Bob Ojeda
(image extraite de Bob Ojeda Documentary)
Le trompettiste et tromboniste Bob Ojeda appartient à cette
époque où les jazzmen des big bands et des studios travaillaient bien au-delà
de la sphère du jazz. Ce musicien pour musiciens a ainsi fait les beaux jours
des plus célèbres pupitres des grandes formations de la fin des années 1950 à
aujourd'hui, sa carrière étant étroitement liée à sa longue participation au
Count Basie Orchestra, de 1985 à 2001. Il y côtoya à ses débuts les illustres
Freddie Green, Frank Foster et Thad Jones. Doté d'une superbe technique et
marqué par un goût prononcé pour l'aspect mélodique –qu'il a exploré auprès de
nombreuses chanteuses comme Sarah Vaughan, Carmen McRae, Nancy Wilson, Julie
London, Peggy Lee ou Lena Horn–, il était un accompagnateur recherché doublé
d'un arrangeur et soliste singulier. Ayant étudié l'arrangement auprès de
William Russo, Bill Matthews et Frank Foster, de nombreux chefs d'orchestre ont
fait appel à ses talents tels que Dizzy Gillespie, Benny Carter, Lionel
Hampton avant qu'il n’intègre la machine à swing du Count Basie Orchestra juste
après la disparition de son leader. C'est à l'âge de 78 ans qu'il nous a quittés à l'hôpital d'Elmhurst, des suites de problèmes pulmonaires a déclaré son frère
Gil.
D'origine mexicaine, Robert Ojeda est né en 1941 à Austin,
TX, mais sa famille déménage rapidement à Chicago, et il fréquente, encore adolescent, les nombreux clubs de jazz de la ville. Il travaille la
trompette tout en poursuivant ses études au lycée Farragut et monte avec
quelques amis une formation de jazz pour laquelle il écrit ses premiers arrangements. Juste avant ses 18 ans, Stan Kenton qui était de passage à
Chicago, lui propose une place de trompettiste et appelle ses parents à minuit
pour leur demander l’autorisation d'emmener leur jeune fils en tournée. Ce sera
le début d'une longue série de collaborations avec les grandes formations de
Buddy Rich, Woody Herman, Ralph Marterie et Les Elgart.
Durant ces années 1960, il participe également aux combos du
saxophoniste Bunky Green et du batteur Joe Morello, lors de leurs séjours à
Chicago, enregistrant respectivement les albums The Latinization of Bunky Green en 1966 et l'excellent Another Step Forward en 1969. Il
s'installe au début des années 1970 à Los Angeles où il travaille pour la
télévision et le cinéma ainsi que pour les studios, devenant un musicien et
arrangeur tout-terrain, collaborant aussi bien pour la comédie musicale Hair qu’avec les Rolling Stones ou les
orchestres symphoniques de Detroit, Indianapolis et Dallas qui ont joué ses
pièces. Il compose d'ailleurs un
concerto pour jazz et orchestre symphonique qu'il enregistre au Mandel Hall sur
le campus de l'université de Chicago avec plus de quatre-vingts musiciens.
Il conserve cependant un attachement au jazz, enregistrant
avec Hank Jones (p) son superbe Ain't
Misbehavin' (1978) en compagnie de Richard Davis (b) et Roy Haynes (dm), de
même qu’il contribue à l’album Outrageous
(1980) de Lionel Hampton. En parallèle de ses participations aux émissions de
télévision Tonight Show de Johnny
Carson et Midnight Show, il fait
partie des formations des trombonistes Frank Rosolino et Jimmy Cleveland, mais
aussi de celle de Thad Jones ou Duke Jordan. Il enregistre en studio avec Ray
Brown pour une session du groupe vocal
Manhattan Transfert.
En 1985, il intègre la section de cuivres du Count Basie
Orchestra, alors dirigé par Frank Foster. Un engagement à quarante semaines de tournées
par an qui lui donne l’occasion d’enregistrer de très nombreux albums,
notamment avec des invités comme Tito Puente, Jon Hendricks, George Benson,
Rosemary Clooney, Diane Shuur, Joe Williams ou le New York Voices. Il aimait
également évoquer sa collaboration avec Frank Sinatra qui a soutenu jusqu'à sa
mort le Count Basie Orchestra. En 2013, il rejoint les New Blue Devils de Groover
Mitchell (tb) et de la formation de Butch Miles (dm) qu’il a connu chez Basie.
