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CDs INFOS

Le jazz dans toutes ses dimensions : en complément de nos chroniques de disques détaillées, l'essentiel sur une production discographique très éclectique qui relève parfois du jazz, parfois un peu moins ou pas du tout……

© Jazz Hot n°680, été 2017




Nouveauté
Mina Agossi
UrbAfrika
Jazz Family 016 (Socadisc)

Après avoir chanté avec Archie Shepp et Ahmad Jamal, Mina Agossi se tourne vers ses racines béninoises et, pour ce faire, s’allie au batteur-chanteur Jean Adagbenon, vedette au Bénin, et au joueur de tambour KA guadeloupéen Laurent Succab, plus quelques autres musiciens et invités plus près du jazz. Tous les thèmes sont de la chanteuse avec des paroles en français ou en anglais. Elle possède une voix chaude de contralto, charmeuse, avec une belle diction. Elle chante sobrement, avec force et conviction et un feeling très prenant. Elle a parfois des brisures, des inflexions à la Billie Holiday, comme sur «Another Life» prise sur tempo lent et des nappes de synthé. C’est le pianiste Thibaut Lemoine qui amène essentiellement la touche jazz dans ses solos au piano électrique comme sur «Fille de la terre». Les percussionnistes Paco Séry et Sanza apportent leurs emportements rythmiques sur trois morceaux: «Si bien», «Otto Dagbe», «UrbAfrika»; ils déménagent, comme à leur habitude. Mina Agossi chante en béninois avec Jean Adagbenon sur «Azosse» sur un fond percussion métallique; un beau moment africain. C’est donc une plongée belle et chaleureuse, effectuée avec ferveur par Mina Agossi, dans cette musique peu connue chez nous. Serge Baudot


Nouveauté
Pierre Bertrand
Joy
Cristal Records 3149028089523 (Harmonia Mundi)

Dans une sorte de suite en dix titres, le saxophoniste Pierre Bertrand (ss, as, ts) voyage dans une traversée d’un jazz métissé de sonorités latines (Argentine, Espagne). Toutes les compositions sont des originaux et permettent au leader de parfaitement s’exprimer sur tous les registres de ses instruments. La richesse de cet album vient aussi de l’excellent accompagnement de ses amis Minino Garay (dm, perc), Jérome Regard (b), Alfio Origlio et Jean-Yves Jung (p) et Xavier Sanchez (cajon) mais aussi des solistes invités, tel les guitaristes Sylvain Luc et Louis Winsberg. Beau mariage pour un album à la production soignée et au livret très chic. Par moment, Pierre Bertrand nous rappelle Nivaldo Ornelas ou Mauro Senise, saxophonistes brésiliens qui ont œuvré auprès d’Egberto Gismonti et de Milton Nascimento. Ne pas oublier les voix féminines qui telles des chœurs antiques, rehaussent et colorent les ambiances. Michel Antonelli


Nouveauté
Marc Boutillot Quartet
Lumière sur la Nuit
Classiquez ! (UVM distribution)

Compositeur, comédien et professeur à l’école de jazz ARPEJ, le clarinettiste Marc Boutillot interprète les thèmes qu’il a composé pour le film éponyme de son album. Heureux mariage de la clarinette (souvent basse) et de la guitare (Leonida Fava) soutenu par une rythmique de qualité, cet album nous entraîne dans la nuit qui se présente comme une «dame parfois mystérieuse, nostalgique, planante, souvent amoureuse». Michel Antonelli


Nouveauté
Brazzamerica
Brazzamerica
Autoproduit (www.brazzamerica.com)

Trois musiciens brésiliens, Leco Reis (b), Cidinho Teixeira (p), Edson Ferreira (dm) installés à New York, nous proposent leur version jazz de thèmes venus de leur terre natale qu'ils nous fredonnent à l’oreille. Un album agréable mais sans véritable originalité. On notera quand même la qualité musicale de chacun des musiciens. Michel Antonelli


Nouveauté
Juri Dal Dan & Clara Rivieri Octet
In the Still of the Night
ArteSueno 138 (www.artesuono.it)

Nouveauté

Juri Dal Dan Trio / Francesco Bearzatti
Josef
Artesuono 140 (www.artesuono.it)

Ce premier CD de Juri Dal Dan (p) commence comme une virile rumba cubaine, mais on plonge vite dans l'univers asphyxiant des musiques de "variétés" voire de bal musette d'un autre âge... Les nappes de violons n'y peuvent mais, bien au contraire, entraînent par le fond toute velléité de reprendre un peu d'air, même lorsqu'il s'agit d'un standard de Gershwin ou de Cole Porter. Le second CD, en trio, dépouillé des violons sirupeux et agrémenté de la présence du très expressif Francesco Bearzatti (ts), est heureusement d'un tout autre calibre. Le toucher et le phrasé délicats du pianiste font sens, suivis comme une ombre par une contrebasse efficace et une batterie subtile. Daniel Chauvet


Nouveauté
Alban Darche
L'Horloge
Cristal Records 223 (Harmonia Mundi)

Doit-on parler de jazz ou de «musique de chambre» contemporaine quand un trio de jazz d'"avant-garde" (ts/p/b) s'associe à un quatuor à cordes? Musique savante, très écrite, expérimentale certes, mais pas franchement jubilatoire et qui, après une écoute attentive laisse, pour le moins, perplexe. Daniel Chauvet


Nouveauté
Simon Denizart Trio
Between Two Worlds
Autoproduit (www.simondenizart.com)

Natif de Créteil, le jeune pianiste Simon Denizart a choisi le Canada pour faire carrière. Soutenu par Jeanne Corpataux (b) et Simon Bellemare (dm), il nous livre ce premier opus sorti fin 2015. Compositions originales pour un groupe d’une grande finesse. Révélation Jazz 2016-2017 par Radio-Canada, le trio a sorti son deuxième disque, Beautiful People, à la fin de l’été 2016. A suivre avec intérêt. Michel Antonelli


Nouveauté
Guylain Deppe
Two Faces. Songs and Unsongs
Cristal Records 251 (Harmonia Mundi)

Le pianiste Guylain Deppe (Palle Danielson, Marc Ducret, Christian Vander, Stéphane Belmondo, Phil Abraham, Denis Leloup,...) reste peu connu du grand public. Pourtant, son parcours est jalonné de moments forts, dont le trio avec Humair et Jenny-Clarck, de nombreux concerts, notamment en solo (festivals films muets); il est aussi, depuis 2003, le directeur artistique du festival Touches de Jazz (Beynes, 78). Adoubé par Martial Solal et salué par Richie Beirach (qui signe le livret), il nous livre avec Two Faces les multiples horizons de son nouveau trio formé avec Marc-Michel Le Bevillon (b) et Stéphane Huchard (dm). Tel un Janus, ces deux faces ouvrent les portes et les passages du jazz, du passé vers le futur, en quatorze compositions personnelles, pour un album fort agréable et qui s’écoute d’un seul trait. Michel Antonelli


Nouveauté
Der Weise Panda
MAM
Double Moon Record 71171 (Socadisc)

Mené par la chanteuse et compositrice, Maïka Küster, ce premier album du quartet allemand, Le Sage Panda (en version française), propose, comme son nom le suggère, une musique assez calme. Une série de compositions originales, en anglais et allemand, qui bien qu’agréable tombent dans la monotonie. Michel Antonelli


Nouveauté
Nicolas Folmer
& The Horny Tonky Experience
Cristal Records 247 (Harmonia Mundi)

Ambiance Funky et jazz fusion pour ce nouveau groupe du trompettiste Nicolas Folmer, lequel emprunte toutes les formes de ces genres. Sept titres originaux servis par deux fois (versions longue et courte) Bien fait, mais rien de nouveau; on notera la dextérité du leader solidement soutenus par des musiciens plus qu’aguerris, en particulier Olivier Louvel (g) aux solos ravageurs. Les concerts doivent être décapants. Michel Antonelli


Réédition
Jazz Guitar
Cristal Records 109.10 (Harmonia Mundi)

