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Fabien MARY Quintet

7 oct. 2010
7 octobre 2010, Centre Culturel Comœdia Miramas (13)
Fabien MARY Quintet Le 7 octobre 2010, le Théâtre de la Colonne de Miramas avait programmé, au Centre Culturel Comœdia rue Paul Vaillant, le Fabien MARY Quintet dans le cadre de ses Jeudis du Jazz Club.
 Composée des musiciens qui ont enregistré son dernier album, Quartet + One (Elabeth ELA 621060), la formation comprenait, outre Fabien Mary (tp), Frank Basile (bs), Hugo Lippi (g), Fabien Marcoz (b) et Mourad Benhammou (dm). Pendant ce concert de deux heures en deux parties, l’orchestre a donné douze pièces de la tradition be-bop et souvent composées par des trompettistes, Thad Jones et Kenny Dorham en particulier, mais arrangées par son leader : « It’s About the Time (F. Mary), « No Refill » (Th. Jones), « Is That So » (Duke Pearson), « Sweet and Lovely » (Gus Arnheim), « Dexterity » (Charlie Parker), « Bossanova Ova » (Th. Jones) ; « Sleeves » (« Les Feuilles mortes » adapt. Jimmy Heath), « Escapade » (K. Dorham), « Turbo » (Charlie Davis), « You Go to My Head » (Fred Coots & Haven Gillespie), « Evol Deklaw Ni » (Th. Jones) et « Philly Twist » (K. Dorham). En bis, ils ont donné « Una Mas » (K. Dorham).
Dans ce programme très homogène et toujours soigné, nous retiendrons deux moments forts, illustrant la logique et la cohésion du groupe : « Dexterity », longuement applaudi, par sa construction très représentative des choix de cette formation, tant dans le discours que dans l’aisance du langage (stop choruses remarquables) pour l’exprimer ; « You Go to My Head », également acclamé, au cours duquel le trompettiste a donné sur un accompagnement plein de finesse du guitariste, une version pleine de sensibilité et d’intense retenue de la ballade de Coots & Gillespie, terminant par une cauda remarquable de sobriété.
Cette formation très soudée, qui a trouvé sa cohérence et sa cohésion dans l’expérience commune acquise depuis presque dix ans maintenant, a joué des arrangements simples et bien écrits. La guitare est à la fois traitée comme élément de la section rythmique et comme troisième voix de la section mélodique, apportant ainsi un liant velouté aux cuivres associée. Hugo Lippi excelle dans ce rôle de va-et-vient permanent ; héritier de Kenny Burrel, dont il possède la concision et le sens des équilibres, il a apporté par ses choruses élégamment construits une sorte de respiration. Frank Basile, jeune musicien de l’Illinois vivant au Nebraska dont la manière n’est pas sans rappeler celle de Cecil Payne, est un musicien accompli aussi fin que virtuose ; son punch et son lyrisme confèrent beaucoup de générosité à l’ensemble. Fabien Mary maîtrise parfaitement sa matière ; il tient son rôle de leader avec beaucoup de présence mais dans une grande discrétion, laissant à chacun la place pour développer son propos ; il a maintenant acquis une sérénité qui donne à son discours musical toute sa profondeur. Fabien Marcoz appartient à la tradition des contrebassistes accompagnateurs (M. Gaudry) ; sa présence réelle mais discrète est toujours juste ; sa mise en place sans faille a été l’assise indispensable de l’ensemble et son unique solo un modèle de rigueur. Dans cet ensemble sérieux et solide, Mourad Benhammou apparaît comme l’élément de folie du groupe ; cependant cette grande liberté de ton n’est qu’apparente ; son accompagnement, ses incitations, ses suggestions, sa ponctuation dans les ensembles ou ses discrètes interventions dans les solos structurent avec une grande rigueur les pièces qu’il organisent en véritables moments musicaux ; quant à son solo sur « Philly Twist », il a constitué une sorte de second mouvement de cette composition donnée comme un feu d’artifice en fin de concert.
Performance de haute tenue très applaudie par le public.
Félix W. Sportis