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Saint-Jean-Cap-Ferrat (Alpes-Maritimes)

1 sep. 2013
Saint-Jazz -Cap-Ferrat, 11 au 14 août 2013
© Jazz Hot n°664, été 2013

Dimanche 11. Le swing de Django, une belle entrée en matière pour ce tout jeune festival (2e édition) organisé par la municipalité de St-Jean-Cap-Ferrat au Jardin de la Paix, sous les pins qui dominent l’anse des Fossettes. Les très joviaux Costel Nitescu (vln), Samy Daussat (g) et Claudius Dupont (b) perpétuent avec délicatesse la tradition de Django et Stéphane Grappelli. Joli son de groupe, très cohérent, pour ces trois brillants solistes (mention spéciale pour le guitariste qui improvise sans le soutien d’une deuxième guitare). Répertoire de bon goût alternant classiques du genre : « Coquette », « Minor Swing », « Daphné », « Swing 42 », « Nuages » et standards de jazz : « Flamingo », « Tea for Two », « The Lady Is a Tramp »… ». Le public est sous le charme, d’autant plus, quand les musiciens, descendus de la scène, s’approchent et l’invitent à entonner le refrain de la « Javanaise ».

Lundi 12. Doodlin’. Dirigé par le contrebassiste Gérard Maurin qui signe tous les arrangements, Doodlin’ présente depuis quelques années la reprise de quelques perles du répertoire des plus fameux groupes vocaux d’avant guerre. Le bassiste est entouré de Lionel Dandine (p), Thierry Laroza (dm) et Michel Barrot (tp), mais les vedettes du groupe sont bien les voix de Vérène Fay, Evelyne Sornay et Emmanuelle Rivault (également habile guitariste). Conforme aux canons du genre, cet easy jazz limpide et sympathique cache bien son jeu, quand on sait la somme de travail nécessaire pour arriver à une telle impression de facilité. La ligne mélodique est toujours différente pour chacune des voix ; intros et codas (le plus important selon Grappelli) sont des prodiges de mise en place rythmique. Superbe concert qui se termine, par un hommage à Claude Nougaro avec un « Dansez sur moi » ( le « Girl Talk » de Neal Hefti) de toute beauté !

Julie Saury © Daniel ChauvetMardi 13. Présenter Julien Brunetaud comme un pianiste et chanteur de blues et de boogie woogie est plutôt réducteur. S’il excelle dans ce genre, outre ses propres compositions, il sait aussi avec beaucoup de talent reprendre les vieux classiques: « Exactly Like You
», « Baby Won’t You Please Come Home », « Sweet Lorraine », voire de plus récents comme « Catalonian Nights » de Dexter Gordon et Tete Montoliu. Pianiste complet, crooner habile et showman accompli, il est suivi de manière parfaite par Guillaume-Alexandre Robert (b) d’une grande solidité et par Julie Saury (dm), toute de finesse et de subtilité, qui exécutent quelques solos remarquables. Le public quitte à regret le jardin du bord de mer après un « Autumn Leaves » au parfum inattendu des Caraïbes.

Marc Peillon et Fabrizio Bosso © Daniel ChauvetMercredi 14. Le Trio, qui réunit Marc Peillon contrebassiste virtuose, inspiré, et d’une présence très chaleureuse en scène (et directeur artistique du festival), Jean-Yves Candela pianiste d’un grand lyrisme et à l’imagination très poétique, et Rodolfo Cervetto batteur italien d’une élégante subtilité, entourent Fabrizio Bosso. Ce jeune prodige italien de la trompette est impressionnant de technique. Sa maîtrise du souffle continu subjugue l’auditoire car il ne se contente pas, alors, de tenir une note, mais demeure très volubile. S’il parcourt avec une aisance folle toute la tessiture de son instrument, c’est sa créativité qui force surtout l’admiration, tant sur tempo hyper rapide que sur les ballades les plus calmes. Le Trio, toujours en phase, et parfaitement à la hauteur, ne se limite pas à la mise en valeur du trompettiste. Pianiste, bassiste et batteur prennent tour à tour le rôle de soliste, et, chacun, de fort belle manière. En plus de quelques standards intemporels, la formation reprend quelques thèmes illustrés par Michel Petrucciani, dont la mémoire est ici encore très vive : « Little Piece in C,
« Play Me », « Guadeloupe », « Estate », « Cantabile ». Le concert, passionnant de bout en bout s’achève, comme un dernier clin d’œil à Michel Petrucciani qui en avait donné une magnifique version, par un « In a Sentimental Mood » déchirant d’émotion.

Confidentiel, l’an dernier, le Saint-Jazz-Cap-Ferrat a conquis ses titres de noblesse. Belle programmation, cadre magnifique, accueil souriant, conditions d’écoute parfaites, mer calme , ciel étoilé… La recette miracle pour d’autres succès futurs semble bien au point.
Daniel Chauvet