et Marciac. Quelques concerts
d’hiver ont déjà été proposés, et Marseille Jazz des Cinq Continents est associée à l’autre festival
marseillais, Jazz sur la Ville, qui se tient de début
novembre à début décembre. Hugues Kieffer ne
prévoit pas la mise en place d’une saison structurée, mais plutôt
quelques opérations sur la base de partenariats avec les acteurs
existants. Fort du soutien massif de la Mairie de
Marseille, le festival a toutes les chances d’accroître son influence sur le territoire métropolitain.