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Piero Bittolo Bon

1 déc. 2013
Mucho Acustica
© Jazz Hot n°665, automne 2013

Nouveauté
Poero Bittolo Bo (as, bs), Simone Massaron (elg), Jamaaladeen Tacuma (elb), Massimiliano Sorrentini (dm), Federico Scettri (dm)
Long Song Records 120 (www.longsongrecords.com)

Encore un disque qui échappe au jazz. Mucho Acustica est un enregistrement de musique improvisée – improvisation à quatre voix simultanées, ce qui donne parfois une jolie cacophonie –, mais qui plaira à ceux pour qui le débordement de décibels est un critère de qualité. La musique étant un langage universel, comme l’écrit le bassiste Tacuma, tout le monde devrait pouvoir comprendre ce disque, bien que la succession des sons stridents de « Calypso de Pelo » nous paraisse dépourvue de sens. Si le calme revient avec « Simpri Indenant » la démarche reste identique. Les partenaires de Bon sont cette fois davantage dans son ombre mais l'impression de cacophonie demeure. Avec « Moon Liver » on en vient à vérifier sa platine que l'on accuserait à tord de produire des grésillements. Les sons criards reviennent dans « The Day Sandro Bondi Stood Still » (ce qui signifie « Un jour dans une énorme basse-cour où la volaille s’en donne à cœur joie »). Ça peut plaire. On poursuit l'écoute curieux d'entendre jusqu'à quel extrême le groupe compte se rendre (ce qui est en soi un succès pour lui!). Les titres s'enchaînant sans pause, avec un batteur jouant de chaque côté, « Stoppani Stomp » apparaît comme l’apothéose du thème précédent, avec le triomphe du coq. Vient ensuite « Tsar Bomba » (en référence à la bombe à hydrogène russe) où, malgré des borborygmes et les déchaînements du saxophone et des guitares, les deux batteurs jouent les accompagnateurs honnêtes et discrets. On en déduit qu’ils pourraient vraiment jouer de la musique. Avec « Tamarrow Is the Question » ça se complique. Que peut bien signifier « Tamarrow » en langage universel, donc musical ? S'agit-il en fait du « To Morrow Is the Question » d'Ornette Coleman ? Difficile à dire car le thème n'est pas identifiable. Finira-t-on un jour (musiciens, professionnels, critiques et public) par atteindre un tel degré de confusion qu'on ne saura plus distinguer le jazz de ses ersatz ? C'est vraiment la question...

Patrick Dalmace