Cristal Records a ainsi réuni les "as" de la guitare jazz des années 40 avec les nouveaux maîtres de l’instrument, quasiment tous made in France. Le premier CD remonte à Django Reinhardt avant de passer à Al Casey, Floyd Smith et Charlie Christian. Une très belle façon de mentionner ces musiciens comme des incontournables de la sphère jazz et plus particulièrement Christian. A partir de Billy Bauer, on passe à l’Après-guerre. Le jeu des musiciens se fait plus soyeux. C’est le tour de Jimmy Raney ou de Herb Ellis et son jeu tout en blues («Blues for Junior»). Puis, on atteint le summum avec «Like Someone in Love» joué par Tal Farlow. Assisté de Vinnie Burke (b) et Eddie Costa (p), l’Octopus montre son savoir faire sur l’instrument. Après l’exposition du thème il s’aventure dans des contrées où il aime à se perdre en compagnie de ses partenaires. Un pur régal! La suite est du même calibre avec des incontournables de la six cordes allant de Mundell Love à Jim Hall en passant par l’expression savoureuse de René Thomas («How Long Has this Been Goin’ On»), celle toujours aussi ouatée de Kenny Burrell («I Never Knew») et bien sûr Maître Wes («Come Rain or Come Shine»). Mention spéciale aussi pour Sacha Distel présent sur cette compilation avec «N°1 for Sacha». Le second disque ouvre sur les contrées hexagonales avec les fils de Django: Sébastien Giniaux («My Serenade») et David Reinhardt («Thème for Emmanuel») dans un format organ trio. Le jazz fusion ou contemporain se mélangent au gré des plages. La marque de Pat Metheny se fait entendre avec Ulf Wakenius et Dominique Fillon («Sur la terre étrangère»), pour de beaux échanges entre deux esthètes de la note bleue. Le thème de Sébastien Texier (as, cl, acl) accompagné de Pierre Durand (g), renvoie pour sa part à Jan Garbarek («Freamers»). Les sonorités plus actuelles s’affirment et n’hésitent pas à montrer une autre facette de l’instrument avec Serge Lazarevitch («Evidence») ou Gilles Rennes («Quand le chacal dort»). Notons aussi la présence de Carles GR qui se rapproche le plus du premier CD dans son expression. Il revient à Jeff Homan, en compagnie de Philippe Combelle (dm) et Philippe Petit (org), de confirmer le tout par un thème de Brother Jack Mc Duff («Hot Barbecue»). Un disque que les modernes et les traditionnels de la guitare jazz peuvent se procurer sans risque d’être déçus. Michel Maestracci


Nouveauté
Yaron Herman
Y
Blue Note 062557372618 (Universal)

Depuis ses débuts, le pianiste Yaron Herman nous a livré des albums toujours très intéressants. Ici, il a choisi une nouvelle voie marquée par l’électronique et le chant. Ses aficionados risquent d’être surpris mais l’artiste est libre de ses aventures qui semblent ici bien s’éloigner du jazz pour un monde plus pop ou plus variété détonante. Y comme Yaron pour son second opus signé chez Blue Note. On retrouve son complice Ziv Ravitz à la batterie et en alter ego le bassiste/claviériste Bastien Burger, les trois étant crédités en tant que producteurs et au traitement du son. Cet album très élaboré est aussi inspiré par les chanteurs invités qui apportent leur timbre particulier à un concept original: Matthieu Chedid alias M, Dream Koala et Hugh Coltman en sont les serviteurs et inspirateurs. Il est évident que le pianiste emprunte pour cet épisode une voie qui peut déplaire aux amateurs mais miracle de la Toile on peut en écouter des extraits pour s’en faire soi-même son opinion. Michel Antonelli


Nouveauté
Daniel Karlsson Trio
All the Feel Free Falafel
Brus & Knaster 036 (www.brusoknaster.se)

Pianiste suédois, Daniel Karlsson, la quarantaine, mélange allégrement piano acoustique et nappe de melotron, roland, etc., pour un jazz hybride. Il rappelle par moments Joe Zawinul et à d’autres Egberto Gismonti, bien-sûr au clavier électrique. Si le nom de l’album évoque la cuisine libanaise, un seul titre, «The Daily Döner», se veut un peu orientaliste. Michel Antonelli


Nouveauté
Peedu Kass
Peedu Kass Momentum
PMM 010 (peedukass.com)

Peedu Kass est l’un des représentants de la jeune génération des jazzmen d’Estonie. A ses côtés, on peut remarquer ses compères habituels, Kristjan Randalu (p) et Toomans Rull (dm). Contrebassiste fort reconnu dans les pays Baltes, il a effectué en novembre 2016 sa première tournée en France. Ce trio interprète presque exclusivement ses compositions à l’exception, dans cet album, d’une version de «Countdown» de John Coltrane. A découvrir. Michel Antonelli


Nouveauté
Petros Klampanis
Minor Dispute
Cristal Records 234 (Harmonia Mundi)

Né en Grèce en 1981, mais établi à New York, Petros Klampanis chante, joue du piano et, magnifiquement, de la contrebasse. Il est l'auteur de presque tous les thèmes (mis à part un morceau du prodigieux guitariste israélien Gilad Hekselman , un de Tom Jobim et un air traditionnel grec). S'il signe tous les arrangements, il a toutefois fait appel à quelques renforts de qualité, dont le précieux pianiste Jean-Michel Pilc pour quatre des sept plages. Compositions brillantes, ponctuées discrètement par les cordes, belles harmonies et moments d'improvisations bourrés d'énergie. Une musique originale et "planante" sans être lénifiante, qui s'écoute avec plaisir. Daniel Chauvet


Nouveauté
Axel Kühn Trio
Zeitgeist
Double Moon Records 71173 (Socadisc)

Un piano répétant à l'infini d'insipides ritournelles ou des suites pentatoniques mille fois entendues, une contrebasse qui martèle les fondamentales avec un son de gros porteur et une batterie aussi souple qu'un engin agricole... Il paraît qu'il y a un public pour les "héritiers" du trio E.S.T... Daniel Chauvet


Nouveauté
Didier Labbé Quartet
O grito do passarinho

Klarthe 010 (Harmonia Mundi)

Didier Labbé (s, fl) aime s’immerger dans l’univers de musiciens du monde, après les Balkans, après un vibrant hommage à l’Afrique du Sud à travers l’univers d’Abdullah Ibrahim (Dollar Brand), il rejoint ici les rives du continent d’Hermeto Pascoal. Ce projet est un retour aux sources, à la source infinie de la musique brésilienne. Didier Labbé a travaillé en 1992 avec Hermeto Pascoal à Rio et avait a pu inviter le maître à venir en France. C’est ainsi qu’en 1993, la Compagnie Messieurs Mesdames (formation de douze musiciens) avait monté un programme entièrement écrit par Hermeto Pascoal. Dans cet album où neuf titres sont signés par les musiciens et les trois derniers sont des reprises du génial compositeur, les occitans ont pris un sérieux rendez-vous avec le nordestin Pascoal. L’orchestration particulière avec accordéon et tuba donne une teinte originale et les solos de chacun jaillissent de la palette de ses coloristes. Les titres, tel des clins d’œil, par leur mise en place et leur forme musicale, empruntent les routes de l’albinos, entre le Brésil et le jazz. Il ne faut pas oublier qu’Hermeto a joué avec Miles Davis. Les instruments aussi, sax, accordéon et tuba, ont fait partis de la panoplie du pianiste improvisateur qui avait son Grupo a illuminé la nuit brésilienne. La version de Bebe est particulièrement réussie et les disciples ont rejoint le guide. Michel Antonelli


Nouveauté
Lillabox
Faidherbe Street

Comme le précise la présentation du groupe, il s’agit d’un style «world» contemporain, qui se situe aux confins des sonorités jazz, rock ou encore arabo-andalouses. Ce quatuor, où la guitare acoustique (Alexandre Hetzel) se marie au violoncelle (Mathieu Deraniot), ne manque pas d’intérêt. Il ravira sans aucun doute les amateurs de ces variantes musicales. Michel Antonelli


Nouveauté
Stephanie Lottermoser
Paris Song Book
Downhill Records 084 (www.stephanielottermoser.com)

