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En 2017, le festival Jazz des Cinq Continents poursuit son développement: il propose en effet cette année une programmation parallèle et complémentaire (avant et après le festival), «Marseille Heure Jazz», soit vingt concerts dispersés en ville et aux alentours et dont le temps fort sera le passage d’Ahmad Jamal à l’Opéra de Marseille, les 12 et 13 juin. Quant à la programmation du festival, désormais entre les mains d’Hugues Kieffer, elle offre de belles soirées jazz en perspective comme Branford Marsalis, Robert Glasper ou Taj Mahal et Keb’ Mo’, dans un programme qui maintient sa philosophie d'eclectisme.
Programmation complète: www.marseillejazz.com



La scène des jardins du Palais Longchamp en 2015 © Ellen Bertet

Le festival aborde sa 18e édition avec une équipe soudée qui a fait le choix de la continuité après la disparition en 2008 de sa figure tutélaire qui fit naître le festival, Roger Luccioni (cardiologue réputé, adjoint au maire à la Culture et contrebassiste), puis, en 2015, celle de Bernard Souroque, l’autre cofondateur et programmateur. Après un court intermède Stéphane Kochoyan, c’est le directeur technique depuis l’origine, Hugues Kieffer, qui a repris le flambeau.

L’association qui porte le festival poursuit la dynamique initiée par la désignation, en 2013, de Marseille comme «Capitale européenne de la Culture»: en effet, depuis 2015, le parc du Palais Longchamp (élevé durant le Second Empire) n'est plus le lieu unique où se déroulent les concerts qui se répartissent désormais, sur une petite moitié des dix soirées, sur d'autres sites comme le Théâtre Silvain (joli théâtre de verdure) et le désormais fameux Mucem. Nouveauté de l’année 2017, la série «Marseille Heure Jazz», sorte de festival bis, s’étend du 1er juin au 26 août. Le point d’orgue de cette opération est le double concert donné par Ahmad Jamal (dont le dernier album s’intitule Marseille), à l’Opéra, les 12 et 13 juin. Et logique métropolitaine oblige, quelques communes environnantes (Vauvenargues, Trets, Aubagne) sont intégrées dans cette programmation. Une «évolution naturelle» pour Hugues Kieffer, d’autant que l’initiative a eu un précédent à l’occasion de l’année européenne qui avait permis au festival marseillais et à ses partenaires de la Métropole d’apprendre à «travailler ensemble» dans une volonté de «pérenniser un réseau et de favoriser l’attractivité du territoire sur le plan touristique».

Sonny Rollins en 2012 © Ellen Bertet

L’association Marseille Jazz des Cinq Continents, présidée par Régis Guerbois, s’appuie sur un collectif soudé comptant cinq salariés permanents, dont le directeur délégué, Hugues Kieffer, et la responsable de production, Aurélie Pampana, complété, le temps du festival, par des équipes techniques et des bénévoles. Si ces derniers sont présents, ils ne constituent pas le cœur de l’organisation qui a un caractère avant tout professionnel. Sur le plan économique, le festival est financé à 51% par les collectivités locales (ville, département, région) et à 49% par ses ressources propres (billetterie, sponsoring, mécénat privé et vente de prestations comme les cocktails organisés dans l’espace privatif à proximité de la scène de Longchamp).

Côté contenu artistique, si Hugues Kieffer s’inscrit dans la philosophie de métissage du festival, en référence aux «cinq continents», on note un attachement au jazz dont on ne peut que se féliciter. Le programmateur joue également avec la typologie des lieux: les grandes têtes d’affiches pour le parc (qui peut accueillir jusqu’à 3500 personnes) où l’on vient en groupe profiter de la pelouse et du cadre; les artistes s’adressant à un public plus connaisseur sont destinés aux sites à la jauge plus modeste. Quant à la programmation «Marseille Heure Jazz», on pourrait se demander si elle ne préfigure pas une saison, à l’image de ce que pratiquent Vienne et Marciac. Quelques concerts d’hiver ont déjà été proposés, et Marseille Jazz des Cinq Continents est associée à l’autre festival marseillais, Jazz sur la Ville, qui se tient de début novembre à début décembre. Hugues Kieffer ne prévoit pas la mise en place d’une saison structurée, mais plutôt quelques opérations sur la base de partenariats avec les acteurs existants. Fort du soutien massif de la Mairie de Marseille, le festival a toutes les chances d’accroître son influence sur le territoire métropolitain.


Jérôme Partage
© Jazz Hot n°680, été 2017