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L'Orchestre Abadie-Vian dans l'escalier menant à la cave jazz du 14 rue Chaptal, siège de Jazz Hot © Robert Doisneau, by courtesy of Archives Famille Abadie, Laurent Coste


Claude ABADIE (1920-2020)

Un sacré bout de chemin - Part 1
L'hommage de Jazz Hot





1943, l'Orchestre Abadie-Vian dans l'escalier menant à la cave jazz du 14, rue Chaptal, Paris IXe, siège de
Jazz Hot depuis 1938,
Edouard Lassalle (b), Boris Vian (tp), Alain Vian (dm), Jackie Daubois (p), Lélio Vian (g), Claude Abadie (cl) © Robert Doisneau by courtesy of Archives Famille Abadie/Laurent Coste




Après cent ans d’une vie marquée par un amour sans cesse renouvelé pour le jazz, Claude Abadie a tiré sa révérence. Il s’en est allé paisiblement, dans la soirée du 29 mars 2020, entouré des siens. Deux mois plus tôt, nous vous racontions avec émerveillement le concert qu’il donnait avec son Tentette, dans le cadre du Festival Jazz à Vian, à Ville-d’Avray, cité natale de son ami Boris, pour célébrer leur centenaire à l'unisson. Claude Abadie venait d’un autre temps dont il était le dernier témoin direct, un monde dont nous ne pouvons plus avoir désormais connaissance que par les disques, les livres, les revues d’époque (dont
Jazz Hot), les films et notre capacité d’imagination. Un monde où les disques de jazz (2 titres) étaient des raretés prisées par des amateurs avides de s’ouvrir sur un art en pleine expansion, un monde où cet art triomphait auprès d’une jeunesse joyeuse, au sortir d’années d’obscurité où le jazz maintint une des lueurs d’humanité. Un temps où Paris était 
encore une fête, malgré les difficultés de l'après-guerre, de St-Germain-des-Prés à Montmartre, des Champs-Elysées à Pigalle. Claude Abadie appartenait à cet autre temps, autour de la Seconde Guerre, où se croisèrent Django Reinhardt, Duke Ellington, Coleman Hawkins, Benny Carter, Don Byas, Charles Delaunay, Boris Vian entre beaucoup d'autres. Il s’en amusait avec une distance teintée d'humour (quitte à doucher les ardeurs des néophytes et créateurs de mythe) et avec une précision implacable (l’esprit mathématique du polytechnicien) dont les journalistes  pouvaient faire aimablement les frais.

Raconter le siècle de Claude Abadie, c’est raconter une des belles histoires du jazz, la passion artistique, la passion de la vie, avec une exigence de tous les instants, et aussi une fidélité amicale à Jazz Hot, la revue de Charles Delaunay. Merci, Monsieur Abadie pour la belle trace que vous laissez!

 


Voir aussi l'hommage de la famille et des musiciens





Claude Abadie, promotion X-38 de l'Ecole Polytechnique © Photo X, by courtesy of Laurent Coste


Claude Abadie, promotion X-38 de l'Ecole Polytechnique
© 
Photo X by courtesy ofArchives Famille Abadie/Laurent Coste

Claude Abadie est né le 16 janvier 1920 à Paris. Il grandit au sein d’une famille de mélomanes, et il s’essaie au chant ainsi qu’au piano qui lui est offert par ses parents. Il ne prendra jamais de leçons mais l’utilisera toute sa vie pour écrire ses arrangements. Le jazz arrive à l’âge de 15 ans par un premier intermédiaire, Fred Astaire, dont il s’éprend totalement, reprenant ses chansons et ses claquettes, accompagné par un copain pianiste, Claude Normand (qui deviendra pianiste et organiste professionnel). Par la suite, il constitue, avec lui et deux autres adolescents, un quatuor vocal jusqu’à ce que ses membres décident, à Noël 1937, de passer à un groupe instrumental. Claude Normand reprend le piano et Claude Abadie opte pour la clarinette. Sous la direction du premier, le quartet met rapidement trois morceaux à son répertoire, en commençant par «Moonglow» interprété par Duke Ellington «parce qu’il n’y avait pas beaucoup de notes»1.

