Hal SINGER
Jazz Stories
Hal Singer est un trésor vivant: la mémoire vive, les détails précis, l’humour toujours présent, comme on l'a encore vu lors des 80 ans de Jazz Hot, où il a conclu avec lucidité, autorité et humour les débats. Nombreux sont les témoignages qu’il apporte sur les grands musiciens et les hauts lieux du jazz qu’il fréquentait, et qui ont marqué l’histoire. Sa complicité avec Arlette Singer, traductrice experte des propos toujours subtils et sans détours quant au jazz de son époux, est une des belles histoires du jazz à Paris.
Né le 8 octobre 1919 à Tulsa, dans l’Oklahoma, le saxophoniste, réputé pour son jeu musclé et son swing enflammé, a connu tous les aspects du jazz au XXe siècle: les années d’or du swing, la vie à Chicago, Kansas City, New York, les big bands, dont ceux de Jay McShann et Duke Ellington, dont il fit partie, les nombreux enregistrements en sideman (Roy Eldridge, Don Byas, Buck Clayton, Milt Buckner, etc.), le succès commercial en leader avec «Cornbread» aux débuts du R&B.
Après trois ans passés au Metropole, Singer part s’installer en Europe en 1965, où il poursuit une activité soutenue, dans les clubs de Paris et dans de nombreuses tournées, avec Slide Hampton, Dexter Gordon, Dizzy Gillespie, etc.
Nous renvoyons le lecteur aux interviews parues dans Jazz Hot au fil des années, qui documentent ce parcours foisonnant. Ici, Hal Singer évoque la dimension sociale du musicien, sa vie quotidienne, sa condition d’homme noir dans une Amérique ségrégationniste, son quartier de Harlem, les grands clubs new-yorkais et son amitié avec les musiciens expatriés. Propos recueillis et traduits par Mathieu Perez Discographie Guy Reynard Photos Ellen Bertet, Umberto Germinale et Patrick Martineau
© Jazz Hot n°674, hiver 2015-2016
Jazz Hot: Dans votre autobiographie, Jazz Roads (Edition 1, 1990), vous racontez comment, enfant, adolescent, vous invitiez les musiciens de passage à Tulsa à venir manger chez vous.
Hal Singer: Quand vous êtes en tournée, vous mangez à l’hôtel ou au restaurant. J’ai donc invité des musiciens comme Red Allen chez moi. Et quand la nourriture est bonne… Ma mère était une excellente cuisinière. Et les musiciens pouvaient m’apprendre des trucs.
Vous avez appris la musique en fréquentant les autres musiciens?
C’est le propre de la culture noire. Les Noirs n’écrivaient pas. Beaucoup a été perdu quand ils sont morts parce qu’ils n’ont rien mis par écrit ou n’ont rien transmis oralement.
De quand date votre première tournée?
C’était en 1949. Je travaillais quatre à six jours. Mais on pouvait parcourir 300, 400, 450 miles entre deux engagements. Voyager en voiture, c’était tuant!
Quand vous étiez engagé dans des big bands, combien étiez-vous payé?
Avec Jay McShann, je recevais 10 dollars par soir. Et je ne travaillais pas tous les soirs. Donc je pouvais gagner 40 dollars par semaine. Avec ça, il fallait payer votre propre hôtel, sa nourriture, le nettoyage des vêtements. A New York, les musiciens étaient payés 15 dollars. Donc si vous faisiez 18 dollars par soir, c’était beaucoup d’argent. Ça a duré jusqu’aux années 1950. Jay McShann avait le «Who’s Who» des musiciens dans son orchestre. Des sacrés musicos! S’il les avait gardés… (Rires)
Quelle était la différence de paie entre musiciens blancs et musiciens noirs?
Ce n’était pas pareil si vous étiez noir. Le Savoy payait 55 dollars par soir et le Roseland 125.
Vous avez grandi dans un monde très raciste. Comment faisiez-vous pour supporter ça?
