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Rudy Lawless

14 fév. 2017
3 avril 1931, New York, NY - 14 février 2017, New York, NY
© Jazz Hot n°678, hiver 2016-2017

Rudy Lawless at Monday Jam, 2013 © Mathieu Perez


Le batteur Rudy Lawless s’est éteint le 14 février 2017 à New York. Il avait 85 ans.

S’il avait fait surtout une carrière de sideman et s’il avait peu enregistré, Rudy Lawless était l’un des derniers témoins de l’âge d’or de Harlem. Aimé, respecté de tous, des aînés comme des plus jeunes, il était de ces musiciens pour qui le jazz est une question de partage, de culture, aussi actif pour introduire cette musique à ceux qui l’ignorent que dans la défense du droit des musiciens.


Né Rudolph Sheriff Lawless, de Sidney Lionel Oliver Lawless, d’une famille originaire des Caraïbes, et de Lucia Louise Sheriff, c’est à Harlem que Rudy grandit et vécut toute sa vie. Le plus jeune de sept enfants avait pour voisins Sid Catlett, Jimmy Crawford, Jackie McLean, Sonny Rollins, Gil Coggins, Arthur Taylor. Et c’est avec cet esprit d’entraide et de fraternité qu’il s’initia à la musique. Apprentissage qui commença dès le plus jeune âge puisque, de 3 à 8 ans, il fit, avec sa camarade Streemy Webb, un numéro de danse, avec des pas de jitterbug et de swing, qui connut un petit succès dans le quartier.

Durant l’adolescence, il étudia pour devenir menuisier mais choisit, à 16 ans, de vivre du jazz lorsqu’il partit, pendant un mois, en tournée avec Eddie Durham (b, g, arr). Il ne jouait pas encore dans l’orchestre, aidant plutôt avec le matériel. Un an plus tard, il remplaçait Slick Jones et devint le batteur du groupe.

Dans les années 1950, il fit partie des Johnson, du nom de deux musiciens qui s’appelaient tous deux Jonathan Johnson. L’un était pianiste, l’autre bassiste. Le saxophoniste Johnny Austin rejoignit le groupe. Ensemble, ils firent des tournées à travers le pays et suivirent le même circuit que Ray Charles et son orchestre. Il travailla aussi avec Rex Stewart.

Dans les années 1960, il tourna brièvement avec Mary Lou Williams et joua avec Freddie McCoy (vib) pendant près de deux ans. Du point de vue de sa discographie, il est le plus actif à cette période, enregistrant avec Etta Jones, Betty Roché (voc), Jimmy Neeley (p), Freddie McCoy.

Rudy Sheriff Lawless et Art Baron (tb), Jazz Foundation, Local 802, Monday Jam Session, 2013 © Mathieu Perez


Dans les années 1970, il joua avec Dorothy Donegan (p) et Hazel Scott (voc, p). Délaissant les clubs pour les événements privés, il se produisit dans les années 1990 dans de petits lieux, avec différents trios. Celui de Donald Smith (p) avec Bob Cunningham (b), aussi, avec Manny Duran (tp) et Alex Hernandez (b). Ces dernières années, il se produisait régulièrement avec les groupes de Lenore Raphael (p), de Keisha St. Joan (voc), de Valerie Capers (p).

Compagnon de route de la Jazz Foundation of America, il co-animait, avec le batteur Greg Bandy, la Monday Jam Session tous les lundis soirs au Local 802, le syndicat des musiciens. Les soirées débutaient par quelques thèmes joués avec son groupe, qui pouvait se composer de Zeke Mullins, Richard Clements ou Ellis Pough (p), de Bob Cunningham, John Ore (1933-2014), Kim Clarke ou Alex Layne (b), et de Mike Camoia (as), avant de laisser place aux musiciens invités. Il n’avait pas son pareil pour saluer les copains (Ray Blue (ts), Harold Mabern (p), Billie Kaye (dm), Art Baron (tb), Roy Meriwether, Bertha Hope (p), Danny Mixon (dm), Jimmy Owens (tp)), qui se retrouvaient sur scène à jouer un blues ou un standard, et pour accueillir les nouveaux venus avec la chaleur d’un ami.

Après la réouverture de Minton’s Playhouse en 2013, il fit partie de l’un des deux orchestres en résidence qui jouaient en alternance : dans l’un, il y avait Rudy Lawless (dm), Michael Max Fieny ou Hilliard Greene (b), Bertha Hope (p), dans l’autre, Ed Stoute (p), Alex Layne (b), Leroy Williams (dm), aussi Michael Howell (g), Mike Camoia (as), Richard Rivers (ts).

Mathieu Perez
Texte et Photos

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DISCOGRAPHIE (Sélection)

CD 1941-61. Betty Roché, Complete 1941-1961, Le Chant du Monde 274 2245.46
LP 1961. Etta Jones, Something Nice, Prestige 7194
LP 1961. Betty Roché, Lightly And Politely, Prestige 7198
LP 1962. Jimmy Neeley, Misirlou, Prestige 15002
LP 1963. Etta Jones, Hollar, Prestige 7284
LP 1966. Freddie McCoy, Spider Man, Prestige 7444
LP 1967. Freddie McCoy, Peas 'N' Rice, Prestige 7487
CD 1990. Junior Mance, Live at Good Day Club, King Records 14
CD 1994. JaRon Eames, Suddenly, JKE
CD 2001. Lenore Raphael, Reflections, Swingin' Fox Music
CD 2005. Lenore Raphael, Beautiful Friendship, Swingin' Fox  Music
CD 2007. Lenore Raphael, Invitation, Swingin' Fox Music
CD 2009. Lenore Raphael, Class Act. Live at Steinway Hall, Swingin' Fox Music
CD 2010. Keisha St. Joan, Yes, I Am, CD Baby


VIDEOS

Etta Jones, «Through a Long and Sleepless Night» (1961)
https://www.youtube.com/watch?v=V4ujzsfZTVY
Etta Jones (voc), Jimmy Neeley (p), Michel Mulia (b), Rudy Lawless (dm)


Betty Roché, «Maybe You'll Be There» (1961)
https://www.youtube.com/watch?v=SLwupzejNlE
Betty Roché (voc), Wally Richardson (g), Jimmy Neeley (p), Michel Mulia (b), Rudy Lawless (dm)


Freddie McCoy, «Spider Man» (1966)
https://www.youtube.com/watch?v=QrpdVFUz65o
Freddie McCoy (vib), Charlie Wilson (p), Steve Davis (b), Rudy Lawless (dm)


JaRon Eames, «Suddenly» (1994)
https://www.youtube.com/watch?v=-FYkPno3aaE
JaRon (voc), Amy Quint (p), Ethan Mann (g), Michael Weisberger (ts), Billy Johnson (b), Rudy Lawless (dm)


Lenore Raphael, «There Is No Greater Love»
https://www.youtube.com/watch?v=v69TfgZhQ3U
Lenore Raphael (p), Pat O'Leary (b), Rudy Lawless (dm)


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