Excellent élève par ailleurs, Claude Abadie effectue sa première année à l’Ecole Polytechnique d’octobre 1938 à juillet 1939. Parallèlement, il fréquente le siège de Jazz Hot et du Hot Club de France2: «Quand on allait rue Chaptal on ne rencontrait jamais Panassié. Il devait déjà être à Montauban, c’est Delaunay qui était le patron. On s’asseyait sur un canapé, au coin dans la salle qui donne sur la rue Chaptal et on écoutait les disques de la collection. C’était notre principale source de connaissance. Les disques que nous trouvions-là étaient formidables. C’était plus que tout ce dont nous pouvions rêver. On écoutait de tout.»3 Ses études sont interrompues par la guerre, puis il poursuit sa seconde année à Villeurbanne, en octobre 1940. Là, il rencontre Jackie Vermont (tp, de son nom civil Jackie Grumberg) qui a des bases jazz plus sérieuses que ses précédents partenaires.
De retour à Paris, à l’automne 1941, Claude Abadie monte son propre orchestre avec les copains disponibles, dont Christian Garros (dm), avec lequel il remporte, en février 1942, à la Salle Pleyel, le tournoi annuel des orchestres amateurs organisé par le Hot Club de France, la survivance de Jazz Hot pendant la guerre, avec quelques bulletins également.


 

De gauche à doite: Alain Vian (dm), Lélio Vian (g), Boris Vian (tp), Jackie Daubois (p), Claude Abadie (cl), Edouard Lassal (b) © Photo X, by courtesy of Laurent Coste
L'Orchestre Abadie-Vian, de gauche à doite: Alain Vian (dm), Lélio Vian (g), Boris Vian (tp), Jackie Daubois (p),
Claude Abadie (cl), Edouard Lassal (b) © Photo X by courtesy ofArchives Famille Abadie/Laurent Coste


En juin 1942, Alain Vian (dm), rencontré lors d’une surprise-partie où ils se produisent ensemble, propose au clarinettiste de lui présenter son frère Boris, trompettiste et centralien. L’entente amicale et musicale est immédiate. Boris Vian sera dès lors partie prenante des diverses formations de Claude Abadie jusqu’à la fin des années 1940. L’orchestre Abadie (qui compte notamment Raymond Janet, tb, et Guy Colson, dm) se présente de nouveau au tournoi des amateurs, en janvier 1943, mais se trouve disqualifié pour avoir sciemment joué «Royal Garden Blues» alors que le règlement, Occupation oblige, interdit d’interpréter des titres américains. Pendant quelques temps, Claude Abadie dirige un Orchestre Abadie-Vian qui réunit les deux frères de Boris, Alain et Lélio (g), instrumentistes «amateurs» de l’aveu même du leader4.

