Le
Duc des Lombards affichait complet pour le grand retour de Dr Lonnie
Smith le 2 novembre. Accompagné de Jonathan Kreisberg à la guitare
et de Jonathan Blake à la batterie, l’organiste a essentiellement
joué les titres de son dernier album, In The
Beginning, avec un groove explosif avec un
son qui ne ressemble à aucun autre. Kreisberg et Blake correspondent
bien à Lonnie Smith. Ils savent placer leur jeu au service du
leader, toujours imprévisible. Une session intense. MP
Le
3 novembre, Steve Potts conviait Jobic
Le Masson (p), Peter Giron (b) et John Betsch (dm) pour une session
très enlevée aux Ateliers du Chaudron, à
Ménilmontant. Le quartet joue les compositions de chacun. La
complicité et l’amour de jouer font de ces sessions des moments
d’amitié aussi précieux que de beaux moments musicaux. MP
Connu
comme le gérant de Smalls à New York, Spike Wilner est aussi un bon
pianiste. Le 10 novembre au Duc des Lombards, avec Yotam Silberstein
(g) et Paul Gill (b), il jouait toujours avec le même plaisir son
répertoire de prédilection, celui de Scott Joplin (« Solace »),
et des standards (« Just one of Those Things »).
Silberstein et Gill font partie de cette jeune génération de
musiciens tous terrains capables d’accompagner le pianiste à la
première note. Wilner interprète avec sensibilité deux titres de
Lucky Thompson, « A Lady’s Vanity » et « The
Plane Simple Truth », et un délicieux « Just Like a
Butterfly That's Caught in the Rain ». MP
Après
plusieurs années d’absence, les Brand New Heavies étaient de
retour à Paris le 12 novembre au Trabendo avec une nouvelle
chanteuse, Dawn Joseph. Elle remplace la magnifique N'Dea Davenport,
qui fit partie du groupe de 1990 à 1995, puis des allers-retours
depuis 1995. Le public a acclamé le groupe avec un immense
enthousiaste. Le trio fondateur, composé de Jan Kincaid (dm), Simon
Bartholomew (g) et Andrew Levy (b), inchangé depuis 1985 et pionnier
de l’acid jazz, était survolté. Les BNH ont passé en revue les
grands classiques du groupe (« Never Stop », « Midnight
at the Oasis », « Dream Come True ») et des titres
du nouvel album, Forward
(« Sunlight »). Si Dawn Joseph a assuré une performance
très généreuse, elle doit encore trouver ses marques et se
détacher du magnétisme de N'Dea Davenport. Le show n’en était
pas moins épatant. MP
Le
16 novembre, le Sunset-Sunside accueillait l’excellent Grant
Stewart (ts), soutenu par Alain Jean-Marie (p), Bernd Reiter (dm) et
Nicolas Rageau (b). Passant en revue les standards, le ténor a livré
une performance de très grande qualité. Si le swinging Bernd Reiter
apparaît, avec Joris Dudli, comme l’un des batteurs les plus
présents en tournée européenne avec les légendes du hard bop, la
soirée prit un autre tournant avec la grâce d'Alain Jean-Marie,
accompagnateur inégalable. Son toucher et sa sensibilité magiques
ont propulsé le saxophoniste à des hauteurs insoupçonnées. MP
Le 19 novembre, Ronald Baker (tp,
voc) investissait le Caveau de la Huchette. Les circonstances ont fait que le
groupe s’est présenté, durant le premier set, sous une configuration
inhabituelle. En effet, Alain Mayeras (p) étant coincé dans un TGV très en retard
sur son horaire, Jean-Jacques Taïb a délaissé le ténor pour accompagner Ronald
au piano! David Salesse (b) et Jeff Boudreaux (dm) étant eux bien à leur
poste. Cet imprévu n’a en rien entamé la bonne humeur (communicative) des musiciens, très en verve sur les standards
(«On the Sunny Side of the Street», etc.). Arrivé pendant la pause,
Mayeras a repris sa place au piano et Taïb son cuivre, bien qu’ayant officié
avec les honneurs sur ce remplacement impromptu. Force est tout de même de constater
que ce duo de soufflants est l’atout majeur du quintet, qu’il lui confère
l’essentiel de son énergie. On a donc pris encore plus de plaisir au deuxième
set, avec le groupe au complet, notamment sur deux reprises de Nat King Cole,
joliment chantées par le leader.
