Pharoah Sanders Quartet
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6 mai 2013
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New Morning, Paris, 6 mai 2013
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© Jazz Hot n°663, printemps 2013
Tous les éléments étaient réunis pour passer une excellente soirée : une salle pleine à craquer et conquise d’avance, des amis musiciens dans la salle, de la presse et des photographes venus immortaliser l’événement. C’était sans compter sur la technique… William Henderson, accompagné de Gene Calderazzo (dm), déroule les notes sur le piano. Pharoah Sanders (Jazz Hot n°524) entre en scène. Son charisme en impose. Le jeu est puissant. Pourtant, il signale d’emblée et à plusieurs reprises un problème de retour avant de lancer à la régie un regard noir, glaçant. Il se décale alors des micros et joue quelques notes du côté du batteur en guise de protestation. La tension monte. Pharoah Sanders quitte la scène. Le malaise s’installe. Le batteur à son tour fait signe à la régie alors qu’Henderson et Hayhurst peinent à reprendre la main. La salle est distraite. Les solos saisissants d’Oli Hayhurst (b) et du batteur ne sont pas entendus. Après une vingtaine de minutes, Sanders revient. Les problèmes non résolus l’exaspèrent davantage. Il ne tarde pas à s’éclipser de nouveau. Le malaise dure. Le solo époustouflant de Henderson est comme noyé dans le désarroi des amateurs venus acclamer Pharoah Sanders, qui revient après un long moment. Cette fois, il s’assoit sur le bord de la scène. S’il a l’habitude de s’asseoir entre deux solos, ici, la tête baissée, les bras sur les genoux, les gestes sont clairs. Il parvient malgré tout à jouer, même si le cœur n’y est plus. Les seuls mots qu’il prononce sont pour présenter ses musiciens. Ce long, très long premier set d’1h20 finit comme il a commencé, dans la confusion et la virtuosité.
Mathieu Perez (texte et photo)
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