Mes parents m’ont appris à ne pas haïr. Je les aime pour ça. Ils ne me laissaient jamais aller seul au centre-ville de Tulsa. J’étais toujours accompagné. Vous ne pouvez pas imaginer ce que c’est quand quelqu’un vous regarde comme si vous n’êtes rien. Vous savez qu’Art Blakey s’est fait tabasser dans le Sud? Duke, Basie, Louis ont tous subi le racisme. Je travaillais avec Nat King Cole pour une émission à la télé en 1950. Ça a été annulé… A ce moment-là, Nat était la plus grande vedette en Amérique! La chaîne ne trouvait pas de sponsors. On a joué vingt dates à Mobile, Alabama. Après le concert, il signait des autographes pour tout le monde, mais il ne pouvait pas aller au restaurant d’en face sans passer par la porte de derrière… La vie était dure, mais on aimait jouer de la musique. Je pense que c’est ça qui nous a fait tenir.
Comment les musiciens noirs étaient-ils perçus par la classe moyenne supérieure noire?
Les gens comme les médecins ou les avocats nous déconsidéraient.
Vous avez eu des problèmes avec «Round Around the Clock», chanson que vous avez composée. Que s’est-il passé? Je suis le premier à avoir écrit «Round Around The Clock». Mais vous voyez un Noir porter plainte contre une entreprise blanche? Je ne pouvais pas gagner. C’était dur. Puis le disque est sorti, et on a dit que je l’avais copié. Mon disque était sorti deux ans auparavant…
Pourquoi tout cela est arrivé aux musiciens noirs?
Benny Goodman jouait des arrangements que Fletcher Henderson avait faits vingt ans avant. Et c’est le roi du jazz! (Rires) Prenez la chanteuse de blues Bessie Smith. C’est elle qui a fait Decca mais personne ne l’a jamais reconnu. Nous n’avions aucune connaissance des affaires. A cette époque, le seul syndicat était à New York.
La caisse de retraite pour les musiciens (American Federation of Musicians & Employers’ Pension Fund) a été créée en 1959, et vous avez quitté les Etats-Unis en 1965. Entre 1959 et 1965, vous avez cumulé assez de travail pour avoir des droits à la retraite. Côtisiez-vous?
Non. Les musiciens blancs connaissaient l’existence de cette caisse. Pas les Noirs.
Comment le jazz était-il perçu dans votre jeunesse?
Les Blancs et les intellectuels noirs nous méprisaient. Ça ne les intéressait pas de parler aux musiciens comme Duke Ellington, et de jouer leur musique. Ceux qui sont venus d’Europe, comme Panassié, étaient plus intéressés. Ils aimaient cette musique et voulaient rencontrer les musiciens. C’est grâce aux Européens que cette musique est devenue importante.
Où viviez-vous quand vous êtes arrivé à New York?
Dans des hôtels, et j’ai vécu à Brooklyn. Je payais 4, 5, 6 dollars la semaine. Avec 55 dollars de paie, on pouvait payer son loyer, faire nettoyer ses vêtements, manger, et il vous en restait un peu.
Comment était Harlem à cette époque?
C’était une communauté noire. Il y avait de la musique partout. Mais vous savez, les Noirs ont d’abord vécu dans le Village, puis ils sont partis à Harlem.
Vous racontez que vous rentriez à Harlem à pied après les concerts, même quand ils étaient à Midtown.
On ne pouvait pas se payer de taxis ou de billets de bus. On n’y pensait pas. On s’arrêtait dans les bars voir d’autres musiciens.
Vous avez rencontré et joué avec certains de vos héros. Quand avez-vous rencontré Coleman Hawkins?
J’ai vraiment connu Hawk au Metropole. J’y ai travaillé trois ans et demi, mais il était déjà là. Je travaillais six jours sur sept. Hawk était payé 75 dollars par soir, Red Allen aussi. Moi j’avais 40, comme Buster Bailey.
Quelle était la personnalité de Coleman Hawkins?
