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Paolo Fresu

12 fév. 2011
Marciac, 12 février 2011
La foule des grands jours pour ce concert de Paolo Fresu à Marciac, en quartet. Une formule sans piano ni saxophone où la guitare (synthétisée) de Bebo Ferra est le lien entre la cellule rythmique (Paolino Della Porta, b, Stefano Bagnoli, dm) et la " cellule mélodique " en tant que co-soliste du trompettiste-bugliste. Le répertoire est à 99% constitué, comme c’est aujourd’hui une habitude, par des " compositions " personnelles (signées Bebo, Paolino et Paolo), soigneusement présentées par le leader. Le premier set a débuté paisiblement par " Jeudi " de Bebo (en ce samedi soir) introduit par Paolo (trompette avec harmon sans tube) et Bebo. Des segments harmoniques nous ont évoqué " Autumn Leaves ". Signalons maintenant que Paolo Fresu qui jouit d’une notoriété internationale est en pleine maturité technique (toujours avec une touche Miles Davis dans la couleur de son) et il s’inscrit dans l’effet. Effet scénique d’un part, où le corps accompagne le son, trompette pointée vers le sol (comme Miles) ou redressée vers le plafond (comme les grands solistes de variété des années 1950, Rafael Méndez en tête). Il tourne volontiers le dos au public (comme…) dans ses dialogues avec l’excellent bassiste. Mais aussi, effets sonores. Dès l’exposition au bugle avec réverbération du second morceau (celui en ouverture de son dernier CD), on sait à quoi s’attendre. Pour " Mimi " la réverbération du bugle se marie bien avec l’archet de la contrebasse dans un climat planant qui se transforme en ballade (où, " nue ", sans travail externe du son, le timbre " naturel " au bugle est séduisant). En coda, Paolo Fresu nous fit une démonstration maîtrisée de la respiration circulaire. Le premier set s’est terminé par deux thèmes que Paolo Fresu a écrits pour son fils Andrea. Dans le premier, genre jolie berceuse, et après une exposition très Miles avec la sourdine harmon, il y eut un excellent dialogue trompette-guitare. C’est la batterie qui fut à l’honneur en ouverture du 2ème set dans cette " Eloge à la Discount " ( !) qui valait pour l’excellent solo de bugle qui n’ignorait pas le swing. Paolo Fresu propose ensuite sa composition, " Fellini ", écrite dans le train entre Florence et chez lui, à Bologne (haut lieu historique de la trompette baroque !). Le solo de trompette toujours marqué par Miles balançait bien. C’est Bebo qui s’est adjugé la coda (belle technique classique). Pour le tout récent " La Follia Italienne ", Paolo Fresu eut recours à une partition. Il s’en est vite évadé dans une improvisation au bugle avec effet d’echo où il a sollicité de façon récurrente une note aiguë pour le meilleur…effet. Avant le bis, sur un bon thème de Bebo (avec effet de distorsion au bugle), le 2ème set s’est terminé par ce qui nous a semblé être " Fascinating Rhythm " de George Gershwin qui était en effet fascinant sur le plan ryhtmique, pas que pour le solo de batterie, mais dans le traitement du thème avec en prime une coda swing et…un ( !) effet de growl. Il est intéressant en effet ( !) de constater que de nos jours on a recours à de la technologie pour jouer des sons " traités " ce qui autrefois était assuré par des moyens physiques (flatterzung, bend, gliss, etc…) et instrumentaux (pistons mi-course, plunger, etc.). Les élèves trompettistes du stage de Patrick Artero qui s’est déroulé ce WE là, ont manifestement apprécié cette approche actuelle qu’illustre fort bien Paolo Fresu.
Michel Laplace