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Steve Potts & Berry Hayward Quartet

28 avril 2013
Théâtre des Ateliers du Chaudron, Paris, 28 avril 2013
Steve Potts & Berry Hayward Quartet © Jazz Hot n°663, printemps 2013
Il est des lieux où le jazz est chez lui. Depuis son relogement dans le 11e arrondissement de Paris, la Compagnie du Chaudron, autrefois installée à la Cartoucherie de Vincennes, participe pleinement à la vie du quartier et se donne pour mission d’éveiller les enfants et les adultes aux multiples pratiques de l’art, que ce soit le théâtre, le chant, le jazz et leurs correspondances. Depuis cinq ans, le saxophoniste Steve Potts, qui a jeté l’ancre a Paris en 1970, mène un orchestre de musique improvisée et jazz, le Ménilmontant Street Band, formé de musiciens amateurs et passionnés, et organise régulièrement le « Dimanche du Jazz » ; l’occasion d’écouter deux sets –le premier débutant à 16h pour y accueillir les enfants, le second est à 19h– de quelques-uns des meilleurs musiciens américains vivant à Paris.
Une fois accueillis très chaleureusement par toute l’équipe réunie autour de Tanith Noble, la fondatrice de la Compagnie, les auditeurs, cinquante maximum, entrent dans une salle où, assis sur des coussins, ils pourront écouter les musiciens du jour : Steve Potts (sax), Berry Hayward (cl), Bruno Rousselet (b) et John Betsch (dm). Dès les premières notes de Potts, le public se retrouve la tête dans le jazz, emporté par la musique dans une session free jazz très musclée qui débute avec « SSS », une composition du saxophoniste. Face à l’alter ego de Steve Lacy, qui tourbillonne de solos rayonnants, Berry Hayward, clarinettiste, saxophoniste, spécialiste des vents anciens, tout comme de jazz, lui répond avec un panache étourdissant. Le tout soutenu par une rythmique d’enfer: Bruno Rousselet à la contrebasse (Glenn Ferris, Umberto Pagnini) et John Betsch à la batterie (Benny Golson, Mal Waldron ou encore le souvenir d’un majestueux sitting-in avec Kenny Werner l’hiver dernier au Duc des Lombards). L’attention aiguisée, l’improvisation inventive et le plaisir pris à jouer des musiciens résonnent dans le public composé de curieux, amateurs, musiciens, habitants du quartiers venus en famille. Le quartet poursuit avec une composition des frères Shorter, Alan et Wayne, et d’enchaîner avec « You Must Think I’m Crazy » de John Betsch ; puis « Buckets of Blood » de Potts, inspiré par les faits divers et lendemains de bagarres dans les bars du nord de New York où le sang fraichement épongé remplissait des seaux entiers. Les musiciens à l’imagination prolifique et inépuisable creusent chaque espace de liberté avec intensité et puissance. Et Berry Hayward d’introduire sa composition « James Parler », née au cours d’ateliers avec les enfants d’Argenteuil, et pour laquelle Steve Potts souffle dans ses saxophones, alto et soprano, en même temps. Une session explosive, pleine de virtuosité, de plaisir pris à jouer et d’humour. On attend les prochaines sessions avec impatience en compagnie des autres musiciens américains vivant à Paris, Bobby Few, Hal Singer, Rasul Siddik, etc., et des amis de passage, Oliver Lake…
Mathieu Perez (texte et photo)