A l'issue d'un stage de six mois à Paris, cette jeune allemande, plus convaincante comme saxophoniste que comme chanteuse, a décidé de publier les «souvenirs» de son séjour sous forme de CD. Il en ressort un patchwork de thèmes énergiques et séduisants façon «funky/boogaloo», de chansons pop plutôt quelconques, voire de rengaines sans grand relief et réminiscences de musique folk (revisitées à Nashville) un peu fades. Dommage, elle a un très joli son de sax ténor, un bon sens du tempo et un drive d'enfer... A l'occasion, notons que Torsten Goods, l'un de ses guitaristes, digne et très brillant émule de George Benson mériterait d'être plus présent que sur les seules deux plages où il propulse le groupe vers de hauts sommets. Daniel Chauvet


Nouveauté
Maria Mendes
Innocentia
Sena MMCD001 (Harmonia Mundi)

Si Maria Mendes, chanteuse venue du Portugal, n’amène pas la Révolution, elle nous livre un ouvrage bien fait revisitant des grands titres de compositeurs, brésiliens (Hermeto Pascoal, Radames Gnatalli, H. Villa Lobos, Jobim-Moraes), anglophones (Charlie Chaplin, Sting, Metheny) et même notre Michel Legrand national. Elle signe de sa plume deux belles ballades «Innocentia» et «Inverso» qui font de cet album un ouvrage plus que correct. On peut apprécier les interventions subtiles d’Anat Cohen (cl), le tout servi par un quartet hollandais. Michel Antonelli


Nouveauté
Orchestra Nazionale della Luna
Orchestra Nazionale della Luna

Jazz Avatars 001 (www.manuel-hermia.com)

Comme le dit leur communiqué, l’Orchestra Nazionale della Luna est devenu l’un des plus importants orchestres de la lune, faut dire que la concurrence n’est pas rude. Ce quartet européen, que l’on pourrait croire italien, réunit sous la houlette du Belge Manuel Hermia (s, fl, bansuri) et du Finlandais Kari Ikonen (p, moog), un groupe au propos original qui marie les influences nordiques, jazz et l’improvisation. L’excellent contrebassiste français, Sébastien Boisseau et le batteur belge Teun Verbruggen, complètent cette formation qui nous offre des compositions originales signées des deux leaders. Le groupe navigue parfois vers des horizons orientaux, notamment indiens, soulignés par la flûte de Manu Hermia, grand voyageur et homme de rencontres quant à Kari Ikonen, maître du piano et du moog, il nous rappelle les diversités des touches de ses claviers. Michel Antonelli


Nouveauté
Ivan Paduart / Quentin Dujardin
Catharsis
Mons Records 874595 (www.monsrecords.de)

Belle carte de visite pour le pianiste belge, Ivan Paduart, sollicité par Richard Galliano, Tom Harrell, Philip Catherine, Claude Nougaro, Bob Malach, Peter King… et qui retrouve ici son compatriote, Quentin Dujardin (g), avec lequel il a joué auprès de Toots Thielemans, Richard Bona. Cet élégant album, gravé sur les terres de Wallonie, présente exclusivement leurs compositions. La distribution est de prestige et met en valeur la justesse et la clarté du propos des leaders. Juste répartition entre le piano et la guitare, nulle récupération individuelle, une codirection parfaitement maîtrisée. L’ambiance générale est la quiétude, nulle excitation mais de belles balades dans un voyage qui frôle parfois les côtes et l’intérieur du Brésil (on pense à Beto Guedes, Wagner Tiso, Pat Metheny, une virée du côté du Minas Gerais) mais aussi le coin du feu d’une chaumière dans la verte mais pluvieuse Belgique. En soliste d’honneur on ne peut qu’apprécier le son de la trompette de Bert Joris Délivrance», «Human Being»), l’harmonica chromatique d’Olivier Ker Ourio («Retrouvailles») et la belle voix de Richard Bona (dans la droite ligne de Milton Nascimento) sur «Catharsis». Un album sans aspérité qui convient notamment aux cordes nylon caressées par Quentin Dujardin. Michel Antonelli


Nouveauté
David Restivio
The Waves

Modica Music 15 (https://davidrestivo.bandcamp.com)

Pianiste de Toronto, David Restivio est à l’image de beaucoup de ses compatriotes qui peinent à se faire connaître de ce côté de l’Atlantique, tandis que la scène étasunienne leur est fermée. Vainqueur par trois fois des Grammy Awards canadiens, il a notamment accompagné le célèbre chanteur Mel Tormé. Nous l’avions rencontré lors du Festival de Bucarest (septembre 2016) où il jouait avec le guitariste Dan Ionescu. Il signe la totalité des compositions écrites pour son quintet ou chacun s’exprime à souhait, on citera la justesse et la clarté du trompettiste Alexander Brown sur Honey Harbour ou encore le saxophoniste Kelly Jefferson. Aussi à l’aise au piano qu’au Fender Rhodes, David Restivio, signe un album (autoproduit) qui pourrait le propulser sur les scènes européennes, pourvu qu’il parvienne à enjamber les obstacles économiques et structurels. Michel Antonelli


Nouveauté
Royal Stockholm Philharmonic Orchestra
E.S.T. Symphony
ACT 9034-2 (Harmonia Mundi) 

Le trio E.S.T., qui a occupé le devant de la scène jazz européenne pendant quinze ans, reste une référence pour de nombreux jeunes musiciens. Après la disparition tragique de son leader, le pianiste Esbjörn Swensson (1964-2008) lors d’une plongée sous-marine, ses deux compagnons sont restés comme orphelins. Dan Berglund (b) et Magnus Öström (dm) ont aujourd'hui décidé de prolonger l'existence d'E.S.T. en collaboration avec Hans K, chef d’orchestre du  Royal Stockholm Philarmonic Orchestra, qui signe la quasi-totalité des arrangements. L’ensemble voyage entre pop orchestrale, rock psychédélique à la Pink Floyd et traitement classique, avec des intervalles très jazz. Marius Neset (ts) et Iiro Rantala (p), sont les premiers orfèvres de cet hommage, basé sur le répertoire original du trio, qui est déroulé comme une longue suite. Michel Antonelli


Nouveauté
Julien Vinçonneau Quartet
A Close Land and People
Autoproduit (jvqbooking@gmail.com)

Ce jeune guitariste s’est forgé au rock (notamment en Irlande) puis a suivi un cursus jazz à Nantes. Pour ce premier album, il propose son univers musical, à cheval entre deux rives, en remontant les méandres de l’improvisation et en évitant les obstacles. Un parcours initiatique pour un équipage solide renforcé par des invités de marque: Leila Martial (voc), Nelson Veras (g), Geoffroy Tamisier (tp). Le titre éponyme de l’album laisse promettre un bel horizon. Michel Antonelli


Nouveauté
Charlie Watts
Meets The Danish Radio Big Band
Impulse! 0602557244779 (Universal)

Dans la famille Rolling Stones on connaissait, le bassiste Bill Wyman pour son amour du jazz et pour ses participations à différents big band et au groupe de Ronnie Scott. Désormais, on sait que Charlie Watts (dm) aime aussi le jazz et le Danemark où il vécut au début des années 60 avec les Stones. En attendant le succès, il jouait aussi dans les clubs de jazz et de blues. Grace aux retrouvailles d’un ancien ami danois qui collabore avec The Danish Radio Big Band, il est décidé qu’il vienne enregistré à Copenhague lors d’un grand concert. Une semaine de répétition, un concert complet et une bande enregistrée qui en restitue les grands moments. Les puristes oublieront l’image rock’n'roll du musicien pour se plonger dans un véritable album de big band de jazz. Nulle supercherie ici, le batteur assume son rôle discrètement et s’intègre à l’orchestre. Le répertoire rend hommage à Elvin Jones (une suite en deux parties), évoque «Satisfaction», «Paint in Black», «You Can’t Always Get What You Want», signés par Jagger et Richards et nous livre des titres aux arrangements soignés où s’illustrent plusieurs bons solistes. Michel Antonelli


