Réédition-Sélection Fantaisie Grégorienne, My Gal Sal,
Harlem Hurricane, All for the Swing, Crazy Fiddle, Knick Knack Blues,
Dr. Swing, Miss Otis Regrette, Strange Harmony, Sérénade, Ça me
tracasse, Little Girl Blue, Rhythm Step, Désespérance, Doux
souvenir, Taj Mahal, Sweet Sue Just You, Je veux ce soir, Mais
j'attends, Retour, Nandette, Kermesse, Aisément (CD1), Tempête sur
les cordes, Harmoniques, Strictement pour les Persanes, Saut d’une
heure, Fumées, Ida, Swing Concerto I & II, Nite, Sur Quatre
Cordes, Poker, Mi La Ré Sol, Kiboula, Modernistic, C'est du Rythme,
Si tu me dis oui, Oui, Christiana, Chromatique, 19. Mickey, Michou,
Loubi, Prise de courant, Elyane (CD2) Personnel détaillé dans le livret Enregistré entre le 20 mars 1933 et
novembre 1943, Paris Durée : 1h 06' 31'' + 1h 10' 49'' Frémeaux & Associés 295
(Socadisc)
Dans la biographie qu’il lui a
consacrée, Pierre Guingamp écrit de Michel Warlop : « Le
public de Pleyel [en 1928] est d’autant plus ébahi par le talent
et l’audace du jeune virtuose, qu’il sait le monde du violon sans
pitié. Pour y faire sa place, il faut pouvoir rivaliser avec les
musiciens de haute volée qui déjà encombre ses allées… Depuis
dix ans nous viennent de l’Est de prodigieux violonistes comme
Jascha Heifetz, Nathan Milstein, David Oïstrakh, Fritz Kreisler. Un
Américain de New York, du nom de Yehudi Menuhin, s’est produit en
1927 à Paris, avec l’orchestre des concerts Lamoureux. 11 ans
seulement et un immense talent. Michel Warlop est de la race de ces
phénomènes : supérieurement doué, de la sensibilité, de
l’assurance, une audace à la limite du raisonnable et déjà du
métier. Parce qu’il a raflé à ce jour toutes les distinctions
possibles, il est désormais hors concours » (cf. Pierre
Guingamp, Michel Warlop (1911-1947) : Génie du violon swing,
L’Harmattan). C’est dire, et le talent qu’il accorde et
l’estime en lequel il tient ce violoniste. Comme le mentionne l’excellent livret
de Michel Nevers accompagnant cette anthologie, nous avions déjà
une assez bonne connaissance de l’œuvre enregistrée de Warlop
dans l’Intégrale de Django Reinhardt publiée par Frémeaux, le
présent recueil mettant l’accent sur des faces dans lesquelles il
s’exprime plus largement à titre individuel. Pendant ces dix
années, Michel Warlop s’impose à la fois en tant
qu’instrumentiste soliste et également compositeur et arrangeur ;
d’abord au sein des formations qui l’engagent (Grégor, Chicago
Syncopators, Léon Katun…) jusqu’à devenir leader de ses propres
formations. Sur les quarante-six pièces proposées dans cette
anthologie, Michel Warlop en a composé vingt-sept ! Il en a
officiellement trente à son catalogue de compositeur. Manquent
seulement : « A la Vanilla », « Blue
Interlude », « Budding Dancers », « Carino »,
dont certaines figurent dans l’Intégrale Django. Sur les
vingt-sept enregistrées, dix-neuf ont été composées entre 1941 et
1943. Il est en outre l’arrangeur de la plupart des autres
compositions. Nous sommes donc en présence d’une anthologie très
représentative de l’œuvre de Warlop. Cet ensemble constitue, par ailleurs,
un remarquable témoignage sur la diversité des productions
musicales en France dans la décennie considérée. Comme celle
d’Helmut Zacharias, formé à l’Académie de Musique de Berlin,
ou celle de Wal Berg, son condisciple au Conservatoire de Paris,
l’excellente et très complète formation musicale de Michel Warlop
lui a permis de répondre très professionnellement à toutes les
exigences des genres musicaux de l’époque : des « variétés »
au jazz en passant par la « musique légère » (comme on disait dans années 50),
en composant et interprétant des pièces de bonne tenue musicale
comme quelques unes ici présentées. Mais s’il a indéniablement,
plus qu’attiré, captivé la jeune génération des violonistes
d’Europe occidentale, le jazz ne fut, pour ces Européens de
formation très classique, qu’un genre musical parmi d’autres. En
sorte que le swing, cette interprétation si particulière du tempo
propre au jazz ne fut que partiellement assimilé. Dans son livret,
Nevers parle fort justement de « raideur » dans certaines
de ces faces. La maîtrise technique de l’instrument ne suffit pas
à rendre l’originalité complète du contenu culturel. Néanmoins, il y a quelques belles
réussites, comme le remarquable solo de Pierre Allier (tp) dans la
« Fantaisie Grégorienne », les deux arrangements des
compositions de H. McKnight, « My Gal Sal » et « Harlem
Hurricane », « Sweet Sue Just You » et « Taj
Mahal », « Crazy Fiddle », « Modernistic »
(d’ambiance ravélienne), « Strictement pour les Persanes »,
« Chromatiques », « Michou ». Cette réédition
de Michel Warlop, dont le parcours n’est pas sans évoquer celui
d’André Hodeir, est bienvenue. Elle permet de mieux connaître un
patrimoine trop souvent ignoré.
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