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David Simon et Eric Overmeyer

20 sep. 2011
Treme
Nouveauté-Indispensable
HBO Home Entrertainment (Warner Bros.)

Plus que des ouvrages pseudo-savants sur le jazz comme il en paraît régulièrement en France, la première saison de la fiction Treme offre une véritable entrée dans le monde du jazz et en particulier de la Nouvelle-Orléans. Cette série, produite par la chaîne HBO et réalisée par les créateurs de The Wire (sur la vie politico-judiciaire de Baltimore), est une superbe fresque de l’après-Katrina. Le titre est révélateur : il s’agit d’un quartier dont la vitalité est particulièrement symbolique de l’importance culturelle de New Orleans (Shannon Powell et Lucien Barbarin - entre beaucoup d’autres - y sont nés). Sur le plan musical, on retrouve d’authentiques performances et apparitions du Rebirth Brass Band, de Coco Robicheaux, Donald Harrison (as), Troy Andrews (tb), Tom McDermott (p), Terence Blanchard, John Boutté (voc), Kermit Ruffins, Allen Toussaint, Dr. John, etc. La musique n’y est pas qu’un prétexte, elle est au cœur du scénario avec le personnage d’Albert Lambreaux (un Indian big chief, joué par le sobre Clarke Peters) et son fils (trompettiste bebop… infidèle à la tradition familiale !), d’Antoine Batiste (tromboniste joué par le truculent Wendell Pierce), du DJ passionné joué par Steve Zahn. On entend toutes les musiques de New Orleans, funk, blues, marching bands, swing, r ‘n b et les propos mêmes des personnages évoquent Jessie Hill, Wynton, Smiley Lewis, Wardell Quezergue… La lutte pour la survie personnelle et pour la survie d’une culture est envisagée sous toutes ses formes, de la protestation politique incarnée par le prof de fac à la virulence incontrôlable joué par John Goodman à la recherche d’un frère perdu dans les méandres de la gestion administrative en passant par une chef de restaurant qui lutte pour son établissement. La densité des références culturelles est impressionnante et elles sont, bien sûr (quand on connaît le savoir-faire cinématographique américain), intégrées à un scénario passionnant où les personnages sont magnifiquement construits, servis par des acteurs et des dialogues attachants. Cette série, par sa pédagogie indirecte, est sans doute la meilleure façon d’entrer dans la culture du jazz.
Jean Szlamowicz