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Philippe Adler

12 mars 2017
16 juin 1937, Paris - 12 mars 2017, Boulogne-Billancourt (92)
© Jazz Hot n°679, printemps 2017

Philippe Adler: une publicité pour l'émission Jazz 6 parue sur Jazz Hot n°457



Diplômé en droit, Philippe Adler choisit la voie du journalisme et de l’écriture. Journaliste, chroniqueur musical, homme de radio, écrivain, auteur de théâtre et présentateur de télévision, ce véritable touche-à-tout, cet éternel potache identifié par ses cigares, a, dès les années soixante, collaboré à plusieurs revues musicales dont Jazz Magazine et Rock & Folk. Il réalise l’essentiel de sa carrière à RTL et à L’Express, et, dans les années quatre-vingt, se reconvertit dans l’écriture de romans dont deux seront des succès de librairie: Bonjour la galère et Les Amies de ma femme qui sera adapté à l’écran par Didier Van Cauwelaert puis plus tard au théâtre. C'est dans ces mêmes années quatre-vingt qu'il devient rédacteur en chef de Jazz Hot et qu'il anime peu après une émission Jazz 6 sur une chaîne musicale nouvellement créée, M6.


Acteur pour des amis, il apparaît dans quelques films, toujours avec cet esprit ludique: Les sous doués en vacances, Le Père Noël est une ordure, Sacré Lucien… Gastronome renommé, sa rondeur parlait pour lui, il collabore au magazine gastronomique 3 étoiles dans lequel il croque le portrait de grands chefs. Il préparait un roman intitulé La saga du terrien qui se déroulait dans les coulisses des médias et de la finance, qu’il connaissait bien. Ses activités de plume se complètent par celle de parolier, et il signe quelques succès avec Mort Shuman, Guy Marchand, Le Grand Orchestre du Splendide ou encore Régine.

Mais c’est en tant qu’ancien de Jazz Hot et journaliste et activiste de jazz que nous le connaissons. Il a cultivé toute sa vie un attachement au jazz, avec son humeur d’épicurien joyeux, parfois jusqu’à un mauvais goût tout à fait conscient et assumé, héritée des années d’après-guerre où le jazz a souvent été une passion ludique et l’objet de canulars et de plaisanteries d’un goût discutable, sur fond de sexe pour ne pas dire sexiste.

Le bulletin d'abonnement à Jazz Hot (n°443) sous Philippe Adler. Il témoigne assez précisément de la nature de son humour.



C’est au mois de juillet-août 1986 que Philippe Adler est devenu le rédacteur en chef de Jazz Hot, dont il signe son premier éditorial (Jazz Hot n°432), sous la férule de Guy Rolland, un petit éditeur de livres (de Jack London et Didier Daeninckx à La Danse des Infidèles de Francis Paudras) qui a pris depuis quelques mois la direction de la publication de la revue. Ils vont ensemble développer un projet «grand public» pour Jazz Hot, avec une augmentation de nombre de pages et des couvertures avec des stars incontestées du jazz, dont des musiciens français (une problématique des années 1980 sous la pression du ministère de la Culture) ou des thématiques et des textes aguichants voire complaisants (la couverture du Jazz Hot n°442 par exemple), et un développement de la publicité sans trop de réflexion déontologique ou artistique quant au jazz. Cette collaboration va durer presque deux années jusqu’au mois de février 1988, dernier éditorial de Philippe Adler pour Jazz Hot, quand il transmet le témoin à Pierre de Chocqueuse, son poulain jusque-là responsable de la publicité. C’est une époque encore «à l’ancienne», avec une équipe de permanents où la fabrication est encore externalisée. Selon les souvenirs de quelques anciens, l’ambiance était très animée par l’esprit ludique et fêtard de Philippe Adler, et les repas de la rédaction particulièrement hot et consistants, sont restés dans les mémoires. Philippe Adler était un bon-vivant. Son passage de témoin coïncide avec la disparition de Charles Delaunay, en février 1988.

Mais Philippe Adler est maintenant ancré dans le jazz et poursuit sa carrière de journaliste de jazz pour M6, une nouvelle chaîne de télévision alors dédiée à la musique. L’émission Jazz 6 (1987-2003) retransmet un grand nombre de concerts du Festival Jazz à Vienne dont il a commenté les concerts diffusés tardivement. En 1998, il a encore cosigné, toujours avec Pierre de Choqueuse, Passeport pour le jazz, et il a poursuivit sa collaboration avec Jazzman, revue de laquelle il sera viré de manière assez cavalière, selon ce qu’il nous en a dit lui-même.

Il était également le présentateur au long cours (depuis les années 2000) des Nuits du Jazz à la Cité des Congrès de Nantes, et continuait de préparer ses projets, avec l’esprit free lance et débrouillard qui a caractérisé tout son parcours, essentiellement fondé sur le relationnel et son éternel sourire.

Nous gardons, bien qu’il n’ait jamais fait partie de l’histoire de Jazz Hot depuis 1991, qu’il devait trouver «trop sérieuse» à son goût, l’image d’un homme que nous avons croisé sans jamais le connaître au fond, mais plus discret que ce qu’il donnait à paraître, courtois, ce qui n’est pas toujours une évidence dans le jazz comme dans d’autres milieux.

L’équipe de Jazz Hot adresse ses condoléances à ses proches et à sa famille.

Yves Sportis



Bibliographie
1984. Bonjour la galère, Editions Balland
1986. C’est peut-être ça l’amour, Editions Balland
1987. Les Amies de ma femme, Editions Balland
1989. Graine de tendresse, Editions Balland
1990. Qu'est-ce qu'elles me trouvent?, Editions Balland
1991. Du moment qu’elle me laisse le chat, Editions Balland
1994. La Migraine, Editions Balland
1998. Passeport pour le jazz (avec Pierre de Choqueuse), Editions Balland

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