Puis, Claude Abadie et Boris Vian affinent leur direction artistique vers le new orleans, sous l’influence de leur batteur, Claude «Doddy» Léon5 (qui collectionnait les disques des années 1920), mais qui ayant échappé de peu à la déportation (il a été interné à Drancy, avant d’être sauvé par son prof’ de chimie au Collège de France) et ayant rejoint la Résistance, vit dans la clandestinité et ne réintégre pleinement l’orchestre qu’à la Libération. Les répétitions ont lieu chez les frères Hubert (as) et Raymond (p) Fol qui mettent à disposition un magnifique studio situé à la Chaussée de la Muette (Paris XVI
e), prenant tout le dernier étage de l’immeuble, et doté de deux pianos à queue. Un autre clarinettiste, à peine plus jeune que Claude Abadie, Claude Luter (1923-2006), rencontré début 1943, vient assister à ces répétions, comme nous l’a raconté son fils Eric: «Mon père était un fan de l’orchestre de Claude Abadie auquel il a été présenté, vers 1942-43, par un copain musicien, qui habitait Ménilmontant comme lui, Jean Sabrou, dit Johnny Sabrou (g). Les décennies suivantes, quand un journaliste disait à mon père qu’il avait été le premier à jouer du revival, il répondait toujours que le vrai précurseur, c’était Claude Abadie qui lui était reconnaissant de ce «renvoi d’ascenseur». Ils sont d’ailleurs restés amis jusqu’au bout.»6 Lors du tournois des amateurs du 24 décembre 1944, Claude Abadie est battu par le ténor Paul Vernon (1921-2014) –qui avait déjà gagné le tournoi de 1943… à la trompette!– et recrute le vainqueur qui inspirera à Boris Vian, en partie, son plus célèbre pseudonyme: Vernon Sullivan, le patronyme étant emprunté au pianiste Joe Sullivan7.


 

Claude Abadie et Boris Vian faisant le bœuf dans la cour du pavillon Chaptal (siège de Jazz Hot et du H.C.F.) © Photo X, by courtesy of Laurent Coste

Claude Abadie et Boris Vian faisant le bœuf
dans la cour du pavillon Chaptal (siège de
Jazz Hot et du H.C.F.)

© Photo X by courtesy ofArchives Famille Abadie/Laurent Coste




Avec la Libération, s’ouvre la période faste de l’orchestre de Claude Abadie qui compte alors, outre Boris Vian, Hubert (as) et Raymond (p) Fol, Claude Léon (dm), Raymond Janet (tb), Georges «Zozo» d’Halluin (b) et, en alternance, Roger Karakeusian (bjo, g), Teymour Nawab (g) et Paul Vernon (ts ou g). La formation multiplie les engagements dans un Paris qui a soif de jazz, où les musiciens ne manquent pas de travail. «Charles Delaunay nous a pris sous sa protection et nous a beaucoup aidés. Il nous aimait bien et nous a souvent programmés en première partie de concerts des professionnels de l’époque: Rostaing, Django, Ekyan, Combelle et les autres.»De fait, Claude Abadie se produit un peu partout: à l’Ecole Normale de Musique, au Théâtre Edouard VII, dans les clubs de la Rive Droite (comme le Kangoo Club, dans le XVI
e arrondissement), notamment les nouveaux clubs américains (à l’instar du Rainbow Corner), les bals de nuits et, sur recommandation encore de Charles Delaunay, devant les troupes américaines, convoyé en car par le Special Service. Sans compter les bœufs dans les clubs en vogue de St-Germain-des-Prés (Bar Vert, Tabou, Caveau des Lorientais, Vieux-Colombier, Club St-Germain, qui ouvrent entre 1944 et 1948) ou au Pavillon Chaptal, comme en mai 1945 (retransmis par la BBC), en présence d’Hubert Rostaing et Jack Diéval.

Claude Abadie joue beaucoup et dort peu (il se rend parfois directement au bureau après un concert). Le 5 juillet, Charles Delaunay grave, pour son label Swing, une première session avec l’Orchestre Abadie9 qui, le 17 novembre triomphe au concours international de jazz amateur organisé à Bruxelles par le Hot Club de Belgique, raflant six prix, dont ceux du meilleur clarinettiste et du meilleur arrangeur. Ce succès –dont Claude Abadie gardera tout au long de sa vie une grande fierté– est souligné par Jazz Hot n°3 (décembre 1945)10. Il enchaîne d’ailleurs avec une autre victoire, lors du tournoi de février 1946: une ultime candidature à caractère comique, puisque, considérant que le jury les a suffisamment vus depuis ces dernières années, les membres du «plus vieil orchestre amateur» se produisent à Pleyel affublés de fausses barbes et de casquettes sous le nom «Pr. Dupiton et ses joyeuses mandolines»11, comme le rapporte Jazz Hot n°4 (janvier-février 1946); cette fois Claude Abadie l’emporte sur Paul Vernon, qui concourait sous ses propres couleurs, et devant le tout jeune Claude Bolling, dont la prestation est remarquée.