Nouveauté
David Wise
Till They Lay Me Down
Autoproduit (www.davidgwise.com)

David Wise, saxophoniste ténor et baryton, signe ici son premier album. Ancien élève de Gary Bartz, sa carrière l’a amené à côtoyer Lewis Nash, Nicolas Payton ou encore Marcus Belgrave, mais sa notoriété reste surtout connue sur la côte ouest américaine. Pour cette autoproduction, il est accompagné de musiciens de bonne qualité mais dont la notoriété reste fort limitée: on retiendra le guitariste Bruce Forman (présent sur le dernier album de Ray Brown et salué par Kenny Burrel) qui apparaît au premier rang à côté du leader. Cet album de forme très traditionnelle nous délivre un jazz moderne et classique qui permet d’apprécier un musicien solide qui lorgne parfois vers la variété chantée. La plupart de ses compositions sont des ballades, à remarquer le traditionnel «Kol Nidre» interprété en solo au baryton. Michel Antonelli


© Jazz Hot n°679, printemps 2017

Nouveauté
EYM Trio
Khamsin
Kollision Prod BM520PZ2907 (L’Autre Distribution)

A vrai dire, EYM Trio n’est pas un jeune groupe car il tourne en Europe depuis plus de cinq ans et ce nouvel album est le résultat de cette déjà longue pratique et des rencontres musicales. «Khamsin», c’est un vent chaud et d’Afrique du Nord. Violent, poussiéreux, il emporte sable et feuilles sur son passage et coupe le souffle à quiconque croise son chemin». Le pianiste, Elie Dufour, signe la quasi-totalité de l’album mais c’est dans un esprit communautaire qu’il a été élaboré. Les horizons du jazz sont envahis par des musiques traditionnelles qui flirtent avec l’Orient, notamment avec Mohamed Abozekry ou les Carpates avec Marian Badoï et ouvrent leur style à des courants multiples. Ecumant les petites scènes et les festivals, récompensé par de nombreux prix à des concours, le EYM Trio est sans aucun doute un des groupes français à tourner le plus. Vous le croiserez sans doute en concert pour un moment intense, seul petit regret pourquoi faire aujourd’hui, comme tant d’autres d’ailleurs, des albums si longs. Michel Antonelli


Nouveauté
Hyper/Amir ElSaffar
Saadif
Nusica.Org O9 (www.nusica.org)

Après les envolées quart de ton du trompettiste franco-libanais Ibrahim Maalouf voici un rival sérieux en la personne de l’Américano-irakien Amir ElSaffar, lui aussi puisant son inspiration dans les musiques orientales; phénomène à la mode. En outre il a joué sous la direction de Pierre Boulez, Rostropovitch et Daniel Barenboïm. Il travaille sur les musiques anciennes ottomanes et arabes. Il se frotte aussi au jazz, ayant travaillé avec Don Byron, Cecil Taylor, Marc Ribot. C’est un trompettiste à la sonorité traditionnelle jazz, chaude et cuivrée, un phrasé parfait de clarté avec des notes bien détachées et des attaques au diamant. Le voici en compagnie de trois musiciens italiens, qui eux aussi sont friands de recherches et d’autres musiques. Le saxophoniste Nicola Fazzini (as,ss) est le plus connu du groupe grâce à son XY Quartet Alessandro Fedrigo est un spécialiste de la guitare basse acoustique et il est le directeur artistique du label Nusica.org. Luca Colusssi (dm) est lui aussi très éclectique. Il y a de splendides unissons, des solos très prenants, notamment celui de saxophoniste sur «Human Tragedy». Malgré de réelles réussites, la musique se situe cependant au-delà du jazz. Serge Baudot


Nouveauté
Les Amants de Juliette
& Majid Bekkas
Quoi de Neuf Docteur 079 (www.quoideneufdocteur.fr)

Quand les jazzmen se mesurent aux musiciens «traditionnels» du Maghreb, ils prennent le risque de vite s'épuiser face aux percussionnistes imperturbables et soufflants experts en respiration circulaire. Quant aux mystérieux méandres des métriques orientales, difficile d'y trouver des repères... Archie Shepp en a sûrement quelques souvenirs... Les Amants de Juliette (Serge Adam, tp, Benoît Delbecq, p, Philippe Foch, perc) ont semble-t-il réussi à éviter ces écueils en invitant le Marocain Majid Bekkas, maître (maallem) gnawa du oud (le luth oriental, sans frettes) et du guembri (le petit luth à trois cordes des montagnes de l'Atlas). En effet, ces deux instruments n'ignorent pas la valeur des silences et se prêtent aisément à une pratique mesurée (selon notre sens occidental) des rythmes orientaux les plus difficiles d'accès. C'est d'autant plus remarquable, car la musique des Gnawas, qui est avant tout (en dehors de ses représentations touristiques sur la place Jaama El Fna), une musique de transe, aux nombreuses vertus thérapeutiques, a la particularité de résister à toute tentative d'amalgame, y compris avec les musiques des autres confréries présentes au Maroc. Pari gagné pour Les Amants de Juliette qui ont su construire des passerelles interculturelles louables, tout en laissant toute son originalité à la musique des Gnawas. Daniel Chauvet


Nouveauté
Sandro Zerafa

More Ligh
Jazz & People 817001 (Harmonia Mundi)

Né en 1975 à Malte, Sandro Zerafa est installé à Paris depuis une dizaine d’année et poursuit un parcours personnel intéressant. Si la grande notoriété n’est pas encore au rendez-vous, sa carrière n’en demeure pas moins dans un parcours original. Longtemps sideman (15 albums), il signe ici son véritable quatrième album sous son propre nom. Véritable melting pot, son groupe réunit deux musiciens d’origine israélienne, Yonathan Avishaï et Yoni Zelnick, installés eux aussi en France et un batteur venu de Cuba, complété ici sur trois titres par le saxophoniste français David Prez. Cette distribution internationale rejaillit sur le climat de l’album lui donnant sans doute un rayonnement du au partage. Tous les thèmes signés par Sandro Zerafa révèlent une finesse de jeu mis en valeur par chacun des musiciens notamment le pianiste, lui-même leader et compositeur pour son trio. Sandro Zerafa apporte une approche mélodique exigeante dans une certaine douceur, nulle agressivité mais plutôt une caresse qui entraîne l’écoute paisible et attentive d’un répertoire soigné. Sans renier un Wes Montgomery il reste inspiré d’une plus jeune génération, style Peter Bernstein, mais échappe à une intellectualisation un peu répétitive et pénible de nombreux jeunes guitaristes actuels, prodiges mais vite ennuyeux. Les dialogues se croisent et se décroisent dans une harmonie sereine et joyeuse. La rythmique subtile reste discrète mais n’en demeure pas moins essentielle à la couleur musicale de l’album. A souligner les deux belles versions du thème «Blurred Vision». Michel Antonelli


© Jazz Hot n°678, hiver 2016-2017

Nouveauté
Maria Baptist Orchestra
Here & Now
Baptist 3031 (www.mariabaptist.com)


Née à Berlin (Est, à l'époque), la pianiste, arrangeuse et chef d'orchestre Maria Baptist a complété sa formation à New York, notamment aux côtés de Maria Schneider et ne cache pas cette influence déterminante dans ses choix esthétiques. Elle partage désormais sa vie professionnelle entre les deux métropoles. Son big band berlinois, constitué de solistes de grande qualité, donne ici à entendre quelques-unes de ses compositions personnelles. Et c'est tout simplement splendide!
Daniel Chauvet

Nouveauté
Lou Caputo/The Not So Big Band
UH OH!
Jazzcat 47 Records 1825 (http://loucaputo.com)


Le multi-instrumentiste (as, bs, ss, cl, fl) Lou Caputo enregistre avec son Not So Big Band, un ensemble qu’il dirige depuis plusieurs années et dont les membres ont tous des trajectoires riches. On entend l’ensemble fréquemment au Zinc Bar de New York. UH OH! est basé sur les compositions d’incontournables jazzmen (Shorter, Dejohnette, Corea, Dameron, Gordon, Mary-Lou Williams...). Quelques compositions et arrangements sont réalisés par des membres de la formation mais aucun par Lou. L’ensemble propose un jazz très classique avec une section rythmique comportant des percussions latines. Quelques thèmes swinguent bien («Black Nite», «New From Blueport», «Ape & Essence», «Fried Bananas») et les solistes s’illustrent abondamment. Patrick Dalmace


