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Larry Arthur Hammond

31 mars 2020
1950, New Orleans, LA – 31 mars 2020, New Orleans, LA
© Jazz Hot 2020

Larry Arthur Hammond © Photo X, by courtesy




Larry Arthur Hammond
© Photo X, DR


Larry Arthur Hammond, avait été «élu» Roi des Zulus (Zoulous) de New Orleans en 2007, la première année possible après le désastre de l’ouragan Katrina, et la fête était permise seulement pour les chanceux qui avaient pu réintégrer leurs pénates à New Orleans. Les Zulus sont une fraternité dont l’existence officielle notariée remonte à 1916, et par delà son exubérant et chatoyant défilé annuel avec lancer de noix de coco du haut du char coloré animé par ses «dignitaires» aux noms évocateurs (Zulu King, Zulu Gros Bonnet, Zulu Sorcier, Zulu Ambassadeur, Zulu Maire, Zulu Prince, Zulu Gouverneur, Zulu Gros Machin), symbolisant une parodie irrévérencieuse du pouvoir, sont un fond de soutien social très actif (nourriture, maladie, aide matérielle, obsèques) dans un pays où les scientifiques et autres bien-pensants trouvent plus simple de mettre sur le dos des fêtes populaires la propagation d’un virus, que de demander à leurs gouvernants, bien payés comme ailleurs depuis toujours, de faire leur travail en anticipant, ce qu’ils ne font jamais, sinon les catastrophes seraient gérées et contenues. Et pour Katrina comme pour le corona, ceux qui paient le plus de leurs vies sont les plus exposés par la malbouffe, le manque de soins, d’informations, de précautions (isoler le premier contaminé à Washington par exemple), de protection et autres conditions sanitaires déjà pré-dégradées, 70% des décédés de la ville sont Afro-Américains qui se sont que 33% des résidents.


Pour revenir à la tradition des Zulus, elle a été portée haut et fort par Louis Armstrong «élu Roi Zulu» en 1949, mais aussi vilipendée, pendant le Mouvement des Droits Civiques, par la très sourcilleuse NAACP (née en 1909 comme les premiers Zulus qui s’appelaient alors The Tramps/Les Clochards) qui veille, à juste titre, au grain en matière de respect des Afro-Américains à commencer par eux-mêmes; car ces trublions se peignaient le visage en «noir»: ce qui dénote leur grand sens de l’humour et de farce face aux racistes précisément. Mais aux beaux jours des nazillons et autre Ku Klux Klan, chaque signe était utilisé par l’adversaire, et les autorités de la ségrégation ne voyaient pas non plus ces délires subversifs, même pendant le court laps de temps du carnaval, d’un bon œil: il fallait alors «parader» dans les petites rues, en catimini de la police. Depuis deux mois, la dictature du virus a pris le relais de la contrainte de liberté et il semble que la famille et l’entourage ont dû batailler (trois semaines) pour faire l’enterrement de cet ex-roi de carnaval, vénérable retraité des postes d’une générosité sans borne, qui faute de la festive «second line» participative avec marching band, ont inventé le défilé motorisé avec banderoles et klaxons passant devant le domicile du défunt, pour soutenir la famille effondrée des circonstances du deuil, en cachette, à dix présents, masqués, à dix pas règlementaires avec discours par téléphone et sans musique live. Avant, l’incurie faisait mal vivre les humbles, maintenant elle les empêche aussi de mourir entourés de chaleur humaine pour les «protéger» d’eux-mêmes. En tout cas, New Orleans ne s’en laisse pas compter et continue à inventer comment contourner l’interdit injuste jusque dans la mort, même avec rien; c’est ça aussi sa «tradition».

Hélène Sportis

https://www.youtube.com/watch?v=mXIPQohBqBA

https://www.youtube.com/watch?v=9V5SctpiEJE

https://www.youtube.com/watch?v=4aEvQgb2OIM


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