Nouveauté-Indispensable Mixed
N.1, Savoy blues/Undecided, Today, Giant Steps, Rituals N.2,
Abstraction N.3, Traditions N.1, Rituals N.1, Traditions and Rituals,
Mustcrat Ramble/Scrapple From the Apple, Clusters N.4 Franco
D’Andrea (p) Enregistré
le 13 octobre 2012, Santhià (Italie) Durée :
54' El Gallo
Rojo 314-57 (www.elgallorojorecords.com)
Dès les
premières notes on songe à son disque Franco D’Andrea Plays
Monk. Live at Metastasio Jazz (Philology W 409) ; on
retrouve le même fonctionnement, les mêmes qualités,
l’impressionnante culture pianistique de ce géant contemporain du
piano, sa fécondité dans l’art de créer des harmonies, sans
parler du doigté, de la touche de la note, de la sensibilité, de la
richesse de la main gauche, et du phrasé one-note :
bref, qui fait mieux aujourd’hui ? Franco
D’Andrea aime à mélanger les thèmes, c’est à dire qu’il les
associe dans la même interprétation, pour les réinterpréter et en
faire une œuvre nouvelle, n’hésitant pas à mêler un thème des
débuts du jazz à un thème du bebop, comme « Savoy Blues et
Undecided » ou encore « Muskrat Ramble à Scrapple from
the Apple » ; il parvient même à faire du neuf avec des
morceaux dont on a pourtant les versions historiques bien ancrées
dans l'oreille ! Il crée un jeu où se mélangent le ragtime,
le blues, le stride, le mainstream, le bop, le contemporain, c’est
dire qu’on entend toute l’histoire du piano jazz de James P.
Johnson par exemple à Cecil Taylor, et dans l’harmonie jusqu’aux
expressions de compositeurs récents. Les morceaux intitulés
« Abstractions » flirtent plus avec la musique
contemporaine, ceux intitulés « Rituals » pourraient
faire penser à un Cecil Taylor dompté par Monk. Franco
D’Andrea démontre une fois de plus – mais sa musique n’est pas
une démonstration mais une expression– qu’on peut encore
s’inspirer des origines, de l’acquis de l’évolution du jazz et
autres musiques, et produire un jazz pur et dur, sans avoir besoin de
recourir à des chanteurs extra-terrestres ou autres artifices plus
ou moins world, pop ou variétés diverses, qui ne font qu’édulcorer
la musique. Au lieu de chercher des palliatifs il plonge dans
l’histoire et en retire la substantifique moelle pour ajouter sa
pierre à la marche du jazz.
Serge Baudot
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