Le 28 février, une nouvelle session d’enregistrement a lieu pour le label Swing12, suivie d’une troisième, le 6 novembre, mais qui ne sera pas exploitée. A partir de 1947, Boris Vian donne des signes de fatigue. Ne parvenant plus à tenir le rythme effréné des concerts, il prend des distances avec l’orchestre: «il sort et il rentre», pour reprendre l’expression de Claude Abadie, qui le remplace par Guy Longnon. Entre temps, le bebop a fait son apparition: le clarinettiste est fasciné par ce nouveau courant mais se sent incapable de l’aborder. Néanmoins, il modifie sa formation, en 1950, date à laquelle Boris Vian officialise son départ. A côté des frères Fol, de Claude Léon et de Guy Longnon, il recrute Jean-Claude Fohrenbach (ts), Benny Vasseur (tb) et Alphonse «Totole» Masselier (b), orientant le répertoire vers celui de Duke Ellington et posant déjà les bases de ce que seront ses futures formations dans les décennies suivantes. Abandonnant la musique new orleans, il travaille sur des orchestrations dans l'air du temps (mainstrem-bop) sous l’influence de Raymond Fol. Une orientation à laquelle, malgré sa santé fragile, Boris Vian, en ellingtonien passionné, ne peut résister. Il revient quelques temps auprès de Claude Abadie, lequel –pour ne pas fâcher Guy Longnon– écrit des arrangements à deux trompettes! Toutefois, Boris Vian doit définitivement poser sa trompette, et Claude Abadie le remplace par Gérard Bayol. Mais le cœur n’y est plus, d’autant que Claude se sent techniquement limité pour évoluer vers un style moderne en constante évolution. Et bien qu’il soit fort satisfait de sa nouvelle formation, qui ne laissera aucune trace discographique, il quitte la scène jazz en 1952, les obligations professionnelles et familiales devenant aussi plus difficiles à concilier. Chacun prenant une autre direction, Claude et Boris se voient moins, mais ils resteront liés jusqu’à la mort de Boris Vian.


 

Claude Abadie, Jazz à Vian, Ville-d'Avray, 19 janvier 2020 © Jérôme Partage

Claude Abadie, Ville-d'Avray, Jazz à Vian,
19 janvier 2020 © Jérôme Partage




Durant une dizaine d’années, et avec ce même sérieux qui avait présidé à sa première «carrière» de jazzman, Claude Abadie s’immerge dans le cinéma, y passant tout son temps libre. Il réalise des films dans le cadre de clubs amateurs et compose également des musiques. Mais le jazz se rappelle à lui en 1967: «J’ai rencontré deux ou trois copains et on s’est dit: "Et si on se remettait à jouer?”. Il y a eu une chose importante: la rencontre d’Henri Foucher […] un pianiste amateur des années précédant la guerre. Il avait gagné le concours d’amateurs un an avant moi, en février 1941. Je le connaissais. Il avait lui aussi cessé de jouer, mais il se trouve qu’il avait acheté une maison à Ville-d’Avray alors que nous habitions tous un appartement. Le fait d’avoir une maison crée aussitôt la possibilité de jouer. On s’est réunis à deux, trois, quatre. Il y a eu une agrégation progressive de copains, les amis d’amis et puis on a remonté un truc progressivement.»13. Paul Vernon, devenu dentiste, fait partie des premières recrues, comme s’en souvient sa fille Brigitte: «Mon père et moi prenions le petit déjeuner dans un café et nous sommes tombés sur Jackie Vermont, que mon père n’avait plus vu depuis des années, et qui lui a dit qu’il rejouait avec Claude Abadie. Mon père s’est alors illuminé, et il a aussitôt rejoint ses anciens copains. Il est resté dans l’orchestre jusqu’à la fin de sa vie.» A partir de là, Claude Abadie et Paul Vernon ne se quitteront plus, entretenant une étroite
collaboration pendant cinquante ans14.