Il pouvait être très sarcastique mais aussi très drôle, tendre et gentil. J’aimais beaucoup ces musiciens, comme Hawk et Don Byas, en tant qu’êtres humains et pour ce qu’ils avaient accompli.
Où les musiciens se retrouvaient-ils?
Il y avait le Rhythm Club à Harlem. C’était sur la 133e Rue, entre Adam Clayton Powell Jr. Blvd et Lenox Avenue. Il y avait un espace où on pouvait jouer. Tout le monde y allait.
Comment avez-vous rencontré Willie the Lion Smith?
Je l’ai rencontré au Rhythm Club. C’est lui qui m’a donné mon premier engagement quand je suis arrivé à New York. J’avais peur! Willie était un grand monsieur à New York! Quelqu’un de très important. Et j’ai joué avec Kaiser Marshall, qui avait travaillé avec Fletcher Henderson.
Et le White Rose Bar?
J’y allais très souvent avec Ben Webster et Don Byas. Tous les musiciens y étaient. On pouvait boire trois verres pour un dollar.
Quand avez-vous commencé à travailler sur la 52e Rue?
Il se passait toujours quelque chose à New York. Il y avait beaucoup de clubs, et on pouvait aller écouter Lester Young, Coleman Hawkins, Red Allen, Slam Stewart, etc. Don Byas était d’Oklahoma comme moi. Il avait un sextet au Three Deuces, et il m’a embauché. C’est comme ça que j’ai travaillé sur la 52e Rue.
Comment les leaders s’entendaient-ils avec les membres de leurs orchestres?
Benny Goodman ne communiquait pas avec ses gars. Basie était très gentil avec ses musiciens. Duke avec quelques-uns. Cab avec un ou deux.
Vous avez travaillé au Metropole pendant trois ans et demi. Comment était le club?
C’était dingue! Il y avait un tas de musiciens qui avaient été connus à la fin des années 1930 et au début des années 1940. Hawk, Red Allen, Buster Bailey, Charlie Shavers, J.C. Higginbotham, Cozy Cole. Red Allen y a travaillé pendant sept ans.
Et le Savoy?
Je n’y ai pas beaucoup joué. J’y ai travaillé avec Lucky Millinder, et j’ai fait une semaine avec mon groupe. Le Savoy était une des plus belles salles du monde. C’était magnifique! A l’étage, il y avait les spectacles, au sous-sol les clubs.
Le Smalls?
J’y ai travaillé avec Chris Columbus pendant six semaines d’affilée, tous les soirs, avec une semaine de repos payée. Smalls était un beau lieu, très luxueux. Le bar était magnifique. Les bagarres étaient interdites au Smalls et au Savoy.
Vous avez aussi fréquenté Minton’s Playhouse.
C’était un hôtel que M. Minton avait ouvert. C’était très beau. Les musiciens plus jeunes y allaient, comme Dizzy, Charlie Parker, Kenny Clarke, Monk, Charlie Christian…
Quelles étaient vos relations avec ces jeunes beboppers?
J’allais à Minton’s tout le temps. Je connaissais bien Bud Powell et Kenny Clarke par association. Mais je n’ai pas joué avec eux, et je n’ai pas eu la clairvoyance de m’intéresser à leur musique. Je l’ai regretté plus tard. A cette époque, ces musicos qui faisaient cette musique nouvelle ne travaillaient pas alors qu'en tant que musiciens swing, on travaillait beaucoup.
Installé en France, étiez-vous en lien avec Kenny Clarke?
Je n’ai pas joué avec Kenny avant la fin de sa vie. Il travaillait au Blue Note et, quand ça a fermé, il m’a appelé pour des tournées. C’était très gentil.
Quel souvenir de tournée gardez-vous avec lui?
Le big band de Slide Hampton avec Benny Bailey, Art Farmer, Bill Coleman, Kenny Clarke, Kenny Drew, quatre trombones, Dexter Gordon et moi. Ces gars pouvaient vraiment jouer.