Il était devenu une
personnalité importante du jazz à Chicago, ces dernières années, jouant, arrangeant
et composant pour le Recession Seven de la chanteuse et chef d'orchestre Petra
Van Nuis, faisant évoluer son style de trompette dans un esprit proche de celui
de Roy Eldridge pour l'occasion. Bob Ojeda était également impliqué dans la
transmission aux nouvelles générations en tant que directeur de l'Union League
Club de Chicago et par son rôle au sein de la fondation Luminarts laquelle
organise un concours de jazz. Son partenaire, le saxophoniste, Eric Schneider
dans le Recession Seven et le Count Basie Orchestra, autre figure du jazz de
Chicago, se souvient: «Stylistiquement,
il était l'archétype du bopper, il adorait Clifford Brown. Il était toujours
sérieux. Pour Bob, la musique était une chose sérieuse, elle pouvait être
solennelle mais pas sombre. Chaque fois qu'il jouait j'entendais un
scintillement dans son œil.» Une commémoration est prévue à Chicago dès que
la ville ne sera plus sous le coup des mesures de confinement qui sévissent de
part et d’autre de l’Atlantique.
David Bouzaclou
SELECTION DISCOGRAPHIQUE
SidemanCD 1958. Stan Kenton, Live in Biloxi/Return to Biloxi, Astral
Jazz 102
CD 1966. Bunky Green, The Latinization of Bunky Green, Argo
Cadet Special Collection19
LP 1969. Joe Morello, Another Step Forward, Ovation Records 1402
LP 1974. Les Hooper Big Band, Look What They've Done,
Creative World Records 3002
LP 1976. Joe Morello, Percussive Jazz, Ovation Records 1714
CD 1978. Hank Jones, Ain't Misbehavin', Original Jazz
Classics 1027-2
CD 1980. Lionel Hampton and His Big Band, Outrageous, Timeless
Records SJP 163
CD 1984. Seventh Heaven, Rhombus Records 7095
CD 1984. Julie Kelly, We're on Your Way, Celeste Records 6192
CD 1985. The Manhattan Transfer, Vocalese, Atlantic Records
7 81266-2
CD 1985-86. Catarina Valente, 86' With Count Basie
Orchestra, Global 207646-630
CD 1986. The Count Basie Orchestra, Long Live the Chief,
Denon 33CY1018
CD 1987. Diane Shuur and Count Basie Orchestra, GRD-9550
CD 1989. The Count Basie Orchestra, The Legend, The Legacy,
Denon CDCY-73790
CD 1990. George Benson & Count Basie Orchestra, Big Boss
Band, Warner Bros. Records 7599-26295-2
CD 1992. The Count Basie Orchestra, Live at El Marocco,
Telarc 83312
CD 1992. The Count Basie Orchestra, Basie’s Bag, Telarc
83358
CD 1993. Joe Williams With The Count Basie Orchestra, Live
at Orchestra Hall, Detroit, Telarc 83329
CD 1994. Lena Horne, An Evening With Lena Horne, Blue Note 831877-2
CD 1996. The Count Basie Orchestra With The New York Voices,
MCG Jazz Records 1002
CD 1997. Grover Mitchell's Blue Devils, On Track, Quixotic
5001
CD 1997-98. Rosemary Clooney and The Count Basie Orchestra,
At Long Last, Concord 4795-2
CD 1998. The Count Basie Orchestra, Count Plays Duke, Mama
Records 1024
CD 1999. The Count Basie Orchestra, Swing Shift, Mama
Records1027
CD 2003. Butch Miles, Straight On Till Morning, Nagel Heyer
089
VIDEOS
1990. The Count Basie Orchestra, «Whirly Bird», Newport Jazz
Festival
https://www.youtube.com/watch?v=ZAOBqJ3s_VM
1996. The Count Basie Orchestra, «Way Out Basie»
https://www.youtube.com/watch?v=mwKif8bqwkA
1997.
The Count Basie Orchestra, «Down for the Count», Jazz à Vienne
https://www.youtube.com/watch?v=8962OXB8mDw
2007. Bob Ojeda with The Windy City All Stars, Chicago
Brauhaus
https://www.youtube.com/watch?v=fvBeYa-bGxg
2014. Bob Ojeda Documentary (bande-annonce)
https://www.youtube.com/watch?v=PeMTHaXUc8A
2017. Bob Ojeda (tp), Greg Fishman (ts, fl, cl), Judy
Roberts (p, voc), Studio 5 Chicago (concert complet)
https://www.youtube.com/watch?v=S1dyZ9TvuZs
|