Nouveauté
Sébastien Charlier
Precious Time 2.0
Allen Beats Records 091 (www.alienbeatsrecords.com)

Harmoniciste reconnu pour ses talents d’enseignant et ses multiples méthodes instrumentales, Sébastien Charlier nous livre un album de fusion où l’originalité vient surtout de l’utilisation originale et le traitement du son de l’instrument. Il sonne comme un clavier ou un EWI et déconcerte par la multiplicité des possibilités qu’il invente. Il a réuni une fidèle bande de sérieux musiciens, notamment Nicolas Espinasse (elg), complice de plusieurs albums, et des valeurs sures du jazz-rock tels Dominique di Piazza (elb) et Yoann Schmidt (dm). Le résultat ravira les amateurs d’une fusion proche de la variété par moment, notamment dans les parties chantées. Nicolas Espinasse apparaît comme son alter ego et ses nombreux solos agrémentent cet album dédié notamment à Allan Holdsworth. Michel Antonelli

Nouveauté
Chicago Jazz Philharmonic
Havana Blue
316 Records 08 (www.orbertdavis.com)


Un repérage à Cuba l’année précédente n’a pas vraiment apporté à cet enregistrement la saveur cubaine que l’on serait en droit d’attendre d’un tel projet. Six des sept thèmes de la «Suite» plus «Scraphim» sont composés par le leader Orlando’s Walk Obert Davis (tp). Sans nier la valeur du personnel de l’orchestre, aucun ne semble avoir les connaissances nécessaires sur le plan rythmique en matière de musique cubaine ni dans la manière d’interpréter des Cubains. La percussion n’apporte pas de dynamique et la clave n’est pas toujours en place. Seul «Havana @12» nous sort un peu de la léthargie (tp et perc.), sinon on s’ennuie passablement. Les applaudissements que l’on entend à la fin des live ont plus à voir avec ceux du public d’un grand théâtre à l’issue de la Cinquième de Beethoven qu’après un thème joué au Café Miramar ou à La Zorra y el Cuervo! On espérait se rattraper avec les standards mais «Chega de Saudade» est joué comme le reste, sans saveur. Reste «Manteca». Comme chez le chien de Pavlov, rien que lire le mot fait saliver mais hélas… cela reste bien médiocre. Il est vrai que tout le monde n’est pas Dizzy, ni Chano, ni Mongo
... Patrick Dalmace

Nouveauté
Chick Corea
The Continents
Deutsche Grammophon 477 9952 (Universal)


La prolifique discographie du pianiste Chick Corea appartient surtout au monde du jazz. Mais, il n'a jamais caché son amour de la musique classique . C'est une sorte de fusion à laquelle il se livre pour ces deux CDs. Son quintet y est entouré des 27 musiciens d'un orchestre de chambre dirigé par le célèbre Steven Mercurio (entre autres ancien chef de l'Opéra de Philadelphie) habitué à une mixité, déjà expérimentée en 1999 avec Chick Corea et le London Philharmonic Orchestra. Il est possible de préférer d'autres albums du pianiste, mais, celui-ci, diffusé par un label prestigieux, n'est pas qu'un simple objet de curiosité, notamment grâce à la présence du très brillant Tim Garland (ss, bcl, fl). Daniel Chauvet


Réédition
Manu Dibango
Merci! Thank You! Volume 1
EGT 3332802 (Wagram)


Ce gros coffret contient un petit livret plus intéressant pour les photographies que pour le texte, sommaire. Et l’on ne connaîtra pas le nom du personnel qui accompagne Manu Dibango. L’ensemble de ce Volume 1 plaira aux nostalgiques, pas spécialement aux jazzeux. Les titres du premier CD laissent percer un peu d’africanité avec quelques-uns plus swinguants: «Fogo», «Coco», «Blue on Green» (rien à voir avec «Blue in Green»). Le deuxième disque est consacré aux musiques de films ou documentaires. Quinze extraits de B.O. entre 1975 et 2003, des films essentiellement réalisés par des Africains. Rien qui ressemble à du jazz. Pour le troisième CD, Manu Dibango invite au gospel et au piano solo. On relève des versions – un peu édulcorées – de «Oh Happy Day», «Nobody Knows» pour lesquelles il faut regretter de ne pas connaître les voix féminines. Dibango se défend bien dans un style plus classique que jazz. Et évidemment au saxophone. Les prestations les plus intéressantes à cet instrument s’intitulent «Moussina», «Elie». Le reggae est à l’ordre du jour avec le quatrième disque. Les inconditionnels de Dibango apprécieront. Pour clore le coffret, un cinquième CD propose dix-huit compositions des années soixante-dix. Là non plus rien ne s’approche du jazz. Peut-être dans le Volume 2? Patrick Dalmace


Nouveauté
Andy Emler
Hopen Air
Klarthe Records 011 (Harmonia Mundi)


On retrouve dans cet album un Andy Emler compositeur au service de différents ensembles issus de la musique classique et contemporaine. Il répond avec cet Hopen Air, soit à des commandes soit à des envies de composer pour d’autres formations que ses propres groupes, ici quatre longues compositions. «Ciel de sable», concerto pour piano et orchestre, joué par Yvan Robillard et l’Orchestre Victor Hugo, dirigé par Jean-François Verdier, met en valeur la dextérité du soliste sur des grands envols très classiques de l’orchestre. Avec «Dynamos», l’ensemble de cordes (violoncelles) Nomos empruntent des voies contemporaines qui bien qu’écrites peuvent faire penser à des improvisations plus libres. Autre univers celui des vents du Quatuor Morphing (qui sont en fait cinq) et naviguent sur une mer agitée. Le quatrième et dernier titre «7 for 2» est un long duo pour marimbas-vibraphones et percussions exécutés par Philippe Limoge et Damien Petitjean évoluant dans un contexte plus expérimental. On peut préférer, Andy Emler dans son Mégaoctet ou en trio, surtout en concert, mais sa démarche prouve que ses talents sont multiples. Si cet album peut ne pas ravir des adeptes du jazz il n’en reste pas moins une étape dans la carrière de l’artiste. Michel Antonell
i
Nouveauté
European Union Quartet
The Dark Peak
O.A.P. Records 1101 (www.oaprecords.com)

Très influencé pour la forme par Pat Metheny, l'European Union Quartet pratique un jazz onirique et sensuel. Pas franchement racoleur, il se veut le reflet de la nature tourmentée et quelque peu angoissante du « Peak District », parc national du centre de l'Angleterre, où rôdent, parait-il les fantômes des aviateurs qui s'y sont écrasés... Tout sauf festive, leur musique n'est toutefois pas sans charmes pour peu qu'on veuille bien se laisser aller à la rêverie. Solistes brillants, compositions solides, swing. Troublant. Daniel Chauvet


Nouveauté
Five in Orbit
Tribulus Terrestres
Fresh Sound New Talent 495 (Socadisc)


Bien qu'ils ne se réclament d'aucun style ni d'aucune chapelle, ces «cinq en orbite», dirigés par Ramon Fossati (tb), Olivier Brandily (as, fl) et Laurent Bronner (p), montrent une parenté évidente avec le côté libertaire de la musique de Charlie Mingus. Ils y mêlent d'autres influences, notamment dues à des origines géographiques différentes (le leader est catalan), pour proposer un jazz très original. L'emploi des conques marines à la Steve Turre, la pratique de l'improvisation collective et le recours permanent (et pas seulement sur les illustrations de la pochette) à un humour iconoclaste, y sont pour beaucoup. Doux-amer, mais savoureux. Daniel Chauvet
Nouveauté
Manuel Hermia
Jazz for Kids
Jackal Productions AVA002 (L'Autre Distribution)

