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Cravic-Roussin-Varis

4 nov. 2013
Cordes et lames
Cravic-Roussin-Varis © Jazz Hot n°665, automne 2013

Réédition-Indispensable
Juju-Doudou, Piftje, Lang Occulte, Waltz of the Demons, Du Brésil, Yellow Tango, B&S, Bluestory, Sweet Eva Braun (CD1) ; April, Latine, Varis-Orly, Blues ?, Who Killed Cock Robin, Cordes et lames, Sweet valse, Fleurette africaine, João, North West Highway, Lament, In Case You Missed It, For Leon and Lee, Trois temps pour Laurent (CD2)
Dominique Cravic (g, voc), Didier Roussin (g), Francis Varis, Kenny Kotwitz (acc), Steve Lacy (ss), Bobby Rangell (as), Dominique Pifarely (vln), Jean-Jacques Milteau, Olivier Blavet (hca), Yves Torchinsky, Pierre Maingourd (b), Jean-Claude Jouy, Jean-Michel Davis (dm), Sonia Queiroz, Coaty de Oliveira (perc)
Enregistré entre mars 1983 et mai 1988, Chaville (92), Draveil (92), Los Angeles
Durée : 38’ 51’’ + 1h 03’ 25’’
Jazz in Paris Hors-Série 11 / EmArcy 279 765-2 (Universal Music)

Ce double album s'inscrit dans la collection Jazz in Paris produite par Universal. Le choix de ces trois musiciens découlerait d'un double constat : une dichotomie entre des musiciens professionnels et d'autres amateurs, mais aussi que l'accordéon serait, selon André Hodeir, « anti-jazz ». L'amateur serait Dominique Cravic, rejeté en son temps par la galaxie jazz, tout comme l'instrument à bretelles popularisé par Yvette Horner, André Verchueren, mais aussi Gus Viseur et encore Clifton Chenier. Tous ces éléments permettent de mieux comprendre le puzzle construit autour du trio Cravic-Roussin-Varis. Ces trois artistes se sont connus au début des années soixante-dix, quand la bande de Dreux (Didier Roussin et Dominique Cravic) s'alliât avec celle de Montreuil où évoluait Francis Varis, mais aussi Dominique Pifarely ou Manu Galvin (g). La fusion de ces deux entités devait donner naissance, tout d'abord, au « New Blue 4 », qui rendait hommage à Joe Venuti et Eddie Lang, puis à « Chicot à bois sec », un groupe à géométrie variable qui avait pour vocation la promotion de la musique cajun et zydeco. Vous l'aurez compris, les deux galettes qui composent ce joli package contiennent une musique riche et variée, où il est quasiment impossible de ne pas trouver son bonheur. L'écoute de « Bluestory » capte l'attention des amoureux du twelve barres et même au-delà. « Lang Occulte » est loin d'un ésotérisme forcené, le titre se suffisant à lui-même, tandis que « Yellow Tango », sonne davantage fusion que ruelles de Buenos Aires, avec la présence de Steve Lacy. Le second CD sous-titré Cordes et lames, fait la part belle à l'instrument de Francis Varis, l'accordéon clavier. Dès « April », on entend l'accordéoniste donner le tempo tandis que Dominique Cravic, avec ses sonorités à la Tal Farlow embellit la mélodie, une relecture du « I'll Remember April ». « Who Killed Cock Robin » swingue avantageusement et « Cordes et lames » aborde le registre latin avec un brio certain. L'album se termine par sept autres morceaux, enregistrés en Californie. Aux côtés Francis Varis, il y a un autre accordéoniste en la personne de Kenny Kotwitz, une particularité supplémentaire dans la sphère jazz. « Lament » permet d'entendre les deux instrumentistes dans une couleur où plane grandement l'ombre de Toots Thielemans. Un album surprenant et très intéressant extrait de cette collection qui permet à ceux qui seraient passés à côté de découvrir un petit bijou aux multiples facettes.
Michel Maestracci