JP
Dans le cadre du festival Jazzycolors,
le Contextual Trio était l’invité du Centre
culturel de Serbie le 20 novembre, en
partenariat avec le Centre culturel
hellénique. Un trio de choc composé de Sylvain Rifflet (sax),
Petros Klampanis (b) et Andreas Polyzogopoulos (tp). Les trois
musiciens livrent un jazz exigeant et tourbillonnant pour le plus
grand plaisir d’une salle pleine à craquer. Les compositions sont
toutes originales et intenses. Sylvain Rifflet est un musicien
singulier, au répertoire personnel solide et dans le belle lignée
de Michel Portel, qui ne cesse de se renouveler, s’inspirant de ses
multiples collaborations avec des musiciens étrangers et au travers
des festivals. MP
Le
23 novembre, le Spirit of Life Ensemble était au Caveau de la
Huchette. Le groupe de Jersey City emmené par Daoud-David Williams
(perc) comprenait cette fois-ci Rob Henke (tp), Chip Shelton (fl,
ts), Katy Roberts (p), Calvin Hill (b), Philippe Combelle (dm).
Obéissant à la loi du genre consistant à générer le swing
approprié à la danse de toute la cave, le SOLE a décliné un
« Autumn Leaves » latin, un « Tenderly » fait
pour les rapprochements, un « Cantaloupe Island » nerveux
et autres classiques bebop sur lesquels ont brillé Rob Henke,
soliste au charisme solide et une rythmique forcément irréprochable
de groove. JS
Christian
McBride (b) s’est arrêté au Duc des Lombards le 22 novembre. Avec
Christian Sands (p) et Ulysse Owens Jr. (dm), le bassiste a livré un
set éblouissant. Si la musicalité de McBride n’est plus à
prouver, celle de ses deux jeunes musiciens, Ulysse Owens Jr., 29
ans, et surtout Christian Sands au piano, 23 ans, est un manifeste.
Le pianiste est une véritable révélation. Avec quelques standards
(« Day by Day », « My Favorite Things »), des
compositions originales (« I Guess I'll
Have To Forget »), « Who’s Got
You » de Bobby Hutcherson ou « I Mean You » de
Monk, le trio a déployé une musicalité et un swing vertigineux. Il
suffisait de voir le visage du bassiste s’illuminer au son du
pianiste. Christian Sands a les références bebop et hard bop en
tête. Il joue avec l’émotion et le panache d’un Billy Taylor,
qui lui aussi, très jeune, sut bien s’entourer. MP
Comme
le retour du soleil après une grise journée d'automne, Roberto
Fonseca était au Duc des Lombards le 28 novembre. Rythmique,
énergique, plein de joie, le pianiste de La Havane joue du piano
comme des percussions, instrument qu’il a apprit quand il était
enfant. Il ne manque pas de créativité et effectue du
« scratching » sur son synthétiser ou encore utilise ses
bracelets comme des shakers. Il était accompagné de Yandy Martinez
(b), remarquable soliste très mélodique, Joel
Hierrezuelo (perc), qui électrisait l’ambiance, et Ramses
Rodriguez (dm), époustouflant sur ses solos puissants. Le groupe,
très présent sur scène, a conquis l'auditoire en dansant,
bougeant, souriant et a su transmettre son enthousiasme au public,
qui a finit par taper des mains et même chanter sur « Besame
Mucho ». La soirée a également compté deux invités :
Dj Julian et Ghetto Priest, deux membres du groupe de musique world
de Barcelone, 08001.
KH Karin Haslinger, Jérôme Partage, Mathieu Perez et Jean Szlamowicz
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