Belle initiative du saxophoniste-flutiste qui évangélise nos jolies têtes blondes. L’album est le reflet des prestations live qu’il donne dans les écoles et dans les festivals en France et en Belgique. Nous savons tous que c’est sur scène qu’on peut le mieux convaincre de l’opportunité de donner son cœur au jazz. Quoi de mieux que ces comptines pour faire le pas en avant. Jean-Marie Hacquier


Nouveauté
Nicole Herzog/Don Menza
That’s Life
MGB Jazz 19 (www.musiques-suisses.ch)


Chanteuse suisse, Nicole Herzog vit désormais au Danemark et se produit régulièrement en Suisse, Allemagne et Autriche où une partie de ses musiciens sont très actifs. Cette chanteuse possède une belle voix qu’elle met au service d’un jazz classique ici avec comme invité le saxophoniste américain Don Menza (Maynard Fergusson, Buddy Rich, Elvin Jones, Louis Bellson) qui signe les arrangements. La tonalité générale est celle de la ballade à travers des standards (Blossom Dearie, Ellington, Gershwin…) qui séduira les plus nostalgiques. Les musiciens, vieux briscards de la scène jazz (Johannes Herrlich, tb, Olivier Kent, p, Jesper Lundgaard, b, Bernd Reiler, dm), ont servi auprès de nombreuses vedettes, du Mel Lewis-Thad Jones Orchestra à Billy Cobham…Ils apportent ici leur soutien parfait à ce type de répertoire dont ils connaissent toutes les ficelles et savent en tirer le meilleur parti. Un album non indispensable mais fort agréable. Michel Antonelli


Nouveauté
Sébastien Jarrousse Quartet
Old Fellow
Gaya Music Productions/VDS 016 (Socadisc)

Second album en quartet du saxophoniste Sébastien Jarrousse qui a su s’entourer de très bons musiciens que l’on sait très actifs sur la scène française. Il emprunte à Blake et Mortimer, célèbres héros de BD, l’expression Old Fellow pour signer cet album qui se veut être le témoignage de sa «recherche résolument ancrée dans une musique toujours plus improvisée et contemporaine où rien n’est figé mais en perpétuelle évolution» dixit son livret. Le quartet composé de Pierre-Alain Goualch (p,elp), Mauro Gargano (b), Mathieu Charazenc (dm), avec en invité Magic Malik (fl, voc), sert parfaitement l’univers recherché. On citera volontiers les deux titres qui terminent l’album «The Intruders» et «Espéranzo» qui reflètent bien du climat très serein qui baigne ses compositions où l’utilisation en particulier du soprano survole les thèmes qu’il a peaufinés. Michel Antonelli


Nouveauté
Ingrid and Christine Jensen
Infinitude
Whirlwind Recordings 4694 (www.whirlwindrecordings.com)

Ingrid (tp) et Christine (as,ss) Jensen évoluent dans la sphère du jazz canadien et présentent une carrière internationale qui passe par les clubs américains mais aussi de nombreuses tournées internationales. Elles signent avec Infinitude un album fort personnel aux arrangements bien soignés et improvisations originales qui mettent en valeur leur qualité de solistes. Chacune mène une carrière indépendante mais cet album est l’occasion de confirmer une unité familiale avec Jon Wilkan (dm), mari de la trompettiste, le contrebassiste Fraser Hollinscompagnon de route de longue date, et l’étonnant et original Ben Monder. On comprend à l’écoute que toutes deux travaillent avec des big bands et ont un souci d’exposer clairement et de façon structurer leur thème pour encore mieux y plonger profondément. Huit titres sur dix sont signés par l’une ou l’autre des frangines, complétés par une composition de Kenny Wheeler et une autre de Ben Monder. Dans leur jeunesse elles ont côtoyé Diana Krall dans la petite ville de Nanaimo où elles ont grandi. Et même si Christine a séjourné en France en 2002 et commence à être reconnu, l’univers des sœurs Jensen reste à découvrir. Michel Antonelli
Nouveauté
Martin Kälberer

Morgenland
Fine Music 219-2 (www.glm.de)


Il ne s’agit pas ici de jazz mais d’un des univers du pianiste et multi-instrumentiste Martin Kälberer qui nous offre une sorte de voyage sidéral. Une quête zen vers une musique d’apaisement sans frontière. Il aurait pu basculer vers un fond sonore digne de salon de relaxation mais sa curiosité et son invention nous laisse rêveur. Rien à voir avec le swing ou une musique plus contemporaine d’un Keith Jarret mais d’un profond délassement au-delà des styles et des genres. Puristes s’abstenir, on lorgne plus vers du Pink Floyd ou claviéristes pop qui pénètrent dans une nébuleuse planante. Agréable, et si on aime la variété italienne on peut l’écouter aux côtés de Pippo Polina dans les arènes de Vérone devant neuf mille spectateurs. Michel Antonelli
Nouveauté
Christophe Lampidecchia
Douce Joie
Marianne Mélodie 783934 (www.mariannemelodie.fr)

Dédié à Gus Viseur (1915-1974), l'un des pionniers du jazz à l'accordéon et dont le petit-fils (Pascal Baselli) est d'ailleurs invité à la caisse claire sur un des morceaux, ce CD propose une savoureuse escapade dans le monde un peu oublié, mais toujours vivant, du «jazz-manouche-musette». Salué par Marcel Azzola, grande figure du genre, et pimenté par les percussions du prolifique argentin Minino Garay, l'album présente, à parts égales, des compositions de Gus Viseur, de Christophe Lampidecchia, Christian Escoudé (également invité sur le disque) et Diego Imbert, tous trois experts du genre. Un délice populaire et bon enfant comme un air de fête foraine. Daniel Chauvet


Nouveauté
Kirk MacDonald Orchestra

Family Suite for large ensemble
Addo Records 013 (www.addorecords.com)


Arrangé pour grand orchestre par le tromboniste Terry Promane qui a travaillé, entre autres avec Maria Schneider (qui elle-même a collaboré avec les big bands de Thad Jones-Mel Lewis et de Gil Evans), ce CD,  re-création d'un précédent Family Suite (écrit et enregistré en quartet par  Kirk MacDonald en 2010) affiche clairement ses influences et son esthétique. Dans la droite ligne de ses prestigieux modèles, Terry Promane a écrit des arrangements audacieux et originaux d'une grande modernité que les solistes, tous très brillants, utilisent comme tremplin pour des improvisations de haut vol. Une très belle musique qui témoigne de la vitalité de la scène canadienne en général et de celle de Toronto en particulier. Daniel Chauvet

Nouveauté
Tom McCormick
South Beat
Manatee Records (www.tommccormickmusic.com)


Ce disque, fort sympathique, respecte tant le jazz que les musiques latines. On ne trouve pas de tours de force destinés à faire croire que l’on révolutionne l’une ou l’autre de ces musiques. L’aspect latin est offert par quelques américano-caribéens et les percussionnistes qui dominent bien congas, bongó, güiro et autres percussions mineures. Notons que Tom McCormick (ts, ss, fl) est un compositeur intéressant (six des dix thèmes) et que son «Blue Cha» est excellent. Il offre aussi une belle prestation comme saxo ténor sur «My Foolish Heart» et à la flûte sur «Blue Cha». Patrick Dalmace


Nouveauté
Jean Marie Machado/Didier Ithursarry
Lua

Cantabile 06 (l’Autre Distribution)


Dans un dialogue et une entente parfaite, le Lusophone et le Basque marient leurs touches pour des compositions originales signées de leur plume. Leur complicité date de l’époque du groupe Danzas, dirigé par Jean-Marie Machado, où leur sensibilité a pu se confronter et se rapprocher. Dans ce duel amical, la dualité n’a de cesse, chacun se nourrissant de l’apport de l’autre. Lua, la lune, brille sur leur tête et nul n’est besoin de rappeler leur haute technicité instrumentale car la musique touche directement l’âme. Est-ce la tristesse du fado ou l’évocation de Chopin («Nocturne n°1») qui donne une tonalité très mélancolique à l’album qui dans sa pureté pourrait déconcerter un auditoire pressé. Chaque thème traverse la nuit où resplendit le rayonnement tranquille de l’astre silencieux doucement réveillé par ses humbles prêtres. La totalité des compositions recèle un charme secret et en particulier la superbe interprétation de «Perseguição d’Avelino» de Souza et Carlos da
Maia. Michel Antonelli