En 1975, date de sa première interview à Jazz Hot, Claude Abadie a réuni dans son Tentette: Francis Behr et Jacques Chrétien (tp), Mowgli Jospin (tb, un ancien de chez Claude Luter), Claude Garnier (as), Paul Vernon (ts), François Gallet (bar), Henri Fouchet (p), Fred Roth (b), Albert Glowinski (dm). Il réutilise ses arrangements de 1950 pour deux trompettes et en écrit de nouveaux –ainsi que Francis Behr et Paul Vernon– s’inspirant du travail de Gil Evans et de Gerry Mulligan. Quant au répertoire, il est ouvert sur Duke Ellington, dont Claude Abadie apprécie tout particulièrement les suites, Charles Mingus, Thelonious Monk. Il aura fallu une interruption d’une dizaine d’années pour que le chef d’orchestre ose aborder les compositeurs ayant émergé depuis la vague bebop. Parallèlement, il se consacre à la musique de chambre pour laquelle il prend, pour la première fois de sa vie, à plus de 50 ans, des cours de clarinette au conservatoire.


 

1994-Claude Abadie Tentette, Vivement le 15 novembre!




Sur un enregistrement de 1994 (que Claude Abadie nous a transmis après son concert de janvier 2020), Vivement le 15 novembre!, –du nom d’un original de Paul Vernon, un «hymne» au beaujolais nouveau que les membres du Tentette fêtaient dignement selon la tradition– on peut apprécier les arrangements subtils de Claude Abadie et Paul Vernon sur des titres tels que «Love Is Here to Stay» (George Gershwin), «Fables of Faubus» (Charles Mingus), «Along Came Betty» (Benny Golson), «Ernie’s Tune» (Dexter Gordon), «Epistrophy» (Thelonious Monk) ou encore «Degas Suite» (Duke Ellington)15. Dans un documentaire tourné en 2015 par Luc Triquet, le dernier pianiste du Tentette –où Claude Abadie explique notamment comment il écrit ses arrangements 
au piano et avec un ordinateur –il en a alors 250 à disposition, dont une partie de Paul Vernon– on observe l’exigence et la méticulosité du chef d’orchestre, qui à 95 ans circule encore quotidiennement à scooter!

 

Si ces dernières années les concerts deviennent exceptionnels, les répétitions se poursuivent, comme un rituel immuable, un lundi sur deux, depuis 1974 à Clamart, dans la maison du batteur Albert Glowinski. Claude Abadie tient à ce que tous les membres de l’orchestre soient présents sinon il reporte la séance, et il se charge d’apporter lui-même les partitions de chacun, qu'il apprend par cœur depuis que sa vue ne lui permet plus de lire la musique, classées dans l’ordre. Il en a été ainsi jusqu’à ses 100 ans, avec ce concert anniversaire, le 19 janvier 2020, ce dernier grand bonheur selon son expression. Claude Abadie participe ensuite à une ultime répétition, début février 2020, et le lendemain annonce par email à ses musiciens stupéfaits qu’il arrête la musique, rattrapé par l’âge, la fatigue. Il prend cependant encore la peine, dans un second email, de leur indiquer le morceau, «Blue Monk», qu’il souhaite les voir travailler, en sa mémoire.


  

 

Claude Abadie et son Tentette, Jazz à Vian, Ville-d'Avray, 19 janvier 2020 © Alexandra Green
Claude Abadie et son Tentette, Jazz à Vian, Ville-d'Avray, 19 janvier 2020 © Alexandra Green


Arrivé au bout de son chemin, Claude Abadie a quitté la vie, simplement, tranquillement, avec cette puissante volonté qui a guidé sa vie et ses actes: un éternel amateur de jazz professionnel jusqu’au bout des ongles.

