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Autumn in Paris

10 fév. 2013
Paris en Clubs, novembre-décembre 2012
Les 16 et 17 novembre, au Caveau de la Huchette, le Spirit of Life Ensemble a rendu hommage à Ted Curson. Malgré l’absence du leader Daoud-David Williams, Chip Shelton (ts, ss, fl), Rob Henke (tp), Andy Guthrie (p), Harry Swift (b) et Philippe Combelle (dm) ont fait danser la célèbre cave, recevant même le grand Bobby Few (p) et Fred Tuxx (voc) sur quelques morceaux. La rythmique solide et la présence de Rob Henke ont fait merveille sur les standards.
Sarah Berrurier

Le 17 novembre, au Sunside, Ben Sidran (p, voc) nous faisait découvrir Don’t Cry for no Hipster dans son style inimitable fait de décontraction, d’humour et de swing sans prétention. Avec ses côtés poétiques et conversationnels, la musique de Ben Sidran fait toujours voyager dans un univers typiquement américain, coloré par les interventions au lyrisme dextérien de Bob Rockwell (ts). Billy Peterson (b) et Leo Sidran (dm) et l’invité Jean-Jacques Milteau (hca) complétaient le personnel avec le bon goût d’un swing funky évoquant parfois Eddie Harris.
Jean Szlamowicz

Dans le cadre du festival Cinéjazz, au contenu par ailleurs assez négligeable, le concert d’Olivier Hutman au Collège Bernardins le 22 novembre 2012 surnageait avec une classe particulière. Accompagné par Darryl Hall (b) et Steve Williams (dm), Olivier Hutman passe de l’art subreptice du swing en douceur à celui du déchaînement avec une intensité constamment passionnante. L’interaction est d’une grande richesse quelle que soit l’ambiance, du standard « Gal in Calico » aux compositions personnelles comme la superbe valse « 3 for Vee ». L’accompagnement superlatif de la rythmique est un modèle de musicalité. Un jazz à la fois moderne et classique, complexe et évident, funky et lumineux. Le reste du festival, dénué de propos artistique, fut oubliable, en particulier la soirée de clôture à la Sorbonne où le big band de Didier Goret (malgré quelques très bons musiciens comme Alain Hatot, as ; Peter Volpe, tp ; Guy Figlionlos, tb) a interprété des arrangements de musique de film avec la littéralité la plus extrême et la plus ringarde (guimauve abondante sur « You Must Believe in Spring » à la basse électrique…).
Sarah Berrurier

Le 24 novembre 2012, dans le Val d’Oise, au Château d’Arnouville, dans le poulailler duquel fut récemment retrouvé le piano de Gabriel Fauré (semble-t-il caché pendant la guerre et aujourd’hui en attente de restauration), avait lieu un concert de Joe Makholm (p) et Peter Giron (b) avec pour invité spécial Laïka (voc). Après une présentation l’après-midi à destination des élèves du conservatoire, notamment consacrée au rythme et aux variations de la walking bass, le concert montra tout le talent de Joe Makholm et Peter Giron, souvent accompagnateurs (Ted Curson, Luther Allison, Shepp, Kurt Elling, Dave Liebman…) et ici mis en valeur à leur juste mesure dans le contexte exigeant du duo. Avec précision, enthousiasme et une touche bluesy, ils ont interprété « Walkin’ », « What’s This Thing Called Love » ou « Strollin’ » avant d’être rejoint par Laïka. Soutenue tout d’abord par la seule contrebasse, elle a développé un « How Deep is the Ocean » d’orfèvre. A la fois généreuse et fragile, elle a offert ensuite un poignant « When Love Was You and Me » où Peter Giron a brillé par sa sensibilité d’accompagnateur. Sur « Lost », le charisme discret de la vocaliste s’aventure sur des atmosphères toujours tendues. L’introduction malicieuse de Joe Makholm sur « Think of One » donne forme au rythme de la composition de Monk de belle manière. « Lady’s Back in Town », morceau de Tony Scott dédié à Billie Holiday et complété par Laïka, apporta une magnifique conclusion à un concert tout entier fait de finesse et d’émotion. On retiendra notamment la découverte de Joe Makholm et Peter Giron, deux musiciens à l’écoute et à la sincérité touchante.
Sarah Berrurier

Avec son propre groupe, au Duc des Lombards, le 29 novembre, Laïka fut tout aussi passionnante, consacrant notamment son tour de chant au répertoire de son dernier album, Come a Little Closer et s’en écartant parfois pour de magnifiques « Black Narcissus » et « Appointment in Ghana ». Avec la rythmique Pierre-Alain Goualch (p, k), Chris Thomas (b) et Leon Parker (dm), la sensibilité est très « groove », contrastant de manière originale avec un chant dont le registre est plus douloureux. Les interventions d’Airelle besson (tp) et Eric-Maria Couturier (violoncelle) ont coloré avec beaucoup d’à-propos un univers qui sait se montrer pugnace malgré son intimisme. Beaucoup d’engagement et d’originalité.
Sarah Berrurier

Le 8 décembre, Carmen Lundy faisait l’événement au Duc des Lombards, avec un groupe de très haute volée, Anthony Wonsey (p), Darryl Hall (b) et Jamison Ross (dm). La puissance et le lyrisme de Carmen Lundy, les nuances et les couleurs sont d’une incroyable richesse. On est frappé par la densité et la générosité, le fond gospel que l’on ressent dans chaque inflexion, la texture de sa voix profonde, sa capacité à communier avec le public. C’est une vraie story-teller, dont l’engagement physique est illustré par ses propres compositions qui constituent un univers particulier, celui du jazz contemporain auquel elle a toujours participé auprès des Bobby Watson, Mulgrew Miller ou Victor Lewis. Les interventions de Wonsey sont volcaniques, la présence mélodique et rythmique de Darryl Hall impeccable (solo très touchant sur « Old Friends »), les relances de Jamison Ross d’un dynamisme abondant. L’ampleur aérienne, la sensualité et la vitalité s’incarnent dans des grooves d’une grande souplesse, jusqu’au chant soul de chaque membre du groupe (« Look Behind the Skies »). Il s’agit vraiment d’un « message of positive energy » qui laisse le public radieux.
Jean Szlamowicz

Le 27 décembre, on a pu apprécier la jam vocale animée par Laurence Masson à Autour de Midi et Minuit, le club de la rue Lepic. La vocaliste possède un style chaleureux, très proche d’Ella Fitzgerald et démontre une grande aisance. Le trio d’accompagnateurs, Laurent Epstein (p), Simon Teboul (b), Thierry Tardieu (dm), est à l’écoute, le pianiste se laissant parfois aller à des explosions pleines de musicalité. A noter une interprétation sensible de Sarah Thorpe (voc) sur « Lover Man » et de Leslie Lewis sur « I’ll Remember April ».
Jean Szlamowicz