De quels musiciens étiez-vous proches à Paris?
J’étais proche de Kenny Clarke, Memphis Slim, Johnny Griffin… Vivre à Paris. Vous pouviez jouer pendant un mois au Bilboquet ou au Chat Qui Pêche. Aujourd’hui, vous avez de la chance si on vous engage pour un seul soir.
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Contact: www.halsingergroup.com
Hal Singer et Jazz Hot: n°248-1969, n°301-1974, n°302-1974, n°437-1987, n°514-1994, n°535-1996
Discographie Leader CD 1948-51. Hal Singer, 1948-1951, Classics 5073 CD 1948-56. Rent Party, Savoy 0258 LP 1949. Savoy 2234 78 1950. Mercury 8196 78 1951. Coral 68069/65070 78 1952. Coral 60653/60669/65086/65098 78 1952. Savoy 861/888 45 1957. Savoy1194, Deluxe 6114 CD 1959. Blue Stompin', Prestige/ OJC 834-2 LP 1963. Blues in the Night, Fidelio 4112 LP 1968. Johnny Letman a Funky Day in Paris, Black & Blue 33015 LP 1968. Milt & Hal, Black & Blue 33016 LP 1969. Paris Soul Food, King 1075 LP 1975. Soul of Africa, Chant du Monde 74556 LP 1976. Soweto to Harlem, The Sun 1849 LP 1977. Le long Voyage/The Long trip, Pastoral 1202 CD 1980. Swiss Radio Days: Jazz Live Trio Concert Series, Vol. 36, TCB 2362 LP 1981. Blues & Boogie Explosion, Jeton 1003320 LP 1981. Swing on It, JSP 1028 LP 1988. Suite, Far 01 CD 1991. Senior Blues, Carrere 9031-74211 CD 1991. Royal Blue, Black Top 1054 (coleader Al Copley) CD 2000. No Rush, Discovery CD 2002. Prints in the Sand, Black and Blue 648-2 (coleader Bernard Maury) CD 2005. We're Still Buddies, Azzurra Music CD 2008. Soul of Africa, Kindred Spirits CD 2010. Blues & News, Futura/Marge 915325 CD 2010. Challenge, Marge 47
Sideman CD 1940-48. Erskine Hawkins, Holiday for Swing: 1940-1948, Vol. 2, EPM 159762 CD 1944. Roy Eldridge, After You've Gone, Aris 16052 CD 1945. Don Byas, 1945, Classics 910 LP 1946 Savoy 2224 CD 1948. Brownie McGhee, New York Blues 1946-1948, EPM 159592 CD 1946-57. Jesse Stone, Jesse Stone Alias Charles "Chuck" Calhoun, Bear Family Records 15695 CD 1947. Big Maybelle, 1944-1953, Classics 5089 CD 1947. Lonnie Johnson, Charly 266 CD 1947. Hot Lips Page, On the Blues Side 1940-1950, EPM 160452 CD 1947-49. Erskine Hawkins, 1947-1949, Classics 1148 CD 1947. Marion Abernathy, 1947-1949, Classics 5001 CD 1946-48. Wynonie Harris, Good Rocking Tonight, Charly Records 244 CD 1947-55. Jimmy Lewis, Complete 1947-1955, Blue Moon 6028 CD 1947-55. Sticks McGhee, New York Blues and R&B 1947-1955, JSP 7763 78 1948. Tab Smith, Manor 1162 78 1948. Arbee Stidham, Victor 22-0000 78 1948. Sir Charles Thompson, Savoy 679/Acorn 300 78 1949. Carl Davis, Savoy 5560 LP 1950. Brownie McGhee, Down Home Blues, Sharp 2003 CD 1952. Mickey Baker, In the '50s: Hit, Git & Split, Rev-Ola Records 29 45 1952 Coral 65095/65099 LP 1953. Dolly Cooper, Official 6019 LP 1953. The Four Buddies, Savoy 2263 45 1955. Earl Kink, King 4920/4862/4889 