Jazz Hot adresse ses pensées les plus attendries à sa famille, son épouse, Laurent Coste et à ses proches, ainsi qu’aux musiciens de son Tentette qui ont partagé avec lui ce qui était essentiel à ses yeux: l’amour de la musique et le jazz.

rôme Partage
avec nos remerciements à Laurent Coste et Luc Triquet

Photos: Alexandra Green, Jérôme Partage
Archives Famille Abadie, by courtesy of Laurent Coste que nous remercions




78T 1945-1946. Claude Abadie et son orchestre, Swing 212


1. Interview de Claude Abadie,
Jazz Hot n°661, automne 2012.

2. Il n’y croise pas encore Boris Vian qui pourtant fréquente aussi le pavillon Chaptal, au moins depuis décembre 1940 (voir chronique du livre Anatomie du Bison par Christelle Gonzalo et François Roulmann, Jazz Hot n°685, 2018).

3. Interview de Claude Abadie, Jazz Hot n°315, avril 1975.

4. Interview de Claude Abadie, Supplément Internet Jazz Hot n°566, décembre 1999-janvier 2000.

5. Claude Léon signera en octobre 1959, dans Jazz Hot, un article en hommage à Boris Vian (n°147).

6. Eric Luter nous a également confié une anecdote illustrant l’amitié entre Claude Luter et Boris Vian: «Mon père était également très copain avec Boris Vian qui l’a hébergé, dans l’appartement qu’il partageait avec Michèle rue du Faubourg Poissonnière, au printemps 1944 et jusqu’à la Libération, alors qu’il s’était enfui des chantiers de bûcheronnage pour revenir à Paris et échapper au Service du Travail Obligatoire.» 
7. Véronique et Brigitte, les filles de Paul Vernon, nous ont rapporté la façon dont Boris avait annoncé le choix de son pseudonyme (utilisé la première fois pour la parution de
J’irai cracher sur vos tombes, 1946) à son camarade: «Un jour, Boris a prévenu mon père qu’il allait écrire un bouquin «dégueulasse» et le signer de son nom. Mon père l’a pris comme une boutade et n’en est pas revenu quand le livre est sorti.»

8. Jazz Hot n°661, automne 2012.

9. Cette session réunit: Claude Abadie (cl), Boris Vian (tp), Raymond Janet (tb), Hubert Fol (as), Teymour Nawab (bjo), Paul Vernon (g), Raymond Fol (p), Alexis Bret (b) et Claude Léon (dm). 

10. L’article intitulé «Le tournois de Bruxelles: Le succès de l’orchestre français Abadie», non signé, est vraisemblablement de la main de Charles Delaunay qui était sur place.

11. L’orchestre est composé de Claude Abadie (cl), Boris Vian (tp), Raymond Janet (tb), Hubert Fol (as), Roger Karakossian (prob. g), Raymond Fol (p), Alexis Bret (b) et Claude Léon (dm). 

12. Le personnel est identique à la précédente session du 5 juillet 1945, hormis l’absence de Teymour Nawab.

13. Interview de Claude Abadie, Jazz Hot n°315, avril 1975. Dans l’interview parue en 2012 (n°661), Claude Abadie affirme qu’Henri Fouchet a gagné le tournois amateurs de 1939. La date exacte est vraisemblablement 1941, comme il le dit dans Jazz Hot n°315, car le compte-rendu du tournoi de mars 1939 (Jazz Hot n°31), au demeurant très sévère sur le niveau des orchestres concourant (qui aurait chuté depuis 1937), ne mentionne pas Henri Fouchet. 

14. Précisons que si Claude Abadie aimait à rappeler que Paul Vernon était un «excellent ténor et arrangeur», ce dernier avait eu en 1949 les honneurs de la rubrique «Le coin des musiciens» dans Jazz Hot n°31.