Nouveauté
Ray Martínez
Legacy
Tropical Note Production 818495 (www.tropical.com)

Ce disque du bassiste Ray Martínez se situe dans la lignée des conceptions musicales de la diaspora dominicaine et plus largement caribéenne qui s’appuie sur l’héritage cubain et aime à se revendiquer de la musique cubaine et de ses figures historiques Chico O’Farrill, Machito, Mongo Santamaría plus d’ailleurs que d’un Mario Bauzá ou Chano Pozo. Le son est celui que cette communauté latine des Etats-Unis qualifie de «latin jazz». Martínez a travaillé avec Barreto, Puente, Pacheco, Lavoe, Valentín, plus salseros que jazzmen. Les compositions sont de Martínez et aucune n’est exceptionnelle. Ce sont principalement les percussionnistes qui apportent une saveur aux thèmes («Black Legacy» vaut par leur intervention). De même «Romance», auquel on ajoutera l’excellente participation de Dave Valentín (fl) et le solo de Ray
. Patrick Dalmace

Nouveauté
Nicole Mitchell's Ice Crystal
Aquarius
Delmark 5004 (www.delmark.com)


Très influencée par l'héritage de l'AACM dont elle fut longtemps membre et même, la première femme à en prendre la présidence, la flûtiste (et universitaire) Nicole Mitchell propose une musique à la fois limpide et rugueuse. L'association flûte et vibraphone, porteuse d'ordinaire de climats éthérés et soyeux, contraste avec une écriture complexe et des improvisations dans la pure veine du free jazz caractéristique de Chicago. Une musique intimiste, pas du tout lénifiante et débordant de créativité. Daniel Chauve
t

Nouveauté
Nico Morelli
Un(Folk)ettable Two
Cristal Records 246 (Harmonia Mundi)


Très présent en France, le pianiste Nico Morelli ne renie pas ses racines. Après Pizzica & Jazz Project, où il revisitait, à sa façon, quelques thèmes du folklore du sud de l'Italie, il augmente un peu la focale en reprenant cette fois, et avec l'aide de Flavia Gervasi, ethnomusicologue distinguée, les musiques traditionnelles des Pouilles, sa région d'origine. Un(Folk)ettable, qu'on se rassure, n'est pas un disque de musique folklorique, mais bien un remarquable disque de jazz contemporain. Et le jeu de mot malicieux du titre avec le nom d'un des thèmes les plus connus de Nat King Cole n'est pas qu'une figure de style. Daniel Chauvet


Nouveauté
Nguyên Lê/Ngo Hông Quang
Hà Nôi Duo

ACT 9828-2 (Harmonia Mundi)


Nguyên Lê nous a habitués à ces rencontres avec l’Asie. Ici, c’est avec un nouveau complice, Ngo Hông Quang (violon vietnamien), qu’il nous fait parcourir des horizons lointains. La majorité des morceaux sont des originaux, signés par l’un ou l’autre, complétés de trois thèmes traditionnels de style Quan Ho et Xàm. La qualité d’enregistrement et les programmations sont parfaites et mettent en valeur tant les orchestrations planantes que les solistes. Ngo Hông Quang utilise plusieurs instruments vietnamiens (Dàn Bàu monocorde, luth Dàn Tihn, guimbarde Dàn Môi…) ainsi que ses talents pour le chant. Nguyên Lê commande ses différentes guitares électriques (Ebow, Sustainiac…) mariant allégrement des ambiances qui peuvent désorienter, mais restent toujours subtiles. A leurs côtés, des invités de marque tels Paolo Fresu (tp,flh), Mieko Miyazaki (koto), Pradbhu Edouard (tablas), Stephen Edouard (udu) et Alex Tran (cajon) colorent de leurs palettes sonores Ces parcours musicaux qui sortent du cadre du jazz.
Michel Antonelli


Nouveauté
Organic Trio
Saturn’ s Spell
Jazz Family 007 (Socadisc)


Cet Organic Trio –à ne pas confondre avec celui de John Scofield–, composé du Néo-orléanais, Brian Seeger, du français, Jean-Yves Jung (org) et du Luxembourgeois Paul Wiltgen (dm), nous propose son second opus. Compagnons de route depuis quatre ans, ils se sont encore peu produits en France mais enregistreront en avril 2017 leur prochain album au Duc des Lombards (Paris). En attendant, on peut découvrir leur univers musical sur ce Saturn’s Spell où la totalité des compositions est signée de leur plume. L’album baigne dans un calme où les titres s’enchainent facilement; chacun est maître de sa technique, et même si le guitariste semble se détacher, c’est bien à un son de groupe que l’on à faire. Pas d’effets inutiles mais une écoute de l’autre pour dix titres soignés mais dont regrette parfois le manque de vivacité. Michel Antonelli


Nouveauté
Orient-Occident
Orient-Occident
A
rt & Spectacles 160501 (www.aurorequartet.com)


«Orient Occident. Deux mondes, des centaines de civilisation, des milliers de kilomètres. Face à cela, une langue: la musique. La musique pour les unir, la musique pour les lier. La musique pour les faire parler» tel est l’une des présentations choisie par ce sextet qui se veut donc un mariage entre toutes ses identités. Cet album, à ranger dans les musiques du monde, voyage entre Grèce, Macédoine, Bulgarie et plus à l’orient, Turquie et Arménie. Compositions et traditionnels donnent le ton qui ravira les adeptes de ces évocations plutôt méditerranéennes interprétés par de bons musiciens venus de Grèce, Turquie, Maroc, France (Aurore Voilqué, vln) et Suisse. Michel Antonelli

Nouveauté
Jemal Ramirez
Pomponio
First Orbit Sounds Music 262 (www.firstorbitsounds.com)


Ce disque fait partie de l’interminable liste d’enregistrements réalisés par des musiciens aux origines latino-américaines qui n’ont en réalité plus aucun lien avec leurs racines caribéennes et qui n’ont pas non plus de rapport profond avec le jazz. Mais ils jouent une musique s’évertuant à mêler à des doses très variables les deux genres. Sans aucun doute, Jemal Ramirez (dm) veut s’inscrire dans le jazz avec seulement la pincée de latinité que requièrent ses racines, dont il est fier à en croire le livret. Cette pincée due aux percussions et au marimba en particulier, n’apporte rien à un jazz assez pauvre, sans swing -à l’exception de «Citadel» et de Lodi Huggins»- malgré le choix de thèmes de grands jazzmen (Hutcherson, Shorter, Hancock, Garrett). Le saxophoniste Howard Wiley tire son épingle du jeu; Joel Behrman(tp) également sur le dernier thème du disque dont il est l’auteur. Le grand John Santos (perc) est décevant devant ses tumbadoras -sauf pour «Citadel» . La ballade «Alone and I» n’est pas désagréable à écouter. On relève aussi quelques moments moins ternes dans «Waltz for Monk». Patrick Dalmace


Nouveauté
Little Johnny Rivero
Music in Me
Truth Revolution Records 022 (www.truthrevolutionrecords.com)


Ce disque n’est pas un disque de jazz mais s’inscrit dans le courant des musiques caribéennes influencées par le jazz. Dans l’abondante et souvent insipide production de ce type de musique Music in Me sort nettement du lot. Plusieurs thèmes de ce disque pour lequel Johnny Rivero (perc) il s’est entouré de musiciens assez talentueux comme Brian Lynch (tp) ou les jeunes Zaccai (p) et Luques Curtis (b), sont intéressants. L’héritage musical de Johnny est perceptible dans «Music in Me» qui s’appuie sur une belle clave. D’une manière générale tous les titres permettent d’apprécier le travail de Rivero aux congas et au bongó souvent en duo avec Anthony Carrillo comme pour «Mr L.P.». «Bombazó» flirt légèrement avec le jazz. On y entend un tambour typiquement portoricain le barril de bomba. Plusieurs invités s’incorporent à «Little Giants», percussions, trompette, trombone pour une belle débauche sonore avec un excellent solo de bongó de Carrillo. «Afro-Rykan Thoughts», très funky, joué uniquement par le sextet de base, reste notre thème préféré avec de beaux soli de percussions par Little Rivero, de trompette et de basse
. Patrick Dalmace

