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Jos L. Knaepen

19 oct. 2016
22 décembre 1944, Geetbets, Belgique - 19 octobre 2016, Louvain, Belgique
© Jazz Hot n°677, automne 2016

Jos Knaepen, lors des 70 ans de Jazz Hot en 2005 © Jose Horna



Le correspondant-photographe de Jazz Hot, notre ami Jos Knaepen a succombé à l'Hôpital Universitaire Gasthuisberg de Louvain ce 19 octobre 2016 à un cancer qui le rongeait depuis de longs mois. Nous l’avions rencontré pour la dernière fois le 7 juillet dernier au festival Gent Jazz (Gand). Il était assis, pâle, sur une chaise, à l’entrée de la salle de presse. Cette posture était inhabituelle pour un photographe qui se plaisait avant tout front ou backstage, devisant avec des musiciens qui, pour la plupart, étaient d’authentiques amis. Il avait été opéré à cœur ouvert cinq ou six ans auparavant. «Non, me répondit-il, le cœur ça va, mais j’ai des problèmes pour respirer. Ne t’en fais pas, ça va aller!» Le lendemain, il était absent, et sa compagne, Greet De Backer, nous confia alors qu’il était fatigué et se reposait.



Joseph, dit Jos, est né dans le Limbourg belge, à Geetbets, du côté d’Hasselt, le 22 décembre 1944.

A 17 ans, il découvre le jazz et achète son premier LP: Sidney Bechet et Django Reinhardt. L’année suivante, il assiste au 4e festival de Comblain-la-Tour (1962). Là, dans la prairie, au premier rang et sous la pluie, un photographe immortalise les artistes à grand renfort de pellicules. Il est équipé d’un 24/36, d’un Rolleiflex et d’un parapluie, tous trois accouplés sur une potence. Il s’agit de Jean-Pierre Leloir! Pour le jeune Jos, c’est le début d'une vocation.

Pourtant, c’est chez Philip Morris, qu’il va faire une première carrière, représentant le marchand de tabac un peu partout en Europe, grâce à l’aisance qu’il a à parler anglais, allemand, français et, bien sûr néerlandais. Le photographe amateur débute comme reporter sportif pour Het Belang van Limburg. Des terrains de football, il va passer progressivement aux salles de concerts fin des années 1970 à la demande du plus grand quotidien flamand: Het Laatste Nieuws.


Sa carrière photographique est mise entre parenthèses de 1985 à 1990, mais, amateur de jazz, il se remet en chambre noire au début des années 1990, perfectionnant sans cesse sa technique et son matériel. Il finira par revenir à la photo argentique en noir et blanc, armé de son petit Leica, se focalisant sur le portrait d’artiste plus que sur le reportage des concerts. «To me, the most important thing is to hold that special moment when everything on stage is in balance, when the musician is in total harmony with himself and his fellow musicians. One can feel it, see it: the goose-bump moment.» déclarait-il, fier de son Art.

Retraité, mais malheureusement marqué par ses «années tabac», il s’est totalement et exclusivement investi dans la photo de jazz au cours des vingt dernières années, voyageant entre les Etats-Unis et l’Europe, assistant aux festivals, à Dinant, Marciac, Rotterdam, Comblain, Vienne, Gouvy, Coutances, La Hulpe, Gand et Anvers (Jazz Middelheim), dont il sera le photographe attitré.


Toots Thielemans en couverture de Jazz Hot n°652, été 2010, photo Jos Knaepen


Ses images sont publiées par de nombreuses revues de jazz: Jazz Hot bien entendu, mais également Down Beat, JazzTimes, Jazzmozaïek…

Il expose à Anvers, au Flemish Center For Jazz, mais aussi à Kansas City (The Changing Gallery at the American Jazz Museum) du 2 mai au 20 juillet 2008.

Précédemment, en 2007, le Directeur de l’IAJE l’avait invité à couvrir la Convention Internationale de New York au Smithsonian Institute. La Convention célébrait le 40e anniversaire de Wynton Marsalis. Les portraits du trompettiste, édités en posters, sont exposés au Carnegie Hall. Nommé en 2008 lors du referendum de l’Association des Journalistes de Jazz (JJA), il est récompensé d’un Jazz Award lors du cocktail qui s’est tenu le 18 juin 2008 au Jazz Standard de New York, 27e Rue.

Des artistes choisissent le regard de Jos pour livrer leur portrait. Souvent, cette relation s'est transformée en une amitié durable qui se fortifie à la suite des concerts. Wynton Marsalis a choisi ses photographies; Toots Thielemans en a fait son portraitiste attitré. «Jos’camera has eyes, ears and heart», déclarait le père de «Bluesette».


Phil Woods, Jazz Hot n°630, Juin 2006, photo de Jos Knaepen



Ses collègues photographes avaient affublé Jos Knaepen d'un surnom renvoyant à sa passion «The Jazzman». Il en avait fait, avec humour et fierté, sa raison sociale. Ce 19 octobre 2016, Jos a rejoint la grande histoire de cette relation si particulière entre jazz et photographes aux côtés des Williams P. Gottlieb, Francis Wolff, Jean-Pierre Leloir, Ray Avery, Herman Leonard, William Claxton et tant d'autres qui ont participé à la construction d'une esthétique et d'un état d'esprit, celui du jazz. Jos, comme ses devanciers, a su traduire la sophistication de cet art avec une exigence tout aussi profonde.


L'équipe de Jazz Hot, à qui Jos Knaepen a apporté son talent (il a fait plusieurs couvertures Jazz Hot, et illustré un nombre incalculable d'articles), son soutien et son amitié, partage la peine de Greet, sa compagne, de sa famille et de ses proches.

Nous gardons le souvenir de l'anniversaire des 70 ans de Jazz Hot ou Jos avait apporté en cadeau, remarquable attention, une splendide photographie de Michel Petrucciani.


Jazz in Belgium, Livre de photographie de Jos Knaepen, paru en 2003


Jos en livre et en images



• 2003. Jazz in Belgium, éd. Muziekmosaïek vzw, Dorpstraat 67, B 1755-Gooik-info@muzmoz.be

• 2009. Jazz Masters: 110 photos en noir et blanc et en couleurs, info@jazzphotography.be-Veerle Van de Poel +32 (0)495 50 94 43

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