15. Personnel du Tentette: Claude Abadie (cl, dir, arr), Francis Behr, Claude Milcent (tp), Sylvain Bourgenot (tb), Claude Garnier (as), Paul Vernon (ts, arr), François Gallet (bar, fl), Claude Carrière (p), Jean-Louis Bisson (b), Albert Glowinski (dm).



CLAUDE ABADIE et JAZZ HOTn°315-1975, Sup. Internet n°599-1999-2000, n°661-2012


DISCOGRAPHIE

Leader


avec Boris Vian

LP/CD  1943-45. Enregistrements privés repris sur Blues pour Boris, Epic 24272/Runa Musique 860143 (CD, plus complet)

78t 1945-46. Claude Abadie et son orchestre, Swing 212 (5/07/45 & 28/02/46)

78t 1946. Claude Abadie et son orchestre, Swing (6/11/46, inédit)

Ces sessions sont disponibles sur diverses compilations CD.

 

LP 1943/1945. Blues pour Boris, Epic 2427LP 1943/1945. Blues pour Boris, Epic 2427
LP Blues pour Boris (Epic 24272). Au verso, photo de l'Orchestre Abadie: Hubert Fol (as), Raymond Janet (tb) Claude Abadie (cl),
Boris Vian (tp), Roger Karakossian (prob. g), Raymond Fol (p), Claude Léon (dm), Alexis Bret (b). Au recto, photo du tournois
des amateurs de février 1946, remporté par le «Pr. Dupiton et ses joyeuses mandolines
» affublés de leurs fausses barbes.



avec le Tentette

CD 1969-78. Le Tentette de Claude Abadie, Inédits, volume 1. 1969 à 1978, Autoproduit

CD 1981-86. Le Tentette de Claude Abadie, Inédits, volume 2. 1981 à 1986, Autoproduit

CD 1987-96. Le Tentette de Claude Abadie, Inédits, volume 3. 1987 à 1996, Autoproduit

CD 1994. Le Tentette de Claude Abadie, Vivement le 15 novembre!, Autoproduit

CD 1997-2010. Le Tentette de Claude Abadie, Inédits, volume 4. 1997 à 2010, Autoproduit

CD 2016. Le Tentette de Claude Abadie, Inédits, volume 5. 2016, Autoproduit



VIDEOS


1946. Claude Abadie et son Orchestre, «Tin Roof Blues», enregistrement Swing 212

Claude Abadie (cl), Boris Vian (tp), Raymond Janet (tb), Hubert Fol (as), Roger Karakossian (prob. g), Raymond Fol (p), Alexis Bret (b) et Claude Léon (dm)

https://www.youtube.com/watch?v=aFTSFoLBK0U

 

2010. Tentette de Claude Abadie, «Dinah» Petit Journal Montparnasse

https://www.youtube.com/watch?v=Ck6pYXsOECo

 

2015. Très bonne série documentaire Qui va la de Luc Triquet, avec Claude Abadie:

Partie 1. La découverte de la musique

https://www.youtube.com/watch?v=lkml2Mgnwjk

Partie 2. Les premiers orchestres

https://www.youtube.com/watch?v=ZIzkDaT6CL8

Partie 3. Le travail d’arrangeur

https://www.youtube.com/watch?v=GHKCTJKjeXI

Partie 4. A fond les passions

https://www.youtube.com/watch?v=bI_1R5LrhW4

 

2020. Concert des 100 ans de Claude Abadie au festival Jazz à Vian (Ville-d’Avray, 92)

Tentette de Claude Abadie: Claude Abadie (cl, dir, arr), Jean-François Higounet (tp, flh), Fernand Polier (tp), Jean-Marc Farinone (tb), Yves Autret (as), Bernard Bosset (ts), Jean-Philippe Winter (bar), Luc Triquet (p), Jean-Louis Bisson (b), Albert Glowinski (dm)

https://www.youtube.com/watch?v=lVVZlvo1QYs


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