Nouveauté
Carol Saboya
Carolina
AAM Music 079 (www.aammusic.com)


Pour son second album, la chanteuse carioca Carolina Saboya, sous la direction de son père, Antonio Adolfo, pianiste et producteur signe son second album pour le label AAM. Un joli filet de voix au service d’un répertoire intéressant servi pas de bons musiciens mais qui n’apporte rien de nouveau dans le traitement de ces titres devenus pour certains des standards de la Musique Populaire Brésilienne. Carolina interprète Jobim, Djavan , João Bosco, Edu Lobo mais aussi Lennon/Mc Cartney ou Sting, et étonnamment brille le plus sur une version de «Fragile» écrite par le leader de Police. Sur le titre final «Zanzibar» signé par Edu Lobo, ici vocalisé sans les paroles, le groupe se libère un peu plus et prouve sa qualité mais le tout reste très commercial et sans originalité. Michel Antonelli

Nouveauté
Jan Schröder Quartet
From Here to Her
O.A.P. Records 1102 (www.oaprecords.com)

Si le caractère «planant», apparemment sans aspérités, des mélodies du Jan Schröder Quartet évoque parfois une certaine pop des années 70, ce n'en est pas moins une authentique musique de jazz. Thèmes (tous écrits par le guitariste leader) complexes , originaux, variés et riches en harmonies. Mises en place précises, improvisations sereines et séduisantes, swing, et, belle prise de son. Réjouissant. Daniel Chauvet


Nouveauté
Carol Viktoria Tolstoy
Meet Me at the Movies
ACT 9827-2 (Harmonia Mundi)

Pour son onzième album en leader, la chanteuse suédoise, Viktoria Tolstoy, descendante de Léon Tolstoï, nous invite à une balade à travers les musiques des films qui l’ont touchée. Cet agréable album revisite non seulement un panthéon de films historiques mais aussi des thèmes devenus des standards. Le traitement sonore oscille entre jazz, country et rock et son personnel est parfaitement à son affaire. De Charlie Chaplin à Björk ou Annie Lennox en passant par le Bagdad Café, Casablanca ou encore La Cité des Anges, sa charmante voix s’appuie sur de solides compositions aux arrangements sobres et soignées. Le tromboniste Nils Landgren a parfaitement fignolé cette production au profit d’une chanteuse qui s’impose avec un répertoire qui en devient original. Le choix délibéré de la simplicité met en valeur la chaude voix de Viktoria Tolstoy qui reste, malgré une carrière démarrée en 1993, encore peu connue en France. Dans ce répertoire de haut vol on notera une version en suédois de «En Man-Marlowe’s Theme» tiré du film Adieu ma jolie et un très beau final en duo avec le guitariste Krister Johnson sur le thème de Charlie Chaplin, «Smile» extrait des Temps Modernes. Michel Antonelli


Nouveauté
Ryan Truesdell
Centennial. Newly Discovered Works of Gil Evans
ArtistShare 0114 (www.ryantruesdell.com)

Décédé en 1988, «Mister Birth of The Cool», l'arrangeur (et pianiste) Gil Evans, aurait eu 100 ans en 2012. On ne saura jamais terminer l'inventaire de sa contribution à la musique de jazz... Miles Davis, bien sûr, mais aussiClaude Thornhill, Steve Lacy, Kenny Burrell, Astrud Gilberto, Phil Woods, Lee Konitz, Laurent Cugny... et tellement d'autres ont bénéficié de ses talents ou l'ont suivi. Des partitions originales récemment découvertes sont ici mises en valeur par un big band de très grand luxe (pas moins de 35 musiciens) mené par Ryan Truesdell, et c'est, tout simplement, indescriptible et... magnifique. Daniel Chauvet


Nouveauté
Van Coillie Unit
De Hipste
Rail Note Records 001 (www.railnoterecords.com)


Truffé de références aux grands maîtres du «piano moderne»: de Monk à John Lewis en passant par Horace Silver ou Ray Bryant, le CD du jeune pianiste belge Arne Van Coillie, a la particularité de présenter un jazz où les mélodies ne sont pas reléguées au second plan au profit de «climats» troubles ou de rythmiques entêtantes. Il signe la totalité des arrangements et huit des dix compositions présentées, en mettant aussi à profit un sens aigu des belles harmonies. Ses trois comparses étant de la même trempe (la fine fleur du jazz flamand ?) affichent une totale cohésion et «Unit», le nom de son groupe, est parfaitement justifié. Si «De Hipste» (le plus «hip», le plus «dans le coup?») fait référence à son adolescence, lorsque ses amis fans de pop music se déchiraient tandis que lui, déjà un peu décalé, passait son temps à écouter Ellington ou Mingus, il livre ici une musique délicieusement intemporelle, indémodable et d'une grande beauté. Daniel Chauvet
Nouveauté
Westchester Jazz Orchestra
Maiden Voyage Suite
WJO Productions (www.westjazzorch.com)


La musique d'Herbie Hancock en version big band, voilà qui n'est pas si courant, mais le WJO qui a déjà appliqué la formule aux compositions de Coltrane ou de Michael Brecker ou aux grands succès de la Motown, maîtrise parfaitement le sujet. Loin d'ensevelir les thèmes originaux sous des nappes de cuivres, les arrangements (principalement du leader, Mike Holober, p, mais aussi du chef d'orchestre Pete McGuiness (tb), de Jay Brandford, as, et de Tony Kadleck, tp) les subliment en leur offrant un écrin digne de leur valeur. Très inspirées, les larges plages d'improvisations des solistes, tout à la fois respectueux et créatifs, ne font que confirmer le succès de cette entreprise. Nul doute qu'Herbie Hancock s'en soit félicité..
. Daniel Chauvet


Nouveauté
Roberto Zanetti Quartet
N.P.U.

Cat Sound Studio 01052016RZ (www.catsoundstudio.com)

Dans une facture classique Roberto «Zizzi» Zanetti, pianiste italien peu connu de ce côté des Alpes, propose un groupe sérieux pas dénoué de charme mais sans véritable originalité. Le répertoire entièrement signé de sa main s’inspire comme d’un âge d’or du jazz qu’il situe jusqu’au début des années 60. Les titres pour la plupart autour de 5 minutes permettent l’exposition du thème et de courts soli de chaque musicien. «Valvoline» nous fait penser à un thème de Gato Barbieri et Valerio Pontrandolfo trace la voie, épaulé par une rythmique syncopé. Le jeu du pianiste n’est pas à remettre en question mais cet album de bonne facture ne rentre pas dans les indispensables. Michel Antonelli
Nouveauté
Patrick Zimmerli Quartet
Shores Against Silence

S
onglines Recordings 1619-2 (www.songlines.com)

Le compositeur et saxophoniste new-yorkais, Patrick Zimmerli, vit et travaille entre sa ville natale et Paris. Sa musique se situe au croisement de la musique classique et du jazz contemporain. Il est surtout connu pour ses collaborations avec Joshua Redman, Brad Mehldau, Brian Blade et le quatuor à cordes Escher. Bardé de prix et de commandes illustres, sa musique a été jouée dans les plus grande salles de concerts, Carnegie Hall, Town Hal à New York, Wigmore Hall à Londres, Salle Pleyel à Paris... On retrouve dans ce quartet des pointures tels, Kevin Hays (p), Larry Grenadier (b) et Tom Rainey (dm) qui lui apportent une soutien de qualité. Ce disque, enregistré sur Dat deux pistes en 1992, est le second volume d’édition d’archives du label canadien, Songlines, qui sert plus de témoignage d’une rencontre que de la restitution d’un travail régulier d’un groupe. Un souvenir non indispensable mais qui souligne le haut niveau et l’entente de ces musiciens.
Michel Antonelli