Brisa Roché
La peinture est pour
moi immédiate, rapide, solitaire, sensuelle, et surtout manuelle. Une
méditation physique de laquelle une oeuvre émerge, née du combat et de
la coopération entre trois entités : mes mains, la matière et le temps.
Puisque je peins rapidement, je ne peux pas réagir à chaque coulure
et séchage de la peinture-même, donc la toile devient un compromis
entre la volonté et l'expression propre de cette matière et de mes
actes manuels, mon désir visuel et mes choix instinctifs et instantanés de
réaction ou de respect pour le mouvement de la peinture (qui me semble indépendant
de moi). C'est ainsi que les moments de peinture me
comblent et
m'amènent une sorte d'équilibre en rapport avec la création d'un
album musical, qui est au contraire lent, et qui implique beaucoup de
monde, d'argent et d'attente, avant d'avoir un produit fini et
matériel entre les mains. Le live peut être au contraire rapide; le
live peut être "le moment présent", mais souvent ça implique quand
même une organisation de plusieurs personnes, des contraintes de
timing et de technique, et ça reste quelque chose d'invisible,
d'éphémère. J'aime peindre le monde
visible-mortel, ca veut dire pour moi surtout des portraits. Et
j'aime peindre aussi le monde invisible-immortel, ce qui veut dire
pour moi des créatures. J'aime la couleur vive, et j'aime être physique et
rapide dans mes gestes. J'aime apprendre et réagir en faisant.
| Je suis une Americaine à Paris, chanteuse et auteur/compositrice. Je peins et j'écris. Je fais de la musique live et j'enregistre les albums, deux façons de travailler la musique qui sont, pour moi, opposées. J'aime l'improvisation. Beaucoup. Et en général. J'aime chanter des standards de jazz. Je viens de terminer mon troisième album non-jazz, et pour me soulager de la production, je peins.
| Painting is above all manual. It is a
combat/compromise between my own will and capabilities, and the
will and nature of the paint. I often use acrylic, in order
to give the paint more power; because acrylic drips and dries at an astonishing
rate, I must react with my own gestures instinctively, choosing when to
"correct" the paint's own movements or not, inherently never quick enough
myself to cultivate any idea of perfection. I enjoy the physical, meditative
quality of time spend painting. No one is expecting anything specific
from me, not even myself. I ca decide on my own when the work is done,
when to repaint over things, when to show work to others. The act and the
object hat becomes my painting is sensual, immediate, solitary and relatively
cheap. It heals me from the record-making, which is slow, expensive,
fraught with expectations, investors, equipment, waiting. It heals me
from external demands. It heals me with color and mess and speed.
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