CD 1956. Chuck Calhoun, Bear Family 15695 LP 1956. Annie Laurie Savoy 2256 LP 1956. Esther Phillips, Savoy 4403 CD 1957-58. Little Willie John, Fever, King 6013 CD 1957. Wynonie Harris, Ace 457 LP 1957. Bubber Johnson, King 690 45 1957. Little Jimmy Scott, King 5086/5104 45 1957. Carmen Taylor King 5085 45 1957. Titus Turner, Baton 400 CD 1958. Vic Dickenson/Joe Thomas, Mainstream, Koch Jazz 8511 CD 1958. Buck Clayton, The Saints and the Sinners, Atlantic 87701-2 LP 1959. Bill Doggett, King 633/641 45 1959. Earl king, King 5196 45 Annie Laurie, DeLuxe 6182/6189 CD 1960. Lonnie Johnson, Blues by Lonnie Johnson, Original Blues Classics-502-2 LP 1965. Kitty White, Clover 1229 CD 1966. Buck Clayton, Buck Clayton and Friends, Universal/Jazz in Paris 9846023 CD 1968. T-Bone Walker, Feelin' the Blues, Black and Blue/Black & Blue 432-2 CD 1969. Eddie Cleanhead Vinson, Kidney Stew Is Fine, Delmark 631 CD 1971. Clarence Gatemouth Brown, The Blues Ain't Nothin', Black & Blue 428-2 LP 1971. Kenny Drew, Suzy 303 LP 1971. Champion Jack Dupree, Happy to Be Free, Vogue 828 CD 1973. Clarence gatemouth Brown, More Stuff, Black & Blue 428-2 CD 1973. Al Grey, Grey's Mood, Black and Blue 912-2 CD 1974. Eddie "Cleanhead" Vinson, Jamming the Blues, Black Lion 760188 CD 1979. Rocket 88, Rocket 88, Wounded Bird 9293 LP 1980. Booker T. Laury, Nothing but the Blues, Blue Silver 3006 CD 1980-85. Illinois Jacquet, JSP London Jazz Sessions, Vol. 2, JSP 404 CD 1981. Philly Joe Jones, Octet, Marge 151972 CD 1981. Jimmy Witherspoon, Big Blues, JSP 285 CD 1981. Blues & Boogie Explosion, Jeton 1261 CD 1985. Clarence "Gatemouth" Brown, Pressure Cooker, Alligator 4745 CD 1989. Jay McShann, Paris All-Star Blues: A Tribute, Musicmasters 5052-2 CD 1990. Original Soundtrack, Taxi Blues, DRG-202 CD 1993. Clarence Gatemouth Brown, Just Got Lucky, Evidence 26019 CD 2003. The Fins, Bluesprints, Silica Records Inc. 2 CD 2005. Sarah Morrow, Sarah Morrow and the American All Stars in Paris, O-Plus 107
Vidéos
1958 Henry Red Allen 1958-6 Art Ford-09 - Hal Singer Stomp https://www.youtube.com/watch?v=VYhHirX0dnk
1974 Eddie Cleanhead Vinson / Hal Singer /Jay McShann Montreux 1974 https://www.youtube.com/watch?v=y-lJ0yIZxIM
1996 Benny Bailey, Hal Singer, Joan Faulkner, Mighty Flea Conners 1996 Let the Good Times Roll / Perdido https://www.youtube.com/watch?v=8mna3YwB18c
2005 Hal's Blue Monday https://www.youtube.com/watch?v=FAya_6hccoE
2009 HalSinger, Keep the Music Going https://www.youtube.com/watch?v=B7rx69NpZ8I&list=PL16182F7F170E1701
2009 Hal Singer 90th Birthday Celebration (music + photos seulement) https://www.youtube.com/watch?v=p2e5LolNpdM&list=PL16182F7F170E1701&index=4
2014 Portrait d'Hal Singer (rencontre avec Hal Singer à son domicile) https://www.youtube.com/watch?v=swV_eUwqr0c
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