Getxo (Espagne)
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1 sep. 2013
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Getxo Jazz Festival, 3 au 7 juillet 2013
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© Jazz Hot n°664, été 2013
Les sons du jazz estival au Pays Basque ont débuté par le Festival International de Getxo qui, cette année, atteignait sa 37e édition. Du 3 au 7 juillet, le Getxo Jazz a offert une proposition étendue dans laquelle on a eu de grands artistes reconnus et de jeunes promesses. Le festival s'est écoulé dans une agréable tranquillité, où il y a eu de bons moments musicaux et d’autres à oublier. D’ailleurs, il faut continuer d'apprécier l'initiative du concours de groupes, le seul versant dédié au jazz européen que le Festival maintient. Le courant prédominant procédait cette année de l'est de l'Europe : des groupes présentés (environ soixante-dix), une formation danoise, deux formations de Pologne et une de République tchèque sont parvenues en finale.
La formation Bartosz Pernal-Michal Szkil Quintet a inauguré la scène principale, et a obtenu le Premier prix du concours. La programmation officielle proposait Ignacio Berroa Quartet : devant une assistance moyenne, typique de la journée d'ouverture, le batteur a donné le meilleur et le plus consistant de son expérience, avec l'appui de quelques jeunes accompagnateurs, en particulier le saxophoniste Ben Wendel et le pianiste vénézuélien Luis Perdomo. Un concert où les rythmes latins ne se sont pas totalement imposés au jazz, Berroa évoquant ses anciens chefs de groupe Chick Corea (« Cuarteto n º 2 ») et Dizzy Gillespie (« Woody ' N ' You »).
Lors de la deuxième journée, les Danois Artur Tuznik Trio se sont donnés sur scène avec énergie: un trio expert dans l'alternance de composition et d'improvisation, avec une grande aisance dans les ensembles et une bonne entente pour les solos. Ils ont obtenu le deuxième prix du concours, et le leader-pianiste, Artur Tuznik, d'origine polonaise, s'est emparé du prix de meilleur soliste du jury comme du public. Quand la chanteuse Stacey Kent est arrivée en scène, la Place Biotz Alai était déjà pleine. L'Américaine a des qualités suffisantes pour éblouir un public déjà conquis par son naturel. Mais le concert est devenu ennuyeux, peut-être le répertoire choisi (ballade, bossa nova…) et les apports, parfois superflus, de Jim Tomlinson (ts), manager et mari de la chanteuse.
Le lendemain, vendredi 5, le troisième groupe du concours, les Tchèques Jan Feco Quartet sont montés sur scène comme pour passer un examen. Ils ne se sont à aucun moment adressés au public, n’ont pas annoncé leurs noms, pas plus que les morceaux… Rien n'est resté qu’une note du leader-saxophoniste qui donne son nom au groupe. Au deuxième set est arrivé Al Di Meola et son World Sinfonia : on dit que le guitariste est en train d’entamer une deuxième carrière, une étape de maturité… Serai-ce parce qu'il a eu recours au répertoire de The Beatles ou de Piazzolla ? Ou parce qu'il synthétise sa musique jusqu'à l’overdose et et enchaîne des gammes de façon exténuante ? Malgré tout, la Place continuait à être bourrée, et le public s’est bien distrait, jouissant de l'expressivité de l'accordéoniste Fausto Beccalossi et applaudissant le bis qui a été, sans surprise, « Mediterranean Sundance ».
Le samedi, Freeway Quintet a cloturé le concours. Cinq musiciens efficaces qui ont montré leurs arts et leurs compositions, et qui, comme d’habitude, se sont consolés avec les applaudissements et le prix que le public octroie chaque année à l'une des formations présentées. Gonzalo Rubalbaca, ensuite, a fait un concert basé sur son dernier disque, Siglo XXI : introspectif, élaboré, avec de compositions qui s'égrenaient avec majesté, et l'interaction des membres du trio, où le batteur Ernesto Simpson a émergé. Rubalcaba a bénéficié de la chaleur d'un public qui, le jour précédent, s’était donné à Di Meola, sauf que cela semblait beaucoup plus mérité.
Le dimanche 7, le Getxo Jazz a pris congé après la remise des prix aux groupes et aux solistes gagnants et le retour sur la scène des premiers, le quintet Bartosz Pernal-Michal Szkil, avec un front line de trompette et trombone digne de considération. La fin de fête s’est déroulée sous la baguette de Wynton Marsalis et du Jazz at Lincoln Center Orchestra. Clair exposé de néo-classicisme, Marsalis fait montre d'un style techniquement impeccable qui s’étend depuis le swing jusqu’à l'expression la plus moderne du bebop. Exquis du début à la fin, sans surprise pour le bon ou le mauvais, didactique, avec un Marsalis placé au plus haut des rangs surveillant la moindre note, les musiciens du LCJO ont offert un concert acclamé par le public qui s'est approché du bord de la scène pendant le bis où Marsalis est descendu de son rang et a joué en octet quelques standards de New Orleans. Rien à redire aux choses bien faites, quelqu'un doit s’engager pour faire vivre la tradition, et le trompettiste fait cela à ravir.
Les après-midi se sont remplis de musique sur la petite scène du « Troisième Millénaire » où sont passés Stromboli, les Belges De Beren Gieren, le groupe Nomadic Nature, Itxaso 5tet et, mention spéciale, le projet Promenade du trio Joaquín Chacón, Gonzalo Tejada et Jo Krause.
Lauri Fernandez et Jose Horna
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