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Ira Gitler

23 fév. 2019
28 décembre 1928, Brooklyn, New York, NY – 23 février 2019, New York, NY
© Jazz Hot 2019


Ira Gitler, Foix, France, 2011 © Yves Sportis





Ira Gitler, le grand critique et auteur qui a consacré sa vie à la diffusion et la connaissance du jazz, s’est éteint à New York ce 23 février 2019.

Il est né à Brooklyn, New York, le 18 décembre 1928 et a, depuis la Seconde Guerre, consacré au jazz son énergie d’auteur, d’organisateur et son talent de plume de critique. Il avait détaillé son parcours dans une longue et passionnante interview (Jazz Hot n°640).
Il est l’un des premiers, peut-être le premier, à avoir enrichi les dos de pochettes de disques de ses commentaires savants, les liner notes,  grâce auxquels des millions d’amateurs ont découvert, approfondi et aimé le jazz de l'âge d'or.
Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur le jazz, dont une Biographical Encyclopedia of Jazz (Oxford Press), en compagnie de Leonard Feather, régulièrement mise à jour.

Jazz Hot salue en Ira un aîné devenu un ami, rencontré à de multiples reprises en Europe, dont l’humour, le savoir et la convivialité rendaient la compagnie très appréciable, enrichissante, un moment privilégié pour les amateurs de jazz. Ses anecdotes sans fin, pleines d’émotion et d’humour comme ses récits au long cours sur l’histoire du jazz faisaient d’Ira Gitler une vraie bibliothèque du jazz. il n’avait pas de limites dans ces exercices.
Ira gardait sa prédilection pour ses musiciens de cœur: Louis Armstrong, Duke Ellington, Count Basie, Charlie Parker, Dizzy Gilllespie, John Coltrane, Sonny Rollins, Miles Davis, Ella Fitzgerald, Dexter Gordon, Billie Holiday, Lester Young, Coleman Hawkins, Roy Eldridge, etc., des centaines d'autres car il connaissait le jazz de l'intérieur. Il avait écrit de nombreuses liner notes, avec ses commentaires sur les séances d'enregistrement, pour nombre d’entre eux, chez Prestige et à Down Beat en particulier, se faisant lui-même parfois producteur.

Ira Gitler a aussi organisé des concerts, des festivals, a côtoyé les musiciens à la scène et dans le privé, sans exclusive de génération, d'époque, et il n’a cessé de les aider à partager leur musique avec le public des amateurs de jazz dans le monde entier, en donnant un véritable éclairage sur la musique, les musiciens, avec une conscience professionnelle encore inchangée dans les années 2000; nous l'avons vu à l'œuvre.
Il était un conférencier recherché dans le jazz, à New York, un présentateur hors pair de concerts, un messager de la légende du jazz par le récit et l'interview parfois en live comme avec Sonny Rollins en 2006 à New York.
Il avait une autre passion, sportive, à l’origine de sa carrière journalistique, le Hockey sur glace, à laquelle il n'a jamais renoncé.
Ira a été récompensé à de très nombreuses reprises pour son œuvre dans le jazz, et son profond amour du jazz en était la source. Il nous avait raconté que lui-même avait tenté de jouer du saxophone dans son jeune âge, mais avait constaté avec modestie et lucidité qu'il ne pouvait en devenir un professionnel.

Nous vous recommandons la lecture de ses liner notes, dont certaines sont des «classiques», et de sa longue interview accordée à Jazz Hot en 2007.


Fitz, le fils d’Ira, qui nous a informés de la disparition de son père, nous a confié qu’Ira a quitté les siens ce 23 février 2019 en tapant du pied sur la musique d’Art Tatum, un de ses dieux de l’Olympe du jazz, un choix à l’image d’Ira Gitler qui aimait le jazz de toutes les époques, mainstream, bebop, hard bop, du moment qu’il s’agissait du meilleur; on ne peut rêver meilleur Charon pour lui…


Nos pensées accompagnent la famille d’Ira Gitler, Fitz et sa mère en particulier, dans ce moment très émouvant pour nous également qui avons eu la chance de croiser sa route. 

Yves Sportis


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