Nouveauté-Indispensable
LeGrand,
Surrender, Mi Guarija, Lost Valentine, Libertango, I Bet You Wonder,
Since I Found You, Someday, Carol, Another Ending, Gone Dave Bass
(p), Mary Sallings (voc), Ernie Watts (ts), Gray Brown (b), Babatunde
Lea (dm) Enregistré entre 2008 et 2009, Californie Duré :
1h 09' 26'' Autoproduit DBQ410 (www.davebassmusic.com)
Afin
de vous éviter de tomber dans le piège de l’homophonie et
contrairement à ce que vous pourriez croire, Dave Bass, comme son
nom ne l‘indique pas, taquine l’ivoire avec beaucoup de talent et
de conviction. Sans même évoquer les Paul Bass (guitares basses),
la distinction entre les trois… David (!!!) présents sur le marché
– multi instrumentiste pour le second et chanteur pour le troisième
– tient à quelques lettres finales. Reconnaissons qu’il valait
mieux ne pas se marcher sur les oreilles, d’autant que certains
poussent le vice à enregistrer avec les mêmes musiciens !
Demandez-le à Phil Woods. Pour ce premier album, témoignage d’un
retour à ses premières amours jazzy, après plus de 20 ans passés
comme Deputy Attorney General, le kid de Cincinnati, installé sur la
Côte Ouest, n’a pas lésiné sur les moyens. En faisant appel à
un des grands maîtres artificiers de la profession, le ténor Ernie
Watts aux brillants états de service, il a contracté une véritable
assurance-vie pour sa musique. Assurée d’une impeccable mise sur
orbite comme d’un déroulement parfait, celle-ci est à l’abri
d’avaries diverses et variées. Et comme deux précautions valent
mieux qu’une, notre homme, fort d’une paternité quasi exclusive,
a écrit quelques paroles sur deux de ses compositions pour les
confier à la vocaliste Mary Stallings très bluesy, influencée par
Carmen McRae mais dont le scat sur « Surrender »,
rappelle l’immense Sarah Vaughan. La performance vaut évidemment
le détour. Ça cooke sévère dès la plage d’ouverture ! Comme
il fallait s’y attendre, Ernie Watts, tel un diable sorti de sa
boîte, dynamite tout sur son passage d’entrée de jeu provoquant
quelques « dégâts » collatéraux du meilleur effet. On
le savait redoutable tant sur le fond que sur la forme. Dépositaire
d’un style original, il confirme, s’il le fallait encore, qu’il
est un véritable Attila lyrique du sax. Totalement électrisé
par l’atmosphère et à partir de ses propres compositions toujours
chantantes – « Mi Guajira », « Lost Valentine »,
etc. – le leader peut en toute impunité bâtir quelques soli qui
sans être exceptionnels n’en sont pas moins chaleureux et bien
construits. Superbe version, très aérienne, en duo, du célèbre
« Libertango » d’Astor Piazzola. Ernie Watts, encore
lui… Un deuxième album est sorti en décembre 2012 avec
justement Phil Woods comme invité. Avis aux amateurs.
Jean-Jacques Taïb
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